Les Chroniques de Sylvestre


Chronique n°1


Bonjour les enfants,

Je m'appelle Sylvestre. Je suis mi-arbre, mi-homme. Les yeux dans le ciel, et le pied terrestre.
Je vous vois, mais vous ne me verrez pas de tout le séjour. Comme arbre, je suis déjà vieux, comme homme je respire la jeunesse éternelle.
Mon seul désir ici est de vous écrire chaque matin à la criée.
Un thème différent pour vous dire je t'aime; un sujet nouveau chaque jour comme une chronique de Fiougage.
Tiens, ça me plais ça les chroniques de Fiougage... Vues tantôt de mon côté arbre, tantôt de mon côté homme.
Alors voici ma première chronique.

Hier soir, un homme, un paysan, que vous apprendrez à connaître, vous a souhaité la bienvenue. C'est un homme franc qui sait ce qu'il dit.
Bienvenue est un mot précieux qui ne se dit plus beaucoup. Un mot en perte de signification. Lui, la connaît!
Si tu est bien venu, jusqu'à chez lui, c'est que déjà les astres t'y ont aidé. Ton chemin a été béni. Tu peux donc entrer chez lui, il ne risque rien.
Il te donne toute sa confiance. Tu as beau être un enfant, il sait que tu es né nu comme lui, tu es venu nu, et bien, pour illuminer le monde. tu n'es pas un étranger.
Bienvenu, tu pourras manger, boire, dormir, et faire la fête. Ton hôte veillera sur toi. Mais attention! un jour il te faudra partir. On souhaite "bon voyage" à celui qui est bien resté et qui par sa bienveillance a su devenir un ami.
On souhaite "bon vent" à l'autre, celui qui n'a pas mesuré la chance d'être accueilli.
Je n'en dis pas plus. Mâchez donc ce mot plusieurs fois, il comme moi, vous le trouverez savoureux et un jour comme Hervé, vous le direz à un inconnu...



Chronique n°2


Je voudrais que vous portiez tous l'attention sur l'homme de l'ombre. Il n'est ni animateur, ni cuisinier, ni directeur, ni fermier. Il œuvre par bonté d'âme derrière les apparences.
Quand vous participez à des jeux, il a rangé le camp afin que vous ne vous blessiez pas.
Quand vous mangez de bons plats il a parcouru les routes et les magasins pour que le cuisinier n'ai plus qu'à se servir.
Quand quelque chose d'aussi précieux et utile qu'une table ou une machine à laver casse, il fait tout pour les réparer au plus vite
et quand vous vous asseyez pour faire vos grosses commissions c'est lui qui a jeté le fruit de vos intestins, a nettoyé les comportes et a renouvelé le papier.
Avec lui travaille la femme de l'ombre. Quand elle ne participe pas à quelques animations, elle gère, organise, distribue et compte sans s'économiser.
A vos yeux, leur travail est presque invisible. Pourtant, rien ne fonctionnerait ici sans leur coordination et sans leur souci permanent que tout roule sans frottements.
A côté d'eux quelqu'un d'autre s'agite ou réfléchit. Je vous en parlerai plus tard. Madame la directrice sera l'objet d'une prochaine chronique.
En attendant, passez une très belle journée!



Chronique n°3


Je vous souhaitais hier matin une belle journée. Elle ne le fut que climatiquement. Avec mes frères des forêts nous vous avons vu vous jeter à la face nos petits fruits secs.
Comme c'est dommage de réduire vos jeux à des sortes de combats sauvages...
Bon, je ne vais pas passer mon temps à vous faire des reproches. Entendez simplement que la loi d'abondance dont on ne vous a parlé encore ici, consiste à peu de choses:
si tu t'améliores un peu, ce mieux de toi, s'ajoute au mieux d'un autre et produit en très peu de temps beaucoup de beaux fruits. Une graine plantée peut faire 100 fruits, 100 fruits peuvent faire 1000 arbres.
1 arbre arraché, 1 enfant vexé, 1 adulte fâché ne produisent rien...
Voilà tout ce que je peux vous dire aujourd’hui. je connais la qualité des gens qui vous encadrent. Faites leur confiance, vos qualités aussi fleuriront.



Chronique n°4


Bonjour les enfants. je ne voudrez pas marcher sur les traces de notre cuisinier poète, mais j'ai le sentiment que la mayonnaise prend entre vous. Je vois de mes nuages de très belles choses.
Des enfants qui avaient fermé un peu leurs portes, lors des 1ers jours et qui maintenant laissent passer le vent par presque toutes les ouvertures. je vois des petits durs se mettre à genoux devant de grandes et belles fleurs.
Je vois des solitaires désherber leur jardin pour y mettre des chaises et des ennemis chanter ensemble. Je vois aussi la confiance en maquiller certains et l'assurance en coiffer d'autres.
Je vois enfin le conseil, même s'il est lent et demande patience et concentration, faire son œuvre de fondation. Peu à peu vous trouverez raisons et moyens de vivre ensemble. Bien entendu c'est une chose difficile.
Les Hommes n'y réussissent pas toujours, c'est la grande affaire!
Vous, ça et là, vous réussissez! Tant pis si ce n'est que pour 15 jours de votre vie, vous en sortirez plus grand. Nous les arbres, on attend que ça, qu'en apprenant à vous respecter, vous nous voyez un peu autrement.
Nous avons des tas de secrets à vous communiquer!



Chronique n°5


Bon, si j'ai bien compris, aujourd'hui est pour vous un jour de repos. Adieu les métiers, on mange quand on veut, et l'on se consacre aux jeux de l'amour et de l'amitié.
A mon tour, voulez-vous de jouer un peu! Je vais en quelques mots faire le portrait des 10 adultes qui vous encadrent, à vous de deviner de qui il s'agit...

Je l'appelle petit soleil. Elle n'a pas son pareil pour croquer les fleurs, jouer les américaines excentriques et confectionner d'insolites petits carnets... Dans sa valisette elle confectionne les senteurs.

Son prénom à l'envers, c'est son prénom à l'endroit. Je l'appelle Mam'zelle Merci tellement elle est polie. Elle touche les étoiles du bout du doigt et ne mange jamais de mammifères.
Dans ses poches il y a 1000 costumes extravagants et un humour qui déchire.

Elle danse, même en marchant. On l'a vue grand-mère, on la verrait petit fille. je l'appelle "la joueuse" même si souvent elle est sérieuse. Elle aime que les mots soient dits sans violence. Marcheuse, elle ne vous fait jamais marcher.

Il est discret et peu bavard. Sauf si vous le lancez sur les philosophes antiques. On le voit passer humblement un petit seau à la main ou avec un marteau. Quand il quitte le camp, c'est sur 4 roues pour aller chercher des saucisses.
Je l'appelle "Monsieur rescousse".

Il porte un balai sur la tête et saute plus haut que les nuages. Avant c'était un voyou, aujourd'hui c'est un sage. je l'appelle "Mister Roots". C'est mon jeune ami. J'aurais bien aimé être lui.

Le ventre rond, le cils froncés, il jongle avec aubergines et prunes. Quand il pleur, c'est à cause des oignons.
Lui aussi aime les petits carnets et les 3 fois rien, je l'appelle "Ballo filoo"

Petite flamme. Elle est bilingue. Elle conte, anime les bouts de bois et rêve d'un monde sans guerre. Elle a l'e dans l'a, t - i - t- i - a... Je l'appelle "regard ardent" car elle aime les choses du cœur.

Lui, c'est le poussin de Fiougage. je l'appelle comme il s'appelle. C'est mon petit grand frère. il prend la vie comme un ballon de rugby et parle le japonais avec des pincettes.

Il est beau, il est blond, il manie bien le bâton et le couteau. c'est un homme plein d'attention. Je l'appelle "Legolas" à cause de son côté ELFE. Avec lui, la survie c'est que du plaisir.

Elle c'est ma titi, mon matou ma dirlo adorée. Elle porte sur son dos le bonheur des pré-ados. Confiez-lui un camp, elle le transforme en jardin d'Eden. Si je l'appelle Ma, c'est parce-que, paternellement c'est un peu la mienne de Thilde.
Faites-lui confiance, elle le mérite!



Chronique n°6


Bravo pour cette journée à l'envers. Moi du coup, j'ai lancé mes racines au ciel et j'ai enfoui mon feuillage en terre. Vous n'en avez rien vu! C'est pas grave! ça fait du bien de temps en temps de changer d'habitude.
Tenez par exemple, vous les timides, essayez un jour de vous mettre dans la peau d'un audacieux et vous les solitaires parlez à votre entourage, organisez une grand fête et vous les emmerdeurs tâchez un jour de vous faire solidaire
des autres et de leur donner un peu d'estime ou de considération.
Vous verrez, se mettre à l'envers ainsi c'est toucher l'endroit de l'autre, c'est à dire son cœur... il vous remerciera....




Chronique n°7


Bonjour à tous. Vous avez hier soir approché la nuit. Je vous ai vu passer sous mes ramures, avec vos duvets et guise de capes. La nuit est une amie de l'enfance. le mot étoile à sa préférence avec la fleur, l'arbre et le soleil.
A propos d'étoile, avez-vous vu la première (sortir) apparaître? Elle s'appelle Vénus, c'est une jolie fille. Quand vos yeux la fixent, elle danse un peu. Si on la regarde attentivement, on voit jusqu'à sa jupe qui se dessine.
Je sais qu'à l'heure des étoiles, vous êtes déjà endormis. cependant, lors de ce séjour, je vous invite à risquer votre regard à cette infinité d'astres qui arpentent le ciel. ne restez pas dans la lune, apprenez aussi des étoiles.
Parmi les animateurs du camp, il en est une qui les connaît, elle vous donnera leur nom et leur position si vous lui demandez gentiment. Voilà, maintenant c'est au jour que je vous confie. passez le, en bleu, en ou en soleil, mais
en lumière comme de petites étoiles... Ah, j'allais oublier l'animatrice en question, envers ou endroit, un même prénom!



Chronique n°8


Bonjour à tous,
votre séjour approche de sa fin. Mais comme je vous le disais l'autre matin, ça n'a pas d'importance puisqu'il n'y a jamais que du présent. présent du lever, présent du jeu, présent des métiers et présent des étoiles.
Même la vaisselle peut-être le meilleur des présents. je voulais juste vous dire combien vous avez de la chance... d'être là, d'abord parce-que vos animateurs se défoncent pour vous...
pas avec des substances illicites, mais à coup de patience, d'empathie et de véritable intérêt pour chacun de vous.
Ici pas de préférence... à cela près que certains enfants se révèlent plus adaptables que d'autres à la vie de camp.
Vous avez de la chance, disais-je, parce-que vous aussi vous êtes formidables. de ma hauteur de pin Sylvestre un peu solitaire, je vous ai vu tous changer.
En quelques jours vous avez la preuve aussi de votre patience, de votre empathie et de votre intérêt pour la vie de groupe.
Je vous dis tout simplement BRAVO. Ces 3 jours qui vous restent vont vous dire encore beaucoup de choses. Ce soir au conseil, pensez un peu à moi. je serai là avec vous sous ma forme d'arbre à vous écouter.
Et je vous le jure, je vous respecterai tous!

Sylvestre



Note de la rédaction :
moitié homme, moitié arbre, ces chroniques ont toutes été écrites par Philippe, moitié cuisinier, moitié poète.
Homme de sagesse, qui aime les arbres et les humains... adultes ou graines...
Merci à lui de nous avoir nourri.