Des salades sauvages, oui... également des plantes médicinales !

Date de l'article 21.03.2019 - 06:00
Auteur Annie Fournier
En résumé Les premières sorties dans la nature, après les longs mois d’hiver bien au chaud dans nos foyers, nous donnent l’occasion de redécouvrir le végétal. Sur des terres quelque peu endormies ou même encore recouvertes d’un manteau neigeux, le redoux du printemps fait émerger de jeunes végétaux qui font notre bonheur d’amateurs de «salades sauvages».
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Le saviez-vous ? Le mot salade vient de « sel », et effectivement l’assaisonnement sera essentiel pour relever et attendrir ces feuilles et rosettes qui pourraient surprendre les palais délicats. Souvent coriaces, quelque peu amères ou piquantes, elles nous font découvrir des saveurs nouvelles, tout en nous permettant de faire le plein de vitalité. Autrefois dans nos campagnes, leur récolte était l’occasion pour nos anciens de réaliser une cure dépurative de printemps. En tant que jeunes pousses vaillantes, elles sont également riches en vitamines et minéraux. Pour certaines de ces plantes, c’est en cours de maturité que feuilles, fleurs et racines développeront des vertus médicinales plus spécifiques.

Quelques Astéracées incontournable

Depuis l’Égypte antique, la chicorée est considérée comme « toute puissante » sur les troubles hépatiques et digestifs, réputation qui ne se démentira pas tout au long de l’histoire. Tant comme stimulante du foie et douce laxative, que comme adjuvante dans le traitement des rhumatismes ou des affections cutanées, la racine de chicorée fait souvent partie des mélanges de plantes pour tisane visant à nettoyer l’organisme de ses excès.

Des substances amères, chimiquement des lactones sesquiterpéniques, ainsi qu’un polysaccharide de type fructane, nommé inuline, sont à l’origine de ses propriétés. Ô combien populaire, la racine de pissenlit contient les mêmes types de principes actifs, lui conférant des vertus semblables à celles de la chicorée, et à laquelle elle peut d’ailleurs s’associer dans les remèdes.

Brassicacées, en elles tout est piquant

La bourse à pasteur était visiblement déjà utilisée au Néolithique, comme l'attestent les graines retrouvées dans certains sites lacustres. Astringente, anti-inflammatoire et hémostatique, son nom médiéval de « sanguinaria » évoque sa capacité à limiter différents types de saignements.  À ce titre, la plante est indiquée dans les hémorragies de la femme (règles abondantes, accouchement, fibrome) et comme tonique veineuse en cas de jambes lourdes, de varices et d’hémorroïdes.

Ces propriétés ne semblent pas liées à une molécule en particulier mais au « totum » de la plante, qui sera utilisée à l’état frais pour une meilleure efficacité, sous forme de tisane ou d’extrait hydroalcoolique.  De manière générale, toutes les brassicacées sont comestibles et contiennent des composés soufrés, les glucosinolates, qui viennent, par leur côté piquant, stimuler la circulation du sang. Leurs effets sont favorables au drainage et à l’assainissement tant de l’arbre respiratoire que de la peau. Parmi les salades sauvages, citons la roquette, la fausse roquette, les cressons, le nasitort…

Une salade sauvage plus confidentielle…

Tous les enfants savent pourtant reconnaître la fleur de coquelicot, dont ils créent d’éphémères bouquets écarlates, la mêlant parfois à d’autres messicoles comme la matricaire et le bleuet. C’est bien à eux en effet que se destinent la tisane ou le sirop de fleurs de « poppies » (nom anglais).

Cette papavéracée douce contient des substances alcaloïdiques opiacées agissant sur les états nerveux et les spasmes douloureux. Elle sera adaptée aux situations d’endormissement difficile, à la nervosité en général, et aux affections respiratoires accompagnées de toux. Ainsi, pour favoriser le sommeil de l’enfant (de plus de 7 ans toutefois), ses pétales seront pris seuls ou associés à d’autres fleurs (tilleul, lavande, oranger…) en une infusion légère précédant le coucher.       

D’usage récent dans notre pharmacopée…

Grande plante vivace à la rose floraison, l’épilobe à petites fleurs a été mise à l’honneur par la très populaire herboriste autrichienne, Maria Treben (1907-1991).  Ses sommités fleuries contiennent notamment des substances s’opposant aux enzymes responsables de l’hypertrophie bénigne de la prostate.

Afin de limiter les troubles urinaires et mictionnels liés à cette affection, la plante sera prise en long cours, sous forme de gélules ou d’extraits liquides, en cures régulières.  Depuis, d’autres espèces du genre, comme l’épilobe à feuilles étroites, ont été testées avec des résultats semblables et une toute aussi bonne tolérance.  Alors qu’il y aurait encore bien d’autres plantes à évoquer, souhaitons que cette première approche vous donne envie de partir à leur découverte.


Plantes citées (noms latins) : chicorée et pissenlit (Cichorium intybus et Taraxacum dens-leonis, Astéracées), bourse-à-pasteur, roquette, fausse roquette, cressons, nasitort (Capsella bursa-pastoris, Diplotaxis tenuifolia, Nasturtium sp., Lepidium graminifolium, Brassicacées), coquelicot (Papaver rhoeas, Papavéracées), tilleul (Tilia cordata, Tiliacées),  lavande (Lavandula angustifolia, Lamiacées), oranger (Citrus aurantium, Rutacées), épilobes à petites fleurs et épilobe à feuilles étroites (Epilobium parviflorum et Epilobium angustifolium, Onagracées).



Annie Fournier, Dr en pharmacie, formatrice et rédactrice dans le domaine des plantes médicinales et de la santé naturelle, adhérente de l'association depuis 2000.



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