Dans la haute vallée de l’Aude...

Date de l'article 21.06.2019 - 15:00
Auteur Hugues Ferrand
En résumé Les brins de botanistes organisent chaque année un grand week-end naturaliste. Cette année, la haute vallée de l'Aude a été choisie pour sa richesse et biodiversité végétale.
L'article

Jeudi 30 mai 2019

Animé par Jean Marie, organisé par Louise et Annie, un groupe fou de nature, nombreux et motivés, s’est retrouvé, pour un séjour de quelques jours au village de Vayamundo, près de Quillan. Le but ? Découvrir les richesses et la biodiversité de cette partie de l’Aude, célèbre par le mythe entourant la montagne de Bugarach ou Rennes-le-Château.

Pas d’ascension pour ce jour éponyme, mais découverte des lieux et installation dans de confortables gîtes à la vue imprenable. Sous un soleil généreux, notre appétit botanique a pu être assouvi avec l’identification de plus de 70 plantes sur le petit sentier de la Gardie. Puis un repas convivial où toute la richesse de nos terroirs, amenée par les participants, a pu s’exprimer. Cette soirée à l’ambiance estivale nous a permis de trouver le sommeil sous les chants occitans de chœurs d’association réunies en colloque dans ce grand domaine de l’Espinet.



Vendredi 31 mai 2019

La vallée du Rébenty ou festival d’orchidées !

C’est en effet les orchidées qui ont marqué ce 2e jour. En pénétrant dans les gorges sauvages du Rébenty, affluent de l’Aude, nous découvrons une biodiversité exceptionnelle. Un arrêt à une source pétrifiée s’imposa pour voir la Pinguicula vulgaris ou Grassette, une Hépatique et l’Adiantum capillus-veneris ou Capillaire de Montpellier, avant d’emprunter le chemin partant de Joucou avec son catalogue de belles plantes (près d’une centaine seront scrupuleusement observées !), dont la riche palette d’orchidées : Orchis anthropophora ou O. de l’Homme pendu, Orchis simia ou O. singe, Orchis purpurea, Anacamptis morio, Orchis militaris, Ophrys insectifera ou O. mouche, Ophrys araneola, Listera ovata ou Listère à feuilles ovales, Cephalanthera longifolia aux fleurs d’un blanc immaculé, Ophrys scolopax ou O. bécasse, Dactylorhiza fuchsii. Quel plaisir aussi de dénicher la Lathraea clandestina bien dissimulée ou de découvrir cette belle fougère primitive, l’Ophioglossum vulgatum en sous-bois frais.

De gauche à droite : Ophrys insectifera, Ophrys scolopax et Orchis anthropophora par Hugues Ferrand

Malgré quelques pentes abruptes, la profusion d’espèces a transformé le groupe en un long cortège d’observateurs attentifs se déplaçant à la vitesse fulgurante de la limace. Exténués ou presque de ces nourritures floristiques, nous avons à nouveau frémi d’émerveillement lors de nos agapes bien méritées sous un soleil zénithal : la Gentiana occidentalis, l’Erinus alpinus et la Linaria supina nous offraient leurs beautés colorées si picturales. 

Jamais rassasiés, quelques botanistes addictes ont tenté de percer le secret de la Thymelaea dioica ou se sont extasiés devant la Globularia nana et le Calamintha acinos. Le retour au Défilé du Joucou fut marqué par un étrange phénomène : l’égarement de quelques botanistes dans les sentiers perdus d’une forêt accueillante. Mais ils ont eu la surprise sur leur route du retour, de tomber sur une station de Meconopsis cambrica, ou Pavot du Pays de Galles d’un jaune lumineux, sur un parterre de Sceau de Salomon, Polygonatum odoratum, aux clochettes blanches bien disciplinées sous la feuille, ou d’Iberis amara ponctuant les talus herbeux.

Plus encore, quelle chance de fouler un champ d’Allium ursinum, le fameux Ail des ours en pleine floraison, dont quelques exemplaires finiront en pesto le soir à l’heure d’un apéro amplement mérité, et augurant une longue soirée pour conter ces émotions autour, bien sûr, de bienfaits gastronomiques et de bons vins.


Samedi 1er juin 2019

Dynamisme et passion nous ont motivés dès le matin pour appréhender une belle journée ensoleillée autour du mystérieux Pech de Bugarach !


Aquarelle de Jean-Marie-Wotan


Départ pour le col Saint-Louis à 700 m d’altitude, qui sépare l’Aude des PO, et entrée en forêt des Fanges. Une riche diversité de plantes nous attend, avec notamment une flore de sous-bois frais mais aussi une prairie d’Anthriscus sylvestris ou Cerfeuil des prés, et toujours de belles orchidées s’exposant dans les espaces plus secs. À noter dans cet environnement caducifolié, la présence du Quercus crenata, Chêne faux liège. Après un pique-nique bien pourvu en Ail des ours à portée de fourchette, nous avons enfin rejoint le site de Bugarach. Au col de Linas, laissant les randonneurs affronter la montée du Pech sous plus de 30°, nous nous concentrons sur une pelouse bien exposée, pour découvrir un magnifique florilège d’orchidées dont la rare Coeloglossum viride ou Orchis grenouille ! Après s’être repus à nouveau d’Anacamptis pyramidalis, d’Orchis purpurea, d’Orchis mascula ou O. mâle, de Neotinea ustulata ou O. brulé, de Platanthera bifolia, de Serapias lingua, de Serapias vomeracea, ou encore de l’Orchis fusca sp hypercalis présent en grand nombre, nous avons terminé notre belle balade au lieu-dit Le Mas. Sous la surveillance de vautours planant dans ce cadre grandiose dominé par le Pech de Bugarach, nous réalisons nos dernières photos d’Orchis anthropophora très développé, d’Ophrys scolopax aux couleurs soutenues, de Teucrium aureanum, ou Germandrée dorée à la structure complexe, d’Ononys natrix dont les grosses fleurs rayées de rouge attirent l’œil.

La « Montagne inversée » nous a livré une partie de son secret géologique en nous faisant voyager dans le temps : 135 millions d’années pour les calcaires situés en haut de la montagne et 75 millions d’années pour les marnes récentes bien visibles en contrebas. Elle nous invite, au-delà d’une lecture rapide du paysage, à revenir pour approfondir cette magnifique région de l’Aude. Une soirée de fin de séjour reste toujours particulière, et c’est dans une joyeuse convivialité, nous délectant encore de produits et préparations culinaires exquises, que la séparation prochaine empreinte de tristesse s’en trouvera atténuée.


Dimanche 2 juin 2019

Un retour tout en douceur…

Quittant à regret notre village de Vayamundo, nous poursuivons notre détour géologique pour nous intéresser aux marbres de Caunes minervois, village préféré de nos animateurs ! Nous profitons de la quiétude des lieux, des marbres de la cathédrale et de la belle architecture des anciennes maisons et hôtels particuliers. Après avoir admiré les 2 platanes remarquables par leur taille datés de 1792 de la place de la République, un dernier pique-nique à la Carrière du Roy, signe la fin d’un séjour riche en échanges amicaux et bien entendu botaniques !


Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota  comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !



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