La lettre saisonnière des écolos
Groupe Faune : Des mondes perdus, retrouvés par Pierre-Olivier Antoine *
Groupe Faune : Des mondes perdus, retrouvés par Pierre-Olivier Antoine *
Au milieu de la garrigue, le travail du paléontologue paraîtrait presque facile, mais imaginez la même chose sur des terrains escarpés, en plein cœur de la forêt amazonienne, dans des conditions plus que difficiles. Pourtant, rien n'arrête la détermination des chercheurs et c'est grâce à l'étude de sites fossilifères, notamment au Pérou, que la naissance de l'Amazone et l'histoire de sa région sont élucidées. Ainsi, entre 70 et 50 millions d'années, encadrée par deux sillons marins, l'Amazonie était une gigantesque île (telle l'Australie actuellement). C'est dans ce contexte que la vie s'y est considérablement diversifiée faisant de cet endroit, déjà il y a 40 millions d'années, un véritable point chaud de biodiversité. D'étranges crocodiles terrestres et de petits marsupiaux y côtoyaient les plus vieux crabes d’eau douce connus, au milieu d'une végétation diversifiée.
Vers 15 millions d'années, le paysage change radicalement : un gigantesque golfe, qui s'étend sur 4000 km, accueille un archipel au milieu du continent, dans la “Mer Pebas”. Au fil du temps, entrées d'eau douce et d'eaux salées se succèdent, permettant la colonisation de la région par des groupes marins tels les dauphins, raies ou encore anchois. Un des emblèmes de la région à l'époque est un crocodile mangeur de mollusques, caractérisé par ses dents arrondies et son museau en bec de canard qui lui permettait de fouiller la vase. Cet environnement disparaît vers 10 millions d'années, avec le soulèvement des Andes et la naissance du fleuve Amazone. Fin de l'histoire ancienne il y a 3,5 millions d'années, avec l'émergence de Panama : Amérique du Nord et du Sud ne sont plus isolées et c'est la grande transhumance. Des faunes du Nord passent au Sud et vice-versa ; c'est à ce moment-là qu'arrivent des groupes actuellement emblématiques de l'Amérique du Sud, tels les pumas ou les tapirs.
Compliqué nous direz-vous ? Oui, mais pour les paléontologues, ça ressemble à du gâteau à côté de l'os que représente la Guyane toute proche ! Mission quasi-impossible pour y trouver des fossiles car l'essentiel du territoire est couvert par des terrains très anciens, de près de 1,5 milliards d'années, cuits et recuits par leurs aventures géologiques. Seule la frange littorale contient des terrains sédimentaires, très jeunes, eux, puisqu'ils ont au maximum quelques dizaines de milliers d'années. Pour couronner le tout, les roches y sont très acides et l'altération très importante, de sorte que la conservation des fossiles est plus que mauvaise. Une vieille fake news paléontologique, une dent de mammouth de Colomb, prétendument issue de Guyane mais qui viendrait en fait du Costa-Rica, il n'en faut pas plus aux esprits chagrins pour penser qu'il est impossible de trouver des fossiles en Guyane ! Mais « impossible » ne fait pas partie du vocabulaire des paléontologues, qui font feu de tout bois et pour qui un simple chantier peut se transformer en véritable mine d'informations. Alors quand le chantier est titanesque, c'est une occasion en or. C'est ainsi que les travaux pour la base de lancement de la fusée Ariane 6 ont récemment mis à jour les fossiles tant espérés : coquilles d'huîtres, d'escargots marins, dents de raies et de requins, restes de poissons osseux, et dans les couches juste au-dessus des palétuviers ! Autant de témoins d'un environnement côtier, en eaux calmes et peu profondes et de variations du niveau marin au cours des quelques centaines de derniers milliers d'années. Encore en cours d'étude, ces précieux échantillons n'ont pas encore livré tous leurs secrets : l'analyse de leur composition permettra bientôt de connaître leur âge et des études plus détaillées pourront même aider à mieux connaître l'écologie de ces organismes disparus.
Nous attendons donc avec impatience que Pierre-Olivier revienne pour nous raconter la suite de l'histoire !
* Pierre-Olivier Antoine est professeur à l’Université de Montpellier. Merci pour sa brillante conférence et la sortie passionnante, ainsi que pour la relecture de cet article.
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Sabri Hurtrez, 12 ans, est le junior du groupe faune dont il est un des membres fidèles depuis le début. Sylvie, sa maman, est coprésidente des Écolos et enseignant-chercheur en biologie-écologie. Les deux passent beaucoup de temps dehors, notamment dans leur jardin, à regarder les plantes pousser et à observer les animaux, sauvages et domestiques.
Dans la haute vallée de l’Aude...
Dans la haute vallée de l’Aude...
Jeudi 30 mai 2019
Animé par Jean Marie, organisé par Louise et Annie, un groupe fou de nature, nombreux et motivés, s’est retrouvé, pour un séjour de quelques jours au village de Vayamundo, près de Quillan. Le but ? Découvrir les richesses et la biodiversité de cette partie de l’Aude, célèbre par le mythe entourant la montagne de Bugarach ou Rennes-le-Château.
Pas d’ascension pour ce jour éponyme, mais découverte des lieux et installation dans de confortables gîtes à la vue imprenable. Sous un soleil généreux, notre appétit botanique a pu être assouvi avec l’identification de plus de 70 plantes sur le petit sentier de la Gardie. Puis un repas convivial où toute la richesse de nos terroirs, amenée par les participants, a pu s’exprimer. Cette soirée à l’ambiance estivale nous a permis de trouver le sommeil sous les chants occitans de chœurs d’association réunies en colloque dans ce grand domaine de l’Espinet.
Vendredi 31 mai 2019
La vallée du Rébenty ou festival d’orchidées !
C’est en effet les orchidées qui ont marqué ce 2e jour. En pénétrant dans les gorges sauvages du Rébenty, affluent de l’Aude, nous découvrons une biodiversité exceptionnelle. Un arrêt à une source pétrifiée s’imposa pour voir la Pinguicula vulgaris ou Grassette, une Hépatique et l’Adiantum capillus-veneris ou Capillaire de Montpellier, avant d’emprunter le chemin partant de Joucou avec son catalogue de belles plantes (près d’une centaine seront scrupuleusement observées !), dont la riche palette d’orchidées : Orchis anthropophora ou O. de l’Homme pendu, Orchis simia ou O. singe, Orchis purpurea, Anacamptis morio, Orchis militaris, Ophrys insectifera ou O. mouche, Ophrys araneola, Listera ovata ou Listère à feuilles ovales, Cephalanthera longifolia aux fleurs d’un blanc immaculé, Ophrys scolopax ou O. bécasse, Dactylorhiza fuchsii. Quel plaisir aussi de dénicher la Lathraea clandestina bien dissimulée ou de découvrir cette belle fougère primitive, l’Ophioglossum vulgatum en sous-bois frais.
De gauche à droite : Ophrys insectifera, Ophrys scolopax et Orchis anthropophora par Hugues Ferrand
Malgré quelques pentes abruptes, la profusion d’espèces a transformé le groupe en un long cortège d’observateurs attentifs se déplaçant à la vitesse fulgurante de la limace. Exténués ou presque de ces nourritures floristiques, nous avons à nouveau frémi d’émerveillement lors de nos agapes bien méritées sous un soleil zénithal : la Gentiana occidentalis, l’Erinus alpinus et la Linaria supina nous offraient leurs beautés colorées si picturales.
Jamais rassasiés, quelques botanistes addictes ont tenté de percer le secret de la Thymelaea dioica ou se sont extasiés devant la Globularia nana et le Calamintha acinos. Le retour au Défilé du Joucou fut marqué par un étrange phénomène : l’égarement de quelques botanistes dans les sentiers perdus d’une forêt accueillante. Mais ils ont eu la surprise sur leur route du retour, de tomber sur une station de Meconopsis cambrica, ou Pavot du Pays de Galles d’un jaune lumineux, sur un parterre de Sceau de Salomon, Polygonatum odoratum, aux clochettes blanches bien disciplinées sous la feuille, ou d’Iberis amara ponctuant les talus herbeux.
Plus encore, quelle chance de fouler un champ d’Allium ursinum,
le fameux Ail des ours en pleine floraison, dont quelques exemplaires
finiront en pesto le soir à l’heure d’un apéro amplement mérité, et
augurant une longue soirée pour conter ces émotions autour, bien sûr, de
bienfaits gastronomiques et de bons vins.
Samedi 1er juin 2019
Dynamisme et passion nous ont motivés dès le matin pour appréhender une belle journée ensoleillée autour du mystérieux Pech de Bugarach !
Aquarelle de Jean-Marie-Wotan
Départ pour le col Saint-Louis à 700 m d’altitude, qui sépare l’Aude des PO, et entrée en forêt des Fanges. Une riche diversité de plantes nous attend, avec notamment une flore de sous-bois frais mais aussi une prairie d’Anthriscus sylvestris ou Cerfeuil des prés, et toujours de belles orchidées s’exposant dans les espaces plus secs. À noter dans cet environnement caducifolié, la présence du Quercus crenata, Chêne faux liège. Après un pique-nique bien pourvu en Ail des ours à portée de fourchette, nous avons enfin rejoint le site de Bugarach. Au col de Linas, laissant les randonneurs affronter la montée du Pech sous plus de 30°, nous nous concentrons sur une pelouse bien exposée, pour découvrir un magnifique florilège d’orchidées dont la rare Coeloglossum viride ou Orchis grenouille ! Après s’être repus à nouveau d’Anacamptis pyramidalis, d’Orchis purpurea, d’Orchis mascula ou O. mâle, de Neotinea ustulata ou O. brulé, de Platanthera bifolia, de Serapias lingua, de Serapias vomeracea, ou encore de l’Orchis fusca sp hypercalis présent en grand nombre, nous avons terminé notre belle balade au lieu-dit Le Mas. Sous la surveillance de vautours planant dans ce cadre grandiose dominé par le Pech de Bugarach, nous réalisons nos dernières photos d’Orchis anthropophora très développé, d’Ophrys scolopax aux couleurs soutenues, de Teucrium aureanum, ou Germandrée dorée à la structure complexe, d’Ononys natrix dont les grosses fleurs rayées de rouge attirent l’œil.
La « Montagne inversée » nous a livré une partie de son secret géologique en nous faisant voyager dans le temps : 135 millions d’années pour les calcaires situés en haut de la montagne et 75 millions d’années pour les marnes récentes bien visibles en contrebas. Elle nous invite, au-delà d’une lecture rapide du paysage, à revenir pour approfondir cette magnifique région de l’Aude. Une soirée de fin de séjour reste toujours particulière, et c’est dans une joyeuse convivialité, nous délectant encore de produits et préparations culinaires exquises, que la séparation prochaine empreinte de tristesse s’en trouvera atténuée.
Dimanche 2 juin 2019
Un retour tout en douceur…
Quittant à regret notre village de Vayamundo, nous poursuivons notre détour géologique pour nous intéresser aux marbres de Caunes minervois, village préféré de nos animateurs ! Nous profitons de la quiétude des lieux, des marbres de la cathédrale et de la belle architecture des anciennes maisons et hôtels particuliers. Après avoir admiré les 2 platanes remarquables par leur taille datés de 1792 de la place de la République, un dernier pique-nique à la Carrière du Roy, signe la fin d’un séjour riche en échanges amicaux et bien entendu botaniques !
Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !
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Promenade jardinière - Jardin des Plantes de Montpellier
Promenade jardinière - Jardin des Plantes de Montpellier
Où sommes-nous ? Vous pourriez poser la question à ce chat (Felis silvestris catus), en fait une chatte de mes amies qui se pourlèche sur le muret, ou à ce gendarme (Pyrrhocoris apterus), punaise rouge au masque tribal, ou même si vous avez du courage à ce héron cendré (Ardea cinerea) qui vous toise tout en haut du grand cèdre (Cedrus Atlantica), ils vous répondraient tous la même chose : « vous êtes dans l’univers, et vous êtes chez moi ». Oui, l’univers, un lieu fait de beaucoup d’espace et de beaucoup de temps. Oui, c’est bien cela, vous répondrais-je moi aussi, car je ne suis pas plus bête qu’un gendarme, même si je vole plus bas qu’un héron. Je ne suis qu’un petit homme (Homo sapiens), même si je ne sais pas grand-chose, mais je sais au moins cela. Ah oui, j’oubliais, je suis aussi un petit jardinier, alors vous êtes aussi un petit peu chez moi. Ce jardin bien sûr ne m’appartient pas, mais nous nous connaissons, lui et moi, et il m’appartient de vous le donner, à voir, et peut-être un peu à aimer. Vous venez ?
Oui, ici vous trouverez beaucoup d’espace, même si mon jardin n’est pas bien grand, mais si vous leviez les yeux, vous comprendriez. Et si, vraiment, vous les ouvriez… Mon jardin est fait aussi de beaucoup de temps, et de cela je suis sûr vous en conviendrez. Regardez par exemple ce vieil arbre, un filaire (Phillyrea latifolia), avec son tronc crevassé qui accueillait naguère les mots doux des amoureux, aujourd'hui les vœux des enfants, petits et grands. Si vous lui demandez « quel âge as-tu ? », il vous répondra « j’ai plus de 400 ans », car pour lui les poussières ne comptent pas. Alors nous nous sentirons tout petits, même si lui-même n’est pas bien grand, bien moins que les cyprès de l’allée en face de nous, des petits jeunes de 60 ans.
À cet emplacement était l’ancien jardin médical, créé par Pierre Richer de Belleval, du temps d’un certain roi Henri IV. Oui, car ce lieu séculaire vit le jour pour offrir aux futurs docteurs de la plus vieille encore faculté de médecine de Montpellier un lieu d’étude, où pour eux étaient présentées et estampillées les plantes qui en fait sont les vrais médecins, et qu’ils devaient apprendre à connaître, pour devenir de bons petits savants. Depuis quatre siècles, la science a beaucoup évolué, mais les plantes sont toujours les mêmes, et comme le vieux filaire, ou ce vieil arbre de Judée (Cercis siliquastrum), vraiment les mêmes. Quant à moi, qui viens de naître, je travaille, depuis quelques instants, sur la « Montagne » de monsieur Richer, qui avait beaucoup d’humour ! Car la montagne (monticulus) en question ne fait que quelques mètres, de large et encore moins de haut, mais quel monument, historique, et scientifique… Car son créateur, qui créa, puis recréa après le siège qui le mit à sac, en quelques années ce jardin extraordinaire était lui-même un savant peu ordinaire. En précurseur de l’écologie, il présenta sur les deux flancs de sa montagne les plantes de soleil et les plantes d’ombre. Nous aussi, aujourd'hui, après avoir tout coupé en morceaux, nous pensons un peu, de nouveau, que l’environnement est une affaire de milieux. Vous trouverez ici une représentation des plantes méditerranéennes, à qui la chaleur ne fait pas froid aux yeux. N’hésitez pas à venir nous voir, monsieur Filaire, dame Minette et moi, ne manquerons pas de vous les présenter.
Au XVIIe siècle, le jardin médical fut déplacé dans l’école de botanique, où les petites plantes serrées en rang d’oignons (toutes, même les oignons) épousent docilement, avec beaucoup d’indulgence, les valses-hésitations du savoir des hommes. Nommer, c’est posséder, croient-ils naïvement, alors partout fleurissent les noms avides de saisir le vivant. Bienvenue dans le « jardin d’épithètes », cher à Paul Valéry, qui reste d’une beauté sans nom, les poètes, qui ne s’y trompent pas, y auront toujours le dernier mot. Revenons dans les carrés du savoir presque trop bien tracé. La vieille Orangerie, en fait beaucoup plus récente, elle ne date « que » de la Révolution, vient d’être restaurée. Notre jardin a connu beaucoup de vicissitudes, les fameux outrages du temps, et l’incurie des hommes, sans parler de leurs canons, mais ne vous en offusquez pas, vous qui passez, le vieux jardin rigole dans sa barbe verte, maintes fois agenouillé, il a chaque fois relevé sa superbe, dès que les petits hommes le lui ont gentiment, et superbement demandé. Écoutez… Le temps ici est ce fleuve calme, que ne perturbent guère, nos clapotis.
J’espère que je ne vous embête pas, avec mes considérations temporelles, car tout ceci nous ne le voyons pas, seulement au travers de ce musée imaginaire, que nous appelons la mémoire des hommes. Car vous êtes venus visiter l’univers, et l’espace vous attend. Continuons notre promenade. Avec le sud du jardin, ponctué d’essences exotiques, se poursuit notre balade historique, dans ce que nous appelons le « premier jardin ». Près de l’ancienne noria, où des générations d’ânes à quatre pattes (Equus asinus) puisèrent l’or vrai qui préside au destin de toute vie, des arcades rappellent les premiers bâtiments où Richer enseignait la « science aimable », en expliquant les « simples », cela ne devait pas être bien compliqué. Devant vous, aux abords de l’école de botanique, ne manquons pas de saluer le vénérable arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), peut-être le plus vieil arbre de la terre car sa lignée vit naître les dinosaures, mais ne le traitez pas de vieux fossile, car avec raison il se vexerait, lui qui sut évoluer sans périr à travers la nuit des temps.
Au
XIXe siècle, par l’achat de deux nouvelles parcelles, le Jardin vit sa
superficie doubler. Bienvenue dans le « second jardin », même s’il n’y
en a toujours qu’un seul ! À la place de l’école forestière mise en
place par De Candolle se dressent aujourd'hui de grands arbres, car la
nature croît, et impose ses vues vers le ciel à nos plates-bandes
savantes, mais terre-à-terre. Ici, seule la lumière commande. Au fil des
allées, vous croiserez de grands seigneurs, aux allures un peu
étranges, comme ce chêne déguisé en châtaignier (Quercus castaneifolia), des cyprès si rares, d’autres arbres beaucoup moins, comme ce majestueux micocoulier (Celtis australis),
mais toujours remarquables, si vous les regardez bien, comme ils vous
regardent, lentement, comme on s’élève. Nous voici sur la parcelle
acquise par Charles Martins, dont la serre éponyme au fond du jardin
abrite des plantes ô combien succulentes ! Après la bambouseraie et sa
forêt de mikados géants, se dévoile le jardin anglais, espace ouvert au
plaisir de flâner, avec son grand bassin où les lotus du Nil (Nelumbo nucifera)
côtoient les nénuphars et le bonheur, parfois un peu sonore, du petit
peuple des eaux ! Après les banquettes aromatiques, les rocailles, et
mille recoins cachés pour être trouvés où fleurs, et couleurs,
rivalisent de leurs avalanches, se dressent l’Institut de botanique et
le vieil Herbier, comme pour rappeler que la science est aussi une
affaire sérieuse. Encore une halte, près de l’oranger des Osages (Maclura pomifera), en fait une sorte de mûrier. Attention à la chute de ses fruits, si lourds que nous pourrions tomber dans les pommes (Malus pumila)
! Voilà, notre promenade touche à sa fin, moi le devoir m’appelle, je
dois me faire la belle, quitte à me prendre un râteau. Je vous laisse
ici, au milieu de l’uni-vert. Bien sûr, n’hésitez pas à continuer sans
moi, car vous êtes chez vous !
Photos : Denis Nespoulous
Denis Nespoulous,
s’il fallait me définir, quelle drôle d’idée ! (certains me disent
poète, d’autres chat sauvage), je vous dirais que je suis aujourd'hui
jardinier, au Jardin des Plantes de Montpellier. Venez me rejoindre, et
je vous montrerai, tous ses secrets. À bientôt dans l’uni’vert !
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Groupe Faune : Des fourmis couturières...
Groupe Faune : Des fourmis couturières...
Nous avons ainsi découvert qu'il existe des fourmis bonbonnes, à l'abdomen gonflé de nectar, et qui sont consommées comme des friandises en Australie, des fourmis magnans, ou mangeuses d'hommes, qui se déplacent en colonnes de 20cm de large puis s'installent en bivouac et patrouillent à la recherche de proies vivantes, des fourmis esclavagistes, guerrières qui volent des cocons dans les fourmilières d'autres espèces pour utiliser les ouvrières comme domestiques, des fourmis de feu, aux piqûres très douloureuses, qui sont capables d'échapper aux inondations en se rassemblant en radeaux...
D'autres espèces font dans la construction, telles les fourmis des bois qui accumulent des dômes d'aiguilles de pins, ou les fourmis champignonnistes qui broient feuilles et fleurs pour en faire des meules de culture de champignons. Encore plus spectaculaire, les fourmis tisserandes. Présentes en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Australie, ces colonies se regroupent en grappes pour connecter deux feuilles. En quittant peu à peu la grappe, elles rapprochent les feuilles bord à bord ; à la fin, il ne reste plus qu'une rangée de fourmis-agrafes qui maintiennent les deux feuilles accrochées. Commence alors l'opération couture... pas avec n'importe quel fil, avec de la soie ! Ce sont les larves qui fournissent le matériau : elles produisent en effet de la soie qui, chez les espèces non-tisserandes, leur sert à fabriquer un cocon. Ici, l'ouvrière tisserande attrape une larve prête à tisser et applique sa tête sur une feuille, puis sur l'autre et ainsi de suite, déroulant ainsi le fil de soie qui durcit en séchant. La nymphe se retrouve donc nue ! Une fois que le fil est sec et rigide, les fourmis-agrafes quittent leur poste ; le nid est prêt !
Sabri et Sylvie
Dessin : William Augel
Sabri Hurtrez, 12 ans, est le junior du groupe faune dont il est un des membres fidèles depuis le début. Sylvie, sa maman, est coprésidente des Écolos et enseignant-chercheur en biologie-écologie. Les deux passent beaucoup de temps dehors, notamment dans leur jardin, à regarder les plantes pousser et à observer les animaux, sauvages et domestiques.
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Lu et vu pour vous : Les plantes envahissent ARTE !
Lu et vu pour vous : Les plantes envahissent ARTE !
Ainsi, la chaîne ARTE diffuse en ligne jusqu’en mars 2022 les 5 premiers portraits de plantes :
- Millepertuis perforé
- Ciste cotonneux
- Plantain lancéolé
- Mauve sylvestre
- Reine des Prés
L’équipe travaille actuellement sur 5 autres portraits de plantes qui seront diffusés aussi sur cette chaîne.
Si vous êtes bien attentifs, vous reconnaîtrez les paysages de Restinclières, car les Écologistes ont aussi participé à la réalisation technique.
Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !
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Lu et vu pour vous : L’étonnante intelligence des Oiseaux
Lu et vu pour vous : L’étonnante intelligence des Oiseaux
Ainsi ce que l’on pensait être un apanage, voire une spécificité, de la seule espèce humaine, comme par exemple :
- Faire preuve d’imagination, pour créer des outils adaptés à une tâche spécifique,
- Développer des démarches prospectives, pour penser à divers futurs et planifier des tâches à réaliser dans l’immédiat afin de disposer le moment venu d’un jeu d’alternatives possibles et ainsi faire preuve de flexibilité,
- Recourir à des raisonnements causaux pour comprendre par expérience que certaines actions ont des conséquences spécifiques mais aussi, et plus complexe encore, avoir la capacité d’adapter ce savoir à des contextes nouveaux pour limiter les phases d’apprentissage par essai-erreur) s’avère aussi partagé par d’autres espèces comme (et nous le pressentions depuis le milieu du XXème siècle) nos plus proches cousins, les grands singes, puis plus récemment, les dauphins, les orques et les éléphants.
Par contre et beaucoup plus nouveau, ce sont ces mêmes outils cognitifs qui sont maintenant retrouvés, et parfois avec encore plus de complexité et de finesse, chez les oiseaux et en particulier ceux de la famille des corbeaux ou des geais mais aussi de celle des perroquets. Le nouvel ouvrage de Nathan Emery, Maître de conférences en biologie cognitive à l’université Queen Mary de Londres (édité en version française par les éditions Quæ) « L’étonnante intelligence des Oiseaux » nous fait découvrir d’une manière simple et dans une présentation très esthétique comment les chercheurs ont pu, par des expérimentations souvent astucieuses et toujours très rigoureuses, mettre en évidence toutes ces formes d’intelligence au sein du vaste monde des oiseaux. À cet égard N. Emery constate que ces oiseaux capables d’analyser et d’agir sur leur environnement et d’interpréter les réactions de leurs partenaires et congénères partagent avec les autres espèces considérées maintenant comme intelligentes le fait de vivre en société et d’avoir un rapport élevé entre le poids de leur cerveau et celui de leur corps.
À lire et découvrir sans modération pour définitivement rendre obsolètes les expressions du type « tête de linotte », « être bête comme une oie », « avoir un crâne de piaf », « être le dindon de la farce »...
Daniel Guiral, retraité, danseur, bonsaï-ka, aquariophile et inconditionnel des "Brins de Botanistes". Membre du CA des Écologistes de l'Euzière depuis 2018 et représentant l'Association au sein de la Commission Locale de l'Eau. Membre du Réseau Eau Languedoc Roussillon de France Nature Environnement. Président de l'Association Départementale des Anciens Maires et Adjoints de l'Hérault (ADAMA 34).
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Lu et vu pour vous : Encyclopédie des plantes alimentaires
Lu et vu pour vous : Encyclopédie des plantes alimentaires
Michel Chauvet, que nous connaissons bien aux écolos, puisqu'il a participé à la rédaction de l'ouvrage sur les salades sauvages, vient de publier un ouvrage unique en son genre par ses dimensions, dans tous les sens du terme : 20 ans de travail et près de 3 kg, bon poids (2).
Dès l'ouverture du livre, vous partirez en voyage. À chaque tour de page vous arpenterez les marchés du Monde mais aussi les jardins et les recoins de nature propices à la cueillette. Les belles illustrations vous rendront la beauté des fruits, les couleurs des légumes et même leurs textures ; ne manqueront que les parfums et les odeurs, mais reste à les imaginer...
Vous découvrirez sans doute, comme moi, des plantes que l'homme utilise, certaines depuis des millénaires et dont vous n'aviez jamais entendu parler. Et grâce aux textes clairs et précis vous comprendrez l'incroyable capacité des hommes à « inventer » des formes et des goûts pour se nourrir, mais aussi pour se faire plaisir. La richesse et la diversité de ce patrimoine de l'humanité que sont les plantes alimentaires est bien le fruit du travail et de l'intelligence des humains couplés à l’extraordinaire capacité du vivant à voyager, s'adapter et se diversifier…
Michel Chauvet, PLANTES ALIMENTAIRES, 700 espèces du Monde entier, Editions BELIN, 2018
(1) Vous avez la possibilité d'y goûter à l'exposition Cookbook, actuellement à la Panacée de Montpellier... c'est étonnant !
(2) Ce qui, somme toute, ramène le prix du livre au kilo à celui des cèpes sur nos marchés...
Jean Burger, J’ai fait partie de l’équipe des écolos des premières années, en tant qu’étudiant bénévole puis comme salarié. Depuis le virus de faire connaître et partager la nature avec les autres ne m’a plus quitté. Quand les sorties sur le terrain m’en laissent le temps, je suis aussi coprésident de cette belle association.
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Lu et vu pour vous : Les plus beaux treks de Méditerranée
Lu et vu pour vous : Les plus beaux treks de Méditerranée
Sous un air de «beau livre», «Les plus beaux treks de Méditerranée » de Gian Luca Boetti vous propose de façon pratique 21 treks de quelques jours, répartis en 4 à 9 étapes. 1ère destination mondiale du tourisme, la rive nord de la Méditerranée offre encore des paysages originels.
Ces miracles de préservation sont souvent dus au relief accidenté, accompagné d’une politique d’aires protégées comme celle du Conservatoire du Littoral, de Réserve marine ou de Parc naturel.
Chaque trek est illustré de belles photos et d’un descriptif documenté sur les spécificités et les figures locales. Il se termine par des pages pratiques : comment s’y rendre, se loger et se sustenter d’une cuisine méditerranéenne plus originale que votre pizzeria préférée.
De l’Espagne à la Grèce, en passant par la France et l’Italie, l’auteur a sélectionné des sentiers bien balisés, à quelques exceptions réservées aux plus sportifs, et offrant des possibilités d’hébergement. Les classiques sont au rendez vous : les Calanques, de Collioure à Cadaquès pour ne citer que les plus proches. D’autres sont plus confidentiels notamment les petites îles de la côte toscane Capraia ou Gilio. Les plus endurants, à l’organisme de chameau, se régaleront du mythique golfe d’Orosei (Sardaigne), dont l’aménagement sommaire d’un sentier fut déjà une aventure. En contrebas, ses grottes marines ont accueilli les dernières populations de phoque moine de Méditerranée. Les amateurs de villages perchés ou médiévaux aux couleurs fauvistes ou pastels choisiront la Riviera niçoise, les ports de fond de crique du Cinque Terre ou la côte d'Amalfi. Si vous recherchez plus de naturalité, partez vers les ambiances insulaires. En hiver, vous naviguerez entre la blancheur des sommets de Crète ou de Sicile et le bleu marin, qui se décline en criques turquoises ou vertes, en eaux transparentes, de cristal ou de cobalt.
Les points communs : la beauté de paysages, sans route ni construction, l’intégrité d’écosytèmes partagés avec des communautés humaines. Être en suspension sur des belvédères ou des falaises qui surplombent criques, baies ou gorges. Bref, du relief accidenté qui s’accentue lorsque le sentier fait des incursions alpines. Et une végétation oubliée dans nos villes et leurs périphéries. Toute la panoplie de chênes sempervirents - chêne vert, chêne-liège, chêne kermès - et de résineux. Côté gustatif, chataigner, olivier, amandier, agrumes, pistachier-térébinthe se marient avec un littoral habituellement cerné de routes, de parkings ou de zones commerciales.
Ne manquez pas les senteurs des fleurs de citronniers si vous vous rendez sur l’Etna en avril. Pour les couleurs, vous êtes servis : floraison des cistes et des myrtes, jasmin, cyclamens, genêts jaunes et fuchsia des griffes de sorcières. Ce n’est pas un hasard si les parfumeurs se sont installés à quelques encablures des fragrances de romarins, cistes, viornes, lavandes et autres. Bref tous les sens seront en alerte après une période d’hibernation.
Chaque trek a aussi sa spécificité. Parfois géologique, ici des falaises blanches vertigineuses de calcaires, là des roches volcaniques ou des coulées de lave, des plis de schistes. Ou climatique comme l’aridité des calanques marseillaises ou l’atmosphère subtropicale de la valle delle Ferriere au sud de Naples.
Toutes ses randonnées sont bien sûr à éviter l’été en raison de la chaleur et de l’affluence.
A bientôt peut-être sur les sentiers de muletiers, des contrebandiers, douaniers et esthètes de la méditerranée...
Les plus beaux treks de Méditerranée, Gian Luca Boetti, Editions Glénat 2012
Hélène Dubaele, je côtoie les EE depuis de nombreuses années dans un cadre professionnel. En 2018 j'ai passé le cap en rejoignant le CA. J'espère que mon agenda me permettra de contribuer à ses nombreuses activités et devenir un membre actif !
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Lu et vu pour vous : Le bug humain
Lu et vu pour vous : Le bug humain
Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine Cerveau et psycho, s’est demandé pourquoi les humains continuent à agir comme par le passé alors qu’ils savent parfaitement dans quelle crise écologique ils ont mis la terre. En se penchant sur la question, il en a déterminé le point origine : la partie la plus archaïque de notre cerveau, le striatum. Quand un animal part en chasse par exemple, ses mouvements sont contrôlés par le striatum.
S’il réussit, le striatum libère une molécule : la dopamine qui procure du plaisir. La fois suivante, ces circuits neuronaux qui ont mené au succès seront renforcés. Ce système de l’action/récompense est très efficace.
Le striatum (petite zone du cerveau enfouie à la base du cortex) dirige chaque organisme vertébré depuis plusieurs centaines de millions d’années. Chez l’homme, le striatum continue à tenir les commandes et poursuit les 5 objectifs fondamentaux qui guident les espèces vivantes qui nous ont précédés : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’efforts et glaner un maximum d’infos sur son environnement. Mais le cortex de l’être humain s’est extrêmement développé depuis un million d’années et ce cortex peut procurer au striatum presque tout ce qu’il désire. Le striatum ne demande que cela. Il prend tout ce qu’il peut avoir. Le circuit de la récompense est donc le vrai maître du monde.
Ainsi face aux enjeux climatiques, à la chute drastique de la biodiversité et aux ravages de la pollution entre autres, nous sommes comme une personne accro à la nourriture, devant une tablette de chocolat : nous sommes happés par le présent et incapables de penser à notre avenir.
Les êtres humains ont essayé depuis les temps les plus reculés de contrer les impulsions profondes de notre système de récompense : Socrate, Platon, Lucrèce et tous les courants religieux ont tenté de bloquer l’activité du striatum par la morale et la volonté, dressées contre la tentation. Mais toutes ces méthodes se sont révélées épuisantes ou impuissantes.
C’est là que les neurosciences se révèlent utiles. Elles nous proposent 2 options pour ne plus être le jeu du striatum.
La première est de prendre le striatum à son propre jeu et de détourner son énergie comme on détourne un cours d’eau pour alimenter une turbine. On peut ainsi l’alimenter par le plaisir d’apprendre, de découvrir, de faire du sport et aussi par des valeurs humaines comme l’altruisme et l’amour etc.
La deuxième est de faire appel à la conscience. La force du striatum vient de ce que ses commandements sont inconscients. Dès qu’ils sont mis en lumière, ils s’évanouissent. Par la conscience, nous privilégions le long terme sur le court terme, la qualité sur la quantité etc.
« Pour nous affranchir du déterminisme de notre striatum, l’enjeu de la conscience est fondamental. Il faut amener notre degré de conscience à un niveau comparable à notre intelligence, nous immuniser par le pouvoir de notre cortex contre le « tout, tout de suite ». C’est un enjeu capital pour l’avenir de notre espèce. »
Rozenn Torquebiau, D'abord institutrice puis à présent auteure pour la jeunesse, ma vie a été inspirée par les enfants, les plantes, les peuples premiers... le monde dans son ensemble.
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À l'approche de la nuit
À l'approche de la nuit
Sur le territoire de Cournonterral et en partant de la maison de retraite, une large piste mène à la bergerie dite "communale". Des boisements artificiels y côtoient une dense garrigue. En s'avançant sur le chemin qui rejoint St-Paul-et-Valmalle et sans toutefois aller aussi loin, nous nous installons dans une zone mixte de bois sombres et de basse végétation. Cet espace ouvert donne sur les courbes du val du Coulazou.
Instants crépusculaires
Nous y sommes juste avant le crépuscule, moment privilégié qui commence alors que le soleil descend à 6° au-dessous de l'horizon. Lorsque sa course atteint 12°, nous ne distinguons plus les contours des objets proches et à 18°, c'est l'obscurité totale. Pendant cette période, notre attention visuelle et auditive est à son paroxysme. La plupart des oiseaux diurnes regagnent leur nichoir. Certains se manifestent à ce moment-là par divers sons, tel le rouge-gorge (Erithacus rubecula), mais aussi le rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) qui, perché sur un point élevé, va émettre quelques dernières notes avant de retrouver son dortoir. C'est aussi le moment où les martinets noirs (Apus apus) se lancent dans des vols frénétiques et bruyants avant de prendre de l'altitude pour aller dormir dans les hautes couches atmosphériques, sauf durant la période de nidification. Le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos) affirme la puissance de sa voix qu'il est possible, en zone calme, d'entendre jusqu'à huit cent mètres de distance. Si son chant territorial de jour a pour but de repousser les intrus, son chant nocturne a comme objectif d'attirer une femelle. L'oiseau semble infatigable et n'a aucun concurrent dans son registre. Il peut émettre une soixantaine de strophes différentes, répétées de manière ordonnée.
À gauche : Martinet noir (d'après le site Oiseaux.net)
À droite : Rossignol philomèle (d'après le site Oiseaux.net)
Un oiseau méconnu
Parallèlement, dès la fin du jour et en zone de végétation rase, on perçoit comme un léger vrombissement qui, en s'amplifiant, nous questionne. C'est le début des manifestations crépusculaires et nocturnes de l'engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus). Après sa phase de chant, il s'envole silencieux en trajectoires ondulantes, son bec grand ouvert afin de capturer les insectes nocturnes. Cet oiseau est par contre difficile à voir au sol où il reste en place toute la journée. En effet, il est doté d'un plumage qui le camoufle totalement. Le nom d'engoulevent lui a été donné du fait de la large ouverture de son bec. L'origine serait le mot "engouler" provenant d'un ancien dialecte signifiant avaler. On croyait alors qu'il volait bec ouvert pour avaler le vent.
Patience récompensée
Bien entendu, dans ce secteur où nous nous positionnons, nous captons aussi les chants et les cris des rapaces noctunes. Le hibou petit-duc (Otus scops) peut être entendu à grande distance, la nuit mais aussi parfois bizarrement le jour. C'est un chasseur à l'affût qui consomme de gros insectes (orthoptères, lépidoptères). Parfois, une chouette hulotte (Strix aluco) passe non loin de nous ainsi qu'une chevêche d'Athéna (Athene noctua). Ce type de sortie nocturne exige de la patience mais aussi un comportement discret. Ce sont des moments magiques car, outre les oiseaux, on y voit par accoutumance rétinienne des formes bouger, on y entend des mammifères ainsi que de multiples insectes proches. Et alors je me dis que ces crépuscules et ces nuits sont des moments particulièrement riches et instructifs, à renouveler sans modération.
Infos spéciales
Pour participer à ces soirées organisées par Daniel, consultez le site de son association www.pourladecouverte.fr Et aussi, le prochain Samedi Buissonnier des écolos, le samedi 29 juin 2019 à partir de 19h30 à Saint-Martin-de-Londres : “De la lumière à la nuit” avec des naturalistes, un astronome et un spécialiste de l’éclairage public.
Daniel Arazo, La connaissance et le respect du milieu naturel ont toujours été un moteur essentiel pour moi. J’essaie de les transmettre dans les activités associatives que je mène et dans les “balades” que je propose chaque semaine dans la “Gazette de Montpellier”.
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Balade nocturne
Balade nocturne
Voici l'heure incertaine
Où le soleil s'incline
Et drape de soie brune
Le prélude nocturne
Caché au creux de l'yeuse
Le petit duc s'éveille
Une note flûtée
Salue la nuit d'été
Là-haut dans la ramure
S'envole une Noctule
Longues ailes glissant
En un sourd bruissement
Voici l'heure indigo
En mélodie d'écho
Invisible murmure
Du mystère nocturne
Une note flûtée
Berce la nuit d'été
Rêve d'éternité
Dans l'opale clarté
Line Hermet, Les plantes, les fleurs, m'ont toujours émerveillée. Aujourd'hui, fidèle membre des Brins de Bota, je peux m'adonner à ce qui est devenu une passion et avec eux continuer à m'émerveiller devant les plantes et leurs secrets. Au passage, un grand merci aux Écolos pour leur contribution à la connaissance et la défense de la nature.
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Mon coin de paradis : Bassins de la Buèges
Mon coin de paradis : Bassins de la Buèges
Mon petit coin de paradis, pour un 21 juin, permettra de survivre à la canicule estivale qui s’annonce. Comme tout Éden qui se respecte, il y a de l’eau. En été, elle se cantonne dans des vasques et des trous d’eau, la Buèges s’étant évaporée d’une partie de son lit. Cet affluent de l’Hérault est renommé pour ses eaux aigue-marine qui coulent sur une dizaine de kilomètres au fond de la vallée, entourée de falaises. Ici, le serpent serait plutôt une couleuvre de Montpellier, la pomme proviendrait des vergers des villages et Adam et Ève seraient majoritairement des randonneurs.
Point de créationnisme mais une longue évolution dont les observations attestent plus de 38 espèces animales et 128 espèces végétales, favorisées par la mosaïque des milieux. En bas, ripisylve, prairies sèches, landes et fructicées se partagent l’étroite vallée aux papillons.
Plus haut, l’œil se heurte aux falaises ou éboulis. Voici pour le tableau général. Pour accéder à la fraîcheur, il faut entrer dans l’épaisse ripisylve qui abrite vasques et cascades. Au milieu d’un chaos végétal et aquatique, il ne vous restera plus qu’à fouler la mousse ou les cailloux, à enjamber racines et troncs d’arbres gluants et glissants. Plongeoirs ou jacuzzis naturels contentent les petits et grands explorateurs, c’est selon son humeur. Plus en amont, en direction de Saint-Jean-de-Buèges, des trous moins profonds servent de nurserie à têtards.
Accès
À Saint-André-de-Buèges continuez sur la D1E qui descend vers la Buèges. Juste après le lieu dit Vareilles se garer avant le pont. Le traverser et remonter la rivière par la rive gauche en direction de Saint-Jean-de-Buèges. Compter 20 à 25 min de marche pour accéder aux fameux bassins. Ils se situent après une bifurcation à droite et une chaine avec un pneu.
Photos : Sophie Dubois
Hélène Dubaele, je côtoie les EE depuis de nombreuses années dans un cadre professionnel. En 2018 j'ai passé le cap en rejoignant le CA.
J'espère que mon agenda me permettra de contribuer à ses nombreuses activités et devenir un membre actif !
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Mon coin de paradis : Tout près de chez moi
Mon coin de paradis : Tout près de chez moi
J’y vais à pied.
J’y suis.
Des arbres gigantesques.
Sentier et fleuve aux eaux claires se côtoient.
Vous avez deviné !
Les bords du lez à Lavalette et la réserve naturelle au pied du zoo.
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».
Il y a bien longtemps, l’Homme y a planté ifs, houx, cyprès chauves, magnolias, platanes, chênes pubescents et autres.
La nature a pris le relais, ajoutant foisonnement, exubérance et gigantisme de la ripisylve au bel ordonnancement de l’Homme.
Luxe de la nature sauvage en ville, volupté des senteurs, des chants des oiseaux, de la douceur de l’ombre, du mystère des futaies hautes comme des cathédrales et du sourire béat des promeneurs.
Rozenn Torquebiau, d'abord institutrice puis à présent auteure pour la jeunesse, ma vie a été inspirée par les enfants, les plantes, les peuples premiers... le monde dans son ensemble.
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Chérissons les hérissons !
Chérissons les hérissons !
Un évènement assez rare car il nécessite un milieu approprié. Le jardin maraîcher de Fontanès est déjà un refuge de la L.P.O (Ligue de Protection des Oiseaux), il est aussi labellisé "Nature et progrès" pour son maraîchage bio.
Pourquoi un relâché ici plutôt qu'ailleurs ? Remettre un hérisson guéri dans un milieu pollué revient en fait à le condamner à mort. En effet, c'est le grand ami du jardinier. Il se nourrit de limaces, d'escargots, de coléoptères, de vers de terre, etc. Si ces derniers meurent à cause des pesticides et autres herbicides, le hérisson qui s'en nourrit en meurt aussi, par voie de conséquence triviale. Sur les dizaines et dizaines de hérissons soignés à l'hôpital de la faune sauvage, essentiellement des accidentés de la route évidemment, deux y sont morts cependant. Après autopsie par la vétérinaire, il s'est révélé qu'ils avaient tous les deux un cancer dû auxdits pesticides.
Un de mes amis, âgé aujourd'hui de 80 ans, ancien ingénieur d'un grand laboratoire m'a récemment fait le témoignage écrit qui suit :
"Mon Cher Ami Très écolo. Il te faut savoir que dans un passé déjà lointain, j'occupais un poste d'ingénieur agronome (dixit mon président du Directoire) sans en avoir les rétributions mais les attributions, dans une filiale de R.U parmi les 3 premiers laboratoires mondiaux et qu'hélas j'ai participé involontairement par mes expérimentations à la destruction en règle des espèces animales et végétales. Mea-Culpa! Ceci pour dire que les effets nocifs sur la nature, j'en ai une certaine connaissance. J'ai testé et mis en application des produits dont les pyréthrinoïdes spécialité Maison, desquels à l'époque le plus efficace jamais testé s'appelait le Décisif[1] qui, à la dose de 2,5 gr/hectare de produit actif, détruit tous les insectes à sang froid, la rémanence sous couvert, étables, etc. a une durée d'action évaluée à 8 mois, moins sous influence solaire. Imaginons les effets cumulatifs ou résiduels! Ce qui permet de dire aujourd'hui que dans moins de 50 ans il n'y aura plus une abeille sur terre. ET ALORS ?… Qui dit abeille dit pollinisation, dit multiplication et poussée des végétaux et plantes nourricières pour les hommes et animaux. Plus de plantes, plus de nourriture. Déjà ce phénomène d'absence d'abeilles touche l'Asie, ne voit-on pas déjà des femmes avec des plumeaux polliniser leurs légumineuses (…).
La chaîne alimentaire va être détruite. Je parle du Décisif qui est en vente surveillée et que je connais; Mais il est depuis bien d'autres produits commercialisés qui, cumulés, apportent tout autant de danger et de risque. Plus de pucerons, plus de coccinelles PLUS Rien ni Personne... IL FAUT LE DIRE !
Nota. Pyréthrinoïdes (pyrèthre de synthèse). Deltaméthrine (double transposition d'un pyrèthre naturel issu des fleurs du chrysanthème). Voilà mon cher ami ce qu'il faut expliquer aux défenseurs de la nature....et à nos petits-enfants. Amitiés".
Alors, raison de plus et en attendant mieux, chérissons donc nos hérissons, tant qu'il en reste !
Sortie des hérissons de leur couverture de transport.
Relâcher des p'tites bêtes près d'un abri et d'un point d'eau prévus à cet effet.
Gilles Lorillon, Sauteyrargues, ingénieur informaticien retraité, membre bienfaiteur des "Écologistes de l'Euzière", car je les aime bien donc je les soutiens.
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Araignée, ne te cache plus !
Araignée, ne te cache plus !
Les araignées font partie des Arachnides, un groupe sous-étudié en comparaison avec de nombreux autres groupes.
Les
excès et déficits d’occurrences dans les publications scientifiques.
Source : Taxonomic bias in biodiversity data and societal preferences by
Julien Troudet, Philippe Grandcolas, Amandine Blin, Régine Vignes-Lebbe
& Frédéric Legendre
Nous sommes loin du compte !
Le monde entier regorge de nombreuses découvertes à faire. Chaque année, nous découvrons environ 18 000 nouvelles espèces, dont 75% sont des invertébrés. Les derniers rapports scientifiques estiment que nous n’aurions décrit qu’1/6e des arachnides de notre belle planète !
Arachnides, Araignées: des groupes sous étudiés.
Source : M.Trillat (Chapman 2009 ; World Spider Catalog, 2019)
Nous ne sommes pas en reste sur le territoire français ! Nous découvrons environ 2 espèces par jour (ONB, 2018) ! Et nous en découvrons bien encore plus sur leurs comportements et leurs « super-pouvoirs » !
Ultra-caméléon
Thomisus onustus, l’araignée-crabe enflée, est capable de changer de couleur, bien au-delà de ce que vous pensez !
Thomisus onustus avec proie. Source : © Lilou Leonetti
Peut-être avez-vous déjà croisé cette jolie Thomise sur des fleurs généralement de la même couleur, un papillon, une abeille à la bouche… Cette araignée choisit des fleurs dont elle peut imiter la couleur : blanc, rose, jaune, bleu, mais ce n’est pas pour chasser ! Cette couleur-ci est en réalité un camouflage contre les prédateurs. Sa « vraie » couleur, nous ne la voyons pas, puisqu’elle se situe dans le domaine des ultraviolets ! Cette couleur-là est destinée à ses proies : les pollinisateurs voient en ultraviolets pour apercevoir les signaux des plantes. Les fleurs sont parcourues de « flèches » guidant l’insecte jusqu’au pollen… ou, dans notre cas, jusqu’à l’araignée, de même couleur que le pollen ! Tel est dévoré, celui qui pensait manger !
Tout d'un don Juan
Pisaura mirabilis, la Pisaure admirable n’est pas facile à séduire, les mâles l’ont compris !
Pour séduire la femelle, ou du moins ne pas se faire croquer sans avoir le temps de tenter sa chance, le mâle doit être romantique, en apparence ! Il offre à sa belle un petit cadeau qu’elle pourra déguster pendant que lui fera son affaire. Pratique ! Seulement, on ne va pas se mentir… Chasser : c’est fatigant ! Alors, au lieu de perdre de l’énergie à attraper une proie, les mâles font preuve d’imagination : un paquet vide emballé d’une multitude de soie que la femelle perdra son temps à déballer… pour rien ! Les femelles ne se laissent pas avoir aussi facilement pour autant ! Pour savoir si un mâle essaye de les tromper, elles soupèsent le cadeau : si elles le jugent trop léger, elles se jettent sur le mâle peu scrupuleux et le dévore ! Bien évidemment, les mâles non plus n’en restent pas là. Si les femelles jugent le cadeau au poids, il n’a qu’à être plus lourd ! Certains mâles emballent donc des cailloux, du bois, de l’écorce, mais aussi… des fleurs ! Que de romantisme !
Pisaura mirabilis. Source : © Lilou Leonetti
Sacrifice maternel
Les araignées sont de très bonnes mères. La notion de « sacrifice maternel » est prise au pied de la lettre par Eresus kollari, l’araignée coccinelle. Originale pour une araignée, mais chez les érèses, c’est la femelle qui ne se reproduit qu’une fois ! Sa progéniture, c’est le but de sa vie ! Elle grandit très lentement et mettra 4 ans en moyenne à devenir adulte. À partir de sa mue imaginale, la femelle se retrouve dans une course contre la montre pour se reproduire ! Elle est « biologiquement programmée » pour devenir une bouillie à bébé : une fois reproduite, elle s’enferme avec son cocon, nourrissant au bouche-à-bouche les premiers juvéniles et se laissant dévorer par les suivants ! Son « sacrifice » permet à ses enfants, de quitter le cocon, forts et prêts à affronter le monde !
Eresus guerini avec ses juvéniles. Source : © Lilou Leonetti
Mygales de France
Les mygales ne se trouvent pas qu’ailleurs ! En France aussi nous en avons ! On compte plus de 19 espèces en France métropolitaine. Mygale ne rime pas forcément avec géante : nos mygales ne dépassent pas 3 cm ! De plus, elles sont particulièrement discrètes puisque ce sont des espèces terricoles, les femelles passant toute leur vie bien cachées dans leur terrier.
Dans l’Hérault, 2 espèces sont généralement trouvées, chacune a un terrier particulier, puisque l’un est en forme de chaussette et l’autre a une porte !
La Mygale à chaussette, Atypus affinis, aime les sols meubles de forêt et de jardin, elle y construit un long tunnel d’une vingtaine de centimètres. Ce tunnel, tapissé de nombreuses couches de soie, la protège des autres bestioles grouillant dans la terre. Au-dessus du sol, il dépasse une « chaussette » recouverte de terre, de débris de feuilles, bien dissimulée ! Si une proie passe dessus par mégarde, la mygale l’attrape au travers de la toile grâce à ses longs crochets !
La Mygale maçonne, Nemesia caementaria, aime au contraire les sols argileux et secs, où elle construit un tunnel semblable à sa cousine. Mais chez elle, rien ne dépasse du sol ! Une petite trappe ronde ferme l’ouverture du tunnel, qui est quasiment invisible sur le sol. La mygale se tient prête, attendant qu’un insecte passe devant sa porte, pour bondir hors de son trou et l’attraper à une vitesse fulgurante !!
La réincarnation de R. Noureev et F. Astaire
Ces deux grands noms de la danse, de la chorégraphie et de la chanson se sont réincarnés dans une petite araignée de 4 mm : Saitis barbipes !
Notre araignée paon française n’a rien à envier à ses cousines australiennes ! Grâce à sa troisième paire de pattes, plus grandes et plus colorées que les autres, le mâle réalise de somptueuses chorégraphies hypnotisant les femelles, mais ce n’est pas tout, il « joue aussi des claquettes et chante » ! Contrairement à la plupart des araignées, les Salticidae (araignées sauteuses) sont capables de capter des sons entre 80 et 130 Hz, elles utilisent donc toutes sortes de vibrations et stridulations lors de leurs parades nuptiales, certaines peuvent être entendues à plusieurs mètres à la ronde ! Les Salticidae possèdent également la meilleure vision parmi tous les arthropodes ! Pas étonnant qu’elles soient autant exubérantes !
Saitis barbipes. Source : © Lilou Leonetti
Mais des fois, la couleur et la danse ne suffisent pas…! Au travers de cette série d’explications et d’anecdotes, nous espérons vous avoir fait changer de regard / exalter votre intérêt pour les huit-pattes ! À très bientôt pour d’autres fun fact et découvertes sur notre page FB @MissionSpider et notre site internet mission-spider.hubside.fr !
Lilou Leonetti & Marine Trillat ont créé l'association Mission Spider avec Alexis Bourgeois
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