Lu et vu pour vous : Le bug humain

Date de l'article 21.06.2019 - 11:00
Auteur Rozenn Torquebiau
En résumé Pourquoi donc continuons-nous à détruire la planète ? Sébastien Bohler, dans Le Bug humain, éditions Robert Laffont, 2019, nous explique pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète, mais heureusement, il nous donne aussi des clés pour l’en empêcher.
L'article

Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine Cerveau et psycho, s’est demandé pourquoi les humains continuent à agir comme par le passé alors qu’ils savent parfaitement dans quelle crise écologique ils ont mis la terre. En se penchant sur la question, il en a déterminé le point origine : la partie la plus archaïque de notre cerveau, le striatum. Quand un animal part en chasse par exemple, ses mouvements sont contrôlés par le striatum.

S’il réussit, le striatum libère une molécule : la dopamine qui procure du plaisir. La fois suivante, ces circuits neuronaux qui ont mené au succès seront renforcés. Ce système de l’action/récompense est très efficace.

Le striatum (petite zone du cerveau enfouie à la base du cortex) dirige chaque organisme vertébré depuis plusieurs centaines de millions d’années. Chez l’homme, le striatum continue à tenir les commandes et poursuit les 5 objectifs fondamentaux qui guident les espèces vivantes qui nous ont précédés : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’efforts et glaner un maximum d’infos sur son environnement. Mais le cortex de l’être humain s’est extrêmement développé depuis un million d’années et ce cortex peut procurer au striatum presque tout ce qu’il désire. Le striatum ne demande que cela. Il prend tout ce qu’il peut avoir. Le circuit de la récompense est donc le vrai maître du monde.

Ainsi face aux enjeux climatiques, à la chute drastique de la biodiversité et aux ravages de la pollution entre autres, nous sommes comme une personne accro à la nourriture, devant une tablette de chocolat : nous sommes happés par le présent et incapables de penser à notre avenir.

Les êtres humains ont essayé depuis les temps les plus reculés de contrer les impulsions profondes de notre système de récompense : Socrate, Platon, Lucrèce et tous les courants religieux ont tenté de bloquer l’activité du striatum par la morale et la volonté, dressées contre la  tentation. Mais toutes ces méthodes se sont révélées épuisantes ou impuissantes.

C’est là que les neurosciences se révèlent utiles. Elles nous proposent 2 options pour ne plus être le jeu du striatum.

La première est de prendre le striatum à son propre jeu et de détourner son énergie comme on détourne un cours d’eau pour alimenter une turbine. On peut ainsi l’alimenter par le plaisir d’apprendre, de découvrir, de faire du sport et aussi par des valeurs humaines comme l’altruisme et l’amour etc.

La deuxième est de faire appel à la conscience. La force du striatum vient de ce que ses commandements sont inconscients. Dès qu’ils sont mis en lumière, ils s’évanouissent. Par la conscience, nous privilégions le long terme sur le court terme, la qualité sur la quantité etc.

« Pour nous affranchir du déterminisme de notre striatum, l’enjeu de la conscience est fondamental. Il faut amener notre degré de conscience à un niveau comparable à notre intelligence, nous immuniser par le pouvoir de notre cortex contre le « tout, tout de suite ». C’est un enjeu capital pour l’avenir de notre espèce. »


Rozenn Torquebiau, D'abord institutrice puis à présent auteure pour la jeunesse, ma vie a été inspirée par les enfants, les plantes, les peuples premiers... le monde dans son ensemble.



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