Education à l’environnement en espace naturel protégé
I Réfléchir à la présence de contraintes réglementaires
Malgré l'existence d'une règlementation souvent "extrème" en matière d'espaces protégés, on peut se poser la question de savoir ce qui prime lorsqu'on parle d'éducation à l'environnement. Au moins deux "philosophies" coexistent et se discutent :
- s'en tenir strictement à cette règlementation en adaptant les actions (éviter la zone protégée, pas de prélèvement...) ;
- la "transgresser volontairement" dans une mesure acceptable et ainsi transmettre un message d'implication et de responsabilisation des personnes, par l'explication des conséquences, la hiérarchisation des atteintes... En effet, il est important que chacun prenne conscience que la règlementation est un échec en soi sur une démarche de protection de la nature sur le plan général.
Par ailleurs, il n'y a pas que les Parcs nationaux ou les Réserves naturelles qui font l'objet d'une règlementation. Par exemple, l'eau est un élément très règlementé. Une animation sur le thème de l'eau, qui à un moment donné prévoit la réalisation d'un prélèvement de microfaune aquatique, est aussi une transgression de la règlementation (loi sur l'eau, réserve piscicole, dérangement de frayères...). Or, on semble moins s'en formaliser.
Toutefois, l'animateur doit faire ce choix selon ses convicitions personnelles et être conscient des risques que cela peut entrainer au cas où le message n'aie pas été bien compris.
Préalablement à l'animation et dans tous les cas, il est important de réfléchir aux éléments suivants :
1-1 Prélèvements et dérangements sur la flore
La cueillette des fleurs (plantes) est-elle vraiment nécessaire pour atteindre les objectifs fixés ?
Si oui :
- Choix du site à déterminer (absence d’espèces fragiles, piétinement et sur cueillette à éviter) tout en sachant que la mise en évidence d'une espèce rare peut attirer la convoitise des collectionneurs (si par exemple l'animation se fait dans un secteur reculé et habituellement peu fréquenté)
- Explications et précautions à prendre (adaptées au public) pour que la cueillette reste exceptionnelle. (justification de la manipulation)
- Faire prendre conscience que la répétition de la cueillette entraîne rapidement une modification du milieu (écologie et esthétique)
Si non, quelques alternatives :
Mettre en évidence les espèces par un repère (rubans, drapeaux)
Photos, dessins
Observation directe
Photos, dessins
Observation directe
1-2 Faune
Le déplacement dans le milieu entraîne-t-il un dérangement préjudiciable à la faune (reproduction, nidification...) ?Si oui, s’abstenir et expliquer les raisons de ce choix (proximité d’un site de reproduction, survie en hiver, dérangement en zone d’hivernage) . Si on estime qu’il n’y a pas de dérangement préjudiciable lors de l’animation, adapter son discours pour anticiper des débordements ultérieurs (visite des sites sans accompagnement). C’est un risque à considérer, à bien évaluer d’où l’importance du choix du site, de l’espèce, de la période,fréquence des animations...
Si non, permettre l'observation d'animaux est toujours un moment privilégié et fortement apprécié par le public. En outre, c'est un outil de sensibilisation encore plus fort.
Concernant les prélèvements, la récolte est possible. Quand il s’agit d’invertébrés aquatiques ou terrestres il faut prendre les précautions nécessaires à leur survie jusqu’à leur remise en liberté sur le site même, en sensibilisant le public à la fragilité des bestioles.
1-3 Autres éléments
- La manipulation des cailloux reste possible au cours d’une animation, sachant que l'élément inerte (roche, ...) est protégé également.
- L'incidence sonore d'une animation doit aussi être évaluée : un groupe de 100 personnes ne produit pas le même nombre de décibels qu'un groupe de 10 personnes.
- Par rapport aux déchets, une petite bidouille peut par exemple se dérouler au moment du repas. Il est possible de réfléchir à l'existence d'une règlementation propre à l'espace protégé (interdiction d'abandonner des déchets) et de la comparer à la règle de bonne conduite qui est de ne pas laisser ses déchets quel que soit l'espace naturel où l'on se trouve.
II - Parler de la réglementation
Dans tous les cas, ne pas justifier un interdit par la réglementation mais par les objectifs des mesures de protection. L’interdit n’étant qu’un outil à condition d’argumenter sur sa pertinence et son efficacité.Le règlement n’est pas là pour nuire au public, mais parce qu’on donne la priorité à la nature, bien collectif à préserver. Ne pas accepter dans les espaces protégés les demandes d’animation qui ne correspondent pas à leurs objectifs. Un "espace protégé" ne doit pas devenir une aire de loisirs. Ne pas oublier qu’il existe des lois de protection de l’environnement s’appliquant à tous les espaces, protégés et non protégés en France.
III - Sport de pleine nature et réglementation
Une activité sportive de pleine nature peut enrichir une animation nature à condition de ne pas entraîner des conséquences nuisibles sur le milieu.Pour conclure :
« Vous quittez un espace protégé, mais partout la nature mérite votre respect »
Tout acte d’éducation à l’environnement se doit d’accorder la même importance à tous les espaces protégés ou non protégés. Il s’agit d’abord de faire prendre conscience à chacun des conséquences de ses actes sur l’environnement dans sa vie quotidienne. A chacun de se donner les moyens de définir et d’approfondir son éthique de la protection de la nature en faisant le pari que la protection de la nature sert aussi les objectifs de bien-être de l’humanité.
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