La Nature, comme objectifs et comme principes d'éducation

Date de l'article 06.01.2020 - 08:00
Auteur Jean-Paul Salasse
En résumé Jean-Paul Salasse, ancien directeur et actuel coprésident des écolos, est aussi président du GRAINE Occitanie. À ce titre, il a rédigé un texte d’introduction au prochain numéro de “Graines d’avenir” dont le dossier porte sur “éduquer dans la nature” (une spécialité des écologistes de l’Euzière également). Nous tenions à partager ce beau texte avec vous.
L'article

Dans la nature 

Mais comment pourrions-nous être ailleurs que dans la nature ?   Nous sommes nous-mêmes Nature (Ah ! le merveilleux écosystème qu'est notre microbiote intestinal) 

Notre rapport à la nature - notre rapport à nous-mêmes ?- c'est voir (et sûrement observer), entendre (et peut-être écouter), goûter (et probablement se rassasier), toucher (et pourquoi pas caresser), sentir (et à coup sûr s'émerveiller), apprendre (et tenter de comprendre). 

C'est la sensation (et le ressenti) de la pluie, du vent, du chaud, du froid, de la peur, du noir, de la peur du noir, de la fraîcheur de la source et du rocher rugueux, du silence des grottes et de l'enchevêtrement géologique des montagnes, du souffle qui manque quand on gravit la pente, des jambes qui s'écorchent aux épines et se font lourdes. 

C'est la joie du sommet, l'infini d'un horizon tout d'un coup offert et à jamais déconcertant et mystérieux, le sentiment de victoire sur soi d'avoir atteint la crête ou touché le serpent, l'étrange inquiétude du crépuscule et l'impatiente espérance de l'aube.  Et c'est aussi le vécu moins idyllique du bruit urbain et de l'air vicié, du stress de la foule et des paysages bouleversés par notre folie collective. 

La nature (et il n'est pas besoin d'aller bien loin pour en trouver quelque échantillon) est source des découvertes premières et éternelles, celle du temps et de l'espace, celle de la contemplation de l'infiniment complexe et de la plus simple esthétique.       

La nature est source de tous les apprentissages, celui des sens et de la complexité, comme ceux de l'émerveillement et de la rêverie primitive. Elle est notre origine et notre futur, elle est partout, toujours aussi étrange et jamais accessible, toujours notre fantasme et jamais notre substance totale.

On la voudrait pour soi tout seul alors qu'on est incapable d'en saisir pleinement le moindre ajustement : et on doit en partager l'usage (en tous cas une forme d'usufruit) avec tous nos dissemblables contemporains.  


Pleine nature 

Et comment la nature serait-elle autre chose que pleine ? 

Elle est surtout pleine de nos désirs et c'est notre plénitude que nous venons y quérir en prétextant maladroitement que c'est la sienne à laquelle nous désirons nous confronter. Elle est la référence absolue – mais jamais conclusive – à nos questionnements et le refuge à nos inconstants désirs d'ermitage. 

Il y a mille choses à faire dans la nature : rêver, nommer, peindre, s'ennuyer, expérimenter, s'étendre, inventorier, fabriquer un objet, une musique, une cabane, attendre, espérer, récolter, transformer, se nourrir et se soigner, confronter des points de vue, se prosterner, désirer l'humilité, faire un feu et inventer des dieux. 

Tout cela est pédagogiquement fécond. Il n'est qu'à se servir. 

Les pages qui suivent décrivent quelques expériences vécues dans et pour la nature. Car il y a une pédagogie du «dans» - la nature est l'instrument de la découverte - et une pédagogie du «pour» - la nature est l'objet de l'apprentissage-.  Elles sont une sorte d'introduction à tous les possibles, une galerie hétéroclite de témoignages, une mise en bouche à tout un gargantuesque défilé de projets infinis et délicieux.  À vous d'en écrire les prochaines recettes. 


Pour lire “Graine d’Avenir “ à sa parution en janvier http://grainelr.org/



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