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Recettes


Quelles salades sauvages déguster lors d'un dîner en amoureux ?

Quel met est plus romantique et plus original qu'un plat de salades sauvages, pour être partagé les yeux dans les yeux ?

Un plat constitué de ces dons de la nature que vous aurez si amoureusement cueillis, triés, lavés et assaisonnés. Dont les feuilles gorgées du soleil printanier, par l'huile d'olive humectées, luiront à la lueur des bougies lorsque vous les mélangerez voluptueusement avant d'y verser en pluie quelques fleurs de violette (mon amour est tendre et sincère) et de romarin (je brûle d'embrasser vos lèvres).


Il y aura :

- La cressonnette au goût si subtil ;
- La cousteline, si appréciée par les habitants des garennes ;
- La raiponce, cette « compagne de la mousse, à la racine douce » et « la pâquerette à la feuille menue » que chante Ronsard ;
- La pimprenelle qui « fait la fille belle » ;
- La doucette d'eau au goût poivré ;
- Le fenouil au parfum d'anis ;
- La parpelle d'agasse en guise de clin d'œil ;
- La roquette et le nasitort sauvage qui incitent au plaisir de Vénus selon les dires de Rabelais.

Mais vous éviterez de nommer cette dernière salade du nom trop explicite de « couille à l'évesque » dont cet auteur l'affuble. Cela ne saurait convenir à une soirée aussi romantique. Vous écarterez de même le « trique madame »*. N'hésitez pas, les effets sous-entendus ne sont pas au rendez-vous. De méchantes langues affirment que c'est aussi le cas pour la roquette et le nasitort sauvage. Ce n'est pas parce que c'est la vérité qu'elles sont obligées de le dire tout haut.

Vous éviterez aussi le coquelicot pour ne pas risquer de vous assoupir lorsque vous parlerez de vos projets de vie commune. Ainsi que la laitue, car selon le poète grec Amphis : « si un homme qui n'a pas encore soixante ans, s'avisait d'en manger lorsqu'il a intention de voir sa femme, il passerait toute la nuit auprès d'elle sans pouvoir remplir ses désirs. » Les mêmes méchantes langues ricaneront devant une telle prudence, mais on ne sait jamais.


Pour finir, un dernier conseil dans votre assaisonnement utilisez l'ail avec une grande modération et surtout laissez le « cuire » plusieurs minutes dans le vinaigre, vous éviterez ainsi de gâcher le charme de votre sourire ensorceleur par une haleine désagréable.


* Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le « trique madame » allez voir la page 157 du livre Les salades sauvages.


C.M.