Un boisement insolite

Date de l'article 21.06.2019 - 02:00
Auteur Daniel Arazo
En résumé Balade-découverte proche de St-Martin-de-Londres.
L'article

Au départ du parking et en passant la barrière verte, on découvre en contrebas dans le val du Lamalou le balisage de plots verts du chemin départemental. En partant à droite sur cette piste et en ignorant les chemins latéraux, une côte progressive permet d'accéder à un plat au niveau d'une piste. C'est à gauche qu'il faut aller en délaissant les plots verts. Peu après, une courbe à droite se présente près d'un terrain avec portail. Il est intéressant de faire un court aller-retour en prenant à gauche une sente dans la végétation aboutissant à un petit éperon rocheux. C'est alors une vue superbe sur le val du Lamalou, Notre-Dame-de-Londres, le plateau de l'Hortus et divers autres lointains.

Une rencontre inattendue

En redescendant au portail et en prenant le sentier de gauche, une bifurcation se présente peu après un petit clapas. En montant par le sentier de gauche, la zone boisée s'épaissit et, parmi les chênes verts, quelques troncs d'arbres surprennent du fait d'une écorce différente. En observant mieux et en la touchant, on reconnaît vite le chêne-liège (Quercus suber). Sur la zone plane qui suit, on peut pénétrer à droite dans le boisement pour y découvrir, légèrement en contrebas, un grand nombre d'arbres de cette espèce. Parmi eux, il en est de vieux spécimens majestueux. Nous sommes ici dans une suberaie. 

Pourquoi cet arbre en ces lieux ?

J'ai donc cherché à comprendre. Il semblerait que l'origine de ce boisement soit naturelle. Aucun document ou souvenir ne venant attester le contraire.

La présence du chêne-liège, qui réclame un sol acide et un climat plutôt doux, est curieuse dans ce val de Londres où le froid peut être rigoureux. Quelles sont donc les raisons de cette présence ? Il se trouve que la colline abritant ces arbres est constituée à cet endroit d'un socle rocheux doté de silice, propice donc à cette espèce calcifuge. De plus, cette petite suberaie est exposée au sud et légèrement en hauteur par rapport à la cuvette, ce qui la préserve des masses d'air froid se plaquant au sol. D'où cette exception. 

Exploitation à long terme

Dans les régions où le chêne-liège est exploité (Var et Pyrénées-Orientales), on attend que le tronc ait un diamètre de dix à quinze centimètres avant de procéder au retrait de la première couche d'écorce qui n'a que peu de valeur. Il s'agit du liège dit "mâle". Cette opération se nomme le démasclage. Il faut attendre au moins huit ans ensuite pour prélever une nouvelle assise de liège dit "femelle" qui est utilisable. Ces opérations se multiplient jusqu'à épuisement des arbres. Dans cette suberaie, on se rend vite compte que le liège n'y a jamais été exploité. Il est impératif ici de respecter cet environnement qui est classé ZNIEFF (zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique). Par ailleurs, il est aussi obligatoire de rester non loin du chemin étant donné qu'une partie de cette zone se situe sur un domaine privé. C'est pourquoi, après cette étonnante découverte, le retour ne peut se faire que par le même cheminement.

Comment y aller ?

De Montpellier, par la D 986 direction Ganges, contourner St-Martin-de-Londres par la rocade. À partir du deuxième rond-point, comptez 2,2 km pour vous garer sur le parking du Ravin des Arcs de droite, juste avant le pont de Masclac sur le Lamalou.



Daniel Arazo, La connaissance et le respect du milieu naturel ont  toujours été un moteur essentiel pour moi. J’essaie de les transmettre dans les activités associatives que je mène et dans les “balades” que je propose chaque semaine dans la “Gazette de Montpellier”.



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