Coviabilité - note de lecture
Coviabilité - note de lecture
La coviabilité des systèmes sociaux et écologiques, un nouveau paradigme pour réconcilier l'humanité à la nature ?
Un peu par hasard, intrigué par le titre et attiré par la qualité et la diversité disciplinaire des intervenants, je me suis rendu le 25 juin dernier à une table ronde organisée à Agropolis sur ce thème de la coviabilité socio-écologique. Une question centrale : quelle posture les humains peuvent-ils adopter face à la nature : la séparation (la nature n'est que l'environnement des humains) ou la continuité (les humains font partie de la nature) ? La coviabilité, qui se place dans la seconde posture, vise à refonder nos rapports avec l'ensemble des espèces vivantes et avec l’usage que nous faisons des ressources naturelles. Parmi les intervenants et les auteurs de l’ouvrage présents ce jour-là, un bel aréopage pluridisciplinaire : biologiste, juriste, économiste, informaticien, hydrologue, écologue, géographe, philosophe, pour montrer la richesse de cette approche qui conjugue la rationalité scientifique et le vivre ensemble en tant qu’humains avec tout ce qui vit sur la planète (et tous ceux qui vivent, l’orthographe pose une question essentielle !).
Jean Burger
Pour en savoir plus
https://www.agropolis.fr/actualites/coviabilite-socio-ecologique.php
Et l’ouvrage en 2 tomes (que je n’ai pas encore lu, vu que la version en français doit paraître en février) :
Coviabilité des systèmes sociaux et écologiques Reconnecter l’Homme à la biosphère dans une ère de changement global. Vol. 1. Les fondations d’un nouveau paradigme, Vol. 2. La coviabilité questionnée par une diversité de situation.
Sous la direction d'Olivier Barrière avec de nombreux auteurs, dont beaucoup de montpelliérains.
Coédition IRD et éditions Matériologiques (en français, à paraître) ou Springer (édition en langue anglaise)
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Écouter et lire Philippe Descola
Écouter et lire Philippe Descola
Philippe Descola est anthropologue, professeur au Collège de France. C’est aussi un homme de terrain qui nous interpelle sur notre rapport au monde.
Dans cette interview qu’il a donnée, il y a un peu plus de 2 mois, au quotidien en ligne Reporterre, il n’y va pas par quatre chemins : “La nature, ça n’existe pas”. Cette phrase provocante (en particulier pour nous autres naturalistes), pour nous faire comprendre que la “nature”, fille de la pensée des philosophes grecs et des religions monothéistes, est réduite, dans la pensée occidentale à une abstraction, un domaine à explorer mais aussi un système de ressources à exploiter. Le mot “nature” est d’ailleurs quasi-introuvable ailleurs que dans les langues européennes. Descola nous invite donc à considérer autrement les “non-humains” et propose une approche nouvelle des continuités et discontinuités entre l’humain et son environnement.
Cette interview m’a donné envie d’en savoir plus et je commence à lire avec enthousiasme son ouvrage majeur “Par-delà nature et culture” (paru en Folio) qui date de 2005 mais qui reste complètement d’actualité.
L’interview à lire et à écouter sur Reporterre : https://reporterre.net/Philippe-Descola-La-nature-ca-n-existe-pas
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Pour une écologie du sensible
Pour une écologie du sensible
Jacques Tassin . Éditions Odile Jacob ; Février 2020
Un nouveau livre de Jacques Tassin, chercheur en écologie végétale au CIRAD de Montpellier, qui une fois de plus, à travers ses ouvrages, nous invite à aller au-delà des idées reçues.
Ce livre est un livre courageux, venant d’un chercheur du sérail, car au milieu des océans de rationalité où baigne la recherche en écologie, il nous ouvre des portes vers des approches où la sensibilité doit prendre toute sa place.
Nous connaissons bien cela aux écolos où à notre manière, dès les débuts de l’association, nous avons toujours cherché à conjuguer avec la rigueur scientifique, le contact avec le terrain et les approches sensorielles, sensibles et créatives que ce soit avec les enfants ou les adultes.
Comme dans ses ouvrages précédents, Jacques Tassin étaye ses propos en citant de nombreux auteurs (on aimerait avoir le temps de tous les lire !) mais force est de constater qu’il y a très peu de nom d’auteurs français dans sa bibliographie. Cela met un peu plus en évidence l’écart qu’il y a entre d’une part les éducateurs à l’environnement, rompus aux pratiques d’éveil sur le terrain, dont certains écrivent d’excellents ouvrages, (quelques uns publiés par les écologistes de l’Euzière, bibliographie disponible sur demande ! ) et d’autre part le monde de la recherche, où les quelques chercheurs qui travaillent sur ces sujets sont généralement réfugiés dans les laboratoires de sciences de l’éducation mais pas dans ceux d’écologie !
Le dernier chapitre de son ouvrage s’intitule « Retrouvailles » un vœu pour que, suite à ce triste épisode de confinement, tout un chacun puisse renouer avec le vivant, ordinaire ou merveilleux, à portée de main ou beaucoup plus loin...
Jean B
30 ans avec John
30 ans avec John
Le portrait que je vais vous faire de John Walsh ne va pas vous étonner. John Walsh est prétentieux. S'il avait été humble, pour passer inaperçu dans le Midi, il aurait été petit, rondouillard, le cheveu brun et dru, l'oeil noir, la peau mate.
John Walsh est un homme très fier de ses origines. Il ne s'est jamais intégré. S'il avait eu cette volonté, il se serait fait appeler simplement Jean Gallois.
En fait, John Walsh est un imposteur. Il nous fait croire qu'il est irlandais, pour donner une image exotique, mais il parle un français parfait. Il glisse bien quelquefois volontairement dans la conversation «le petite bouquin» histoire de nous embrouiller. À l'écrit, il va même jusqu'à faire semblant d'oublier le « s » au plus-que-parfait du subjonctif, faute rarissime chez un vrai français. Je l'ai rarement entendu parler anglais. D'ailleurs, il le parle très mal avec un awful french accent. Je ne serais pas étonné d'apprendre qu'il est né à Argenton sur Creuse ou à Barre-des-Cévennes. De toute façon John Walsh est nul en langues : il ne parle que l'espagnol, le brésilien, le français et quelques mots d'anglais. Cela montre quand même un intérêt pour les autres très limité.
Si seulement John Walsh avait de l'humour, cet humour typiquement britannique, qui nous rappelle que Jean-Marie Bigard est bien français ! Mais non, jamais un trait, jamais une saillie, jamais une pointe d'ironie. John Walsh est un bavard ostensible. Toujours à couper la parole des autres, sans jamais les écouter. John Walsh est autoritaire, voire tyrannique. Il ne prend jamais l'avis des autres, n'en fait toujours qu'à sa tête et impose systématiquement son point de vue à grand renfort de gueulantes retentissantes. John Walsh est un homme vaniteux. Toujours à se mettre en avant, à rechercher la gloire médiatique, à afficher son nom en gros sur ses photos. John Walsh est parfaitement individualiste et le démontre chaque jour en boudant les outils de travail collaboratif comme la galerie photo ou les wikis, qu'il ne renseigne jamais. John Walsh est nul en informatique. En 28 ans à ses côtés, je ne compte pas le nombre de fois par jour où il m'a interrompu pour me demander comment on décale une colonne sur XL, sur quel bouton il faut appuyer pour faire une copie d 'écran etc., alors que je lui avais expliqué déjà 20 fois !
Alors moi, patient je lui réexplique, calmement, sans montrer mon agacement. John Walsh n'est pas serviable. Jamais là quand on a besoin de lui, jamais disposé à donner un coup de main et s'il le fait au bout du compte, c'est en râlant. Le pire, au quotidien, c'est sa constante irritabilité, quand tu lui demandes la moindre chose. Preuve flagrante de sa filouterie éhontée et de son habileté sans scrupule, John Walsh, avec sa maîtrise de sociologie, veut nous faire croire qu'il connaît la botanique alors qu'il hésite entre Carex pseudofrigida et Carex punctata, Ah, Ah Ah, le nul ! Vous avez remarqué que John Walsh est un dilettante voire un fainéant. Il arrive très tard le matin et part très tôt le soir. Quand un livre est imprimé, il va dormir dans l'imprimerie et le matin il est aux écolos pour nous faire croire qu'il a travaillé dur. Personne n'a osé dire à John Walsh, qu'il dessinait comme un cochon. Pour lui faire plaisir, je me suis senti obligé de mettre un de ses dessins sur une plaque de lave à l'entrée de ma maison. Il faut bien ménager sa susceptibilité.
Je vois que n'êtes pas surpris de ce portrait, mais une chose m'étonne quand même : comment a-t-on supporté ce type si longtemps ?
Luc David
Quand John est arrivé aux Écolos, on savait de lui qu’il était musicien et sociologue. On savait aussi qu’il était Irlandais. Et avec Joseph qui venait de nous quitter nous croyions tout savoir sur les Irlandais. Mais bien sûr nous nous trompions, presque tout opposait Joseph et John. Quand John est arrivé aux Écolos, c’était pour prendre le poste de cuisinier. Il faisait une cuisine saine et simple, comme lui. Puis, lorsque nous sommes partis de Saint-Jean-de-Cuculles, nous n’avons plus eu besoin de cuisinier car il n’y avait plus d’accueil de groupes. Mais la curiosité et l’intelligence de John l’avaient fait s’ouvrir très vite à l’écologie en général et la botanique en particulier. Bientôt, il allait devenir un expert en salades sauvages. Mais ça ne suffisait pas. Il est aussi devenu animateur. Encadrant avec une grande compétence les camps d’ados et autres accueils de groupes. Parallèlement, John s’est intéressé à l’informatique et à la PAO. Très vite il a maîtrisé les logiciels d’édition. Mais il y avait encore autre chose : le dessin et l’aquarelle ! Je suis certaine que j’oublie encore quelques cordes de son arc multicolore. Bon vent à lui.
Isabelle Meynard
Luc David, géologue de formation, il a donc bien les pieds dans le sol et la tête dans les étoiles. Du sol au terroir et à la qualité du vignoble il n'y a qu'un pas qu'il ne faut pas hésiter à franchir avec lui. Compagnon de bureau de John depuis 28 ans, c'est donc aussi un excellent connaisseur de l'âme humaine...
Isabelle Meynard, salariée écolotte pendant 30 ans (1983 à 2013). Aujourd'hui, les luttes pour les droits des femmes, participation active au sein d'un Club de lecture, engagée (mouvement des Coquelicots et climat) correctrice bénévole et !... accordéoniste au sein d'une Fanfardéon.
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À l'approche de la nuit
À l'approche de la nuit
Sur le territoire de Cournonterral et en partant de la maison de retraite, une large piste mène à la bergerie dite "communale". Des boisements artificiels y côtoient une dense garrigue. En s'avançant sur le chemin qui rejoint St-Paul-et-Valmalle et sans toutefois aller aussi loin, nous nous installons dans une zone mixte de bois sombres et de basse végétation. Cet espace ouvert donne sur les courbes du val du Coulazou.
Instants crépusculaires
Nous y sommes juste avant le crépuscule, moment privilégié qui commence alors que le soleil descend à 6° au-dessous de l'horizon. Lorsque sa course atteint 12°, nous ne distinguons plus les contours des objets proches et à 18°, c'est l'obscurité totale. Pendant cette période, notre attention visuelle et auditive est à son paroxysme. La plupart des oiseaux diurnes regagnent leur nichoir. Certains se manifestent à ce moment-là par divers sons, tel le rouge-gorge (Erithacus rubecula), mais aussi le rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) qui, perché sur un point élevé, va émettre quelques dernières notes avant de retrouver son dortoir. C'est aussi le moment où les martinets noirs (Apus apus) se lancent dans des vols frénétiques et bruyants avant de prendre de l'altitude pour aller dormir dans les hautes couches atmosphériques, sauf durant la période de nidification. Le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos) affirme la puissance de sa voix qu'il est possible, en zone calme, d'entendre jusqu'à huit cent mètres de distance. Si son chant territorial de jour a pour but de repousser les intrus, son chant nocturne a comme objectif d'attirer une femelle. L'oiseau semble infatigable et n'a aucun concurrent dans son registre. Il peut émettre une soixantaine de strophes différentes, répétées de manière ordonnée.
À gauche : Martinet noir (d'après le site Oiseaux.net)
À droite : Rossignol philomèle (d'après le site Oiseaux.net)
Un oiseau méconnu
Parallèlement, dès la fin du jour et en zone de végétation rase, on perçoit comme un léger vrombissement qui, en s'amplifiant, nous questionne. C'est le début des manifestations crépusculaires et nocturnes de l'engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus). Après sa phase de chant, il s'envole silencieux en trajectoires ondulantes, son bec grand ouvert afin de capturer les insectes nocturnes. Cet oiseau est par contre difficile à voir au sol où il reste en place toute la journée. En effet, il est doté d'un plumage qui le camoufle totalement. Le nom d'engoulevent lui a été donné du fait de la large ouverture de son bec. L'origine serait le mot "engouler" provenant d'un ancien dialecte signifiant avaler. On croyait alors qu'il volait bec ouvert pour avaler le vent.
Patience récompensée
Bien entendu, dans ce secteur où nous nous positionnons, nous captons aussi les chants et les cris des rapaces noctunes. Le hibou petit-duc (Otus scops) peut être entendu à grande distance, la nuit mais aussi parfois bizarrement le jour. C'est un chasseur à l'affût qui consomme de gros insectes (orthoptères, lépidoptères). Parfois, une chouette hulotte (Strix aluco) passe non loin de nous ainsi qu'une chevêche d'Athéna (Athene noctua). Ce type de sortie nocturne exige de la patience mais aussi un comportement discret. Ce sont des moments magiques car, outre les oiseaux, on y voit par accoutumance rétinienne des formes bouger, on y entend des mammifères ainsi que de multiples insectes proches. Et alors je me dis que ces crépuscules et ces nuits sont des moments particulièrement riches et instructifs, à renouveler sans modération.
Infos spéciales
Pour participer à ces soirées organisées par Daniel, consultez le site de son association www.pourladecouverte.fr Et aussi, le prochain Samedi Buissonnier des écolos, le samedi 29 juin 2019 à partir de 19h30 à Saint-Martin-de-Londres : “De la lumière à la nuit” avec des naturalistes, un astronome et un spécialiste de l’éclairage public.
Daniel Arazo, La connaissance et le respect du milieu naturel ont toujours été un moteur essentiel pour moi. J’essaie de les transmettre dans les activités associatives que je mène et dans les “balades” que je propose chaque semaine dans la “Gazette de Montpellier”.
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Araignée, ne te cache plus !
Araignée, ne te cache plus !
Les araignées font partie des Arachnides, un groupe sous-étudié en comparaison avec de nombreux autres groupes.
Les
excès et déficits d’occurrences dans les publications scientifiques.
Source : Taxonomic bias in biodiversity data and societal preferences by
Julien Troudet, Philippe Grandcolas, Amandine Blin, Régine Vignes-Lebbe
& Frédéric Legendre
Nous sommes loin du compte !
Le monde entier regorge de nombreuses découvertes à faire. Chaque année, nous découvrons environ 18 000 nouvelles espèces, dont 75% sont des invertébrés. Les derniers rapports scientifiques estiment que nous n’aurions décrit qu’1/6e des arachnides de notre belle planète !
Arachnides, Araignées: des groupes sous étudiés.
Source : M.Trillat (Chapman 2009 ; World Spider Catalog, 2019)
Nous ne sommes pas en reste sur le territoire français ! Nous découvrons environ 2 espèces par jour (ONB, 2018) ! Et nous en découvrons bien encore plus sur leurs comportements et leurs « super-pouvoirs » !
Ultra-caméléon
Thomisus onustus, l’araignée-crabe enflée, est capable de changer de couleur, bien au-delà de ce que vous pensez !
Thomisus onustus avec proie. Source : © Lilou Leonetti
Peut-être avez-vous déjà croisé cette jolie Thomise sur des fleurs généralement de la même couleur, un papillon, une abeille à la bouche… Cette araignée choisit des fleurs dont elle peut imiter la couleur : blanc, rose, jaune, bleu, mais ce n’est pas pour chasser ! Cette couleur-ci est en réalité un camouflage contre les prédateurs. Sa « vraie » couleur, nous ne la voyons pas, puisqu’elle se situe dans le domaine des ultraviolets ! Cette couleur-là est destinée à ses proies : les pollinisateurs voient en ultraviolets pour apercevoir les signaux des plantes. Les fleurs sont parcourues de « flèches » guidant l’insecte jusqu’au pollen… ou, dans notre cas, jusqu’à l’araignée, de même couleur que le pollen ! Tel est dévoré, celui qui pensait manger !
Tout d'un don Juan
Pisaura mirabilis, la Pisaure admirable n’est pas facile à séduire, les mâles l’ont compris !
Pour séduire la femelle, ou du moins ne pas se faire croquer sans avoir le temps de tenter sa chance, le mâle doit être romantique, en apparence ! Il offre à sa belle un petit cadeau qu’elle pourra déguster pendant que lui fera son affaire. Pratique ! Seulement, on ne va pas se mentir… Chasser : c’est fatigant ! Alors, au lieu de perdre de l’énergie à attraper une proie, les mâles font preuve d’imagination : un paquet vide emballé d’une multitude de soie que la femelle perdra son temps à déballer… pour rien ! Les femelles ne se laissent pas avoir aussi facilement pour autant ! Pour savoir si un mâle essaye de les tromper, elles soupèsent le cadeau : si elles le jugent trop léger, elles se jettent sur le mâle peu scrupuleux et le dévore ! Bien évidemment, les mâles non plus n’en restent pas là. Si les femelles jugent le cadeau au poids, il n’a qu’à être plus lourd ! Certains mâles emballent donc des cailloux, du bois, de l’écorce, mais aussi… des fleurs ! Que de romantisme !
Pisaura mirabilis. Source : © Lilou Leonetti
Sacrifice maternel
Les araignées sont de très bonnes mères. La notion de « sacrifice maternel » est prise au pied de la lettre par Eresus kollari, l’araignée coccinelle. Originale pour une araignée, mais chez les érèses, c’est la femelle qui ne se reproduit qu’une fois ! Sa progéniture, c’est le but de sa vie ! Elle grandit très lentement et mettra 4 ans en moyenne à devenir adulte. À partir de sa mue imaginale, la femelle se retrouve dans une course contre la montre pour se reproduire ! Elle est « biologiquement programmée » pour devenir une bouillie à bébé : une fois reproduite, elle s’enferme avec son cocon, nourrissant au bouche-à-bouche les premiers juvéniles et se laissant dévorer par les suivants ! Son « sacrifice » permet à ses enfants, de quitter le cocon, forts et prêts à affronter le monde !
Eresus guerini avec ses juvéniles. Source : © Lilou Leonetti
Mygales de France
Les mygales ne se trouvent pas qu’ailleurs ! En France aussi nous en avons ! On compte plus de 19 espèces en France métropolitaine. Mygale ne rime pas forcément avec géante : nos mygales ne dépassent pas 3 cm ! De plus, elles sont particulièrement discrètes puisque ce sont des espèces terricoles, les femelles passant toute leur vie bien cachées dans leur terrier.
Dans l’Hérault, 2 espèces sont généralement trouvées, chacune a un terrier particulier, puisque l’un est en forme de chaussette et l’autre a une porte !
La Mygale à chaussette, Atypus affinis, aime les sols meubles de forêt et de jardin, elle y construit un long tunnel d’une vingtaine de centimètres. Ce tunnel, tapissé de nombreuses couches de soie, la protège des autres bestioles grouillant dans la terre. Au-dessus du sol, il dépasse une « chaussette » recouverte de terre, de débris de feuilles, bien dissimulée ! Si une proie passe dessus par mégarde, la mygale l’attrape au travers de la toile grâce à ses longs crochets !
La Mygale maçonne, Nemesia caementaria, aime au contraire les sols argileux et secs, où elle construit un tunnel semblable à sa cousine. Mais chez elle, rien ne dépasse du sol ! Une petite trappe ronde ferme l’ouverture du tunnel, qui est quasiment invisible sur le sol. La mygale se tient prête, attendant qu’un insecte passe devant sa porte, pour bondir hors de son trou et l’attraper à une vitesse fulgurante !!
La réincarnation de R. Noureev et F. Astaire
Ces deux grands noms de la danse, de la chorégraphie et de la chanson se sont réincarnés dans une petite araignée de 4 mm : Saitis barbipes !
Notre araignée paon française n’a rien à envier à ses cousines australiennes ! Grâce à sa troisième paire de pattes, plus grandes et plus colorées que les autres, le mâle réalise de somptueuses chorégraphies hypnotisant les femelles, mais ce n’est pas tout, il « joue aussi des claquettes et chante » ! Contrairement à la plupart des araignées, les Salticidae (araignées sauteuses) sont capables de capter des sons entre 80 et 130 Hz, elles utilisent donc toutes sortes de vibrations et stridulations lors de leurs parades nuptiales, certaines peuvent être entendues à plusieurs mètres à la ronde ! Les Salticidae possèdent également la meilleure vision parmi tous les arthropodes ! Pas étonnant qu’elles soient autant exubérantes !
Saitis barbipes. Source : © Lilou Leonetti
Mais des fois, la couleur et la danse ne suffisent pas…! Au travers de cette série d’explications et d’anecdotes, nous espérons vous avoir fait changer de regard / exalter votre intérêt pour les huit-pattes ! À très bientôt pour d’autres fun fact et découvertes sur notre page FB @MissionSpider et notre site internet mission-spider.hubside.fr !
Lilou Leonetti & Marine Trillat ont créé l'association Mission Spider avec Alexis Bourgeois
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Au Jardin des Plantes soyons connectés dans l'uni'vers
Au Jardin des Plantes soyons connectés dans l'uni'vers
Du nouveau au Jardin des Plantes de Montpellier, pour fêter le retour du printemps
En avant-première pour les Écolos, je vous annonce le lancement imminent au jardin de la V2 de l’Observatoire des Saisons, programme de sciences participatives co-fondé par Tela Botanica et le CNRS, qui vous invite à suivre la phénologie des végétaux (et des animaux) pour mieux comprendre l’impact du changement climatique.
Pour les plantes, c’est très simple, ces évènements sont la feuillaison, la floraison, la fructification, et la sénescence (changement de couleur et chute des feuilles à l’automne). La date de ces évènements, enregistrés sur la durée, fournit aux scientifiques des renseignements statistiques précieux. Participer à de tels programmes est une façon de s’amuser, de s’instruire, mais aussi de devenir acteur (plus simplement spectateur) de cette nécessaire prise de conscience environnementale qui nous concerne tous.
Concrètement, au jardin, un sentier connecté (voir plus bas) de 12 plantes ciblées par le programme attend votre visite. Devenez observateurs ! et soyez attentifs lors de votre passage au stade que vous rencontrez. Nul besoin d’être botaniste, un protocole vous explique comment et quoi observer. Toutes les informations pour rejoindre le programme sur le site www.obs-saisons.fr, et retrouvez le détail du sentier sur le panneau d’affichage à l’entrée du jardin. Nouveau aussi cette saison, une « boîte à observations » permet à tous de participer sans avoir besoin de saisir les données sur internet, le lutin du jardin le fera pour vous !
Oui, mais c’est quoi, un « sentier connecté » ?
Ce sont des fiches botaniques simplifiées accessibles grâce un QR CODE, à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette, et réunies en sentier, ici grâce au projet collaboratif Smart’Flore de Tela Botanica. Petit plus avec un terminal Android, vous pouvez télécharger l’application, et accéder à la géolocalisation de toutes les plantes de tous les sentiers Smart’Flore ! Au jardin, c’est encore plus simple, les parcours seront très bientôt affichés à l’entrée, vous n’avez qu’à vous laisser guider, ou au choix, vous perdre dans les allées.
Les « sentiers connectés » du Jardin des Plantes sont au nombre de 5.
- Le sentier Smart’Bota : Venez vous initier ou vous perfectionner à la botanique de terrain en observant, et en flashant ! les plantes du jardin. Créé en 2018 pour le MOOC d'initiation à la botanique de Tela Botanica, le sentier, entièrement renouvelé, est désormais à votre disposition toute l'année (inauguration de la V2 le 20 mars, jour du printemps connecté).
- Le sentier Smart’Pharma : Extension du sentier Smart'Bota créée pour les étudiants de la faculté de Pharmacie de Montpellier, également accessible à tous, dès à présent.
→ En tout, plus de 120 fiches connectées, au contenu botanique simplifié et pédagogique vous invitent à mieux découvrir les plantes du jardin. Des fiches familles SmartJardin (de l’université de Rouen) sont associées aux fiches espèces Smart’Flore... mais le mieux est d’essayer, et de partager !
La technique, c’est bien joli, mais l’outil n’est là que pour vous aider, à découvrir les vraies richesses, celle de la nature, et du terrain, et vous pouvez grâce à l’outil le faire en toute autonomie. Pour les néophytes, le jeune public, des visites accompagnées des sentiers vous seront proposées pour découvrir l’univers magique des plantes. Et pour les photographes, petits et grands, les ateliers Bota’clic nous aideront à cadrer, pour mieux observer, l’uni’vert. Si vous n’avez qu’une loupe, ou juste un œil, cela suffit.
Et aussi !
- Le sentier Herbes Folles : Pas si indésirables, moins que les pesticides ! Questionnez-vous avec les "herbes en plus" du jardin sur la biodiversité urbaine. Sentier prochainement renouvelé.
- Le sentier Arbres remarquables : Le premier sentier Smart'Flore à l'ombre des grands arbres du jardin vous invite à la promenade. Et si vous avez oublié votre smartphone, ce n’est pas grave ! Ce sentier est aussi balisé par de bons vieux panneaux « à l’ancienne ».
- Le sentier Observatoire des Saisons : Partez à la recherche des 12 plantes du sentier de l'Observatoire des Saisons au Jardin des Plantes (voir plus haut !). Quand vous les aurez trouvées, plus besoin de votre téléphone, mais une paire de jumelles vous rendra bien service !
Ces sentiers sont vivants, et susceptibles d’évoluer au fil du temps, surtout si vous en prenez soin, en venant les parcourir.
À bientôt, dans l’uni’vers…
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Aux lueurs de l'Automne
Aux lueurs de l'Automne
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Aux lueurs de l’Automne
Le silence des pins
Une fraîcheur soudaine
Le ciel de brume effiloché
C’est l’orage qui claque et enfle la rivière
Le vent qui se démène et cogne à perdre haleine
C’est la ville masquée
Les passants qui s’évitent
La peur qui se faufile
C’est l’oiseau qui attend le signal de l’envol
Sur les vagues nacrées en reflet d’infini
C’est la prairie jaunie qui soudain reverdit
Le velours d’une fleur caressée de rosée
Les arbres qui flamboient d’or et d’ambre mêlés
C’est le verger qui ploie tout de sucre gorgé
C’est l’espoir
C’est l’espoir qui s’accroche
Éperdument
Aux lueurs de l’Automne.
Line Hermet
Babeaux-Bouldoux
Babeaux-Bouldoux
Babeau-Boudoux …
Quand verrons-nous
Babeau-Bouldoux ?
Un virus gronde,
Saisit le monde.
Fi la Covid
Liberticide !
Est-ce folie
D’aimer la vie
Face à l’enfer
D’un univers
Sous oxygène
Et anxiogène ?
Tous confinés
Comment trouver
La pâquerette
Et la roquette,
Le coquelicot
Rouge pavot
Et scorsonère
De nos grands-mères ?
Sans promenade
Point de salade
Méli-mélo
Des écolos.
M.-G. Dumonteil
18 mai 2020
En illustration des salades sauvages...
Ndr : Babeau-Bouldoux est le charmant village où devait avoir lieu la grande sortie salades sauvages organisée tous les ans par l’association. Ce n’est que partie remise, elle sera reconduite au même endroit en mars 2021.
Balade nocturne
Balade nocturne
Voici l'heure incertaine
Où le soleil s'incline
Et drape de soie brune
Le prélude nocturne
Caché au creux de l'yeuse
Le petit duc s'éveille
Une note flûtée
Salue la nuit d'été
Là-haut dans la ramure
S'envole une Noctule
Longues ailes glissant
En un sourd bruissement
Voici l'heure indigo
En mélodie d'écho
Invisible murmure
Du mystère nocturne
Une note flûtée
Berce la nuit d'été
Rêve d'éternité
Dans l'opale clarté
Line Hermet, Les plantes, les fleurs, m'ont toujours émerveillée. Aujourd'hui, fidèle membre des Brins de Bota, je peux m'adonner à ce qui est devenu une passion et avec eux continuer à m'émerveiller devant les plantes et leurs secrets. Au passage, un grand merci aux Écolos pour leur contribution à la connaissance et la défense de la nature.
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Balade thématique : autour de Montpeyroux
Balade thématique : autour de Montpeyroux
Le circuit proposé, d'environ 6 km, est facile malgré une petite côte. Un balisage jaune mis en place par le Comité départemental de la randonnée pédestre vous accompagne sur une grande partie du parcours.
Le développement historique du village a fait qu'il est composé de trois faubourgs, chacun ayant été doté jadis d'une église. C'est de celui nommé "Le Barry" que la balade démarre.
Du parking, il faut, par la rue du Barry, rejoindre la rue du Castellas et atteindre la barrière du chemin montant vers les remparts du site du Castellas. Après passage de cette barrière, il faut marcher 100 mètres jusqu'à un poteau mentionnant le circuit jaune "Vignes et oliviers". On délaisse alors le chemin principal pour prendre à droite quelques marches puis une descente caillouteuse. Sur le bas, il faut aller à gauche entre vignes et murets.
Après 400 mètres, du béton et un gué, on atteint une croisée. Par la droite et sur du goudron, on accède vite à un carrefour de routes.
Vision du Castellas
Avant de continuer, il faut se retourner pour apercevoir sur flanc de colline les remparts encore imposants de l'ancien château. Celui-ci, édifié aux alentours de 1100, protégeait les axes de passage entre plaine et Larzac : chemin de transhumance des moutons, voie commerciale, passage de pèlerins pour Rome et Jérusalem via l'Auvergne.
Puis, avec le balisage, il faut prendre la deuxième route de gauche. À la bifurcation qui suit, on poursuit à gauche. Peu après, c'est une montée puis l'accès à un lacet serré à gauche de la route. À ce niveau, on délaisse le goudron qui va rejoindre plus haut deux grands réservoirs d'eau et, avec le balisage, on part sur le deuxième chemin de droite. C'est alors un paysage d'anciens mazets et de murets dans des zones quelque peu abandonnées sur le plan des cultures. Rapidement, le cheminement domine un superbe val riche de vignes et oliveraies. Vigilance car il faut emprunter à droite quelques marches en rondins pour y descendre.
C'est ensuite une belle progression qui longe des terrasses dotées de très vieux oliviers. On y accédait par de pittoresques escaliers. Tout en ignorant les chemins latéraux, on suit le balisage qui mène à une petite route. En partant à droite, c'est une descente traversant quelques superbes paysages. Sur le bas, on découvre la station de pompage, de stockage et de distribution des eaux.
Les eaux souterraines
C'est le groupe spéléologique de Montpeyroux qui fut à l'origine de la découverte et surtout de la mise en valeur des eaux de la source dite "du Drac" provenant du causse du Larzac dont les corniches et le pic St-Baudille dominent l'horizon nord.
À propos de l'eau souterraine autour du village, on peut citer celle de la source Vitale située non loin, à St-Étienne-les-Bains, hameau excentré. En effet, dans le val du cours d'eau le Lagamas, une petite unité thermale a accueilli des curistes au début du XXe siècle qui, pour beaucoup, venaient de Montpellier par le biais du train passant à St-André-de-Sangonis. Il ne reste presque rien aujourd'hui de ce centre balnéaire. Le site avait déjà été exploité par les Romains semble-t-il.
Il a même connu une unité de mise en bouteilles. À ce sujet, j'ai pour ma part eu entre les mains une bouteille très ancienne de cette eau dont l'étiquette, outre le détail des constituants minéraux, mentionnait "Eau de la source Vitale, la seule eau qui soit radioactive". Étonnant, non ?
Pour la suite du circuit, on délaisse, juste après la station, le balisage jaune qui part en contrebas à gauche, et l'on continue sur la petite route qui va rejoindre le carrefour où apparaît momentanément le balisage de départ dont on ne tient pas compte.
En poursuivant tout droit, il faut peu après prendre la route de gauche à la bifurcation. Rapidement, c'est l'accès à un gué. Il faut délaisser ici le goudron et prendre à droite le chemin longeant le ruisseau d'Aigues-Vives. Puis, juste après le passage sous le pont, on prend le chemin de droite rejoignant en montant la route d'accès au quartier du Barry. Par la gauche, le parking est proche.
En repartant, il est conseillé de s'arrêter à la cave coopérative qui propose un important choix de vins de qualité : le terroir, composé de types de sol différents, contribue, avec les cépages sélectionnés et le savoir-faire des vignerons, à la réputation de ces vins (réf. Terroirs viticoles de Jean-Claude Bousquet, éditions Écologistes de l'Euzière).
Daniel Arazo
Comment y aller ? Par l'A750, sortir à la bretelle St-André-de-Sangonis. Au rond-point, prendre la direction "Lagamas", puis Montpeyroux. Dans ce village, prendre peu après la cave coopérative, la direction du quartier du Barry. Se garer à l'entrée à gauche (parking).
Balades thématiques : Balade à ST-Jean-de-Buèges
Balades thématiques : Balade à ST-Jean-de-Buèges
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Balade à St-Jean-de-Buèges
Du parking du village, on revient en arrière jusqu'au pont sur la Buèges. à son niveau, on poursuit en face sur la petite route en rive gauche. On arrive ensuite au niveau de l'ancien moulin qui était alimenté par un canal long de 250 m arrivant du petit barrage non loin en amont.
La voie goudronnée va monter en s'écartant de la rivière au-delà d'une bifurcation où il faut continuer à droite.
Un peu plus haut, une autre bifurcation se présente après un coude serré à gauche de la route. Il faut poursuivre à droite sur le versant (poteau-repère) et marcher 500 m en ignorant une voie partant à droite un peu plus loin.
On accède, en fin de goudron, à un chemin carrossable sur la gauche (poteau-repère). En s'y engageant, on évolue en montant par paliers. à la bifurcation de chemins qui suit, c'est à droite qu'il faut continuer jusqu'à une oliveraie.
à ce niveau, le chemin fait place à un sentier montant sur sol pierreux avant l'accès rapide à un plat. Un nouveau chemin carrossable se présente. En marchant pendant environ 15 minutes, c'est une descente au niveau de laquelle des panoramas gigantesques s'offrent au regard. C'est une descente avec combe à gauche qui atteint une piste perpendiculaire. En descendant par la gauche et en délaissant les sentiers de droite comme de gauche, on découvre une petite lavogne à droite.
Enfin, en bas de cette pente, c'est l'accès au hameau Le Méjanel (commune de Pégairolles-de-Buèges). En suivant un balisage jaune qui passe par un chemin caladé, on rejoint le parking de la source.
De là, on est vite, par la gauche au niveau de son superbe plan d'eau. Des bancs et des tables permettent une pause rafraichissante.
Puis, à gauche du petit barrage, on prend un chemin pentu et caillouteux. Après cette courte montée et le passage d'une petite butte, on doit s'orienter à gauche pour atteindre rapidement le départ d'une petite route. En la prenant, on retrouve, en 500 mètres, la route montant à gauche sur le versant. On la délaisse bien entendu. Tout droit, en descente et après deux courbes, on se rapproche du lit de la rivière. Le pont sur la Buèges n'est plus bien loin ainsi que le parking après la traversée du village qu'il est conseillé vivement de visiter.
Texte et photos de Daniel Arazo
Pour s'y rendre : de Montpellier, prendre la D986 direction Ganges. Dans St-Martin-de-Londres, partir à gauche sur la D4 menant à Causse-de-la-Celle. Au carrefour, aller tout droit. Après le plateau, c'est une descente conséquente jusqu'à St-Jean-de-Buèges. Traverser le village pour se garer près de la cave coopérative.
Camps d'hier et d'aujourd'hui
Camps d'hier et d'aujourd'hui
Ma fille et mon fils viennent de passer un séjour merveilleux en Lozère, découvrant la beauté de la nature, la diversité des insectes et la vie douce loin des parents..
C’est un véritable bonheur que de pouvoir envoyer, 40 ans plus tard, mes enfants dans le même camp de vacances où je passais, moi même, mes étés. Et me voilà plongé dans mes souvenirs, c’était il y a bien longtemps mais je voudrais partager avec vous certaines choses que j’ai vécu pendant ces camps, je remercie mon frère Julien, qui m’a aidé à reconstituer ces quelques souvenirs.
La première différence c’est qu’à mon époque nous faisions le camp au mas de l’Euzière, un hameau perché, entouré de chênes verts près d’Anduze ; il faisait très chaud en été et nous dormions sous des marabouts pouvant abriter une vingtaines d’enfants, de véritables cocottes-minute ! Les conditions de sécurité n’étaient pas véritablement des contraintes à l’époque et j’ai le souvenir de voyages entassés avec mes camarades dans un fourgon J7 Peugeot, pour aller construire des “radeaux de la Méduse” à la rivière ou dévaler les routes sinueuses des Cévennes. Pour vous décrire au mieux ces camps, c’était : Liberté, Découvertes et Inventions. Chaque camp avait son thème autour duquel nous bricolions de multiples ateliers de poterie, de danse, de musique, de théâtre, de confection d’objets ou de création de spectacles grandioses ! Le talent du chef de camp Jean-Marc Verdeil faisait que nous étions littéralement habités par les thèmes que l’on nous proposait, et je me souviens très bien avoir vécu lors de l'un de mes séjours, la fin de notre civilisation, rien de moins que cela! Tout fut, lors de ce camp, prétexte à redécouvrir les vestiges de la civilisation. Nous partions à l’aube, afin de trouver des artefacts censés prouver qu’il y avait eu une civilisation humaine, et nous en trouvions! Je me souviens également d’un majestueuse cité lacustre construite sur un lac, d’une procession épique qui nous ramena du lac jusqu’au camp en pleine nuit, je faisais partie de l’atelier percussion et nous devions enflammer le cœur de tous ces jeunes aventuriers, cela me marqua profondément au point que j’allais en faire mon métier. Le soir les veillées au coin du feu furent aussi des moments d’illusions merveilleuses, de camaraderie, de magie et de poésie que jamais la télévision ne pourra approcher.
Cela je le partage maintenant avec mes enfants qui m’ont raconté à leur retour l’histoire de la bête du Gévaudan, la boucle est bouclée.
Clément Vaché
Chérissons les hérissons !
Chérissons les hérissons !
Un évènement assez rare car il nécessite un milieu approprié. Le jardin maraîcher de Fontanès est déjà un refuge de la L.P.O (Ligue de Protection des Oiseaux), il est aussi labellisé "Nature et progrès" pour son maraîchage bio.
Pourquoi un relâché ici plutôt qu'ailleurs ? Remettre un hérisson guéri dans un milieu pollué revient en fait à le condamner à mort. En effet, c'est le grand ami du jardinier. Il se nourrit de limaces, d'escargots, de coléoptères, de vers de terre, etc. Si ces derniers meurent à cause des pesticides et autres herbicides, le hérisson qui s'en nourrit en meurt aussi, par voie de conséquence triviale. Sur les dizaines et dizaines de hérissons soignés à l'hôpital de la faune sauvage, essentiellement des accidentés de la route évidemment, deux y sont morts cependant. Après autopsie par la vétérinaire, il s'est révélé qu'ils avaient tous les deux un cancer dû auxdits pesticides.
Un de mes amis, âgé aujourd'hui de 80 ans, ancien ingénieur d'un grand laboratoire m'a récemment fait le témoignage écrit qui suit :
"Mon Cher Ami Très écolo. Il te faut savoir que dans un passé déjà lointain, j'occupais un poste d'ingénieur agronome (dixit mon président du Directoire) sans en avoir les rétributions mais les attributions, dans une filiale de R.U parmi les 3 premiers laboratoires mondiaux et qu'hélas j'ai participé involontairement par mes expérimentations à la destruction en règle des espèces animales et végétales. Mea-Culpa! Ceci pour dire que les effets nocifs sur la nature, j'en ai une certaine connaissance. J'ai testé et mis en application des produits dont les pyréthrinoïdes spécialité Maison, desquels à l'époque le plus efficace jamais testé s'appelait le Décisif[1] qui, à la dose de 2,5 gr/hectare de produit actif, détruit tous les insectes à sang froid, la rémanence sous couvert, étables, etc. a une durée d'action évaluée à 8 mois, moins sous influence solaire. Imaginons les effets cumulatifs ou résiduels! Ce qui permet de dire aujourd'hui que dans moins de 50 ans il n'y aura plus une abeille sur terre. ET ALORS ?… Qui dit abeille dit pollinisation, dit multiplication et poussée des végétaux et plantes nourricières pour les hommes et animaux. Plus de plantes, plus de nourriture. Déjà ce phénomène d'absence d'abeilles touche l'Asie, ne voit-on pas déjà des femmes avec des plumeaux polliniser leurs légumineuses (…).
La chaîne alimentaire va être détruite. Je parle du Décisif qui est en vente surveillée et que je connais; Mais il est depuis bien d'autres produits commercialisés qui, cumulés, apportent tout autant de danger et de risque. Plus de pucerons, plus de coccinelles PLUS Rien ni Personne... IL FAUT LE DIRE !
Nota. Pyréthrinoïdes (pyrèthre de synthèse). Deltaméthrine (double transposition d'un pyrèthre naturel issu des fleurs du chrysanthème). Voilà mon cher ami ce qu'il faut expliquer aux défenseurs de la nature....et à nos petits-enfants. Amitiés".
Alors, raison de plus et en attendant mieux, chérissons donc nos hérissons, tant qu'il en reste !
Sortie des hérissons de leur couverture de transport.
Relâcher des p'tites bêtes près d'un abri et d'un point d'eau prévus à cet effet.
Gilles Lorillon, Sauteyrargues, ingénieur informaticien retraité, membre bienfaiteur des "Écologistes de l'Euzière", car je les aime bien donc je les soutiens.
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Circuit printanier à Pignan
Circuit printanier à Pignan
Inutile d'aller loin de Montpellier pour vivre de belles balades semi-forestières permettant, au printemps, la rencontre, entre autres, de nombreuses espèces d'oiseaux dont divers migrateurs. Il me revient le souvenir d'un circuit pour tous d'environ sept kilomètres effectué en 2019 alors que j'étais seul… ce qui favorise la discrétion, le silence et la capacité d'observation. Ce jour-là, en début de matinée, après m'être garé sur le petit parking de l'ancienne abbaye du Vignogoul de Pignan, je m'engage à sa gauche sur le chemin du Carrau.
C'est une petite route qui atteint rapidement un carrefour au niveau duquel je continue en face sur un chemin de terre qui abandonne la plaine pour pénétrer en zone semi-boisée. Après un domaine à gauche, je croise un espace ouvert sur la droite avec arbres variés avant de retrouver le couvert végétal. Un peu plus loin, c'est un nouvel enclos particulièrement bien entretenu. Je suis surpris par l'envol d'une huppe fasciée (Upupa epops).
Ce magnifique oiseau arrive chez nous assez tôt dans l'année, à peu près en même temps que le coucou-geai (Clamator glandarius) qui parasite principalement les nids de pie (Pica pica) et se caractérise par ses cris reconnaissables à distance.
Explosion végétale
Le chemin évolue entre murets et boisements envahissant d'anciens terrains cultivés abandonnés depuis longtemps. Rapidement, une petite plaine apparaît, et l'environnement s'ouvre sur des vignes. J'accède à une bifurcation et continue tout droit en délaissant le chemin de gauche. Cette fois-ci, je marche sur une route quelque peu dégradée qui entame peu après une courbe à gauche. Mon regard est alors attiré par le passage d'un vol migratoire de milans noirs (Milvus migrans). Superbe vision ! Je pense alors au milan royal (Milvus milvus) qui remonte un peu plus tard d'Afrique.
La petite route en rejoint une autre sur laquelle je pars à gauche. C'est alors que, non loin, j'aperçois un groupe de guêpiers d'Europe (Merops apiaster) dont les cris sont particulièrement reconnaissables à distance.
Décidément, la chance est avec moi car, en m'avançant, je distingue à petite distance, un rollier d'Europe (Coracias garrulus) perché sur un câble. Ce migrateur, caractéristique par sa forme et sa couleur, est censé arriver un peu plus tard chez nous. Serait-ce lié au réchauffement climatique ?
Paysage méditerranéen
En poursuivant tout droit en milieu ouvert, j'atteins ensuite, après un petit bois et une courte côte, un magnifique paysage de vignes et oliviers encadrés par de vieux murets. Avec une pointe de soleil, c'est une image de toute beauté.
Rapidement, une bifurcation apparaît avec une route à droite et, en face, un chemin dans la frondaison. C'est lui que j'emprunte pour constater qu'ici aussi, de très nombreuses parcelles abandonnées sont envahies par divers arbustes, notamment le sumac des corroyeurs (Rhus coriaria). Ce chemin rejoint une petite route sur laquelle je pars à droite tout en descendant. Quelques propriétés apparaissent. En atteignant une voie goudronnée perpendiculaire, je poursuis à gauche, toujours en descente. Soudain, je m'arrête, ayant cru entendre l'expression caractéristique à trois notes du loriot d'Europe (Oriolus oriolus).
Rapidement, je récupère à gauche une route bordée au départ de figuiers de barbarie (Opuntia ficus-indica) et, peu après, de quelques belles oliveraies. Je retrouve enfin la croisée correspondant à mon axe de départ. En partant à droite, je rejoins vite le parking.
Comment s'y rendre ?
Au niveau de Juvignac, suivre la direction St-Georges-d'Orques. À l'entrée, prendre la direction Pignan. En quittant St-Georges, on aperçoit rapidement l'église abbatiale sur la droite. Se garer sur son petit parking.
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Coin de Pradis : au bord du Vidourle
Coin de Pradis : au bord du Vidourle
Le moulin de Carrière
D'une rive à l'autre, nous passons du département de l'Hérault à la sortie de Villetelle, à celui du Gard. Dans un premier temps, il faut s'approcher du moulin de Carrière (commune d'Aubais) et prendre l'escalier pour voir la salle basse dans laquelle se situent les vieilles meules. On observe aussi le canal qui permettait à l'eau de retourner au fleuve après qu'elle ait actionné la roue à aubes pour la mouture du blé.
Puis en passant sur le côté du bâtiment au plus près de l'eau, on découvre le barrage qui alimentait aussi l'ancien moulin de Villetelle en rive opposée, totalement rasé aujourd'hui.
Il faut savoir que le Vidourle a connu 66 moulins sur les 85 kilomètres de son cours. Le moulin de Carrière, construit à partir du XIIIe siècle en trois périodes, était fortifié. On distingue encore le dispositif de défense. À la mort du dernier meunier en 1913, il cessa de fonctionner. La commune d'Aubais l'a, par la suite, restauré en partie en tant qu'élément du patrimoine.
On quitte ensuite le site pour suivre, à l'opposé de la route, le chemin balisé en jaune qui accède, après un kilomètre, à une bifurcation de balisages. Il faut continuer à gauche direction "La Roque d'Aubais" (panneau). C'est désormais une petite route qui longe le fleuve. On y apprécie une superbe ripisylve.
La Roque d'Aubais
Progressivement, on se rapproche des lieux où le Vidourle a trouvé une issue dans le défilé de la Roque d'Aubais, grande faille entre deux rochers avec un petit pic de 75 mètres de haut. Ce magnifique passage au niveau d'une courbe du fleuve a par ailleurs été équipé d'une via ferrata. À 200 m de là en amont, sur la rive opposée, se situe le moulin dit "de la Roque" dont les structures ont été converties en habitation.
Après ces observations, on revient sur le parking par le cheminement emprunté au départ.
Daniel Arazo
Pour s'y rendre : par l'A9 direction Nîmes, sortir à la bretelle Lunel. Juste après, ne pas rater à droite la direction Villetelle. Après traversée de ce village, et par la direction Aubais, on passe par le pont-gué submersible pour se garer juste après à gauche sur le parking du moulin de Carrière.
Consommation d'espace
Consommation d'espace
Entre 1983 et 2013, soit sur une période de 30 années, ce département a vu sa population s'accroître de 375 000 personnes, à un rythme annuel de croissance de 1,4%, ce qui est considérable.
Et ces nouveaux arrivants s'installent à 80% sur le tiers du territoire bordant la mer.
L'évolution urbaine se traduit par le fait que ces nouvelles populations désirent un habitat pavillonnaire, phénomène renforcé par les prix élevés du foncier, du m2bâti et par le montant des impôts locaux dans les centre-villes. D'où l'accroissement considérable des couronnes péri-urbaines, la création d'itinéraires routiers de bonne qualité se soldant par des «banlieues» des grandes villes couvrant aujourd'hui une couronne de 40/50 kilomètres autour du cœur de métropoles ou des capitales de communautés d'agglomérations.
Les SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) qui sont les documents d'urbanisme à l'échelle de grands territoires (il y en a 8 dans l'Hérault, dont certains débordent légèrement sur les départements voisins) et qui fixent les normes générales d'urbanisation, ont une référence quasi standard d'une densité de 20 logements à l'hectare nouvellement urbanisable pour les zones péri-urbaines. Un logement accueille en moyenne 2,6 personnes.
Les SCOT donc prévoient une densité moyenne de 52 personnes à l'hectare, soit une consommation moyenne de 230 m2 par habitant nouveau, ce qui correspond à une consommation globale d'espace de 230 000 m2 (23 hectares) par mois (275 hectares par an).
En réalité, entre 1983 et 2013, l'étalement urbain a gagné 17 000 hectares, soit 566 hectares annuels.
Parce que l'accroissement net de la population ne concerne pas seulement le logement dudit habitant, mais aussi des équipements publics (voiries, écoles, équipements sportifs, de santé, de loisirs..), des centres commerciaux et des zones d'activités économiques accueillant les entreprises elles aussi nouvelles.
En résumé, et malgré le fait que, dans les villes historiques, on peut (et on le fait) reconstruire la ville sur la ville (notamment en valorisant des friches industrielles), et donc économiser la consommation de nouveaux espaces, un nouvel arrivant dans nos territoires signifie la disparition d'environ 500m2 d'espace.
Ces prélèvements ne peuvent se faire qu'au détriment de deux catégories de paysages :
● les paysages «naturels», dont on connaît les valeurs intrinsèques en ce qui concerne la biodiversité et les services «écosystémiques» qu'ils rendent aux populations humaines (détente, diminution des risques naturels, épuration des eaux...).
● les paysages agricoles dont 22 000 hectares de Surfaces Agricoles Utiles (SAU) ont été perdus dans l'Hérault dans cette même période de 30 ans et dont on sait le potentiel qui nous sera peut-être utile un jour (celui où on se déciderait à produire localement les bases essentielles de notre alimentation au lieu de les importer à grands renforts de désordres sociaux, économiques et environnementaux).
D'une manière plus globale, on comprend bien que cet emballement ne peut pas durer éternellement (tous les 5 à 6 ans en France, l'équivalent de la surface d'un département disparaît sous les aménagements durs) et qu'il faudra trouver de larges améliorations dans la consommation d'espace par habitant nouveau (elle se réduit aujourd'hui par rapport à la décennie précédente) et par une diminution du solde migratoire aujourd'hui largement positif dans nos territoires.
Outre la consommation d'espace, l'étalement urbain a de larges conséquences :
● la consommation d'eau (150 litres par habitant et par jour) dans un paysage où l'eau est rare (et le sera de plus en plus) et coûteuse à aller chercher ; l’eau pourrait bien devenir le principal facteur limitant de l'expansion démographique chez nous.
● l'exposition aux risques naturels (submersion marine sur les zones littorales basses), inondations (en partie dues à l'imperméabilisation des sols par les aménagements), incendies (l'étalement urbain s'accompagne aussi d'un étalement forestier dans les zones de garrigues où la ville gagne dans la forêt et la forêt dans la ville).
● la fragilisation des continuités écologiques (trames verte et bleue) à petite et à grande échelle.
Bien évidemment, ces questions sont extraordinairement complexes et les solutions simples n’existent pas.
Mais, la sensibilisation du public, le développement des transports en commun, des aménagements moins “imperméabilisateurs”, la lutte contre la spéculation foncière en maîtrisant mieux le foncier par des interventions publiques sont des pistes qu’on voit émerger, mais de façon isolée ou souvent désordonnée.
Sources : DREAL Occitanie, DDTM Hérault
Jean-Paul Salasse
Co-président des Écologistes de l'Euzière
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Couleur printemps
Couleur printemps
Quelques giboulées
Une trouée d’azur
Les nuages s’effilochent
En gouttes de lumière
Au fond du ciel
Un vol d’hirondelles
Les jardins les prés les chemins
Se teintent d’émeraude
Ourlés de-ci de-là
D’éclats d’or ou d’améthyste
Corolles offertes au souffle du vent
L’air frémit de bourdonnements
De bruissements d’ailes
De nectar et de rosée
Il monte de la terre
Un parfum oublié
Léger
Léger
Comme un matin
de
Printemps
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Dans la haute vallée de l’Aude...
Dans la haute vallée de l’Aude...
Jeudi 30 mai 2019
Animé par Jean Marie, organisé par Louise et Annie, un groupe fou de nature, nombreux et motivés, s’est retrouvé, pour un séjour de quelques jours au village de Vayamundo, près de Quillan. Le but ? Découvrir les richesses et la biodiversité de cette partie de l’Aude, célèbre par le mythe entourant la montagne de Bugarach ou Rennes-le-Château.
Pas d’ascension pour ce jour éponyme, mais découverte des lieux et installation dans de confortables gîtes à la vue imprenable. Sous un soleil généreux, notre appétit botanique a pu être assouvi avec l’identification de plus de 70 plantes sur le petit sentier de la Gardie. Puis un repas convivial où toute la richesse de nos terroirs, amenée par les participants, a pu s’exprimer. Cette soirée à l’ambiance estivale nous a permis de trouver le sommeil sous les chants occitans de chœurs d’association réunies en colloque dans ce grand domaine de l’Espinet.
Vendredi 31 mai 2019
La vallée du Rébenty ou festival d’orchidées !
C’est en effet les orchidées qui ont marqué ce 2e jour. En pénétrant dans les gorges sauvages du Rébenty, affluent de l’Aude, nous découvrons une biodiversité exceptionnelle. Un arrêt à une source pétrifiée s’imposa pour voir la Pinguicula vulgaris ou Grassette, une Hépatique et l’Adiantum capillus-veneris ou Capillaire de Montpellier, avant d’emprunter le chemin partant de Joucou avec son catalogue de belles plantes (près d’une centaine seront scrupuleusement observées !), dont la riche palette d’orchidées : Orchis anthropophora ou O. de l’Homme pendu, Orchis simia ou O. singe, Orchis purpurea, Anacamptis morio, Orchis militaris, Ophrys insectifera ou O. mouche, Ophrys araneola, Listera ovata ou Listère à feuilles ovales, Cephalanthera longifolia aux fleurs d’un blanc immaculé, Ophrys scolopax ou O. bécasse, Dactylorhiza fuchsii. Quel plaisir aussi de dénicher la Lathraea clandestina bien dissimulée ou de découvrir cette belle fougère primitive, l’Ophioglossum vulgatum en sous-bois frais.
De gauche à droite : Ophrys insectifera, Ophrys scolopax et Orchis anthropophora par Hugues Ferrand
Malgré quelques pentes abruptes, la profusion d’espèces a transformé le groupe en un long cortège d’observateurs attentifs se déplaçant à la vitesse fulgurante de la limace. Exténués ou presque de ces nourritures floristiques, nous avons à nouveau frémi d’émerveillement lors de nos agapes bien méritées sous un soleil zénithal : la Gentiana occidentalis, l’Erinus alpinus et la Linaria supina nous offraient leurs beautés colorées si picturales.
Jamais rassasiés, quelques botanistes addictes ont tenté de percer le secret de la Thymelaea dioica ou se sont extasiés devant la Globularia nana et le Calamintha acinos. Le retour au Défilé du Joucou fut marqué par un étrange phénomène : l’égarement de quelques botanistes dans les sentiers perdus d’une forêt accueillante. Mais ils ont eu la surprise sur leur route du retour, de tomber sur une station de Meconopsis cambrica, ou Pavot du Pays de Galles d’un jaune lumineux, sur un parterre de Sceau de Salomon, Polygonatum odoratum, aux clochettes blanches bien disciplinées sous la feuille, ou d’Iberis amara ponctuant les talus herbeux.
Plus encore, quelle chance de fouler un champ d’Allium ursinum,
le fameux Ail des ours en pleine floraison, dont quelques exemplaires
finiront en pesto le soir à l’heure d’un apéro amplement mérité, et
augurant une longue soirée pour conter ces émotions autour, bien sûr, de
bienfaits gastronomiques et de bons vins.
Samedi 1er juin 2019
Dynamisme et passion nous ont motivés dès le matin pour appréhender une belle journée ensoleillée autour du mystérieux Pech de Bugarach !
Aquarelle de Jean-Marie-Wotan
Départ pour le col Saint-Louis à 700 m d’altitude, qui sépare l’Aude des PO, et entrée en forêt des Fanges. Une riche diversité de plantes nous attend, avec notamment une flore de sous-bois frais mais aussi une prairie d’Anthriscus sylvestris ou Cerfeuil des prés, et toujours de belles orchidées s’exposant dans les espaces plus secs. À noter dans cet environnement caducifolié, la présence du Quercus crenata, Chêne faux liège. Après un pique-nique bien pourvu en Ail des ours à portée de fourchette, nous avons enfin rejoint le site de Bugarach. Au col de Linas, laissant les randonneurs affronter la montée du Pech sous plus de 30°, nous nous concentrons sur une pelouse bien exposée, pour découvrir un magnifique florilège d’orchidées dont la rare Coeloglossum viride ou Orchis grenouille ! Après s’être repus à nouveau d’Anacamptis pyramidalis, d’Orchis purpurea, d’Orchis mascula ou O. mâle, de Neotinea ustulata ou O. brulé, de Platanthera bifolia, de Serapias lingua, de Serapias vomeracea, ou encore de l’Orchis fusca sp hypercalis présent en grand nombre, nous avons terminé notre belle balade au lieu-dit Le Mas. Sous la surveillance de vautours planant dans ce cadre grandiose dominé par le Pech de Bugarach, nous réalisons nos dernières photos d’Orchis anthropophora très développé, d’Ophrys scolopax aux couleurs soutenues, de Teucrium aureanum, ou Germandrée dorée à la structure complexe, d’Ononys natrix dont les grosses fleurs rayées de rouge attirent l’œil.
La « Montagne inversée » nous a livré une partie de son secret géologique en nous faisant voyager dans le temps : 135 millions d’années pour les calcaires situés en haut de la montagne et 75 millions d’années pour les marnes récentes bien visibles en contrebas. Elle nous invite, au-delà d’une lecture rapide du paysage, à revenir pour approfondir cette magnifique région de l’Aude. Une soirée de fin de séjour reste toujours particulière, et c’est dans une joyeuse convivialité, nous délectant encore de produits et préparations culinaires exquises, que la séparation prochaine empreinte de tristesse s’en trouvera atténuée.
Dimanche 2 juin 2019
Un retour tout en douceur…
Quittant à regret notre village de Vayamundo, nous poursuivons notre détour géologique pour nous intéresser aux marbres de Caunes minervois, village préféré de nos animateurs ! Nous profitons de la quiétude des lieux, des marbres de la cathédrale et de la belle architecture des anciennes maisons et hôtels particuliers. Après avoir admiré les 2 platanes remarquables par leur taille datés de 1792 de la place de la République, un dernier pique-nique à la Carrière du Roy, signe la fin d’un séjour riche en échanges amicaux et bien entendu botaniques !
Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !
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De la roche et de l'eau
De la roche et de l'eau
Voici un petit circuit d'environ 5 kilomètres permettant de rejoindre deux milieux naturels totalement différents et pourtant relativement proches : l'étang de l'Estagnol sur la commune de Villeneuve-lès-Maguelone et le creux de Miège sur celle de Mireval. Présentant deux sections en aller-retour, la balade permet l'éventualité de ne se rendre que sur un seul point d'intérêt. Du parking, il faut se diriger vers le centre "accrobranche" au pied du versant boisé par une piste entre enclos à chevaux à droite et site du "labyrinthe" à gauche. On observe rapidement sur la gauche deux ruisseaux arrivant du pied de la colline sous la forme d'exsurgence.
Vers l'étang de l'Estagnol
En continuant à droite sur la petite route, on accède, en 700 mètres, à une croisée. En allant à droite, on atteint une petite hauteur peu avant le domaine vinicole du château d'Exindre (la Madeleine). En regardant à gauche, on domine ici l'important étang de l'Estagnol. Sur 78 hectares, cet étang d'eau plutôt douce (très faible salinité) est une réserve naturelle depuis novembre 1975 gérée par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Doté d'une vaste roselière, il abrite de multiples espèces animales et végétales. Il accueille de nombreux hivernants tels les anatidés et a connu la réintroduction de la cistude d'Europe ainsi qu'un travail de préservation des batraciens. Bien entendu, la réserve est interdite au public.
Vers le creux de Miège
Après observation, retour au parc aventure afin de poursuivre tout droit, en fin de goudron, sur un chemin longeant un muret. Au bout de celui-ci, il faut délaisser le chemin de gauche pour suivre en face un sentier dans la garrigue. En allant à gauche aux bifurcations, on arrive vite près d'une voie goudronnée avec départ d'une piste à droite. En la prenant, un panneau concernant le site du creux de Miège se présente. Après lecture, il faut suivre la large piste pour, au-delà d'une barrière, entamer une montée tranquille jusqu'à une courbe à gauche puis une à droite. En poursuivant sur le chemin évident, et après une courbe à gauche, il faut s'avancer à gauche sur un sentier qui rapidement accède à la plate-forme calcaire dominant le creux de Miège.
Un site géologique exceptionnel
Avant tout, vigilance car il ne faut pas trop s'approcher du bord. Sous nos yeux, c'est un genre de reculée en milieu calcaire, certes de petite taille, mais présentant d'impressionnantes falaises, pour certaines hautes de 30 mètres, dominant un sol marécageux avec une source : la Miège. Ce cirque d'effondrement est doté de multiples cavités. Cet environnement unique sur notre littoral a connu un envahissement de broussailles, de déchets, gravats et carcasses, heureusement éliminés il y a peu. Le site est classé ZNIEFF (zone naturelle d'intérêts écologique, faunistique et floristique) du fait de la présence d'espèces végétales et animales rares. Le respect des lieux est fondamental. À noter que ce secteur est riche de grottes ayant servi, durant la préhistoire, d'abris et de sépultures. Non loin, la grotte de la Madeleine fouillée en 1950 a révélé des mobiliers liés à des occupations temporaires au Néolithique moyen. Retour au parking en redescendant jusqu'à la petite route en plaine. En partant à gauche sur le goudron, le parking est à 750 mètres
Pour s'y rendre
Prendre la D 612 direction Sète. Après avoir enjambé la Mosson par le pont de Villeneuve, prendre à gauche la direction de Villeneuve-lès-Maguelone. Sur la D 185 aller à gauche jusqu'au rond-point. En partant par la première sortie à droite direction Mireval, sortir de Villeneuve par la D 116. Délaisser peu après la petite route allant à droite au domaine de la Madeleine pour, 1,3 km ensuite, prendre à droite vers le mas d'Andos. Après le passage à niveau, se garer sur le parking juste après à droite.
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Des nouvelles des animations après le confinement
Des nouvelles des animations après le confinement
Suite au déconfinement l’équipe d’animation a pu reprendre (un tout petit peu) des actions avec le public.
Nous avons commencé avec le club CPN, il s’agit des activités ayant lieu durant l’année scolaire le mercredi sur le domaine de Restinclières.
Après avoir construit un protocole sanitaire nous avons repris l'accueil des enfants depuis le 21 Mai. Les conditions sont particulières mais les jeunes les appliquent plutôt bien. Pour expliciter les consignes nous avons pu aborder certains sujets que nous n'aurions jamais pensé devoir traiter comme par exemple les membranes lipidiques...
Les jeunes (8 en moyenne par séance sur 11 inscrits pour l’année) sont contents de se retrouver, de retrouver les animateurs et pour certains d'être dehors. Nous avons néanmoins remarqué une différence avec la dynamique pré-confinement. Les jeunes prennent moins d'initiative dehors, ils sont un peu plus passifs et suiveurs. Nous (les animateurs) essayons d'être moteurs mais cela change la progression sur le chemin de l'autonomie que nous essayons de construire avec eux.
Nous avons aussi des petites difficultés à gérer les émotions (chagrin, colère) avec des masques. Il nous semble que les masques rajoutent une distance, celle ci est gérable dans les temps d'activités mais beaucoup plus problématique lorsque l'on essaie de réconforter, consoler ou calmer un enfant.
Au niveau des activités nous avons fait plusieurs découvertes :
- Observation de "nouveaux" fossiles au niveau de la dalle de Restinclières
- Randonnée aquatique dans le Lirou (la meilleure séance selon les jeunes)
- Identification de différents insectes
- Réalisation d'un semi-inventaire de la présence de scorpions au niveau de la dalle aux scorpions (on en a compté 19 mercredi 3 Juin)
- Une mue de couleuvre de Montpellier (environ 30 cm), identifiée avec l'aide de Justine Bertrand.
Pour les animations scolaires, nous avons eu la chance de bénéficier de la confiance et de l’engagement de professeures de sport du collège François Villon de Saint-Gély-du-Fesc. Les élèves (10) ont utilisé leurs vélos (lien avec le sport) pour nous rejoindre dans la garrigue afin de découvrir les invertébrés. Les animateurs présents (Maelys, Alexandre et Mathias) ont vraiment apprécié de pouvoir offrir une opportunité aux élèves et aux enseignants de vivre une activité dehors. Les élèves comme les enseignants ont témoigné leur intérêt pour cette démarche.
Nous nous impliquons fortement pour convaincre les enseignants de mettre en place des sorties en extérieur d’ici la fin de l’année scolaire mais nous nous heurtons à différentes barrières (craintes des enseignants ou alors décision de l’inspection).
Comptez sur nous pour continuer à militer pour permettre aux enfants de vivre le dehors. Mais aussi d’être en lien avec des animateurs enthousiastes qui bien que masqués leur donnent confiance en eux-mêmes, confiance en la vie et confiance en l’avenir.
Mathias Laroche pour l’équipe d’animation
Des salades sauvages, oui... également des plantes médicinales !
Des salades sauvages, oui... également des plantes médicinales !
Le saviez-vous ? Le mot salade vient de « sel », et effectivement l’assaisonnement sera essentiel pour relever et attendrir ces feuilles et rosettes qui pourraient surprendre les palais délicats. Souvent coriaces, quelque peu amères ou piquantes, elles nous font découvrir des saveurs nouvelles, tout en nous permettant de faire le plein de vitalité. Autrefois dans nos campagnes, leur récolte était l’occasion pour nos anciens de réaliser une cure dépurative de printemps. En tant que jeunes pousses vaillantes, elles sont également riches en vitamines et minéraux. Pour certaines de ces plantes, c’est en cours de maturité que feuilles, fleurs et racines développeront des vertus médicinales plus spécifiques.
Quelques Astéracées incontournable
Depuis l’Égypte antique, la chicorée est considérée comme « toute puissante » sur les troubles hépatiques et digestifs, réputation qui ne se démentira pas tout au long de l’histoire. Tant comme stimulante du foie et douce laxative, que comme adjuvante dans le traitement des rhumatismes ou des affections cutanées, la racine de chicorée fait souvent partie des mélanges de plantes pour tisane visant à nettoyer l’organisme de ses excès.
Des substances amères, chimiquement des lactones sesquiterpéniques, ainsi qu’un polysaccharide de type fructane, nommé inuline, sont à l’origine de ses propriétés. Ô combien populaire, la racine de pissenlit contient les mêmes types de principes actifs, lui conférant des vertus semblables à celles de la chicorée, et à laquelle elle peut d’ailleurs s’associer dans les remèdes.
Brassicacées, en elles tout est piquant
La bourse à pasteur était visiblement déjà utilisée au Néolithique, comme l'attestent les graines retrouvées dans certains sites lacustres. Astringente, anti-inflammatoire et hémostatique, son nom médiéval de « sanguinaria » évoque sa capacité à limiter différents types de saignements.
À ce titre, la plante est indiquée dans les hémorragies de la femme (règles abondantes, accouchement, fibrome) et comme tonique veineuse en cas de jambes lourdes, de varices et d’hémorroïdes.
Ces propriétés ne semblent pas liées à une molécule en particulier mais au « totum » de la plante, qui sera utilisée à l’état frais pour une meilleure efficacité, sous forme de tisane ou d’extrait hydroalcoolique. De manière générale, toutes les brassicacées sont comestibles et contiennent des composés soufrés, les glucosinolates, qui viennent, par leur côté piquant, stimuler la circulation du sang. Leurs effets sont favorables au drainage et à l’assainissement tant de l’arbre respiratoire que de la peau. Parmi les salades sauvages, citons la roquette, la fausse roquette, les cressons, le nasitort…
Une salade sauvage plus confidentielle…
Tous les enfants savent pourtant reconnaître la fleur de coquelicot, dont ils créent d’éphémères bouquets écarlates, la mêlant parfois à d’autres messicoles comme la matricaire et le bleuet. C’est bien à eux en effet que se destinent la tisane ou le sirop de fleurs de « poppies » (nom anglais).
Cette papavéracée douce contient des substances alcaloïdiques opiacées agissant sur les états nerveux et les spasmes douloureux. Elle sera adaptée aux situations d’endormissement difficile, à la nervosité en général, et aux affections respiratoires accompagnées de toux. Ainsi, pour favoriser le sommeil de l’enfant (de plus de 7 ans toutefois), ses pétales seront pris seuls ou associés à d’autres fleurs (tilleul, lavande, oranger…) en une infusion légère précédant le coucher.
D’usage récent dans notre pharmacopée…
Grande plante vivace à la rose floraison, l’épilobe à petites fleurs a été mise à l’honneur par la très populaire herboriste autrichienne, Maria Treben (1907-1991).
Ses sommités fleuries contiennent notamment des substances s’opposant aux enzymes responsables de l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Afin de limiter les troubles urinaires et mictionnels liés à cette affection, la plante sera prise en long cours, sous forme de gélules ou d’extraits liquides, en cures régulières. Depuis, d’autres espèces du genre, comme l’épilobe à feuilles étroites, ont été testées avec des résultats semblables et une toute aussi bonne tolérance. Alors qu’il y aurait encore bien d’autres plantes à évoquer, souhaitons que cette première approche vous donne envie de partir à leur découverte.
Plantes citées (noms latins) : chicorée et pissenlit (Cichorium intybus et Taraxacum dens-leonis, Astéracées), bourse-à-pasteur, roquette, fausse roquette, cressons, nasitort (Capsella bursa-pastoris, Diplotaxis tenuifolia, Nasturtium sp., Lepidium graminifolium, Brassicacées), coquelicot (Papaver rhoeas, Papavéracées), tilleul (Tilia cordata, Tiliacées), lavande (Lavandula angustifolia, Lamiacées), oranger (Citrus aurantium, Rutacées), épilobes à petites fleurs et épilobe à feuilles étroites (Epilobium parviflorum et Epilobium angustifolium, Onagracées).
Annie Fournier, Dr en pharmacie, formatrice et rédactrice dans le domaine des plantes médicinales et de la santé naturelle, adhérente de l'association depuis 2000.
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Devinettes
Devinettes
Les pouvoirs divinatoires du préposé aux devinettes s’étant brutalement (et mystérieusement) éteints, nous recherchons, pour le prochain numéro un devin, pas forcément divin pour alimenter cette rubrique, faute de quoi elle sera remplacée par autre chose.
S'adresser à la rédaction !
Solutions des devinettes d'hiver :
1. Quel est l'arbre que rien ne dérange ? Hêtre imperturbable
2. Quelle est la liane qui ne sait pas où dormir ? Le lierre (le Lit erre)
3. Quelle est la liane qui n’est pas auto ? La clématique (clématite pas auto-matique)
4. Quel est l’arbuste qui pourrait mettre Montpellier dans une corbeille ? Le ciste de Montpellier (une ciste est une petite corbeille qui servait à déposer des objets sacrés dans l’antiquité)
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Devinettes arbres et arbustes
Devinettes arbres et arbustes
1. Quel est l'arbuste qui chante le plus mal ?
2. Quel est l'arbuste qui a changé sa couleur ?
3. Quel est l'arbuste qui a le plus de gros mots dans son nom ?
4. Quel est l'arbuste qui fait semblant d'avoir tout compris ?
Solutions au prochain numéro ou sur rendez-vous avec l’auteur !
Jean Burger, J’ai fait partie de
l’équipe des écolos des premières années, en tant qu’étudiant bénévole
puis comme salarié. Depuis le virus de faire connaître et partager la
nature avec les autres ne m’a plus quitté. Quand les sorties sur le
terrain m’en laissent le temps, je suis aussi coprésident de cette belle
association.
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Devinettes d'hiver
Devinettes d'hiver
1. Quel est l'arbre que rien ne dérange ?
2. Quelle est la liane qui ne sait pas où dormir ?
3. Quelle est la liane qui n’est pas auto ?
4. Quel est l’arbuste qui pourrait mettre Montpellier dans une corbeille ?
Solutions au prochain numéro...
Solutions des devinettes d'automne :
-
Quel est l'arbuste qui chante le plus mal ? L'alaterne (La la terne)
-
Quel est l'arbuste qui a changé sa couleur ? Le laurier-tin (Laurier teint)
-
Quel est l'arbuste qui a le plus de gros mots dans son nom ? Le pistachier concupiscent (il y en a dans les garrigues!)
-
Quel est l'arbuste qui fait semblant d'avoir tout compris ? Le filaire malin (l'air malin)
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Echos d'hier
Echos d'hier
La “Lettre des écolos” existait depuis plus d’une trentaine d’années, 95 numéros sont parus, avant sa mutation en Échos des écolos l’an passé. Ces anciens numéros sont des mines d’information sur l’histoire de l’association, mais aussi pour différents sujets sur la faune, la flore ou liés à l'éducation à l’environnement. Vous pouvez en consulter pas mal de numéros en ligne (à partir du numéro 63) sur la page de notre site : http://www.euziere.org/?RessourcesLettre
Nous allons donc vous proposer régulièrement d’aller farfouiller dans ces anciens numéros pour (re)découvrir des articles parus autrefois. Pour ceux d’entre vous qui possèdent des numéros plus anciens n’hésitez pas à nous signaler vos trouvailles pour nos prochaines parutions.
Dans le numéro 72 paru en octobre 2008, un article signé par Thibaut Suisse décrit savoureusement la Rainette méridionale.
Echos des Ecolos #6
Echos des Ecolos #6
EDITO
EDITO
Si les saisons n'existaient pas, faudrait-il les inventer ? Face à la page blanche, l'éditorialiste d'une lettre saisonnière n'en est pas sûr. Car la tentation du marronnier est grande. Voici néanmoins re-venu (ou presque) le temps des grands vols d'étourneaux, des champignons sporulant, des colles de vendangeurs sous le soleil de l'été indien – ah, non, pardon, Ô tempora, ô mores, des machines à vendanger nuitamment, me souffle-t-on dans l'oreillette. Revenu aussi le temps de la « re-entrée » qui, on l'espère, contrairement au printemps dernier, ne nous empêchera pas de sortir. Car aux Ecolos - faut-il le re-dire ? -, on préfère les rentrées où l'on sort ! De tout cela, on ne parlera pas.
Fort heureusement, les jeunes naturalistes, eux, ont pu assouvir leur passion dès cet été à l'occasion des séjours de vacances. Après que l'équipe s'est interrogée sur la possibilité d'assurer une pédagogie pertinente malgré les mesures imposées par la COVID19, les fameux camps-nature ont pu être maintenus. C'est tant mieux, comme en atteste dans ce numéro le témoignage-souvenir de trois de leurs acteurs, dont l'un porte aussi l'écho, disons, d'hier.
Le 28 juin, l'Assemblée générale de l'association s'est tenue principalement à distance, via un vote par internet. D'irréductibles adhérents – pas si peu, au bout du compte - se sont cependant retrouvés au domaine de Restinclières, de façon presque impromptue, pour partager le plaisir de quelques heures conviviales en plein air.
Côté Asso, toujours, et plus particulièrement côté équipe : connaissez-vous Gentiane ? Quoi qu'il en soit, nos fidèles interviewers l'ont rencontrée. Nul doute que vous la connaîtrez ainsi un peu mieux.
L'écho d'hier, disions-nous. Nous l'écouterons aussi dans une nouvelle rubrique pour redécouvrir la Rainette méridionale. Manquerait-on d'idées neuves entre tous ces retours et ces échos de temps plus ou moins lointains ? Que nenni, rassurez-vous. Vous découvrirez ainsi comment un jeune jardinier met de la couleur où il y avait de la grisaille, comment une non moins jeune lectrice a reçu le charmant opus « La libellule a pondu », comment la nature s'offre des fruits qu'elle offre aussi à nos regards et, parfois, à notre gourmandise, comment les plantes à fleurs pourraient voir leur origine supposée reculer de plusieurs dizaines de millions d'années, comment les bourdons pratiquent l'horticulture, comment les avancées scientifiques ont conduit à changer la classification de la famille des scrofulaires... Et où vous balader, bien sûr !
Avec ou malgré les gestes de protection qui continuent de s'imposer, et même grâce à eux en attendant mieux : beau nouvel automne à tou.te.s !
Jean-Pierre Vigouroux
EDITO de l'Automne : Echos Ecolos#7
EDITO de l'Automne : Echos Ecolos#7
L'article :
Si les saisons n'existaient pas,
faudrait-il les inventer ? Face à la page blanche, l'éditorialiste
d'une lettre saisonnière n'en est pas sûr. Car la tentation du
marronnier est grande. Voici néanmoins re-venu (ou presque) le temps des
grands vols d'étourneaux, des champignons sporulant, des colles de
vendangeurs sous le soleil de l'été indien – ah, non, pardon, Ô tempora,
ô mores, des machines à vendanger nuitamment, me souffle-t-on dans
l'oreillette. Revenu aussi le temps de la « re-entrée » qui, on
l'espère, contrairement au printemps dernier, ne nous empêchera pas de
sortir. Car aux Ecolos - faut-il le re-dire ? -, on préfère les rentrées
où l'on sort ! De tout cela, on ne parlera pas.
Fort
heureusement, les jeunes naturalistes, eux, ont pu assouvir leur passion
dès cet été à l'occasion des séjours de vacances. Après que l'équipe
s'est interrogée sur la possibilité d'assurer une pédagogie pertinente
malgré les mesures imposées par la COVID19, les fameux camps-nature ont
pu être maintenus. C'est tant mieux, comme en atteste dans ce numéro le
témoignage-souvenir de trois de leurs acteurs, dont l'un porte aussi
l'écho, disons, d'hier.
Le 28 juin, l'Assemblée générale de
l'association s'est tenue principalement à distance, via un vote par
internet. D'irréductibles adhérents – pas si peu, au bout du compte - se
sont cependant retrouvés au domaine de Restinclières, de façon presque
impromptue, pour partager le plaisir de quelques heures conviviales en
plein air.
Côté Asso, toujours, et plus particulièrement côté
équipe : connaissez-vous Gentiane ? Quoi qu'il en soit, nos fidèles
interviewers l'ont rencontrée. Nul doute que vous la connaîtrez ainsi un
peu mieux.
L'écho d'hier, disions-nous. Nous l'écouterons aussi
dans une nouvelle rubrique pour redécouvrir la Rainette méridionale.
Manquerait-on d'idées neuves entre tous ces retours et ces échos de
temps plus ou moins lointains ? Que nenni, rassurez-vous. Vous
découvrirez ainsi comment un jeune jardinier met de la couleur où il y
avait de la grisaille, comment une non moins jeune lectrice a reçu le
charmant opus « La libellule a pondu », comment la nature s'offre des
fruits qu'elle offre aussi à nos regards et, parfois, à notre
gourmandise, comment les plantes à fleurs pourraient voir leur origine
supposée reculer de plusieurs dizaines de millions d'années, comment les
bourdons pratiquent l'horticulture, comment les avancées scientifiques
ont conduit à changer la classification de la famille des
scrofulaires... Et où vous balader, bien sûr !
Avec ou malgré
les gestes de protection qui continuent de s'imposer, et même grâce à
eux en attendant mieux : beau nouvel automne à tou.te.s !
Jean-Pierre Vigouroux
Élevage et alimentation locale - La Vigan attitude
Élevage et alimentation locale - La Vigan attitude
“J’irai manger local chez vous” qu'es aquò ?
En 2008, Stéphane LINOU, futur Conseiller Général de l’Aude, se lance le défi de se nourrir pendant un an, uniquement à partir de produits provenant de moins de 150 Km de Castelnaudary. Suivi par un médecin, une spécialiste en économie familiale, une diététicienne et un agro-économiste, il médiatise son expérience. Son objectif est alors de lancer la démarche d’Amap dans le Lauragais.
Dix ans plus tard, il lance le défi “j’irai manger local chez vous” afin de promouvoir la démarche locavore à l’échelle nationale. Le principe : une invitation par département, les hôtes préparent un repas de fête, uniquement avec des produits provenant de moins de 50 km* (sauf pour le sel si l’on est à plus de 50 km des côtes), pour moins de 9€50 par personne. Stéphane apporte le vin.
Dans l’Hérault ce sont les Écolos qui ont accueilli le défi. Thibaut, Florence** et Mathias ont préparé le menu*** selon les règles. Pour l’occasion et parce qu’on est aux Écolos, les adhérents se sont piqués au jeu et sont venus se joindre à nous avec leur pique-nique local, puis Florence a fait une sortie sur le domaine pour parler des plantes médicinales présentes et utilisables sur place.
Oui, mais pourquoi?
Si pour Stéphane Linou l’enjeu du “Manger local” se traduit en termes de sécurité nationale (il vient d’ailleurs d’écrire un livre**** sur le sujet et de monter un module de Licence), il s’agit d'abord pour nous de gestion du territoire et d’écologie.
En Europe comme en France métropolitaine, et principalement en région méditerranéenne, la nature et les paysages sont le fruit d’un long dialogue entre les éléments, les composantes naturelles (plantes, animaux…) et l’Homme. Pas de marais de Guérande sans saulniers, pas de Camargue telle que nous la connaissons sans manadiers… et pas de Crau ni de garrigue sans troupeaux et leurs bergers.
Or, pour qu’il y ait des bergers il faut qu’il y ait un commerce de la viande, du lait et de la laine qui soit rentable et leur permette de vivre décemment.
Consommer local permet aux producteurs de notre territoire, qui façonnent plus ou moins volontairement nos paysages et notre “nature”, de vivre de leur métier.
Cela permet aussi souvent un lien plus étroit entre les producteurs et les consommateurs, ce qui permet au consommateur de se réapproprier le rythme de ce qu’il consomme, en lien avec le rythme de la nature (tarissement des laitages, fruits et légumes de saison…).
Cela permet aussi aux producteurs de suivre plus facilement les attentes de la société (culture en bio, respect des animaux…).
Du rôle central des animaux dans nos territoires
Alors que le travail des petits éleveurs est de plus en plus menacé face aux géants de l'élevage industriel et que les petits abattoirs ont du mal à rester en vie ou, pire, à être relancés, rappelons que les animaux sont et ont toujours été une composante essentielle de la vie paysanne...
Des animaux pour valoriser les terres difficiles à cultiver
Non, toutes les terres ne sont pas bonnes à cultiver, et c'est là que les animaux ont toute leur place : ils permettent de valoriser des terres dont la culture serait difficile voire impossible (terrains trop secs, trop pentus, zones trop froides, etc).
On pense aux peuples nomades dont la survie dépend de l'élevage d'animaux, faute de pouvoir cultiver une quelconque autre ressource : l’élevage de rennes en Sibérie, l’importance des chèvres et des dromadaires dans l’alimentation des Touaregs, etc. Mais revenons chez nous, où les conditions ne sont pas si extrêmes (quoique...) : la surface de terres fertiles est insuffisante pour produire des plantes qui nourriraient la population locale. L'élevage prend tout son sens dans une logique de consommer local, en valorisant les ressources disponibles localement dans des endroits peu propices à d'autres cultures, en climat méditerranéen particulièrement, où la ressource en eau est limitée pendant une bonne moitié de l'année. Contrairement à l'idée répandue selon laquelle l'élevage est sur-consommateur d'eau, la réalité est toute autre. À titre d'exemple, un élevage de brebis en climat méditerranéen nourri à l'herbe et aux arbres fourragers ne consomme qu’un litre d'eau par jour par hectare. Pour comparaison, un hectare de maraîchage nécessite en moyenne 20 000 L d'eau par jour et par hectare. L'élevage est donc une bonne stratégie pour valoriser les territoires dans un contexte de faible ressource en eau.
Petites notions d'agronomie pour une alimentation sans protéines animales...
Les régimes végétaliens comportent principalement des plantes annuelles : lentilles, soja, riz, blé, etc. Difficile déjà d’acheter essentiellement local : quand on est loin des sites de production, ce qui arrive dans l’assiette a déjà coûté cher en transport et généré la pollution qui va avec. De plus, la culture de ces végétaux est très difficile sans mécanisation. Ces annuelles sont des plantes pionnières : elles se développent sous une luminosité maximale. Leur culture implique donc une destruction systématique des autres plantes présentes là où on veut les faire pousser: culture sur brûlis ou, plus courant chez nous, sol labouré. La conséquence de ces pratiques est une destruction progressive des sols et de tous leurs habitants. Bilan des courses : plus d'animaux morts par ces pratiques culturales que dans un élevage d'animaux traditionnel ! Sans compter que la plupart des grandes productions végétales se font à grand renfort de pesticides, responsables de l’effondrement des populations d’insectes et, en conséquence, du déclin des oiseaux insectivores. Les granivores ne sont pas épargnés : ils sont fortement affectés par la consommation de graines enrobées de pesticides.
D'autres stratégies culturales existent comme l'agroforesterie ou les semis sous couvert végétal mais, dans les deux cas, le niveau de biodiversité reste faible du fait de la nature intrinsèque de ces cultures, qui doivent être les seules de leur espèce à pousser à un moment donné, dans la zone de production définie afin de faciliter la récolte.
Les animaux, c'est écolo !
À l'heure où nous devons envisager un avenir qui se passera des énergies non renouvelables, l'animal est (ou redevient) roi ! Le rôle des animaux est central pour l'entretien de nos paysages et les travaux agricoles quotidiens. Par exemple, la gestion de l’enherbement dans les vergers ou les vignes se fait aujourd’hui avec des machines. C’est pourtant un travail que l’on peut facilement déléguer aux animaux : de nombreux partenariats se font aujourd'hui entre éleveurs et arboriculteurs ou vignerons. L'avantage est, qu'en plus de gérer l'enherbement, les animaux ont une importance dans les processus d'aggradation des sols et l'apport de fertilité.
La biodiversité s’en trouve renforcée : dans une zone pâturée, la biomasse de vers de terre représente l’équivalent de 3 à 5 vaches par hectare. En agriculture conventionnelle, c’est seulement la biomasse correspondant à un veau par hectare et dans les zones d’agriculture intensive, à peine l’équivalent de quelques lapins par hectare ! Or, plus il y a de vers de terre, plus c’est bénéfique pour le sol et, en conséquence, pour les plantes. On peut également penser à l’utilité des animaux domestiques dans l'entretien de paysages ouverts afin de gérer les risques d’incendies, entretenir des bords de routes... ou tout simplement maintenir des écosystèmes emblématiques et riches en biodiversité telles que les dehesas (pâtures en sous-bois clairsemés) espagnoles ou nos précieuses garrigues. Bref, pour envisager l'autonomie de nos territoires, ces précieux animaux jouent un rôle central.
La relance d’un abattoir
En 2017, suite à la mise à jour par l’association L.214 d’actes de cruauté sur les animaux et au désengagement de la Communauté de Communes, l’abattoir du Vigan ferme. Cette situation, si elle est compréhensible du point de vue de la maltraitance animale, met en grande difficulté de nombreux éleveurs en Cévennes, sur les Causses et en garrigue.
Tout de suite, une soixantaine d’éleveurs se mobilisent pour reprendre et transformer l’abattoir.
L'existence de petits abattoirs, non loin des lieux d'élevage, permet aux éleveurs de faire abattre eux-mêmes leurs bêtes, sans passer par des négociants, et de vendre localement leur viande en vente directe, ce qui leur assure un meilleur revenu. Pour les animaux, cela diminue les temps et les distances de trajets, les étapes et le parcage provocateur de stress.
En 2018 l’abattoir est relancé par une coopérative d’éleveurs-tâcherons et un « Collectif pour le soutien et la promotion de l’abattoir Paysan du Vigan » est créé. Les éleveurs-tâcherons sont des éleveurs qui assurent, un jour par semaine, l'abattage des animaux et les autres tâches liées au fonctionnement d’un abattoir. Ils suivent donc les bêtes de la naissance à la mort. Par ailleurs, l’abattoir a travaillé sur la cohérence de l’ensemble de sa filière, notamment sur le processus d'abattage, en partenariat avec les services vétérinaires et une éthologue et sur la valorisation des déchets carnés, avec des élevages canins et l’association Goupil connexion.
Le collectif***** regroupe quant à lui des éleveurs, des associations et des consommateurs conscients de l’enjeu que représente un abattoir de proximité pour le maintien d’une petite agriculture paysanne qui façonne nos territoires, et soucieux des conditions d’abattage des animaux et des conditions de travail des éleveurs-tâcherons. Ils viennent de lancer un appel à soutien que vous pouvez retrouver dans la cuisine de notre local. Parce que faire de l’écologie avec sa fourchette ça ressemble vraiment aux Écolos.
* https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/defilinouee_293199
** Florence Faure-Brac, Lo Gafaròt : https://meristemeblog.wordpress.com/
*** Menu et recettes du repas : https://urlz.fr/axPS
**** https://www.thebookedition.com/fr/resilience-alimentaire-et-securite-nationale-p-367243.html
***** http://abattoirpaysanduvigan.fr/
Emilie Rousselle
Après des études d'agronomie et d'aménagement du territoire, je me suis tout naturellement tournée vers les mouvements de la permaculture et de l'agroécologie. Je m'engage aujourd'hui activement pour la transition vers des territoires plus durables, autonomes et résilients, entre autres en m'installant moi-même sur un terrain et en agissant au sein de mon association Humus Pays d'Oc (www.humuspaysdoc.fr).
Thibaut Suisse
Curieux et gourmand, je travaille comme botaniste depuis 2008 pour les Ecolos. Dans cette association, la multitude des possibles et la richesse des rencontres me nourrissent chaque jour.
avec la participation de Sylvie Hurtrez
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Elle est là, l'Hyla !
Elle est là, l'Hyla !
Selon les spécialistes, elle se distingue de la rainette verte comme suit : "La confusion est fréquente avec la Rainette verte (Hyla arborea), qui, pour le sud de la France, existe très localement dans le Lot et l’Aveyron. Les deux rainettes se différencient par la couleur des flancs : la Rainette verte a un double liseré foncé/pâle qui sépare nettement la coloration du dos de celle des flancs, alors que la Rainette méridionale ne présente pas ce liseré. La différenciation acoustique est par ailleurs très facile grâce au chant très différent des deux espèces".
Nous en avons une adorable qui vient régulièrement dans le spa, planquée sous le couvercle, à la limite du niveau d'eau. "Remets-la donc dans la nature!" me dit mon épouse. Je le fis. Je pris la petite rainette et l'emmenai vers un pseudo-ruisseau duquel je croyais béâtement qu'elle arrivait. Le lendemain, en ouvrant le spa, elle était là, l'Hyla. Je dis à mon épouse "tu vois, elle est revenue !". Et je la remis à nouveau dans les arbres proches dudit ruisseau. Rien n'y fit, elle revint à nouveau le lendemain. Me renseignant sur le métabolisme de l'animal, j'appris qu'elle est qualifiée d'ubiquiste. Qu'est-ce à dire ? Espèce ubiquiste: "qui peut vivre partout, qui s'adapte facilement aux milieux les plus divers, et qui se plaît là où elle est". J'en conclus trivialement que, revenue par deux fois, elle se plaisait bien dans le spa. Normal, elle y est à l'abri des prédateurs, y'a des fourmis et autres insectes dans le bâti bois du spa, elle a donc, sans trop dépenser d'énergie, et le gîte et le couvert. Depuis, je ne l'ai jamais remmenée ailleurs, et elle passa l'été tranquille près de nous, dans SON spa.
Épilogue : si vous trouvez chez vous une petite rainette méridionale soit dans un pool house, soit dans une cabane de jardin ou même accrochée au mât sous un parasol, prenez-là sur votre main, elle est très docile et peu craintive, et remettez-là où elle était, c'est là qu'elle se plaira Hyla, l'ubiquiste.
Gilles Lorillon, Sauteyrargues, ingénieur informaticien retraité, membre bienfaiteur des "Ecologistes de l'Euzière", car je les aime bien donc je les soutiens.
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Émeline Aupy, chargée d’études botaniques au sein du Pôle Études Naturalistes aux Écologistes de l’Euzière
Émeline Aupy, chargée d’études botaniques au sein du Pôle Études Naturalistes aux Écologistes de l’Euzière
Peux-tu nous préciser en quelques lignes, ton origine géographique et ton parcours ?
Je viens de Charente-Maritime, plus précisément de Pons où j’ai passé un bac scientifique. Puis, délaissant la Faculté de Sciences de Poitiers, j’ai opté pour un BTS Gestion et Protection de la Nature à Nantes, au cours duquel j’ai effectué un stage au CEN d’Aquitaine pour l’étude des pelouses à brome des coteaux calcaires Dordogne et Gironde. Mon parcours s’est poursuivi avec une licence professionnelle à Anglet en Pays Basque, ce qui m’a permis de faire un stage en Andalousie de 5 mois sur la thématique flore et un travail autour du poirier sauvage, en centre de recherche au parc national de Doñana. Ensuite j’ai passé un master professionnel avec un stage à la Tour du Valat en Camargue pour l’étude des prés salés. Pour terminer j’ai suivi un botaniste indépendant avec un stage volontaire dans les Gorges du Toulourenc et de la vallée de l’Ouvèze. J’ai cherché longtemps ma voie car l’étude des paysages et l’architecture m’attiraient aussi beaucoup.
Ton arrivée aux EE date déjà de février 2012, pourquoi ce choix des EE ?
Diplômée de mon Master en septembre 2011 avec un dernier stage au CEN de Montpellier où résidait mon compagnon, je me suis spécialisée en flore méditerranéenne. À ce moment-là une offre d’emploi s’est présentée au sein des EE et le monde associatif m’a paru plus intéressant qu’un bureau d’études où j’avais aussi des opportunités. Ce fut une belle surprise !
Des missions spécifiques au sein des milieux méditerranéens
Très tôt, tu as été, semble-t-il, intéressée par les espaces naturels et les zones humides, pourquoi ces milieux ?
Les stages ont eu lieu sur le pourtour méditerranéen et m’ont amenée à me spécialiser sur la flore méditerranéenne. La garrigue m’intéresse, comme les zones humides en région méditerranéenne, sujet de mon stage long de fin d’études avec la mise en place de l’Observatoire des Zones Humides du Bassin Rhône Méditerranée.
Aux EE en quoi consistent tes activités au sein du Pôle d’Études Naturalistes ?
Je fais des expertises de tout type et des plans de gestion mais surtout de la cartographie des grands espaces Natura 2000 (notamment le causse d’Aumelas, la basse vallée de l’Aude, les étangs narbonnais et les gorges du Gardon), des études d’impact et l’analyse des dérogations, et certaines expertises réglementaires.
Peux-tu nous parler du devenir de ces études, sont-elles alarmantes, sont-elles prises en compte dans les projets et les politiques des collectivités locales ?
Le Maître d’Ouvrage donne une zone de projet, à la suite une zone d’études est définie, et nous intervenons à plusieurs sur le site ainsi délimité. Après état des lieux, nous évaluons, en fonction du projet et d’après les documents disponibles, les impacts sur la faune et la flore et proposons des mesures d’évitement. Pour les impacts résiduels, les services de l’État nous demandent d’élaborer un dossier de dérogation pour les espèces protégées. Plusieurs variantes de mesures spécifiques sont soumises à validation par les services de l’État. Mais les projets peuvent durer plusieurs années en raison des impacts à éviter ou à compenser, et peuvent, parfois, conduire à modifier ou à annuler le projet, sur décision du Préfet. Toutefois, la destruction de milieu n’est pas toujours évitable et il faut reconstruire les habitats pour les espèces, mais nous avons peu de retour sur ces dernières mesures de génie écologique.
Une organisation rigoureuse au service des EE
Disposes-tu d’une autonomie dans ton travail, comment s’effectue la répartition des missions entre les membres du pôle, comment peux-tu qualifier les relations avec tes collègues au sein de l’équipe ?
Nous sommes très rapidement autonomes sur les projets aux EE, ce qui est agréable, car nous faisons toutes les étapes et sommes au courant de l’intégralité du projet.
Chaque projet a un chef de projet qui coordonne l’ensemble, et un chef de projet adjoint. Nous travaillons souvent en équipe de trois ce qui permet de disposer des compétences spécifiques nécessaires pour les études réglementaires.
Quel retour des 7 années passées au sein des EE : as-tu rencontré des difficultés, es-tu satisfaite ?
Cette grande autonomie dont nous disposons sur le terrain s’accompagne parfois d’une solitude qui peut être pesante. La mission concernant la cartographie des Gorges du Gardon m’a amenée à habiter Remoulins pendant toute la durée de l’étude. Je me suis retrouvée assez isolée pendant 2 mois. Éprouvant ! Par ailleurs, le temps passé devant un ordinateur (jusqu’à 80% de mon temps pour certains projets) se fait au détriment du contact avec la nature dont j’ai besoin. Stimuler ma créativité, ou faire des travaux plus pratiques me manquent particulièrement, d’autant que la recherche d’une grande efficacité de manière permanente ne m’en laisse pas le loisir.
Quel serait le message que tu voudrais transmettre ?
La formation et la transmission de savoirs m’intéressent fortement. J’ai progressé en formation et dans l’échange avec les autres : les gens remercient et apprécient, mon travail est reconnu et devient gratifiant. Ce qui est rare lors d’études naturalistes tant de la part du Maître d’Ouvrage que des Services de l’État ! Travailler avec une stagiaire comme cette année a été génial. J’ai pris du temps pour la former, mais nous avons bien échangé et j’ai pu prendre un peu de recul. Ainsi, je m’interroge sur la manière dont on pourrait faire évoluer les études : par exemple, réorienter les mesures proposées actuellement (aménagement, jardins…) pour aller vers de la renaturation de friches industrielles, de terrains abandonnés et bétonnés, en fait, laisser la nature reprendre ses droits sur ces milieux très dégradés.
Et de beaux projets personnels en perspective !
Comment te projettes-tu dans un proche avenir ?
Après 8 ans aux EE (à la fin de l’année) qui a été mon premier emploi, je vais faire une pause d’une année sabbatique pour réfléchir et approfondir mon orientation future. Je pars rejoindre mon compagnon dans les Caraïbes, puis faire un voyage en Amérique latine et la recherche d’éco-lieux. Il est fort probable que cette aventure fasse l’objet d’une publication dont les contours ne sont pas encore définis. Nous sommes, avec mon compagnon, également passionnés de parapente, et nous souhaiterions professionnaliser nos connaissances par un monitorat.
Quels beaux projets ! Il ne nous reste qu’à te souhaiter bon voyage…
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Enigme - EChOS#2
Enigme - EChOS#2
Jacques Exertier, membre du CA depuis 2017. Cousin éloigné du sténobothre bourdonneur et du barbitiste du côté de mon père, de l'anarrhine et du cochlostome du côté de ma mère.
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Enigme - EChOS#3
Enigme - EChOS#3
Solution de l’énigme du numéro précédent : « Des genêts sur l’herbe »
Jacques Exertier, membre du CA depuis
2017. Cousin éloigné du sténobothre bourdonneur et du barbitiste du côté
de mon père, de l'anarrhine et du cochlostome du côté de ma mère.
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Enigme EChOS#4
Enigme EChOS#4
Parmi les écolos, qui se cache dans cette photo ?
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Enigme EChOS#5
Enigme EChOS#5
La moralité de cette anecdote “pas tout à fait historique” est également phonétiquement le nom scientifique d’un arbuste de nos garrigues dont on a parlé dans le numéro précédent. Quel est ce nom scientifique ?
Solution de l’énigme du numéro précédent :
Parmi les écolos, qui se cache dans cette photo ?
Réponse : Kellie (moitié de Chélidoine)
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Envol d'automne
Envol d'automne
Line Hermet, Les plantes, les fleurs, m'ont toujours émerveillée. Aujourd'hui, fidèle membre des Brins de Bota, je peux m'adonner à ce qui est devenu une passion et avec eux continuer à m'émerveiller devant les plantes et leurs secrets. Au passage, un grand merci aux Écolos pour leur contribution à la connaissance et la défense de la nature.
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ERC au quotidien ?
ERC au quotidien ?
Dans les grands registres de notre vie de tous les jours, est-ce que cette « grille » ERC, pourrait nous aider à faire de bons choix dans nos actes de la vie quotidienne ?
Quelques mises en situation à titre d'exemples :
Je dois me déplacer pour aller voir ma cousine à Strasbourg
1. Est-ce que je peux éviter d'y aller ? Dans ce cas un coup de téléphone ou un échange en visioconférence peut-il suffire ?
2. Il faut que j'y aille. Dans ce cas, le choix de la réduction est large : je peux éviter l'avion (un gouffre énergétique), la voiture (surtout si je suis seul dedans), la chaise à porteur (catastrophique sur le plan social), la péniche (un peu long...) et choisir le train.
3. Par contre, compenser n'est pas simple, il y a bien des associations qui vont vous proposer de verser votre obole pour replanter des arbres « puits de Carbone » mais est-ce vraiment une bonne option ? Comme en matière d'aménagement, la compensation est la dernière solution qu'on voudrait éviter...
J'ai besoin d'un nouvel aspirateur
1. éviter : je le fais réparer. Il existe de plus en plus de centres de réparation ou des « repair cafés » et mon aspirateur trouvera une seconde vie ; ou passer le balai, moins efficace dans les coins, mais bien plus économe en matériaux investis et en énergie.
2. réduire : j'en achète un d'occasion ou je le mutualise avec mon voisin, qui comme moi ne s'en sert pas plus d'une fois par semaine.
3. compenser : là encore, la compensation n'est pas évidente...
J'ai envie de manger des crevettes
1. éviter : Savez-vous comment sont nourries les crevettes, surtout quand elles viennent d'élevages situés à l'autre bout du monde, bourrées de farines animales ? Non, laissez tomber ! Un meilleur choix serait de reporter votre recherche de protéines animales vers des vers de farines, nourris localement de farines de céréales bio qui sont bien moins consommatrices de CO2 et d'intrants et qui comportent moins de risques sanitaires.
2. réduire : si vous ne pouvez pas vous retenir, essayez des crevettes européennes, issues de pêche côtière, bien plus petites et sans doute meilleures.
3. compenser : aïe, là encore, il va falloir faire preuve d'imagination...
Je veux prendre un bain
1. éviter : je laisse le soin à votre entourage de juger, mais il faut être conscient qu'on est soumis à une forte pression concernant l'hygiène corporelle et que l'hygiénisme du 19e siècle a été relayé par des normes sociales, largement prescrites par le lobby des parfumeurs et des savonniers...
2. réduire : la douche permet de réduire ma consommation d’eau (si la durée est raisonnable...)
3. compenser : alors là, c'est facile :vous récupérez l'eau dans votre bac de douche (20 litres au moins pour ce qui me concerne) et vous l’utilisez dans vos toilettes ou pour arroser vos pots de fleurs ou votre jardin.
Au vu de ces exemples, j'ai bien compris que nos choix individuels ne peuvent être assimilés à des actions d’aménagements ou à des choix de politiques environnementales et donc que cette tentative d'élargir la séquence ERC à notre quotidien a effectivement ses limites. En remuant mes souvenirs, je me suis souvenu de la règle des 3R proposée lors du Jour de la Terre dans les années 70 (Réduire, Réutiliser, Recycler). Elle a évolué, dans les années 2000, en celle des 5 R (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, composter (Rot en anglais)). Comme les démarches autour de l'économie circulaire, elle interroge plus largement nos pratiques de vie quotidienne et de consommation, en prenant en compte les cycles de vie des biens et des services dans leur ensemble : processus de production, d'usage et de fin de vie du produit, émissions de CO2, approche sociale, impact sur l'environnement et la biodiversité...
Donc il me reste encore pas mal de boulot pour faire ma part de colibri, et essayer de faire preuve d'imagination, pour aller plus loin dans la recherche de cohérence entre ma vie quotidienne et la nature.
Pour aller plus loin :
Une vidéo de “Partager c’est sympa”, didactique et drôle à la fois, pour orienter nos choix de consommation, en particulier au moment des soldes
Jean Burger, J’ai fait partie de
l’équipe des écolos des premières années, en tant qu’étudiant bénévole
puis comme salarié. Depuis le virus de faire connaître et partager la
nature avec les autres ne m’a plus quitté. Quand les sorties sur le
terrain m’en laissent le temps, je suis aussi coprésident de cette belle
association
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Éviter Réduire Compenser (ERC)
Éviter Réduire Compenser (ERC)
Pour préserver les milieux naturels, les plans et projets d’aménagement doivent suivre trois étapes d’élaboration : l'évitement des impacts en amont du projet, la réduction des impacts durant le projet, la compensation des impacts résiduels qui n’ont pu être évités : cette démarche s’appelle la séquence ERC.
En 2016, les salariés des EE s’interrogent sur l’éthique de leur accompagnement vis-à-vis des aménageurs, dans la définition et la mise en œuvre de mesures compensatoires. En 3 ans, qu’est-ce qui a changé ?
Interview de Marion Bottollier-Curtet
Depuis combien d’années les EE sont-ils impliqués dans la séquence ERC et que faites-vous exactement ?
Les EE sont impliqués dans la séquence ERC 1 depuis que l’association réalise des études réglementaires, c’est-à-dire depuis environ 30 ans. Mais le premier dossier CNPN 2 a été réalisé en 2007, il s’agissait du dossier lié au réaménagement du lido de Sète. C’était l’un des premiers réalisés en région.
Depuis les tous premiers dossiers CNPN réalisés par l’association, nous mettons en œuvre des mesures compensatoires.
Les EE n’interviennent que sur le « volet naturel » des études réglementaires, c’est-à-dire les habitats naturels, la flore et la faune. En interne, nous ne disposons pas des compétences sur les poissons et autres espèces strictement aquatiques, en dehors des larves d’odonates et des macrophytes. Nous n’intervenons pas non plus sur les autres aspects des dossiers environnementaux, comme le bruit, l’air.
Est-ce qu’on peut vous qualifier d’opérateur de compensation 3 ?
L'association met en œuvre des mesures compensatoires mais ne se porte pas acquéreur de foncier, ce qui constitue notre limite.
Quelles évolutions as-tu constatées dans la compréhension de la séquence ERC par des maîtres d’ouvrage ?
Plusieurs phases se sont enchaînées, la première, depuis le Grenelle de l’environnement est la sensibilisation des maîtres d’ouvrage à l’évaluation environnementale et à l’intégration systématique de la séquence ERC dans les dossiers. Cette période a également marqué une rigueur plus importante sur les obligations de compensation formulées par les services de l’État.
Les maîtres d’ouvrage ont dû s’adapter, argumenter davantage leurs dossiers. Parfois, cela s’est fait avec un peu de difficultés et d’incompréhension : pourquoi un dossier qui était recevable auparavant ne l’est plus à présent ? Quelle part de subjectivité dans la rédaction des dossiers d’une structure à l’autre ? Et l’analyse des dossiers de la part des services de l’État ? On nous a parfois suspectés d’être « à la solde » des services de l’État. La réalité était que chacun cherchait sa place et la meilleure manière de travailler ensemble. Par chance, les services de l’État dans la région Languedoc-Roussillon se sont beaucoup investis dans le cadrage des études, en fournissant des outils méthodologiques qui ont permis d’uniformiser certains aspects des dossiers (exemple de la hiérarchisation des espèces). Ils se sont également rendus disponibles pour rencontrer les porteurs de projet.
Suite à la Loi Biodiversité de 2016 et à la codification de la séquence ERC un nouveau durcissement s’est opéré. Plus qu’un durcissement, il s’agit en fait d’une généralisation de la rigueur avec laquelle doivent être pris en compte les aspects écologiques et la biodiversité. D’autant que depuis les années 2013-2014, deux constats avaient été faits :
● les dossiers de compensations avaient tendance à se généraliser, en négligeant les étapes d’évitement et de réduction des impacts, voir en confondant les trois types de mesure et sans avoir de réels retours sur l’efficacité des premières mesures de compensation mises en œuvre,
● les mesures compensatoires étaient plus difficiles à mettre en œuvre, notamment en raison de la pression foncière très élevée en région.
Les porteurs de projet ont alors vraiment pris conscience que les volets naturels des études réglementaires ne pouvaient plus se faire en dilettante : certains ont formé leurs équipes en interne, voire ont embauché des écologues, souvent généralistes, afin d’avoir des interlocuteurs qualifiés pour monter les dossiers réglementaires avec les associations et les bureaux d’étude naturalistes.
La législation concernant l’environnement et surtout son application est en constante évolution. À l’heure actuelle, plusieurs sujets préoccupent les différents intervenants :
● élargissement des possibilités de demandes d’évaluation au « cas par cas », dans laquelle le porteur de projet peut soumettre un premier dossier associé à un pré-diagnostic écologique, plus léger qu’une étude complète, afin que les services de l’État statuent sur la nécessité ou non de fournir un dossier complet ;
● apparition de la compensation agricole et de la compensation forestière, qui peuvent être mutualisées avec la compensation espèces protégées lorsque le contexte s’y prête ;
● nécessité d’améliorer l’analyse des impacts cumulés ;
● importance de la séquence ERC dans les documents de planification (PLU ; PLUi, SCOT...).
Quelles sont les difficultés de la mise en œuvre ERC ?
Pour l’évitement, la garantie de la réussite est d’intervenir assez tôt en amont pour envisager plusieurs scénarios, dans un dialogue avec le maître d’ouvrage et les administrations. Ce n’a pas été toujours le cas mais cela s’améliore. En ce qui concerne la réduction, la difficulté est de se projeter dans la phase chantier avant sa mise en œuvre. La présence d’un écologue pendant la phase de chantier s’avérera essentielle par la suite. Enfin, pour la compensation, les mesures doivent être cohérentes.
Quelles sont les limites ?
Le passage de la théorie à la pratique pour certains concepts comme le gain de biodiversité ou l’absence de perte nette, le ratio de compensation, l’équivalence écologique. Là-dessus, les méthodologies ne sont pas calées entre bureaux d’études. Le temps imparti pour faire du terrain ne permet pas d’inventaire exhaustif de la faune et la flore, ni une connaissance fine des fonctionnalités écologiques. Du coup, on identifie les habitats naturels susceptibles d’abriter telle ou telle espèce et leurs potentialités plutôt que d’estimer des populations et de se lancer dans des calculs de pertes et de gains de biodiversité. On sait calculer ou estimer des impacts mais de manière un peu artificielle.
Quels sont les points positifs ?
Les services de l’État et notamment la DREAL Occitanie sont très présents sur l’articulation entre la théorie et la pratique et sur l’homogénéisation des études. La DREAL a ainsi créé, en partenariat avec la Région, une communauté pour constituer une culture et des outils communs entre des acteurs aussi divers que les bureaux d’études, les maîtres d’ouvrage et les services de l’État. La formation des agents de chantier est également une avancée.
Et les résultats sur la biodiversité après des mesures de compensations sont-ils visibles ?
Pour le moment, les retours d’expérience sont très courts pour pouvoir émettre de véritables conclusions. Certaines observations sont positives : on voit revenir du Lézard ocellé sur des garrigues ré-ouvertes. Cependant, plusieurs questions se posent : est-ce que les mesures parviennent réellement à aboutir à un maintien des populations voire à leurs augmentations ? Jusqu’où va pouvoir aller cette course à la compensation ?
Et à l’avenir, l’idée vous a-t-elle effleurés d’obtenir un agrément pour revendre des unités de compensation en achetant et revendant des terrains ? Avez-vous eu des discussions ?
Nous avons eu des discussions, au sein de l’équipe salariée uniquement, sur la possibilité d’investir dans les sites naturels de compensation 4. Nous estimons que les retours concernant les expérimentations ne sont pas assez concluants. La mise en place du dispositif coûte cher, les unités de compensation sont vendues parfois avant que le résultat n’ait pu être mesuré sur une durée assez longue (voire mesuré tout court).
Certains sites nécessitent des élargissements de leur possibilités de vente (par exemple vente d’unité de compensation pour une espèce qui n’était pas initialement intégrée ou prévue pour être compensée sur ce site). Ce système n’est pas un passage obligé pour faire de la compensation. Nous privilégions la mise en œuvre de la compensation en direct avec le maître d’ouvrage, ce qui a une vertu pédagogique. Cela permet de faire prendre conscience du temps et des étapes nécessaires pour concevoir un tel projet. En outre, cela met en évidence la dynamique des milieux et des espèces qui évoluent, sous l’influence de multiples facteurs. Une espèce observée une année pourra ne pas l’être pendant plusieurs années ensuite. Cela ne signifie pas pour autant que la compensation est efficace ou ne l’est pas …. ou que cette espèce soit encore présente ou pas.
Dernière minute
La dernière étape de la séquence ERC - la compensation- fait couler beaucoup d’encre et suscite de nombreux débats, notamment autour de l’idée que la compensation serait un droit à détruire la nature. Il faut sans doute laisser du temps au temps, mais la dernière étude publiée par le Muséum National d’Histoire Naturelle5 dans Biology Conservation en septembre 2019 tombe comme un couperet : “la compensation ça ne marche pas”, d’après l’étude de 24 projets d’infrastructure passé au crible ! Les gains de biodiversité sont largement inférieurs aux pertes. D’un point de vue quantitatif, pas assez de surfaces compensées face à l’artificialisation des sols et d’un point de vue qualitatif les secteurs de compensations sont trop morcelés, ne se focalisent que sur certaines espèces emblématiques et au final “consomment” des espaces naturels au lieu de réhabiliter des sols agricoles épuisés ou des friches industrielles ou urbaines. Nous vous en reparlerons dans un prochain numéro.
1 - La principe ERC a été introduit en 1976 et a évolué récemment avec la loi Biodiversité de 2016. Il vise à ce que les plans et projets d’aménagements n'engendrent aucune perte nette de biodiversité.
2 - Dossier CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature) : demande de dérogation pour destruction d’individus et/ou d’habitats
3 - Un opérateur de compensation est un acteur foncier qui achète des terrains destinés à porter des mesures compensatoires pour le compte d’un maître d’ouvrage Ce système est appelé “compensation par l’offre”.
4 - Un site naturel de compensation est une opération de restauration ou de développement d’éléments de biodiversité agréée par l’État, anticipant les besoins de compensation sur un territoire dans le cadre de projets,plans et programmes. Un site naturel de compensation correspond à une compensation dite «par l’offre». Commissariat général au développement durable.
Hélène Dubaele, je côtoie les EE depuis de nombreuses années dans un cadre professionnel. En 2018 j'ai passé le cap en rejoignant le CA.
J'espère que mon agenda me permettra de contribuer à ses nombreuses activités et devenir un membre actif !
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Groupe Faune : Des fourmis couturières...
Groupe Faune : Des fourmis couturières...
Nous avons ainsi découvert qu'il existe des fourmis bonbonnes, à l'abdomen gonflé de nectar, et qui sont consommées comme des friandises en Australie, des fourmis magnans, ou mangeuses d'hommes, qui se déplacent en colonnes de 20cm de large puis s'installent en bivouac et patrouillent à la recherche de proies vivantes, des fourmis esclavagistes, guerrières qui volent des cocons dans les fourmilières d'autres espèces pour utiliser les ouvrières comme domestiques, des fourmis de feu, aux piqûres très douloureuses, qui sont capables d'échapper aux inondations en se rassemblant en radeaux...
D'autres espèces font dans la construction, telles les fourmis des bois qui accumulent des dômes d'aiguilles de pins, ou les fourmis champignonnistes qui broient feuilles et fleurs pour en faire des meules de culture de champignons. Encore plus spectaculaire, les fourmis tisserandes. Présentes en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Australie, ces colonies se regroupent en grappes pour connecter deux feuilles. En quittant peu à peu la grappe, elles rapprochent les feuilles bord à bord ; à la fin, il ne reste plus qu'une rangée de fourmis-agrafes qui maintiennent les deux feuilles accrochées. Commence alors l'opération couture... pas avec n'importe quel fil, avec de la soie ! Ce sont les larves qui fournissent le matériau : elles produisent en effet de la soie qui, chez les espèces non-tisserandes, leur sert à fabriquer un cocon. Ici, l'ouvrière tisserande attrape une larve prête à tisser et applique sa tête sur une feuille, puis sur l'autre et ainsi de suite, déroulant ainsi le fil de soie qui durcit en séchant. La nymphe se retrouve donc nue ! Une fois que le fil est sec et rigide, les fourmis-agrafes quittent leur poste ; le nid est prêt !
Sabri et Sylvie
Dessin : William Augel
Sabri Hurtrez, 12 ans, est le junior du groupe faune dont il est un des membres fidèles depuis le début. Sylvie, sa maman, est coprésidente des Écolos et enseignant-chercheur en biologie-écologie. Les deux passent beaucoup de temps dehors, notamment dans leur jardin, à regarder les plantes pousser et à observer les animaux, sauvages et domestiques.
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Groupe Faune : Des mondes perdus, retrouvés par Pierre-Olivier Antoine *
Groupe Faune : Des mondes perdus, retrouvés par Pierre-Olivier Antoine *
Au milieu de la garrigue, le travail du paléontologue paraîtrait presque facile, mais imaginez la même chose sur des terrains escarpés, en plein cœur de la forêt amazonienne, dans des conditions plus que difficiles. Pourtant, rien n'arrête la détermination des chercheurs et c'est grâce à l'étude de sites fossilifères, notamment au Pérou, que la naissance de l'Amazone et l'histoire de sa région sont élucidées. Ainsi, entre 70 et 50 millions d'années, encadrée par deux sillons marins, l'Amazonie était une gigantesque île (telle l'Australie actuellement). C'est dans ce contexte que la vie s'y est considérablement diversifiée faisant de cet endroit, déjà il y a 40 millions d'années, un véritable point chaud de biodiversité. D'étranges crocodiles terrestres et de petits marsupiaux y côtoyaient les plus vieux crabes d’eau douce connus, au milieu d'une végétation diversifiée.
Vers 15 millions d'années, le paysage change radicalement : un gigantesque golfe, qui s'étend sur 4000 km, accueille un archipel au milieu du continent, dans la “Mer Pebas”. Au fil du temps, entrées d'eau douce et d'eaux salées se succèdent, permettant la colonisation de la région par des groupes marins tels les dauphins, raies ou encore anchois. Un des emblèmes de la région à l'époque est un crocodile mangeur de mollusques, caractérisé par ses dents arrondies et son museau en bec de canard qui lui permettait de fouiller la vase. Cet environnement disparaît vers 10 millions d'années, avec le soulèvement des Andes et la naissance du fleuve Amazone. Fin de l'histoire ancienne il y a 3,5 millions d'années, avec l'émergence de Panama : Amérique du Nord et du Sud ne sont plus isolées et c'est la grande transhumance. Des faunes du Nord passent au Sud et vice-versa ; c'est à ce moment-là qu'arrivent des groupes actuellement emblématiques de l'Amérique du Sud, tels les pumas ou les tapirs.
Compliqué nous direz-vous ? Oui, mais pour les paléontologues, ça ressemble à du gâteau à côté de l'os que représente la Guyane toute proche ! Mission quasi-impossible pour y trouver des fossiles car l'essentiel du territoire est couvert par des terrains très anciens, de près de 1,5 milliards d'années, cuits et recuits par leurs aventures géologiques. Seule la frange littorale contient des terrains sédimentaires, très jeunes, eux, puisqu'ils ont au maximum quelques dizaines de milliers d'années. Pour couronner le tout, les roches y sont très acides et l'altération très importante, de sorte que la conservation des fossiles est plus que mauvaise. Une vieille fake news paléontologique, une dent de mammouth de Colomb, prétendument issue de Guyane mais qui viendrait en fait du Costa-Rica, il n'en faut pas plus aux esprits chagrins pour penser qu'il est impossible de trouver des fossiles en Guyane ! Mais « impossible » ne fait pas partie du vocabulaire des paléontologues, qui font feu de tout bois et pour qui un simple chantier peut se transformer en véritable mine d'informations. Alors quand le chantier est titanesque, c'est une occasion en or. C'est ainsi que les travaux pour la base de lancement de la fusée Ariane 6 ont récemment mis à jour les fossiles tant espérés : coquilles d'huîtres, d'escargots marins, dents de raies et de requins, restes de poissons osseux, et dans les couches juste au-dessus des palétuviers ! Autant de témoins d'un environnement côtier, en eaux calmes et peu profondes et de variations du niveau marin au cours des quelques centaines de derniers milliers d'années. Encore en cours d'étude, ces précieux échantillons n'ont pas encore livré tous leurs secrets : l'analyse de leur composition permettra bientôt de connaître leur âge et des études plus détaillées pourront même aider à mieux connaître l'écologie de ces organismes disparus.
Nous attendons donc avec impatience que Pierre-Olivier revienne pour nous raconter la suite de l'histoire !
* Pierre-Olivier Antoine est professeur à l’Université de Montpellier. Merci pour sa brillante conférence et la sortie passionnante, ainsi que pour la relecture de cet article.
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Sabri Hurtrez, 12 ans, est le junior du groupe faune dont il est un des membres fidèles depuis le début. Sylvie, sa maman, est coprésidente des Écolos et enseignant-chercheur en biologie-écologie. Les deux passent beaucoup de temps dehors, notamment dans leur jardin, à regarder les plantes pousser et à observer les animaux, sauvages et domestiques.
Histoire d'Espèces : Fleurs et bourdons, une longue histoire d'amour et de dépendance réciproque
Histoire d'Espèces : Fleurs et bourdons, une longue histoire d'amour et de dépendance réciproque
Fleurs et bourdons : une longue histoire d’amour et de dépendance réciproque
La lente éclosion des fleurs
Les plantes à fleurs (les Angiospermes, dont les ovules puis les graines sont protégés dans un réceptacle) sont apparues sur la Terre après les Bryophytes (hépatiques, mousses et sphaignes), les Ptéridophytes (fougères) et les premières plantes à graines nues ou Gymnospermes. Les Gymnospermes (essentiellement représentées actuellement par les conifères) datent de 300 millions d’années. À la différence des Angiospermes, leurs ovules sont portés par des cônes femelles où le pollen produit par les fleurs mâles - formant de petits cônes constitués uniquement d'étamines portant à leur face inférieure deux sacs polliniques - transporté par le vent vient les féconder et permettre la formation des graines qui assureront ainsi la pérennité de l’espèce.
Avec la découverte de six types différents de grains de pollen fossiles d’Angiospermes dans des roches calcaires en Suisse datant de 247 à 245 millions d'années 1 l’origine des fleurs des Angiospermes telles que nous les connaissons actuellement (avec sur un même réceptacle des sépales et des pétales, une partie femelle comprenant ovaires, styles et stigmates et une partie mâle : les étamines, constituées d’un filet supportant l’anthère où se trouve le pollen) serait ainsi bien plus ancienne que ce que l’on considérait jusqu’alors suite à la découverte attestée en Chine de Nanjinganthus ; une Angiosperme fossile dont tous les organes floraux ont été retrouvés et qui datait de plus de 174 millions d’années 2.
Ces âges anciens de l’ère secondaire (respectivement des Trias et Jurassique moyens), contemporains des grandes périodes de submersion marine et de dépôt des sédiments calcaires et dolomitiques dans notre région, sont ainsi très antérieurs à l’apparition des premiers insectes pollinisateurs datant de 110 millions d'années (Crétacé inférieur). L’existence de ces précurseurs de la pollinisation est attestée par la découverte dans des dépôts d'ambre du Pays Basque en Espagne d’insectes (des thrips) dont le corps était couvert de grains de pollen qui très probablement constituaient la base de leur alimentation. Néanmoins et donc contredisant, au moins pour cette période ancienne, l’hypothèse classiquement admise d’une simultanéité entre l’apparition des fleurs et des insectes pollinisateurs cet âge très ancien des pollens trouvés en Suisse est conforté par une preuve indirecte, fruit d’une étude française publiée en 2017 (Université de Clermont-Ferrand et l’INRAE) 3. Après avoir séquencé l’ADN de 37 plantes actuelles comprenant des monocotylédones (les céréales) et des dicotylédones (légumineuses, crucifères, arbres fruitiers) ils ont estimé à 214 millions d’années la date d’apparition de l’ancêtre commun de toutes les plantes à fleurs dont les calcaires suisses ont peut-être conservé la trace de leur pollen. Aujourd’hui, les Angiospermes terrestres représentées par 350 000 espèces (soit près de 90 % du nombre total des espèces de plantes terrestres actuelles) sont présentes et souvent dominantes dans toutes les formations végétales et à tous les étages et strates de la végétation. Toutefois aux altitudes et latitudes les plus élevées en raison du gel qui règne la majeure partie de l’année, elles y sont plus rares et les conifères et les lichens sont restés dominants.
Les innovations des Angiospermes qui ont permis le développement de ces fleurs hermaphrodites (à la fois mâle et femelle) et de leurs graines enfermées et protégées dans un fruit, ont donc connu, au fil du temps, un succès considérable qui a été accompagné par l’apparition d’insectes pollinisateurs spécialisés assurant le transport du pollen jusqu’aux ovaires. Pour la plante le recours à ce messager ailé butinant de fleur en fleur a rendu la reproduction nettement moins aléatoire que le transport du pollen par le vent. Ce gain d’efficacité a permis de limiter la production de pollen ; une énergie qui a été alors mobilisée pour développer des stratégies permettant d’attirer et de fidéliser les insectes indispensables à leur reproduction. Mais plus les plantes à butiner sont nombreuses sur un même secteur, plus elles entrent en concurrence. Aussi pour perdurer, elles ont dû se transformer afin de se démarquer de leurs voisines, en jouant la carte de la séduction. Formes, couleurs, odeurs, sécrétion de nectar, dégagement de chaleur, charges électriques sont autant d’artifices et de stimulus qui orientent le choix du pollinisateur et qui ont constitué un extraordinaire moteur d’évolution et de différenciation.
Historiquement les relations entre les abeilles et les fleurs ont focalisé l’attention des chercheurs. Une antériorité logique quand on considère la place que ces insectes organisés en société occupent dans notre histoire et nos cultures. Des peintures rupestres d’une grotte (la « cueva de la Araña » la grotte de l’araignée) dans la province de Valence en Espagne témoignent en effet que le miel était recueilli il y a 4 000 à 7 000 ans et un bas-relief d’un temple (le temple solaire d'Abou Ghorab) en Égypte, datant de presque 4 500 ans, atteste de la « domestication » des abeilles et du passage d’une pratique de cueillette du miel à l’apiculture. Ces recherches portant sur les perceptions sensorielles et les modalités de communication des abeilles ont connu, en 1973, une très grande notoriété avec l’attribution à Karl von Frisch du prix Nobel de physiologie pour, en particulier, ses découvertes sur la description du langage auquel les butineuses recourent pour transmettre à leurs consœurs, en dansant, la localisation précise (la danse frétillante) et la nature (la danse en rond) des fleurs matures à récolter.
Cependant ces dernières années les liens unissant les bourdons terrestres (Bombus terrestris) aux fleurs ont fait l’objet de travaux originaux tout aussi étonnants que ceux consacrés aux abeilles domestiques.
Des bourdons dupés qui nous ont permis de voir avec leurs sens et de comprendre comment ils apprennent et mémorisent.
L’existence de plantes aux morphologies, couleurs et parfums proches dont l’une produit du nectar et l’autre non (plante mimétique) - et qui très souvent se doivent de coexister a permis de hiérarchiser les divers stimulus mis en œuvre par les fleurs pour attirer et fidéliser leurs pollinisateurs. L’exemple de couple, commun dans notre région et le plus étudié, est celui d’une campanule (Campanula persicifolia) copiée par une orchidée (Cephalanthera rubra) qui fait l’économie de produire du nectar 4. En misant sur ce mimétisme les céphalantères dupent ainsi les pollinisateurs naïfs. Si la couleur visible pour nous de ces deux fleurs est différente (respectivement bleu violet vs rose) leur lumière réfléchie est similaire et probablement telle que perçue par les insectes. Pour eux la céphalanthère et la campanule ont les mêmes couleurs et elles seront donc visitées indifféremment par les insectes qui ne distinguent pas une différence pourtant évidente pour nous. En conséquence, le succès reproducteur de l’orchidée dans les habitats où elle coexiste avec la campanule augmente avec un nombre de fruits dans ces zones six fois supérieurs aux régions où les orchidées existent sans les campanules.
Cette stratégie de duperie pour bénéficier des avantages attractifs de la production de nectar sans le produire a été mise à profit en réalisant des fleurs artificielles de même morphologie, soit de même couleur (vert, violet ou orange tels que perçus par notre vison) ou de même parfum (huile de rose ou huile de girofle) soit de mêmes couleurs et parfum avec pour chaque combinaison deux modalités un lot récompensait (goutte d’une solution sucrée) et l’autre dupait (goutte d’eau) les bourdons 5. Il a été ainsi possible de démontrer que la discrimination des fleurs par les bourdons dépendait en premier de leur parfum et que la combinaison d’un parfum associé à une couleur permettait une meilleure mémorisation et réactivation de cette mémoire. Cet apprentissage permet aux bourdons de faire la distinction entre les fleurs récompensant (solution sucrée simulant le nectar) et les fleurs mimétiques sans bénéfice nutritionnel pour eux.
Des bourdons aux « pieds-balises »
Si pour les bourdons l’odorat oriente la vision ce même sens a été mis à profit pour leur permettre de communiquer entre eux et d’informer les membres de leur ruche des fleurs les plus prometteuses. En effet, il a été démontré que les bourdons sont dotés à l’extrémité de leurs pattes de glandes productrices d’odeurs. Ils laissent ainsi des traces sur les fleurs qu'ils piétinent pour les butiner et plus elles sont visitées, plus elles seront attractives 6. Ils sont en outre capable de distinguer les effluves de leurs colocataires de celles d'un « étranger » et ils peuvent faire la différence entre leur odeur et celle des membres de leur famille. Cependant au fil du temps le stock de nectar s’épuisera et la fleur fanera. De ce fait, elle sera moins visitée et pour des périodes de plus en plus courtes et son balisage s’estompera au bénéfice de nouvelles fleurs plus récemment écloses.
Les bourdons, des horticulteurs avisés
Ils existent nécessairement des périodes où la demande des bourdons sera plus importante que l’offre de fleurs disponibles d’intérêt pour eux. Une étude récente de 2020 a décrit un comportement tout à fait surprenant. Des bourdons confrontés à une raréfaction de leurs ressources utilisent alors leurs pièces buccales pour réaliser des trous dans les feuilles des espèces dont ils apprécient plus particulièrement le nectar et le pollen. Étonnamment ces bourdons qui semblent se nourrir activement de feuilles ne transportent pas ce matériel foliaire vers leur ruche. L’hypothèse a alors été envisagée que les dommages qu’ils infligeaient ainsi aux plantes pouvaient influencer leur production de fleurs ultérieures 7. Cependant si des stress sont connus pour modifier la période de floraison (une technique adoptée par les horticulteurs pour synchroniser la disponibilité des fleurs en fonction des attentes des consommateurs), les stress appliqués n’étaient que de nature abiotique (choc de températures, manipulation des photopériodes …). Des observations et expérimentations ont permis néanmoins de confirmer cette étonnante hypothèse de floraison forcée par les bourdons. En effet, on constate que :
les plantes les plus proches d’une ruche à bourdons produisent plus de fleurs
les dommages sont moins fréquents quand le nombre de fleurs épanouies est plus important
en référence à des plantes témoins indemnes de stress foliaire la floraison est plus précoce (– 30 jours) après les dommages qu’exercent les bourdons que suite à des blessures pratiquées manuellement (– 20 jours) en recourant à des pinces métalliques et un rasoir des atteintes que l’on pense naïvement, selon nos critères, être similaires au stress exercé par les bourdons : indéniablement des experts en horticulture et en physiologie végétale.
Alors que nous commençons à comprendre la diversité et l’ingéniosité des complémentarités qui unissent les diverses populations végétales et animales nous faisons aussi le triste constat que, tout particulièrement, notre agriculture industrielle et mécanisée, sous perfusion nutritive et en lutte constante vis-à-vis d’une nature perçue comme hostile, est à même de détruire en quelques années tous ces liens complexes, fruits d’une très longue histoire de cohabitation et de coévolution. S’informer de ce que l’évolution a su créer et prendre conscience des conséquences de nos interventions brutales et massives sont maintenant une urgence.
Pour les plus curieux des curieux
1 - Hochuli P.A., Feist-Burkhardt S. 2013. Angiosperm-like pollen and Afropollis from the Middle Triassic (Anisian) of the Germanic Basin (Northern Switzerland). Front. Plant Sci. 4 : 344.
https://doi.org/10.3389/fpls.2013.00344
2 - Fu Q., Diez J.B., Pole M., Ávila M.G., Liu Z.-J., Chu H., Hou Y., Yin P., Zhang G.-Q., Du K., Wang X., 2018. An unexpected noncarpellate epigynous flower from the Jurassic of China
https://elifesciences.org/articles/38827
3 - Murat F., Armero A. Pont C., Klopp C., Salse J. 2017. Reconstructing the genome of the most recent common ancestor of flowering plants. Nature Genetics, 49(4)
https://www.nature.com/articles/ng.3813
4 - Nilsson L. A., 1983. Mimesis of bellflower (Campanula) by the red helleborine orchid Cephalanthera rubra. Nature (305) : 799–800.
5 - Kunze J., Gumbert A., 2001.The combined effect of color and odor on flower choice behavior of bumble bees in flower mimicry systems. Behavioral Ecology, 12(4) : 447–456, https://doi.org/10.1093/beheco/12.4.447
6 - Pearce R.F., Giuggioli L., Rands S.A., 2017. Bumblebees can discriminate between scentmarks deposited by conspecifics. Scientific reports.
https://www.nature.com/articles/srep43872.pdf
7 - Pashalidou G., Lambert H., Peybernes T., Mescher M.C., De Moraes C.M., 2020. Bumble bees damage plant leaves and accelerate flower production when pollen is scarce. Science, 368(6493) : 881-884.
https://DOI: 10.1126/science.aay0496
Histoire d'Espèces : Les Scrophulariaceae, hier et aujourd'hui
Histoire d'Espèces : Les Scrophulariaceae, hier et aujourd'hui
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Les Scrofulariaceae, hier et aujourd'hui
Depuis quelques dizaines d'années, la classification des êtres vivants a subi de profondes modifications. Celle des plantes à fleurs (Angiospermes) ne fait pas exception. La famille des Scrophulariaceae - selon la nomenclature internationale - en est un bel exemple. Regardons y de plus près en nous limitant à la flore de France métropolitaine.
Pourquoi la classification a-t-elle changé ?
Il y a trois raisons majeures à cela. Tout d'abord, la découverte de l'ADN et, plus récemment, la capacité de l'extraire et de l'analyser assez facilement ont permis d'accéder à des caractères moléculaires nombreux tandis que, jusqu'à une période récente, on était limité à des caractères essentiellement morphologiques (macro ou microscopiques), voire à certains caractères biochimiques (matières actives, par exemple) qui ne présentaient pas l'intérêt de l'ADN.
Par ailleurs, une révolution conceptuelle a vu le jour dans les années 1950 sous l'impulsion de l'entomologiste allemand Hennig. C'est la cladistique, qui propose une manière plus rigoureuse qu'auparavant pour établir une classification reflétant ce que l'on comprend de l'évolution. Une telle classification est dite phylogénétique et constitue un objectif unanimement admis par la communauté scientifique depuis Darwin. La cladistique s'est donc imposée peu à peu comme méthode pour établir la classification actuelle du vivant.
Enfin, le développement de l'informatique a permis de prendre en compte et de traiter les très nombreuses données issues de l'analyse de l'ADN, voire d'y adjoindre d'autres données, ce que des opérations humaines n'auraient jamais permis.
De tout cela est née, pour les plantes à fleurs, la classification APG, établie par un comité international d'experts en botanique, l'Angiosperm Phylogeny Group, qui lui a donné son acronyme. Apparue en 1998, elle fait l'objet de révisions régulières. Nous en sommes, depuis 2016, à sa quatrième version : APG IV.
Les Scrofulariaceae... ante APG
Cette famille bien connue regroupait alors les scrofulaires, qu'on pensait autrefois capables de guérir les scrofules, les molènes, les linaires, les mufliers (ou gueules de loup), les véroniques mais aussi des plantes moins connues du grand public – et peu présentes sous les cieux méditerranéens - comme les euphraises, les mélampyres, les rhinanthes (crêtes de coq). Ces trois derniers exemples présentent la particularité de flétrir rapidement lorsqu'on les prélève, en raison d'une incapacité à réguler leur transpiration, et de noircir lors de leur dessication pour la mise en herbier. Notons que ces plantes-là sont parasites, plus précisément hémiparasites, c'est à dire qu'elles puisent leur eau et leurs éléments minéraux non pas dans le sol mais dans les racines de plantes-hôtes chez lesquelles elles plongent un suçoir. Nous y reviendrons.
Les Scrophulariaceae, dans leur ensemble, étaient définies comme des plantes généralement herbacées, dont les fleurs présentaient des pétales soudés formant souvent une lèvre supérieure et une lèvre inférieure, une symétrie bilatérale (ou zygomorphie : un côté droit, un côté gauche) mais discrète chez certaines espèces comme les molènes, 4 à 5 étamines (seulement 2 chez les véroniques) soudées elles-mêmes aux pétales et un ovaire porté au-dessus des autres pièces florales. Leur fruit ? Sec et s'ouvrant à maturité (une capsule) pour libérer ses graines. Malgré une certaine diversité, la famille montrait donc une unité et l'on avait vite fait de lui attribuer telle ou telle plante trouvée au cours d'une herborisation.
Les Scrophulariaceae aujourd'hui
Elles conservent, dans la flore française, essentiellement les scrofulaires (le genre Scrophularia) - c'est la moindre des choses ! - et les molènes (le genre Verbascum) ; plus la limoselle aquatique (Limosella aquatica), une plante discrète, aux fleurs minuscules, se rencontrant sur des vases exondées en bord de rivières ou de pièces d'eau. Toutes les autres : exit ! L'ADN est sans appel. A l'inverse, l'arbre aux papillons (Buddleja davidii), exotique envahissante, souvent le long des cours d'eau, et toute l'ancienne famille des Buddlejaceae y ont été ajoutés.
Les Scrophulariaceae selon APG IV ont toutes 4 ou 5 étamines. Leurs fleurs, à pétales soudés et toutes à 4 ou 5 étamines soudées à la corolle, montrent une symétrie bilatérale plus ou moins marquée, voire une symétrie radiale (Buddleja, Limosella). Les molènes présentent souvent des feuilles et une tige blanchâtres en raison d'une pilosité dense et d'aspect velouté, d'où le nom vernaculaire de bouillon blanc qui leur est aussi donné (à toutes les espèces ou seulement à certaines d'entre elles, selon les flores). Les scrofulaires, aux fleurs plus nettement zygomorphes, ont souvent une étamine vestigiale et stérile (un staminode) visible sous la forme d'une écaille portée par leur lèvre supérieure.
Mais où sont passées les ex ?
Elles ont été reclassées dans deux familles que l'analyse morphologique permettrait peu d'imaginer.
=> Dans la famille des plantains (Plantaginaceae)
Auparavant connue par les fleurs insignifiantes et groupées en épis de ses représentants ainsi que, en cas de piqûre d'insecte, par les propriétés apaisantes du plantain lancéolé et de quelques autres, cette famille inclut maintenant les linaires, les mufliers, les véroniques, etc. A y regarder de près, seule la forme des fleurs de véroniques argumenterait, morphologiquement, un tel rapprochement avec les plantains.
=> Dans la famille des orobanches (Orobanchaceae)
C'est là, peut-être, le point le plus étonnant de ce changement de classification. Les « historiques » de la famille, orobanches (Orobanche) ou lathrées (Lathraea) par exemple, sont des végétaux sans chlorophylle, blanchâtres, bleuâtres, violets ou de couleur vineuse, incapables de fabriquer par eux-mêmes la moindre matière organique et qui vivent donc en parasites totaux (holoparasites) sur diverses plantes. Les ex-Scrofulariaceae hémiparasites vues plus haut (mélampyres, euphraises...) - seulement hémiparasites car capables de photosynthèse - se retrouvent clairement cousines des orobanches. Qu'il soit total ou partiel, le parasitisme des espèces appartenant aux Orobanchaceae apparaît ainsi comme un caractère physiologique issu de leur origine commune.
Conclusion
Il ne viendrait à l'esprit de personne aujourd'hui de rapprocher outre mesure, dans la classification, un thon et un dauphin sous prétexte qu'ils ont un corps fuselé leur permettant de se mouvoir rapidement dans le milieu aquatique qu'est le leur. Et qui refuserait de voir dans l'ornithorynque, malgré ses pattes palmées et ses œufs « encoquillés », un cousin plus proche de l'Homme (et du kangourou) que ne l'est un oiseau ? L'évolution a paré de caractères parfois ressemblants des espèces éloignées dans le grand arbre phylogénétique du vivant. Ce que l'on comprend des Scrophulariaceae telles qu'on les considérait avant la classification APG relève finalement de ce constat. A l'inverse, l'évolution a aussi doté de caractères très différents des espèces possédant un ancêtre commun relativement proche. C'est ce que vous constaterez cette fois si vous vous intéressez aux Rosaceae ou aux Renonculaceae, familles identifiées depuis longtemps malgré leur grande hétérogénéité, selon une classification qui, elle, reste valide pour la botanique actuelle. Décidément, on dirait bien que l'habit ne fait pas le moine !
J.-P. Vigouroux
Memento (pièce jointe 1 pdf )
Scrophulariaceae de France métropolitaine selon APG IV
Scrophularia, Verbascum, Limosella, Buddleja.
Ex-Scrofulariaceae aujourd'hui classées parmi les Plantaginaceae
Veronica, Linaria, Chaenorrhinum, Digitalis, Antirrhinum, Asarina, Misopates, Anarrhinum, Cymbalaria, Kickxia, Gratiola, Sibthorpia, Erinus.
Ex-Scrofulariaceae aujourd'hui classées parmi les Orobanchaceae
Pedicularis, Rhinanthus, Melampyrum, Euphrasia, Odontites, Bartsia, Nothobartsia, Parentucellia.
Histoire d'Espèces : Quelques propos sur les fruits sauvages
Histoire d'Espèces : Quelques propos sur les fruits sauvages
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Quelques propos sur les fruits sauvages
S'il est un domaine du monde végétal qui attire souvent l'attention des randonneurs comme du simple promeneur, c'est celui de l'identification des multiples fruits sauvages rencontrés en pleine nature.
On les rencontre en de nombreux lieux. Leur présence est en rapport avec la nature du sol, le climat local, l'altitude, l'environnement général…
Ces fruits peuvent être ceux de plantes herbacées, de sous-arbrisseaux, d'arbrisseaux, de petits ou de grands arbres. Ils présentent des formes variées et des couleurs qui évoluent plus ou moins rapidement. C'est ainsi que, sur un même pied, on peut rencontrer un mélange de fruits vert clair, jaunâtres, rouges et noirs, comme la Bourdaine (Rhamnus frangula) ou l'Osiris blanc (Osyris alba). Aussi est-il important, pour bien les caractériser, de connaître parfaitement la plante qui les produit.
L'attraction qu'exercent certains de ces fruits peut amener un cueilleur à vouloir les goûter, et plus particulièrement les enfants. En effet, si certains sont comestibles, d'autres n'ont aucun intérêt gustatif particulier et d'autres encore sont à rejeter car toxiques : Chèvrefeuille bleu (Lonicera coerulea), Sceau de Salomon (Polygonatum multiflorum), Fragon (Taxus baccata), Douce-amère (Solanum dulcamara), voire vénéneux : Chèvrefeuille noir (Lonicera nigra), Maianthème (Maianthemum biflolium), Parisette à quatre feuilles (Paris quadrifolia).
Bien des accidents surviennent. Il est donc indispensable, avant de porter ces fruits à la bouche, de les connaître parfaitement et de les rejeter impérativement en cas de moindre doute.
Par contre, pour ceux qui maîtrisent parfaitement le sujet, bienvenue à leur éventuelle consommation, soit crue, soit sous forme de diverses préparations (gelée, confiture, tartelette, compote, boissons…).
Selon les lieux, on peut en rencontrer dès les mois de mars et avril comme le Lierre (Hedera helix). La plupart de ces fruits apparaissent en été et principalement en automne. Le Néflier d'Allemagne (Mespilus germanica), quant à lui, produit ses fruits plus tardivement, entre novembre et janvier.
Quelques exemples…
Le Cornouiller mâle (Cornus mas) nous offre en automne ses drupes rouges qui deviennent rouge bordeaux à maturité. On en ramassait jadis sur le plateau du Thaurac pour en faire des tartelettes, spécialités de St-Bauzille-de-Putois.
Les différents genévriers (Juniperus communis, nana, oxycedrus, phoenicea, sabina) donnent des fruits souvent appelés baies alors qu'il s'agit de petits cônes écaillés. Selon l'espèce, les amateurs de choucroute apprécient leur parfum qui agrémente aussi des boissons alcoolisées tel le gin et l'aquavit.
Les chèvrefeuilles (Lonicera alpigena, coerulea, etrusca, nigra, periclymenum, xylosteum) donnent des baies à rejeter car toutes dangereuses.
Le Phytolaque (Phytolacca americana) est devenu plante envahissante. Ses baies noires en grappes sont toxiques.
Le Fragon (Ruscus aculeatus) a des fruits accolés à de fausses feuilles. Ces dernières sont en fait de petits rameaux plats appelés cladodes.
Le Sureau noir (Sambucus nigra) donne des grappes de baies noires mûres en septembre. On les utilise en gelée, jus, sirop et vins. Il ne faut pas le confondre avec le Sureau yèble (Sambucus ebulus) dont il ne vaut mieux pas consommer les fruits.
L'Alisier blanc (Sorbus aria) produit des alises consommables en confiture et gelée.
Le Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) produit des sorbes qui sont appréciées jusqu'en hiver des merles et des grives. Les oiseleurs s'en servaient jadis d'appât pour les piéger.
Le Tamier (Tamus communis) est aussi appelé "herbe aux femmes battues". Ses fruits sont toxiques.
L'If (Taxus baccata) produit un arille rouge considéré comme comestible. Toutefois, vigilance, notamment quant aux enfants, car la graine est fortement toxique, comme le sont ses feuilles et son bois.
Le Viorne lantane (Viburnum lantana) produit à l'automne des bouquets de fruits à rejeter car suspects. Il en va de même pour le Viorne obier (Viburnum opulus).
Le Prunellier (Prunus spinosa) donne des drupes qui deviennent bleu-gris puis bleu-noir qui sont âpres. Par contre, on en fait de la liqueur et de l'eau de vie.
L'Églantier (Rosa canina) produit des cynorrhodons qui peuvent être à l'origine de confiture, sirop ou vin. L'arbuste est souvent parasité par des insectes (cynips) qui provoquent une gale nommée bédégar. On en utilisait jadis les excroissances jaunes et rouges pour extraire un colorant.
Le Micocoulier (Celtis australis) porte en automne des fruits (micocoules) qui passent du jaune au brun noirâtre. En Provence, on les faisait gonfler dans de l'alcool en attendant Noël. Cette tradition voulait qu'avant d'aller à la messe de minuit, on en consommait une douzaine afin de "chasser le démon".
Référence : Découvrez les fruits sauvages d'Éric Varlet, préface de Jean-Marie Pelt.
Texte et photos de Daniel Arazo
Histoire d'un Cèpe
Histoire d'un Cèpe
Histoire du cèpe de l’an 2019…
Ce n’est pas une galéjade lozérienne
Du beau pays de la bête du Gévaudan
Chaque témoin oculaire la fera sienne
Pour conter la belle histoire au fil des ans.
Tableau champignonesque quasi sidérant
D’un automne assoiffé par le soleil d’été,
Le temps mycélial réveille ses éléments
Un cèpe est apparu, magnifique bolet
Lieu magique pour une cueillette magique,
Mystère d’une croissance extraordinaire
Du méga-cèpe d’une beauté maléfique
Ô combien divin pour nos palais ordinaires.
M.-G. Dumonteil
7 Juin 2020
Humour : Enigme
Humour : Enigme
Énigme
En observant sa trajectoire (et les autres éléments du dessin), saurez-vous deviner le nom de cet oiseau ?
Indice :
Il s’agit d’un accipitridé qui vit loin, trèèèèèès très loin de chez nous.
Solution de l’énigme du numéro précédent :
Le nom scientifique d’un arbuste de nos garrigues en relation avec une anecdote pseudo-historique.
Réponse :
Buxus sempervirens (Bouc sous Saint-Père vit Reims)
Humour : Nature l'eus-tu tu ?
Humour : Nature l'eus-tu tu ?
Humour : Uchronie
Humour : Uchronie
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Légère uchronie
Pas d’énigme cette fois-ci mais une uchronie :
« Sous les pavés, la plage » pouvait-on lire et entendre à Paris en mai 68.
Si le mouvement avait démarré à Montpellier, on aurait peut-être plutôt entendu :
« SUR les pavés la plage »
(Photo prise sur la place de la comédie, près de la fontaine octogonale)
Solution de l’énigme du numéro précédent :
Il s’agissait de trouver le nom d’un accipitridé qui vit très loin de chez nous
Réponse :
Erythrotriorchis buergersi (Autour de Burger)
Jeux : mots croisés
Jeux : mots croisés
p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }
Horizontal
Dormait près de sa faulde.
Dortoir en ripisylve.
N'a pas encore recouvert le Languedoc ! Pigalle fit sa fortune.
Noires à Graissessac ou à la Grand' Combe. Avec 28 g, vous en avez une.
A pris la forme d'une oreillette. Mouche d'un genre non défini.
En fond de foudre. Rime avec Lozère.
A l'issu d'un aléa. Nous en vîmes 5000 en arrivant au Port du Grau-du-Roi.
Abaisse le front de la Madeleine. Vert, pour un petit vin.
Vertical
A. Danse montpelliéraine.
B. Il y a quelque chose qui cloche dans ce village.
C. Indispensable à certains jeannifossiens.
D. Au départ de la route de Sète. Cation qui était courant à Villeneuve-lès-Maguelone.
E. Petit goûter pas d'ici. Grec de chez nous.
F. Émane du « machin ».
G. De même longueur que le Lez ? Les quatre sont bien représentées dans l'Hérault.
H. Peut-être a-t-il sillonné la Méditerranée ? Ici, il faut descendre au sous-sol pour en boire.
I. Impératrice de la Méditerranée orientale. Cité mésopotamienne.
J. Colorée en remontant vers Saint Quentin-la-Poterie. Gaz rare.
K. D'où souffle le Mistral à Montpellier.
réponses de ECHOS #6
Kellie Pourre coordinatrice, animatrice et formatrice du pôle Animation Nature
Kellie Pourre coordinatrice, animatrice et formatrice du pôle Animation Nature
Un parcours de formation riche et ouvert
Peux-tu nous préciser en quelques lignes, ton origine géographique et ton parcours ?
J’ai grandi dans le pays de la Loire mais je suis originaire du Pas-de-Calais. En fait j’ai beaucoup bougé avec mes parents, et pour mes études.
Très tôt, tu as été, semble-t-il, intéressée par la paléontologie ?
Captivée par les dinosaures (c’était l’époque de Jurassic park !) dès 5 ans, je voulais être paléontologue ! Mon parcours de formation s’est donc naturellement orienté vers des études me permettant d’atteindre cet objectif. Après un bac scientifique, j’ai poursuivi des études universitaires en Sciences et Vie de la Terre à Nantes et Poitiers, puis à Lyon en 2005 pour obtenir un Master recherche. La voie de la thèse pour faire de la recherche n’ayant pu aboutir, j’ai opté pour un métier qui me permet de faire de la vulgarisation scientifique. En parallèle, j’ai toujours pratiqué des activités liées à mon intérêt pour les espaces naturels comme guide dans une grotte, animatrice dans un parc de la préhistoire en Ariège. Je me suis aussi familiarisée avec plusieurs domaines naturalistes (ornithologie par exemple).
Ton arrivée aux EE date déjà de 2014, pourquoi ce choix des EE ?
Après diverses expériences en animation scientifique dont un séjour au Québec, j’ai suivi et obtenu le Brevet Professionnel de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire et Sportive, en Éducation à l’Environnement et Activité de la Randonnée. En tant qu’accompagnatrice de randonnée pédestre et vélo, j’ai pu pratiquer en montagne (Pyrénées, Alpes et Massif Central). Je me suis aussi confrontée au terrain et à l’organisation associative avec le CPIE du Haut-Languedoc pendant 5 ans. Avant d’être repérée et sollicitée par Jean-Pierre Vigouroux et Luc David.
Aux EE en quoi consistent tes activités au sein du Pôle Médiation de l’écologie scientifique ?
J’assure la fonction de coordinatrice pour animer l’équipe du pôle. Dans le cadre de mes responsabilités je coordonne les activités pour le grand public et les groupes professionnels (forestiers, bâtiments écologiques, collectivités…). Je participe aussi à divers programmes (Espaces Naturels Sensibles, Montpellier Main Verte…), et mets en place des animations pour des publics non captifs (évènements sportifs de pleine nature, salon du livre...) pour leur faire découvrir la nature et les émerveiller.
Quels sont tes objectifs et tes approches entre formation et animation ?
J’interviens sur les 2 volets. En animation j’interviens aussi sur le terrain, par exemple je dirige un camp de vacances en été et en automne. L’animation concerne tous les publics (loisir, camps de vacances, scolaires) pour la découverte de la nature et l’immersion dans la nature (fabrication d’objets “nature” par exemple). Pour la formation, qui m’intéresse depuis mon arrivée aux EE, j’interviens dans les formations initiales comme le BPJEPS (futurs animateurs) mais aussi pour la formation continue (formations inscrites au catalogue des EE) et en réponse à des demandes spécifiques comme la formation des agents du département du service des routes pour qu’ils puissent expliquer leurs actions liées à l’environnement (biodiversité, gestion des déchets…) auprès des classes de collèges. Nous recherchons avec les personnes le meilleur moyen d’atteindre ce qu’ils souhaitent. Nous sommes maintenant aussi sollicités pour former des équipes qui organiseront des évènements comme « les 24h de la nature ».
As-tu constaté une évolution tant sur la participation, l’intérêt et les questionnements des publics ? Avec quel public te sens-tu le plus en phase ?
Depuis 13 ans que je fais de l’animation, je peux constater la place grandissante du numérique. Il suffit de se connecter à internet pour avoir la connaissance (mais non vérifiée) donc le travail que nous proposions sur les savoirs à transmettre peut sembler moins adapté. Il y a une demande (de formation) pour mieux utiliser le numérique, par exemple les collégiens sont très intéressés par le « géocaching ». Mais aussi, souvent, des parents nous demandent de les aider à sortir les enfants de leurs écrans et leur faire découvrir la nature. Par ailleurs, lors d’animations nature, le public vient avec des questionnements sur des annonces médiatiques (comme la disparition des insectes) afin de se renseigner et de mieux comprendre les phénomènes.
Une organisation rigoureuse au service des EE
Disposes-tu d’une autonomie dans ton travail, comment s’effectue la répartition des missions entre les membres du pôle, comment peux-tu qualifier les relations avec tes collègues au sein de l’équipe ? La répartition des missions et des projets se fait en fonction des compétences de chacun, et de ses envies : le choix est collectif en prenant en compte les préférences, les disponibilités et contraintes d’agenda. Je me sens très investie et engagée pour des valeurs partagées au sein de l’association. Je me sens libre de m’exprimer, être force de proposition pour mener des projets. Nous avons une très grande relation de confiance, d’écoute et de bienveillance entre nous. Je suis également dans le « coco », comité de coordination de l’équipe salariée des EE, (nous sommes cinq) qui se réunit une fois par mois. Je me sens ainsi encore plus concernée car disposant d’une vision globale des activités de l’association.
Quel retour des 5 années passées au sein des EE : as-tu rencontré des difficultés, es-tu satisfaite ?
Déjà 5 ans ! La principale difficulté c’est le manque de temps disponible ! Il faut faire beaucoup de choses dans l’urgence, et j’ai l’impression de ne pas pouvoir toujours bien les faire. Ce rythme intense d’activité est possible car les collègues sont présents et bienveillants.
Quel serait le message que tu voudrais transmettre ?
Quand on me demande ce que je fais, je réponds que « Je mets les gens dehors ! » Faire de l’éducation en lien avec la nature, c’est être des « Créateurs de souvenirs et fournisseurs d’émotions »
Comment te projettes-tu dans un proche avenir ?
Je me vois bien poursuivre mon investissement au sein des EE, continuer à réaliser nos projets, à participer à des programmes d’éducation pour tous les publics, à leur montrer notre belle nature. Mais, je ressens aussi la nécessité d’intégrer un peu de militantisme dans nos actions au sein des EE afin de faire remonter des difficultés et défendre nos métiers auprès des institutionnels et élus.
Hugues Ferrand et Line Hermet
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La forêt connectée
La forêt connectée
Outre le sac à dos de base, je tiens un panier à la main car c'est l'un des moments de l'année où la recherche des champignons est ici la plus propice. Bien entendu, le cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) est le plus recherché pour beaucoup. Pour ma part, j'essaie, en fonction de mes connaissances, de diversifier ma cueillette, sachant depuis longtemps, que ce que je mange le soir est le porteur et le vecteur des spores du champignon. Il s'agit du sporophore, la partie sexuée en quelque sorte. Le cèpe de Bordeaux est un champion dans ce domaine. Son hyménium est capable de produire en deux semaines dix milliards de spores qui sont disséminées par le vent, mais aussi par les insectes, les mollusques et les animaux qui, en passant, les stockent dans leurs téguments. Le sporophore est en fait la partie visible du champignon qui fait partie du microbiote fongique en relation avec les arbres environnants mais également avec de nombreuses autres plantes et des lichens.
Une lecture bienvenue
Le remarquable ouvrage "Sous la forêt" de Francis Martin 1, Directeur du laboratoire d'Excellence ARBRE de Nancy, nous en apprend énormément sur ces relations. Certaines lignées de champignons existaient probablement il y a un milliard d'années dans les océans primitifs, avant de coloniser les continents il y a 500 millions d'années. Les chercheurs sont convaincus que les plantes ont pu coloniser le milieu terrestre grâce à leurs alliés fongiques. Il en existe trois millions d'espèces (incluant macromycètes, levures et moisissures) qui représentent sans doute aujourd'hui un espoir pour l'avenir de la planète, notamment pour leur capacité de dépollution, y compris dans le domaine de certains plastiques.
Je sais désormais que, sous mes pieds, dans la litière superficielle et le sol sous-jacent, il existe un véritable microbiote quadrillant le terrain. Il s'agit de la partie invisible du champignon, constituée de filaments microscopiques appelés hyphes formant le mycélium. Ce dernier va coloniser les racines et radicelles des arbres par le biais des mycorhizes. Cet ensemble, qui est la partie principale des mycètes, peut atteindre un poids considérable. Ces associations symbiotiques engendrent des zones de contact avec les cellules végétales, créant une surface d'échange aux bénéfices réciproques : les champignons, grâce aux diverses substances acides et aux enzymes qu’ils synthétisent et sécrètent , dissolvent les minéraux du sol et les transmettent aux systèmes racinaires des végétaux qui les assimilent directement. En retour, grâce à leur production photosynthétique et à leurs exsudats racinaires, les plantes fournissent aux champignons les sucres qu'ils sont dans l’incapacité de produire.
De mieux en mieux
Une publication de Catherine Lenne 2, Chercheuse à l'INRA-UCA à l'université Clermont-Auvergne, met en évidence le fait que les plantes perçoivent leur environnement et communiquent en alertant éventuellement leurs voisines. Elles échangent aussi des informations, des éléments nutritifs et de l’énergie par le biais des réseaux mycéliens des champignons. Décidément, je suis loin de la représentation simpliste des champignons que je me faisais il y a encore quelques années.
Connaissant désormais la nature du milieu sur lequel je marche, mon respect pour cet environnement et ses mécanismes relationnels s'amplifie fortement. En tant qu'accompagnateur de randonnées en milieu associatif, je ne manquerai pas désormais d'évoquer ce sujet et de conseiller la lecture de ce passionnant ouvrage de Francis Martin devenu désormais ma référence.
Mais il est temps maintenant de poser ma plume et de filer à la cuisine préparer et consommer mon plat de... sporophores avec, certes, bien du respect mais aussi avec le plus grand des plaisirs.
1 - “Sous la forêt”. Pour survivre, il faut des alliés, Francis Martin, éd. HumenSciences. Janvier 2019.
2 - Revue “Pour la Science”, hors-série de nov.-déc. 2018. P. 30. Catherine Lenne, “Une communication pleine de sens”. Dotées de nombreux sens, les plantes échangent quantité d’information et de matière..
Daniel Arazo, La connaissance et le
respect du milieu naturel ont toujours été un moteur essentiel pour moi.
J’essaie de les transmettre dans les activités associatives que je mène
et dans les “balades” que je propose chaque semaine dans la “Gazette de
Montpellier”.
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La Nature, comme objectifs et comme principes d'éducation
La Nature, comme objectifs et comme principes d'éducation
Dans la nature
Mais comment pourrions-nous être ailleurs que dans la nature ? Nous sommes nous-mêmes Nature (Ah ! le merveilleux écosystème qu'est notre microbiote intestinal)
Notre rapport à la nature - notre rapport à nous-mêmes ?- c'est voir (et sûrement observer), entendre (et peut-être écouter), goûter (et probablement se rassasier), toucher (et pourquoi pas caresser), sentir (et à coup sûr s'émerveiller), apprendre (et tenter de comprendre).
C'est la sensation (et le ressenti) de la pluie, du vent, du chaud, du froid, de la peur, du noir, de la peur du noir, de la fraîcheur de la source et du rocher rugueux, du silence des grottes et de l'enchevêtrement géologique des montagnes, du souffle qui manque quand on gravit la pente, des jambes qui s'écorchent aux épines et se font lourdes.
C'est la joie du sommet, l'infini d'un horizon tout d'un coup offert et à jamais déconcertant et mystérieux, le sentiment de victoire sur soi d'avoir atteint la crête ou touché le serpent, l'étrange inquiétude du crépuscule et l'impatiente espérance de l'aube. Et c'est aussi le vécu moins idyllique du bruit urbain et de l'air vicié, du stress de la foule et des paysages bouleversés par notre folie collective.
La nature (et il n'est pas besoin d'aller bien loin pour en trouver quelque échantillon) est source des découvertes premières et éternelles, celle du temps et de l'espace, celle de la contemplation de l'infiniment complexe et de la plus simple esthétique.
La nature est source de tous les apprentissages, celui des sens et de la complexité, comme ceux de l'émerveillement et de la rêverie primitive. Elle est notre origine et notre futur, elle est partout, toujours aussi étrange et jamais accessible, toujours notre fantasme et jamais notre substance totale.
On la voudrait pour soi tout seul alors qu'on est incapable d'en saisir pleinement le moindre ajustement : et on doit en partager l'usage (en tous cas une forme d'usufruit) avec tous nos dissemblables contemporains.
Pleine nature
Et comment la nature serait-elle autre chose que pleine ?
Elle est surtout pleine de nos désirs et c'est notre plénitude que nous venons y quérir en prétextant maladroitement que c'est la sienne à laquelle nous désirons nous confronter. Elle est la référence absolue – mais jamais conclusive – à nos questionnements et le refuge à nos inconstants désirs d'ermitage.
Il y a mille choses à faire dans la nature : rêver, nommer, peindre, s'ennuyer, expérimenter, s'étendre, inventorier, fabriquer un objet, une musique, une cabane, attendre, espérer, récolter, transformer, se nourrir et se soigner, confronter des points de vue, se prosterner, désirer l'humilité, faire un feu et inventer des dieux.
Tout cela est pédagogiquement fécond. Il n'est qu'à se servir.
Les pages qui suivent décrivent quelques expériences vécues dans et pour la nature. Car il y a une pédagogie du «dans» - la nature est l'instrument de la découverte - et une pédagogie du «pour» - la nature est l'objet de l'apprentissage-.
Elles sont une sorte d'introduction à tous les possibles, une galerie hétéroclite de témoignages, une mise en bouche à tout un gargantuesque défilé de projets infinis et délicieux.
À vous d'en écrire les prochaines recettes.
Pour lire “Graine d’Avenir “ à sa parution en janvier http://grainelr.org/
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La parole est aux jeunes.
La parole est aux jeunes.
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« Depuis que j’ai lu ce livre, je sais tout sur les libellules ».
« Ce qui m’a vraiment surpris :
Quand la libellule est une larve, elle vit dans l’eau, puis elle est aérienne et alors, elle ne peut plus retourner dans l’eau.
La libellule légère et gracieuse est auparavant une larve carnivore qui dévore tout ce qui passe.
Le camouflage de la larve qui peut se dissimuler dans les graviers »
« J’attends le prochain album avec impatience ! ». « Les illustrations sont magnifiques »
Le bruit du lombric
Le bruit du lombric
“Une équipe de chercheurs de l'INRA d'Orléans et de l'école polytechnique de Zurich (EPFZ) ont suivi séparément l’activité de vers de terre (Octolasion cyaneum) et la croissance de racines de graines germées de maïs (Zea mays) dans de petites cellules en verre dotées de capteurs acoustiques et d’appareils photographiques.
Selon leurs résultats, publiés en juillet 2018 dans la revue Scientific Reports, la fréquence des sons enregistrés est bien corrélée à l’activité biologique. Par exemple, « lorsque les lombrics creusent de nouvelles galeries, les émissions acoustiques deviennent plus fréquentes », observe Marine Lacoste de l'INRA.
Grâce à l’expérience en cours, celle-ci espère réussir à distinguer les bruits caractéristiques d’un assèchement, de la croissance d’une racine ou d’un creusement de galerie par des vers de terre. « Cela ouvre une nouvelle fenêtre pour étudier des phénomènes impossibles à observer avec les yeux », estime Dani Or, professeur en physique du sol à l’EPFZ. L’analyse des enregistrements commence tout juste : à première vue, des signaux intéressants ont été détectés.
De telles découvertes intéressent déjà chercheurs et professionnels. Une entreprise de produits phytosanitaires a contacté l’INRA afin de savoir si les limaces pourraient être démasquées grâce aux bruits qu’elles généreraient dans les terres cultivées.”
Extrait d'un article de Nathalie Picard, publié dans le supplément Sciences et Médecine du Monde le 29 mai 2019
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Le buis et « sa » pyrale
Le buis et « sa » pyrale
Peu de régions françaises sont épargnées par la pyrale du buis. À l’instar du bois de Païolive en Ardèche ou la forêt de Valbonne dans le Gard, l’arrière-pays héraultais est fortement impacté par l'introduction pourtant récente de ce papillon. En particulier du côté du Pas de l’Escalette et de ses falaises où des forêts de buis ont été attaquées.
La pyrale...
La pyrale du buis est un lépidoptère de la famille des Crambidae (Cydalima perspectalis). Originaire d’Asie, sa présence est attestée en Allemagne en 2007 et en France dès 2008. Dix ans plus tard, la pyrale s’apprête à conquérir l’Espagne. À l’âge adulte, ce papillon est aisément reconnaissable, blanc, pourvu d’un liseré marron sur le pourtour de ses ailes. La chenille est jaune à verte avec des stries marrons sur le corps. En Europe, elle ne consomme que du buis (feuilles, fleurs, écorce des jeunes rameaux) alors que dans sa région d’origine, elle se nourrit également d’autres espèces végétales. Très embêtant pour les buxaies européennes, qu’elles soient naturelles ou ornementales. Des expérimentations sur des chenilles élevées en bocal ont montré que, à défaut de buis, ces dernières présentaient une appétence pour les chênes verts et blancs mais aucun dégât naturel n’a été constaté sur ces espèces.
Le fort impact de la pyrale, associé à son extension géographique très rapide, lui a conféré un statut d’espèce exotique envahissante. Le volume et le rythme de ponte de la femelle sont impressionnants. En 15 jours de durée de vie, elle peut pondre de 800 à 1200 œufs déposés sur les feuilles de l’arbre. À 20°C, la durée de développement entre la ponte des œufs et l’émergence des adultes est de 45 jours, en passant par 7 stades larvaires. Trois générations (de la ponte à la mort du papillon) peuvent se succéder en une seule année. En automne, la dernière, sous forme de jeunes en chrysalide va se préparer à la diapause en tissant un cocon en fils de soie entre deux feuilles de buis. Au printemps, elle reprendra et terminera son cycle.
Du buis, des buis
Bien connu pour son usage dans les jardins à la Française où de nombreux jardiniers s'adonnent sur lui à l'art topiaire, le buis (Buxus sempervirens) n'en est pas moins une espèce autochtone en France. Il y est même l'unique représentant indigène de sa petite famille, celle des Buxaceae, qui comporte de par le monde une centaine d'espèces réparties en 6 genres.
Comme son nom l'indique (sempervirens signifiant toujours vert), le buis possède un feuillage persistant. Ses feuilles, petites et ovales, au limbe entier mais souvent émarginé à son extrémité, sont nettement vernissées en face supérieure. Elles montrent le plus souvent, dans les trois dimensions, une forme en cuillère. La disposition des feuilles sur la tige (phyllotaxie) est opposée-décussée. Les fleurs, unisexuées, sont discrètes, verdâtres et portées en bouquets à l'aisselle des feuilles. Au sein de ces inflorescences, on distingue les fleurs femelles, au centre, des fleurs mâles en périphérie. Étonnamment, les premières ont généralement un périanthe formé de 6 tépales tandis que, le plus souvent, il s'en trouve seulement 4 chez les secondes : une originalité morphologique qui passe facilement inaperçue. Les pollinisateurs (abeilles, diptères) trouvent du nectar dans les fleurs des deux sexes et, bien qu'il puisse être aussi pollinisé par le vent, le buis s'avère ainsi une plante mellifère notable. Le fruit est une capsule en 3 parties qui contiennent 2 graines chacune et se séparent à maturité. En les regardant avec un œil de poète - ou d'enfant, ce qui souvent s'apparente -, les deux graines et le tiers de capsule qui les contient, avant qu'elles tombent, nous offrent une œuvre d'art naïf sous la forme... d'un petit hibou aux grands yeux noir-luisant ! Toute la plante dégage enfin une odeur musquée, caractéristique, que certains apprécient quand d'autres la rapprochent de celle que dégage... l'urine de chats. La psycho-physiologie de l'olfaction doit pouvoir expliquer ce discrédit partiel. Au registre des usages, outre le caractère mellifère du buis, citons particulièrement l'utilisation de son bois en marqueterie, tournerie, etc., pour produire des objets aussi divers que des manches de couteaux, des tabatières, des pièces de vaisselle, des peignes, des clavettes pour les sonnailles, des baguettes de tambours et autres boules de pétanque... Dans les paysages et les écosystèmes, le buis est une espèce « sociale » commune dans le Midi mais présente jusqu'en Bourgogne et dans le Jura. Si elle supporte divers types de substrats, elle apprécie particulièrement les calcaires et, du point de vue climatique, se rencontre de l'étage méditerranéen à l'étage montagnard moyen, trouvant son optimum au supra-méditerranéen. C'est ainsi que dans la zone des garrigues, encore chaude et sèche, on trouvera des buis à la faveur de sous-bois frais en fond de vallons tandis que, sur les Causses, les fourrés de buis sont nombreux sur calcaire aux sols squelettiques et hors contexte forestier. Refusé par les moutons sauf quand il est au stade herbacé, son expansion sur les plateaux caussenards porte d'ailleurs une double empreinte anthropique : celle d'un surpâturage ovin il y a quelques décennies et celle, depuis lors, du déclin du pastoralisme qui, en l'absence d'entretien des anciens parcours, laisse à notre arbuste libre cours à sa croissance et à l'extension de son domaine. Dans ce contexte de fermeture des milieux, une entreprise agro-écologique innovante, nommée Buxor, a été créée il y a quelques années. Elle vise à utiliser les buis (et divers arbres et arbustes fermant les milieux) pour constituer des sortes de composts, et contribuer à un élevage de cochons. Revenons un instant aux parcs et jardins. Il faut noter que Buxus sempervirens y est le plus courant des buis, décliné en diverses variétés horticoles (‘Rotundifolia’, 'Angustifolia', 'Elegans', 'Elegantissima'...). Il n'y est cependant pas le seul : Buxus microphylla et d'autres espèces d'origine asiatique, comme ce dernier, y sont aussi cultivées. D'origine asiatique à nouveau ? Ce n'est pas un hasard. La Chine est aujourd'hui l'un des principaux producteurs de plantes d'ornement dont elle exporte un grand nombre en Europe. Par ailleurs, en Chine, en Corée, au Japon, la pyrale « du » buis s'attaque à toutes les espèces de Buxus présentes dans sa zone de répartition ainsi qu'à deux espèces de fusain (Euonymus alata et... E. japonicus, le fusain « du Japon ») et une espèce de houx (Ilex purpurea). L’importation, en Allemagne, de buis infestés venant de Chine est l’hypothèse la plus fréquemment retrouvée dans la littérature pour expliquer l’arrivée de la pyrale en Europe. Il n’est cependant pas exclu qu’elle ait été introduite avec un autre de ses hôtes.
Les moyens de lutte
Sur les petites surfaces, il est possible d’agir manuellement, mécaniquement ou par traitement biologique : récolte et destruction des chenilles, filets, jets d’eau, application d’huiles essentielles (sureau, thym). Mais les grands espaces sont démunis et ne peuvent compter sur les quelques prédateurs comme la guêpe, le frelon asiatique, la mésange ou le moineau. L’anticipation prime, en associant les habitants à la surveillance comme cela a été fait sur le Larzac, plutôt épargné, avec l’appui du Parc Naturel Régional des Grands Causses.
Plusieurs méthodes biologiques, complémentaires, ont été élaborées dans le cadre du programme national SaveBuxus, sous l’égide de l’INRA. Elles s’appliquent aux différents stades de développement de la pyrale. Au stade de l’œuf, c’est un trichogramme (micro-hyménoptère parasitoïde) qui va opérer en pondant à l’intérieur de l’œuf du papillon. La larve du trichogramme se nourrit ensuite du contenu de l’œuf. Au stade de la chenille, une préparation biologique à base de la bactérie Bacillus thuringiensis ‘Kurstaki‘ est privilégiée, l'inconvénient étant que le bacille s'attaque aussi à d'autres papillons (mais pas à d'autres insectes dans la mesure où cette souche est spécifique des Lépidoptères). En complément, il existe aussi des pièges qui vont attirer les mâles avec des phéromones femelles (technique du piégeage sexuel). Cela fait diminuer la quantité de mâles dans les populations et réduit ainsi l'activité de reproduction.
La mise en oeuvre de ces méthodes reste coûteuse à l’échelle de grands territoires. Il faut surtout compter sur les capacités d’adaptation des écosystèmes, notamment via le développement de la prédation que pourraient exercer diverses espèces. Cependant, à l’heure actuelle, la rapidité de l’invasion rend la résilience difficile. Des buxaies entières ont déjà été décimées et focalisent les attentions d’un suivi scientifique, comme c’est le cas, par exemple, de 5 stations de 10 buis du bois de Païolive (Ardèche). Si certains buis ont résisté à une première attaque, la répétition est fatale. Tout l’écosystème est alors chamboulé avec un assèchement et une augmentation du risque de feu. En attendant, prévoyez du temps en mars pour secouer les buis, faire ainsi tomber les chenilles et les détruire ensuite.
Sources : J. Martin (INRA), A. Brinquin (INRA), Fredon, Centre de ressources Espèces Exotiques Envahissantes.
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Le Coin des jeunes - Pour les lecteurs en herbe
Le Coin des jeunes - Pour les lecteurs en herbe
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Joe habite un immeuble gris et triste, entouré d’autres barres d’immeubles tout aussi tristes, un quartier où le béton est roi, les plantes absentes et la vie bien monotone. Mais Joe passe son temps à rêver et créer. Le monde qu’il imagine est coloré et gai. Des plantes exubérantes envahissent immeubles et rues faisant le bonheur des animaux et des gens. Un soir, il a une idée. Pour que ce monde commence à exister, il faut juste une petite graine. Il plante un pépin de pomme, puis d’autres graines et le monde vivant, gai, coloré et parfumé dont il rêvait devient réalité. Les voisins sont émerveillés, alors Joe leur fait cadeau de graines, de boutures et de jeunes plants. Les plantes envahissent balcons et fenêtres. La grisaille disparaît et la vie s’épanouit.
J’ai aimé ce livre car il aborde un sujet qui me tient à cœur, la réhumanisation des villes par le développement de la « nature » en ville. Les illustrations sont originales, aussi exubérantes que l’imagination de Joe, aussi puissantes que le monde végétal et aussi généreuses que le sont les plantes. Un beau moment …
Le coin des jeunes lecteurs : chimie verte
Le coin des jeunes lecteurs : chimie verte
Le coin des jeunes
Un livre amusant pour les 9/12 ans et plus, qui nous parle de molécules, d’atomes, d’ions, de solvants et de bien d’autres mots jugés très sérieux et pour les « grands », est-ce possible ? C’est ce que réussit à faire ce petit livre broché, paru il y a déjà quelques années mais toujours autant d’actualité car il aborde tous les domaines y compris la pollution, les déchets, l’agriculture biologique etc.
« Un livre étonnant et nécessaire pour comprendre que le mot « chimie » ne rime pas forcément avec pollution ». Les illustrations façon bande dessinée apportent légèreté, humour et gaieté.
La chimie verte, Actes Sud, collection « A petits pas », 2014
Par Emilie Ramel, Caroline Willay et Laurent Kling
Le coin des jeunes lecteurs : Une libellule a pondu
Le coin des jeunes lecteurs : Une libellule a pondu
Du nouveau pour les jeunes lecteurs.
C’est la fête aux éditions des Écologistes de l’Euzière ! Un album jeunesse est né, premier de la collection Vice-versa, imaginée par Marion Bottollier- Curtet et Serge Müller, les auteurs. Une libellule a pondu, paru fin 2019, est une petite merveille par ses illustrations à l’aquarelle, réalistes mais légères et translucides comme des ailes de libellule. Tout au long du livre, on vit les différentes phases de la vie d’une libellule : de l’insecte gracieux et aérien à sa larve étonnante, véritable ogresse des mares, en passant par l’œuf et par ce moment magique où la libellule fait exploser son exuvie pour prendre son envol.
Le livre est conçu pour se lire « à l’endroit » et « à l’envers ».À l’envers, ou plutôt « en marche arrière », on comprend de façon originale comment le caractère cyclique de la vie peut être abordé aussi bien en termes de causes que de conséquences. Une véritable prouesse graphique et éditoriale !
Une Libellule a pondu sera bientôt suivi d’autres albums conçus de la même façon.
Rozenn
Le monde fascinant des champignons
Le monde fascinant des champignons
Les champignons, présents sur la terre depuis 450 millions d’année, sont des organismes fascinants dont la biologie n'a pas encore révélé tous ses secrets mais la recherche lève progressivement le coin du voile. À l'heure actuelle plus de 100.000 espèces sont répertoriées mais on estime que leur nombre dépasserait le million et certaines se distinguent par des caractéristiques pour le moins insolites. C'est le cas des fameux "champignons magiques" et des champignons fluorescents.
Les champignons magiques
Concernant les champignons pudiquement désignés comme magiques, en fait très concrètement hallucinogènes, ils présentent la particularité de produire des métabolites secondaires entraînant divers troubles sensoriels. L'une de ces substances, les plus connues et répandues, est la psilocybine présente chez diverses espèces (en particulier du genre Psilocybe comme P. azurescens, P. cyanescens ou P. cubensis) mais aussi genres (outre les psilocybes diverses espèces du genre Gymnopilus : G. dilepis, G. chrysopellus) et même des familles non apparentées entre elles. Cette observation suggère que ces particularités génétiques qui permettent la synthèse de cette molécule hallucinogène n'auraient pas été héritées d'un ancêtre commun, en fait inexistant, mais plutôt qu'elles se seraient transférées directement entre des espèces génétiquement très éloignées les unes des autres. Ce phénomène est connu sous le nom de "transfert horizontal de gènes" qui peut avoir lieu grâce à divers processus comme par exemple des virus qui prélèvent des gènes d'une espèce pour les transférer chez une autre. Cependant, une question demeure : "Quel est le rôle de la psilocybine dans la nature ? et quel intérêt peuvent avoir ces espèces à produire cette molécule par transfert horizontal de gène ? Un processus qui dans la nature s’opère en réponse à des facteurs de stress ou pour exploiter des opportunités apparaissant dans l'environnement. C'est en partant de ce constat que les chercheurs ont découvert un premier indice : la capacité de synthèse de psilocybine est observée dans des environnements comportant de nombreux insectes et mollusques mangeurs de champignons. Une fois ingérée la psilocybine interfère avec un neurotransmetteur, la sérotonine, et en perturbe le fonctionnement. Ce mode d'action provoque des hallucinations chez les humains notamment. En outre, il a été démontré que vis-à-vis des invertébrés ses effets sont plus pervers. En effet la psilocybine diminue l’appétit des mycophages en créant chez eux une fausse sensation de satiété mais elle altère aussi le comportement des insectes xylophages tels les termites qui comme eux se nourrissent de bois en décomposition. Il apparaît ainsi que les champignons magiques ont évolué pour devenir hallucinogènes afin d’éviter d’être consommés et pour s’affranchir de la compétition qu’exercent les insectes xylophages sur leurs ressources nutritives et énergétiques.
Les champignons bioluminescents
Pour les champignons désignés comme fluorescents dans les médias qui sont en fait d’un point de vue scientifique bioluminescents leurs découvertes pourraient faire l’objet de feuilleton. L’espèce la plus bioluminescente des environ 80 espèces bioluminescentes actuellement connues a été découverte en 1839 par un botaniste anglais (George Gardner) après avoir observé des enfants jouant avec des objets lumineux dans les rues de la Villa de Natividade au Brésil. Pensant au départ qu’il s’agissait d’une luciole, il découvrit qu’il s’agissait en fait d’un champignon connu localement pour se développer sur des feuilles de palmiers en décomposition. Il a alors envoyé des exemplaires à des chercheurs du Royal Botanical Gardens, à Kew, en Angleterre qui ont confirmé qu'il s'agissait bien d'une espèce inconnue à laquelle ils donnèrent le nom d’Agaricus gardneri. Puis plus rien pendant plus de 170 ans jusqu’à sa redécouverte en 2005 par des scientifiques brésiliens qui étudiaient une bande de singes dans l'état de Piauí au Brésil utilisant des pierres comme outils pour casser des noix. À cette occasion ils ont redécouvert ce champignon qui poussait à la base des palmiers et qui produisait une lumière intense à l’obscurité. La récolte de ce champignon, plus gros que la plupart des champignons bioluminescents, a permis de procurer des quantités importantes de matériel pour permettre les travaux des généticiens et des chimistes. L’étude phylogénique a ainsi permis de montrer qu'il s'agissait d’un taxon frère de Neonothopanus nambi (un champignon toxique des forêts tropicales du sud du Vietnam). Cette parenté a été prise en compte pour donner au champignon brésilien son nouveau et actuel nom de Neonothopanus gardneri. Les biochimistes ont ensuite étudié comment la bioluminescence était produite par ce champignon qui peut émettre en permanence alors que tous les insectes, bactéries et animaux marins bioluminescents connus n’émettent de la lumière que par impulsions brèves. Les molécules et les processus impliqués dans la bioluminescence chez tous ces organismes étaient bien connus et reposent sur l’oxydation d'un substrat (luciférine) catalysée par une enzyme (luciférase) qui produit un intermédiaire de haute énergie (oxyluciférine) qui, pour retrouver son état stable, libère de l’énergie sous la forme d’une émission de photons dans les longueurs d’onde du visible. Pourtant et paradoxalement ces molécules n’étaient pas retrouvées chez N. gardneri alors qu’elles devaient nécessairement être présentes à des concentrations importantes pour permettre une bioluminescence en continu. Les molécules impliquées chez N. gardneri, mais aussi chez les autres champignons bioluminescents, sont maintenant et depuis 2015 identifiées. L’équivalent fongique de la luciférine est l’hispidine. Ces questions étant réglées, comme précédemment, se pose alors la question : pourquoi des champignons sont bioluminescents ? Une expérimentation subtile a donné tout récemment la solution. En forêt amazonienne ont été disposés des pièges à insectes à proximité immédiate de « champignons en résine acrylique » avec soit à l'intérieur une LED verte émettant une lumière semblable à la bioluminescence produite par N. gardneri soit sans LED. Les résultats sont très nets: les coléoptères staphylinidés, les hémiptères, les diptères et les hyménoptères sont bien plus nombreux à proximité des champignons artificiels émettant de la lumière. Ainsi l’énergie produite pour la bioluminescence attirent les insectes qui peuvent à leur tour contribuer à la dispersion des spores du champignon poussant sous un couvert forestier dense où le vent au sol est fortement réduit. En outre et subtilités supplémentaires :
- les champignons, même en culture de laboratoire, ne sont bioluminescents que de nuit en fonction d’une horloge interne : un moyen d’économiser l’énergie de jour pour ainsi être plus performants et attractifs la nuit et ainsi être plus aisément détectables par diverses espèces d’insectes qui eux aussi sont généralement plus actifs de nuit,
- l’intensité de bioluminescence émise varie considérablement en fonction, de la taille et de l'âge des fruits portés par les palmiers qui jouent ainsi un rôle d’attraction et de concentration dans le temps et l’espace des insectes. En outre cette intensité varie aussi en fonction de l'humidité ambiante, les conditions optimales étant la nuit après une journée chaude suivie d’un épisode de pluie, ce qui correspond ainsi à des conditions optimales pour la germination des spores de champignon après avoir été véhiculées par des insectes fructivores.
Ainsi le monde des champignons est étrange comme toute la vie qui explore de multiples voies pour ne conserver que les meilleures pour un temps et dans un contexte donné. Des champignons sont donc devenus hallucinogènes pour lutter contre leurs consommateurs et leurs concurrents trophiques directs alors que d’autres sont devenus bioluminescents pour, au contraire, s’allier à des invertébrés qui contribuent à leur dispersion.
Et pour les plus curieux des curieux
Kaskova Z.M., Dörr F.A., Petushkov V.N., Purtov K.V., Tsarkova A.S., Rodionova N.S., Mineev K.S., Guglya E.B., Kotlobay A., Baleeva N.S., Baranov M.S., Arseniev A.S., Gitelson J.I., Lukyanov S., Suzuki Y., Kanie S., Pinto E. Di Mascio P.,Waldenmaier H.E., Pereira T.A., Carvalho R.P., Oliveira A.G., Oba Y. Bastos E.L., Cassius V.S. Ilia V.Y., 2017. Mechanism and color modulation of fungal bioluminescence. Science Advances 3(4).
https://DOI: 10.1126/sciadv.1602847
Oliveira A. G, Stevani C. V . , Waldenmaier H. E., Jillian V.V., Jennifer M. E., Jay J. L., Dunlap C., 2015. Circadian control sheds light on fungal bioluminescence. Currents biology 25(7). 964-968
https://doi.org/10.1016/j.cub.2015.02.021
Purtov K.V., Petushkov V.N., Baranov M.S., Mineev K.S., Rodionova N.S., Kaskova Z.M., Tsarkova A.S., Petunin A.I, Bondar V.S., Rodicheva E.K., Medvedeva S.E., Oba Y. Oba Y., Arseniev A.S., Lukyanov S., Gitelson J.I., Yampolsky I.V., 2015 The chemical basis of fungal bioluminescence. Angew. Chem. Int. Ed. 54, 8124–8128
https://DOI:10.1002/anie.201501779
Reynolds H.T., Vijayakumar V., Gluck-Thaler E., Korotkin H.B., Matheny P. B., Slot J.C., 2018. Horizontal gene cluster transfer increased hallucinogenic mushroom diversity. Evolution Letters.
https://doi.org/10.1002/evl3.42
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Le puech Aurou et le Lamalou
Le puech Aurou et le Lamalou
S'il est un site où j'aime me rendre, c'est celui du puech Aurou. Je le rejoins en passant par Le-Mas-de-Londres. À la bifurcation de la D122 et de la D1, je pars à gauche et, en fin de montée, je prends la direction Le Rouet à droite. Après 200 mètres (container), je m'engage à droite sur une voie goudronnée menant à un parking près de l'ancienne école et de l'église de St-Etienne-de-Gabriac. Face à l'église et au cimetière, je prends le chemin pierreux descendant de gauche, celui de droite étant l'accès privé au beau bâtiment rénové qui intègre l'ancien moulin du Rouet. Sur le bas, le pont enjambant le Lamalou mérite un arrêt.
Une rivière et ses vasques
Sur la gauche, l'eau du Lamalou, dont le débit peut fortement varier selon les saisons, a déposé un tuf calcaire formant des vasques en cascades. On part juste après à gauche sur un chemin accidenté montant jusqu'à un point où l'on peut s'approcher du bord de la combe, à gauche, pour apprécier en contrebas le barrage à partir duquel un aqueduc permettait le fonctionnement du moulin.
En continuant à monter, on atteint d'étonnantes formations géologiques constituées de grandes terrasses, telles des marches d'escalier de géant. Un peu plus haut, au niveau d'un petit col, la vision y est encore plus grandiose. Sur la droite, c'est une succession de bancs rocheux blanchâtres avec, en toile de fond, certains aspects de la face nord du pic St-Loup.
Un site géologique rare
La particularité peu commune du site réside dans le type d'érosion de cette roche qui s'organise en terrasses. L'explication des géologues est la suivante : lors du retrait de la mer de l'époque miocène (environ -20 millions d'années), de grandes dépressions du terrain sont restées en eau. Ces zones devenues des lacs ont connu une sédimentation de matériaux en provenance de cours d'eau de l'amont. Un mélange d'argile et de carbonate a donné, dans ce contexte lacustre, une roche particulièrement friable de couleur blanchâtre. À noter qu'au pied de ces "falaises", on observe des traces de cours d'eau fossiles attestés par des petites marmites et des sillons d'érosion.
Le retour
On peut continuer à découvrir d'autres aspects de ce puech riche de surprises. Un chemin en terrasse permet d'atteindre la partie la plus haute dominant ces gigantesques marches, mais aussi permettant des vues exceptionnelles sur les lointains. Plus simplement, on peut aussi revenir au parking par le même cheminement.
Une église romane isolée
Le Rouet est une commune étalée constituée de divers hameaux (Les Camps, Gabriac, etc.) et domaines (domaine de Lamalou, etc.). Il y avait au XIIe siècle la nécessité d'y implanter une église paroissiale pouvant être aisément atteinte par tous les fidèles. St-Etienne-de-Gabriac dépendant du chapitre de Maguelone fut élevée sur une butte sacrée avec le cimetière. Le bâtiment a subi de multiples vicissitudes qui ont dénaturé la pureté des lignes, notamment au niveau de la façade. Par contre, l'absidiole ajoutée au XIXe siècle sur le mur sud s'intègre parfaitement bien à l'édifice, tant sur le plan des matériaux que du volume. À noter que sur cette même butte, une école a été construite au début du XXe siècle.
Le volet de nos pipistrelles
Le volet de nos pipistrelles
Une petite pipistrelle qui, "réveillée" par la lumière produite, se met à remonter plus haut le long du mur à reculons. Je rabats délicatement le volet et demande instamment au dit Moka de reprendre une vie normale, en clair de s'occuper à d'autres tâches, ce qu'il ne manque pas de faire car ici en pleines garrigues, y'a du lézard, des papillons, des sauterelles vertes, des criquets, des cigales, des campagnols, des oiseaux… Bref, l'activité de chasse pour petits félidés est bien remplie. Il y a même un autre de mes dits chats, Mowgli, qui nous a ramené un jour un Seps strié. Cette espèce étant protégée, j’ai immédiatement assigné Le Mowgli à la cour de justice de Genève aux Nations Unies Animales. Faut quand même ne pas exagérer là, non ? Mais … Classé sans suite et… Acquitté le Mowgli !
Depuis cette époque, tous les ans au début des beaux jours (vers fin mars), j'ai une ou deux de ces petites bêtes qui viennent régulièrement se réfugier au petit matin derrière mon volet et qui repartent chasser les insectes nocturnes à la tombée de la nuit. Ne les ayant pas baguées, je ne saurais dire si ce sont les mêmes d'une année sur l'autre ou pas. Qu'en dit la littérature : "animal très opportuniste, lieux bien exposés, dans les greniers des maisons ou derrière des volets". Plus développé : "Espèce essentiellement sédentaire. Les colonies de reproduction ne sont généralement séparées des quartiers que de 10 à 20 km. Cet animal part dans le sud pour hiverner de la mi-novembre à mars, avec des périodes de léthargie allant d'une à quatre semaines seulement, peut être dans les arbres creux, sinon dans les crevasses profondes des rochers, dans les fentes des murailles, dans les caves, les carrières et les habitations.
Elle peut chasser partout, du sol à la canopée avec une prédilection pour les allées forestières et les sous-bois. Elle chasse très souvent en lisière de forêt et au-dessus des points d'eau (mares, étangs) où les individus viennent boire 1. Avec une longévité supérieure à 17 ans, les femelles atteignent la maturité sexuelle pendant la première année, comme une partie des mâles. La mise-bas a lieu à partir de la deuxième année de la mi-juin à début juillet. Elles y mettent bas 1 petit, rarement 2 ou 3. Ils naissent totalement nus, les yeux s'ouvrent à 3 ou 4 jours. Le vol s'amorce à la quatrième semaine 2".
Et c'est ainsi que tous les ans, nous accueillons nos petites pensionnaires "triées sur le volet".
Une de "nos" pipistrelles sur son mur...
… Ou derrière "son" volet,
et le petit plaisir de caresser son museau de Nounours.
Un Seps strié (Chalcides striatus). Très difficile à observer.
Gilles Lorillon, Sauteyrargues, ingénieur
informaticien retraité, membre bienfaiteur des "Écologistes de
l'Euzière", car je les aime bien donc je les soutiens.
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Les brins de poètes
Les brins de poètes
p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent } Les brins de poètes …
Expérience unique d’un confinement ! Chacun s’est retrouvé confiné avec soi-même avec l’inquiétude du lendemain.
Que faire pour poursuivre sa route sans les réunions des mardis soir, sans les samedis « brins de botanistes », sans week-end naturaliste, bref sans les écologistes ?
Une idée qui semblait saugrenue mais, finalement pas si saugrenue que cela, a germé... et pourquoi pas tester nos jeunes talents de brins de poètes.
C’est ainsi que nous avons lancé ce challenge, pour éviter de tourner en rond, faire tourner les mots dans nos têtes, les faire chanter et danser au pas des alexandrins sur le thème de la nature, et sortir de notre confinement.
Certains se sont investis, emballés par cette expérience nouvelle en attendant les jours meilleurs, d’un retour aux mardis soir pour une lecture partagée de nos cogitations poétiques.
Pour nous mettre dans l’ambiance de notre soirée poésie, quelques quatrains...de nos brins de poètes.
Margie Dumonteil
p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }
Envie d’air pur de tout mon être, il fait si beau !
Printemps par la fenêtre, j’entends les oiseaux
Ivres de lumière dans un ciel de saphir
Accepter la galère pour ne pas mourir.
Hélène S.
Ranimant le printemps, les fleurs s’épanouissent,
Éclaboussés de couleurs, mes yeux s’éblouissent,
J’écoute les chants idylliques des oiseaux,
Loin de la folie des hommes, ces chants si beaux.
Sylvie P.
Petite tortue, redis-moi à quoi tu penses
Quand, entre les cailloux et les fleurs tu avances,
Petite tortue, agréable est ta balade
Au milieu des tendres pissenlits et salades.
Princesse sous carapace tu es à l’aise
Quand la pie te dispute le rouge des fraises
Et si vibre, tout près, le vol des butineuses
Ton rêve de bonheur le transforme en berceuse.
Jacques C.
Les Carex de nos régions
Les Carex de nos régions
Le nombre important d'espèces (130 en France, 80 dans notre région, c'est-à-dire tout le sud de la France depuis la mer jusqu'aux montagnes pyrénéennes, alpines et du sud du Massif central), le fait que ces plantes ont la réputation de se ressembler beaucoup, constituent au départ des obstacles qui semblent difficilement surmontables.
Pourtant ces espèces discrètes, souvent abondantes, sont de très bons indicateurs écologiques, colonisant tous les milieux et signant de façon souvent précise la nature et le fonctionnement des habitats naturels.
Et elles ne sont pas si difficiles à déterminer si on sait (mais ceci est vrai pour tous les domaines des sciences naturalistes) quoi observer.
Il existe deux grandes catégories de Carex :
● les Vignea, où les fleurs mâles et les fleurs femelles (les Carex sont des plantes monoïques chez lesquelles les fleurs sont soit mâles, soit femelles, mais portées sur le même individu) sont mélangées dans les épis.
● les Eu-carex où les épis sont soit mâles (ne portant que des fleurs mâles) situés en général au sommet des tiges, soit femelles (ne portant que des fleurs femelles) situés en dessous sur les tiges.
Cette première distinction étant faite, il faudra, pour pouvoir utilement se servir d'une clé de détermination, bien observer les caractères suivants :
● la souche : elle peut être cespiteuse ( en «touradons») ou gazonnante (= stolonifère) : si certaines espèces sont très typiques sur ce critère (Carex paniculata ou C. elata pour les cespiteuses, Carex divisa pour les gazonnantes), beaucoup d'autres ne sont pas si nettes et c'est donc un critère rarement déterminant.
● la taille : certains Carex sont grands (1,50m chez C. pendula), d'autres minuscules (10cm ou moins chez C. humilis ou le très rare et protégé C. pauciflora).
● les feuilles : elles peuvent être nombreuses, fines ou larges, longues ou courtes, dépassant ou non les épis supérieurs ; l'aspect très feuillé de C. halleriana par exemple, ou les feuilles très fines de C. lasiocarpa sont discriminants.
La couleur du feuillage est aussi très importante pour de nombreuses espèces : glauque (bleu-vert) chez C. flacca, C. panicea, C. riparia, C. elata, très vert chez C. nigra, C. cuprina, C. humilis, presque vert-jaune chez C. viridula, C. rostrata...
Les gaines des feuilles peuvent avoir leur importance : la couleur rouge de ces gaines est caractéristique chez le rare C. olbiensis.
● les bractées : c'est-à-dire la dernière pièce feuillée placée en dessous des épis: la bractée peut être longue et dépassant la tige (C. distachya, C. remota), très fine (C. muricata), perpendiculaire à la tige (C. tomentosa).
● la tige : le plus souvent à trois angles (rarement arrondie) ; les faces concaves des tiges de C. cuprina sont très typiques. Les tiges peuvent être lisses ou scabres (= rugueuses).
● les épis mâles : chez les eu-carex, la forme des épis mâles (fusiforme, linéaire, en massue) et leur couleur (fauve, brune ou noire) sont importantes. Les écailles des fleurs mâles ne sont discriminantes que pour C. riparia (écailles pointues) et pour son cousin C. acutiformis (écailles obtuses).
● les épis femelles : leur longueur, l'aspect penché à maturité (C. pendula), la présence ou non d'un pédoncule plus ou moins long, l'espacement entre eux, la distance les séparant des épis mâles, la densité des utricules constituent de très bons critères (le petit nombre d'utricules dans les longs épis de C. depauperata par exemple).
Chez les Vignea, où tous les épis sont semblables, regarder si les fleurs mâles sont plutôt au sommet ou plutôt à la base des épis.
● les stigmates : les Carex ont deux ou trois stigmates. Mais cela se voit à la floraison et souvent les autres critères de détermination exigent une bonne maturation des utricules, quand les stigmates ont disparu !! Mais les utricules aplatis sont à deux stigmates, les utricules arrondis (de loin les plus nombreux) sont à trois stigmates.
● les utricules : c'est la pièce maîtresse de la détermination des Carex. Les utricules sont des «sacs» enveloppant les fleurs femelles, donc un peu plus tard, les fruits (qui sont des akènes). Ils sont recouverts d'une écaille.
La taille des utricules, leur forme, leur pilosité, la taille et la forme du bec qui les prolonge (par exemple pas de bec chez C. flacca), le fait qu'ils soient lisses, bosselés ou nervés, leur couleur (l'aspect brillant des utricules de C. liparocarpos est typique), tout cela doit être observé attentivement.
L'écaille est, elle aussi, à examiner précisément : présence d'une pointe, couleur, nervures (les écailles brunes avec nervures vertes donnant un aspect bicolore aux épis femelles de C. panicea le font reconnaître de loin).
Enfin, il faut se rappeler que chez les Carex, où l'hybridation entre espèces est importante (mais peu stable), l'observation doit porter sur plusieurs exemplaires, les individus non conformes sont nombreux.
Voici la répartition très simplifiée des différentes espèces de Carex de notre région (ne sont cités que les noms d'espèces) par grands types de milieux.
Ceci est bien sûr assez arbitraire, car de nombreuses espèces peuvent se rencontrer dans différents habitats, mais cela permet cependant de lister de façon assez discriminante les espèces potentielles de chaque milieu.
En gras, les espèces fréquentes :
● dunes : extensa
● zones rudérales : divulsa
● forêts méditerranéennes : depauperata, depressa, grioletii, olbiensis, distachya, oedipostyla
● prairies de plaine : flacca, praecox, muricata
● garrigues : halleriana, humilis
● landes montagnardes : pilulifera
● fossés : hirta, cuprina
● zones humides de plaine : acutiformis, hispida, hordeistichos, distans, punctata, hostiana, flava, tomentosa, divisa
● sources, marais et tourbières de montagne : lasiocarpa, vesicaria, rostrata, panicea, laevigata, binervis, mairei, pallescens, umbrosa, brachystachys, buxbaumi, bicolor, cespitosa, nigra, acuta, chordorrhiza, disticha, spicata, diandra, paniculata, echinata, canescens, davalliana, pulicaris, pauciflora, microglochin
● causses : brevicollis, liparocarpos
● ripisylves et mares : riparia, pendula, elata, pseudocyperus
● forêts montagnardes : sylvatica, digitata, montana, alba, ferruginea, remota
● pelouses alpines et subalpines : capillaris, ornithopoda, ericetorum, sempervirens, firma, mucronata, frigida, atrata, parviflora, curvula, foetida, macrostylon, pyrenaica, rupestris
● prairies montagnardes : ovalis, caryophyllea
Bibliographie : Flore des Carex en France. Gérard DUHAMEL, Editions BOUBÉE. Magnifique et facile d'utilisation.
Jean-Paul Salasse
Co-président des Écologistes de l'Euzière
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Les champignons médicinaux, des atouts pour l’immunité
Les champignons médicinaux, des atouts pour l’immunité
Des propriétés variées
Sur les 15 000 espèces de
champignons “supérieurs” (Basiodiomycètes et Ascomycètes) qui existent
sur Terre, 700 d’entre eux ont des usages médicinaux, et plus de 1800
espèces pourraient présenter, selon les chercheurs, un intérêt
thérapeutique.
Dans nos contrées, les champignons ont de tout temps
suscité une certaine méfiance ; associés au monde souterrain et à ses
mystères, ils ont été tenus éloignés de la médecine et de nos
pharmacopées successives. Très peu de travaux scientifiques sont
disponibles, en dehors de ceux du Pr. Réveillères de la Faculté de
Pharmacie de Nantes, qui mettaient en valeur quelques espèces dans les
années 1980 : Boletus edulis, Cèpe de Bordeaux, agrégant plaquettaire - Agaricus campestris, Rosé des prés, anti-allergique respiratoire - Lepista nuda, « Pied bleu », anti-tumoral - Marasmius oreades, « Pied dur », antidépresseur - Pleurotus eryngii, Pleurote du panicaut, hypocholestérolémiant…
« En Asie, l’utilisation de champignons médicinaux fait partie des savoir-faire ancestraux de la médecine traditionnelle 1.
La recherche apporte aujourd’hui des arguments scientifiques à ces
pratiques » nous dit Sylvie Rapior de la faculté de Pharmacie de
Montpellier. Une collaboration avec des chercheurs thaïlandais a permis
de recenser les effets de nombreuses espèces ainsi que leurs mécanismes
d’action (2012). Les principales propriétés concernent la stimulation du
système immunitaire et la régulation du cholestérol et du glucose.
Par quelles substances les champignons agissent-ils ?
Dans
l’histoire de la thérapeutique occidentale, de remarquables substances
issues du monde des champignons microscopiques ont été découvertes,
comme les antibiotiques (ex. : pénicilline, céphalosporine), les
statines pour diminuer le taux de cholestérol, des antifongiques (ex. :
griséofulvine) ou encore des immunosuppresseurs (ex. : cyclosporine).
Les
parois cellulaires des macromycètes recèlent des molécules
particulièrement intéressantes sur le plan de l’immunité en général, et
des cellules cancéreuses en particulier ; ce sont les glycanes ou
polysaccharides, c’est-à-dire des polymères de plusieurs sucres simples
liés entre eux selon des séquences variées.
Ces molécules, parce
qu’elles ne sont pas synthétisées naturellement par le corps humain, ont
la capacité d’activer la réaction immunitaire. Elles induisent une
stimulation de l’activité cellulaire cytotoxique (lymphocytes T et
cellules Natural killer NK) permettant l’élimination des cellules
pathogènes, et, via l’activation de récepteurs membranaires, déclenchent
une forte réaction inflammatoire (synthèse de cytokines : TNFα et
interleukines).
D’autres substances sont impliquées dans cette
activité : des protéines, des lipides et de plus petites substances
comme des lectines, lactones, terpénoïdes, alcaloïdes, phénols ou
stérols. Certaines d’entre elles sont capables d’agir directement sur le
signal cellulaire impliqué dans le développement et la progression du
cancer.
Par ailleurs, sur le plan nutritionnel, les champignons
présentent l’intérêt de contenir tous les acides aminés essentiels et
sont plus riches en protéines que les végétaux. Leur concentration en
vitamines du groupe B (B1, B2, PP et B6 majoritaires), indispensables à
l’équilibre nerveux, est leur véritable atout. Quant aux minéraux
(phosphore, potassium et fer) et oligo-éléments (zinc, bore et surtout
sélénium), ils en sont très bien pourvus.
Cependant prudence, les
champignons ont tendance à accumuler certains déchets du sol ainsi que
de concentrer la radioactivité. Il convient d’être attentif à la qualité
des lieux où ils prospèrent ou du support de culture choisi.
La mycothérapie au service de l’immunité
Parmi les champignons les plus utilisés en thérapeutique pour stimuler le système immunitaire, en voici quelques-uns :
Agaricus subrufescens ou Agaricus blazei sensu, Blazei ou « Champignon de Dieu » (Agaricacées) :
Poussant
en sous-bois dans la forêt vierge du Brésil et maintenant cultivé en
Asie, il s’agit d’un comestible au délicat goût d'amande, proche de
celui du champignon de Paris.
Ses substances actives sont
protectrices des infections microbiennes et virales par leur action
immunostimulante. Certains composés sont également anti-mutagènes
in-vitro (composés : polysaccharides, glycoprotéines ainsi qu’agaritine,
ergostérol). Des études ont montré l’amélioration de la qualité de vie
de patientes traitées pour un cancer gynécologique par chimiothérapie.
Par ailleurs, cet Agaricus est traditionnellement utilisé dans la
dermatite (ou eczéma) atopique.
Ganoderma lucidum,
Ganoderme luisant, « Champignon de longévité », « miraculeux » ou «
herbe porte-bonheur », Reishi ou Ling Zhi en Chine, Saruno koshikake au
Japon (Ganodermatacées) :
Très
rare à l’état sauvage, il croît dans les forêts tempérées d’Asie et
d’Europe. Le Reishi est connu en Chine depuis 2000 ans comme grand
tonique du Qi (énergie vitale), et était employé pour stimuler mémoire,
vitalité et longévité. Il est comestible mais toutefois peu apprécié en
cuisine car coriace.
Ce Ganoderme est un champignon immunostimulant
qui stimule la production de cellules cytotoxiques et diminue la
prolifération des cellules tumorales (composés actifs : polysaccharides,
triterpènes). Il améliore la qualité de vie des patients sous
chimiothérapie cancéreuse. Il manifeste également une activité
anti-inflammatoire comparable à celle de l’hydrocortisone.
Par
ailleurs, il est hépatoprotecteur et bénéfique sur le rein
(glomérulonéphrite), protège le pancréas, régule le sucre dans le sang
ainsi que la tension artérielle.
Grifola frondosa, « Champignon dansant » ou « qui rend éternel », Hui Shu Hua en Chine, Maïtaké au Japon (Méripilacées) :
Il
serait le plus puissant des immunostimulants existant chez les plantes
ou les champignons (composés actifs : polysaccharides). L’activité des
cellules cytotoxiques du système immunitaire (chargées de détruire les
cellules cancéreuses) est multipliée de 1.5 à 3 grâce à des prises
orales d’extraits aqueux de Maïtaké. Dans certains cancers, les
chimiothérapies sont ainsi potentialisées. Par ailleurs des
triacylglycérols ont des effets anti-mutagènes directs.
Il manifeste
également une activité métabolique intéressante. Anti-stress,
anti-oxydant ralentissant les processus dégénératifs, il régule la
tension, abaisse le cholestérol et les triglycérides, améliore la
tolérance au glucose et protège le foie de l’action de divers
médicaments.
Lentinula edodes, Lentin du chêne (quand
cultivé sur bois de chêne) ou « Champignon du samouraï », Xang gu en
Chine, Shiitaké au Japon (Marasmiacées) :
Autrefois
réservé aux seuls empereurs comme remède universel aux milles vertus,
c’est le champignon le plus cultivé dans le monde avec le champignon de
Paris, doublement apprécié pour ses qualités gustatives et ses
propriétés vitalisantes.
Des centaines d'études cliniques lui ont été
consacrées ces dernières années en Asie, en Europe et aux États Unis.
Le Shiitaké est immunostimulant et anti-mutagène par ses polysaccharides
(lentinane) et autres composés (ex : ester d’acide caféique).
Il a
par ailleurs une action métabolique et cardio-vasculaire. Les
asiatiques l’utilisent pour faire baisser la tension, le cholestérol et
lutter contre les infections (substance antibiotique).
Inonotus obliquus, Chaga ou Tchaga, le « Champignon de Soljenitsyne », Bai Hua Rong en Chine, Kabanoanakake au Japon (Hyménochaétacées) :
Récolté
sur les troncs de bouleau qu’il parasite, ce champignon à l’aspect de
bois brûlé est consommable en l’état, frais et cru. Utilisé par les
russes et les asiatiques depuis des milliers d’années, il a bon goût et
ne présente aucune toxicité.
Les russes élaborent une boisson
fortifiante très célèbre chez eux, remède nommé « Belfunginum » destiné à
toute la famille, à tous les âges. Dans son livre « Le pavillon des
cancéreux », Soljenitsyne évoque une région de Sibérie épargnée par le
cancer grâce à la coutume de boire en guise de thé une infusion de ce
champignon. Il fait partie de la pharmacopée russe depuis 1955, présenté
comme anti-cancéreux (composé : acide bétulinique, également retrouvé
dans l’écorce de bouleau).
La poudre de Chaga est réputée antiseptique et cicatrisante par voie externe (polyphénols).
Comment utiliser les champignons médicinaux ?
Les
pays d’Asie pratiquent aujourd’hui une culture industrielle ou
semi-industrielle d’un certain nombre d’espèces (myciculture), dont
certaines techniques ont été transférées en Occident.
Dans le
commerce, ils seront retrouvés sous différentes présentations en tant
que compléments alimentaires : poudres, extraits liquides ou extraits
secs standardisés. Les extraits seront préférés aux poudres en raison de
leur plus forte teneur en polysaccharides ayant une action immunitaire.
La poudre, quant à elle, est plus riche en certains minéraux et
vitamines et conviendra à la prévention.
Pour certaines espèces,
le mycélium, recelant également des actifs intéressants, est exploité.
Ses qualités sont soumises à davantage d’aléas, avec des effets
thérapeutiques variables.
Exemple d’utilisation du Shiitaké, pour « booster » le système immunitaire avant l’hiver :
Prendre
5 g de champignon séché par jour ou 3 gélules de poudre par jour ou 1
gélule d’extrait titré en polysaccharides (20 à 30%), en cure pendant 3
semaines.
Par prudence, le shiitaké est déconseillé aux femmes
enceintes ou allaitantes, ainsi qu’aux enfants. Il peut occasionner des
troubles de type allergique ou digestif.
1 -
Le premier ouvrage de matière médicale chinoise, traitant de drogues
végétales, animales et minérales, le Shennong bencao jing, décrit un
certain nombre de champignons médicinaux. Datant des alentours du début
de notre ère, il serait une compilation de textes beaucoup plus anciens.
Annie Fournier, Dr en pharmacie,
formatrice et rédactrice dans le domaine des plantes médicinales et de
la santé naturelle, adhérente de l'association depuis 2000.
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Les championnes du champignon
Les championnes du champignon
Eh oui, certaines espèces américaines, communément appelées “coupe-feuilles”, sont en effet spécialisées dans la consommation de champignons. Ces fourmis, appartenant aux genres Atta et Acromyrmex, construisent de véritables champignonnières, qu’elles entretiennent consciencieusement.
La cueillette
Tout commence par la création d’un “tas de compost”, qui servira de base à la culture; et pour cela, il faut des restes végétaux. Qu’à cela ne tienne, une équipe d’ouvrières récolteuses part à l’assaut de la végétation : elles grimpent le long des troncs d’arbres, coupent le pétiole des feuilles, faisant ainsi tomber le précieux butin. Une équipe, restée en bas, s’empare des feuilles et les découpe en morceaux : ni trop gros, ni trop petits, juste la taille permettant le transport. Le relais est alors pris par l’équipe chargée du convoyage. Chaque fourmi surmontée de son fragment de feuille ou de fleur ressemble à un mini-parasol qui se déplace à grande vitesse, escortée par des fourmis-soldats. C’est joli, mais que de dégâts dans la végétation !
La découpe et la mise en culture
Les colis végétaux sont apportés jusque dans le nid, gigantesque structure composée de milliers de chambres enterrées à quelques mètres de profondeur. La livraison est alors prise en charge par d’autres ouvrières, chargées de la découpe de précision : les premières font des lanières, les suivantes, plus petites, de fins fragments, puis d’autres, de plus en plus petites, des lambeaux de plus en plus minuscules, formant une sorte de pâte. En bout de chaîne, des “mini-ouvrières” récupèrent cette mixture et l’incorporent dans le jardin à champignons, mélange intime entre les filaments du champignon et les fragments végétaux.
Les plus petites fourmis de la colonie sont les jardinières, qui travaillent d’arrache-pied à l’entretien de la culture. En bas du jardin, elles arrachent des touffes de filaments de champignon, pour les planter en haut, là où a été déposée la pâte végétale. Elles enrichissent aussi le haut du jardin en engrais de leur propre fabrication : leurs déjections comportent en effet des substances du champignon qu’elles consomment, substances capables de dégrader la matière végétale, venant compléter ainsi l’action directe du champignon.
Les traitements phytosanitaires
Les jardinières éliminent les parties malades du champignon et appliquent également des produits phytosanitaires biologiques : d’une part, elles produisent des substances antibiotiques qui empêchent la contamination de la champignonnière par des bactéries pathogènes.
D’autre part, elles vivent en association avec une bactérie qui produit un antifongique puissant capable d’éliminer un champignon parasite de celui qu’elles cultivent.
C’est une véritable production agro-alimentaire.
Une association champignon-fourmis à bénéfices réciproques
En effet, le champignon dégrade les résidus végétaux et utilise les produits de cette dégradation pour construire sa propre matière : des filaments qui sont consommés par les fourmis et des renflements (appelés mycotêtes), plus riches et qui servent à nourrir les larves et les reines. Mais n’allez pas croire que le champignon est une simple victime dans cette histoire : il tire lui aussi des bénéfices substantiels de l’association. Dans le sous-sol creusé par les fourmis, il trouve en effet des conditions idéales de température et d’humidité et est à l’abri des consommateurs de champignons. L’arsenal pharmaceutique dont disposent les fourmis le met également à l’abri de maladies bactériennes et fongiques.
Un matrimoine culturel ?
Et si chez nous, les recettes à base de champignons se transmettent de génération en génération, c’est peut-être les fourmis qui nous l’ont inspiré : une fourmi fondatrice ne quitte jamais sa colonie d’origine sans sa dot, composée d’un fragment de filament de champignon, qui lui servira à ensemencer sa nouvelle colonie, et d’un “kit de secours” sous la forme d’un filament de bactérie antifongique.
Sabri Hurtrez, 12 ans, est le junior du groupe faune dont il est un des membres fidèles depuis le début. Sylvie,
sa maman, est coprésidente des Écolos et enseignant-chercheur en
biologie-écologie. Les deux passent beaucoup de temps dehors, notamment
dans leur jardin, à regarder les plantes pousser et à observer les
animaux, sauvages et domestiques.
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Les herbes de la Saint-Jean
Les herbes de la Saint-Jean
Nous approchons de ce fameux jour de célébration populaire, traditionnellement accompagné de grands feux de joie, et dont les origines païennes semblent fort anciennes. C'est le moment d'emmagasiner les forces du soleil avant que les nuits ne rallongent. Lors du solstice d’été, s’opèrent des correspondances naturelles et rituelles entre l’homme et son environnement, dotant par là même les plantes de vertus toutes particulières.
Aux origines de la Saint-Jean
Dans nos pays, les débuts de la chrétienté sont marqués par une remise en question du paganisme existant : aux pratiques multimillénaires mêlant magie, superstition et invocations aux divinités, s’oppose le culte d’un seul dieu.
Dès le 4e siècle, alors que la puissance de l’église et de son dogme s’affirme, les personnes se livrant à des pratiques idolâtres sont poursuivies et condamnées ; allumer des torches, vénérer des arbres, des fontaines ou des pierres relève du sacrilège. Au 7e siècle, le conseiller du bon Roi Dagobert préconise même la destruction des fontaines et l’abattage des arbres sacrés, pour en finir avec des rituels d’un autre âge.
L’église n’aura de cesse de poursuivre son œuvre d’éradication, et ce plus ou moins jusqu’au 17e siècle. Cependant, force est de constater la survivance du paganisme, et au-delà même, l’appropriation par la chrétienté de nombreux de ses rituels, comme c’est le cas pour les fêtes de la Saint-Jean.
À quel moment la célébration du solstice d’été fut-elle reliée à Saint-Jean ? Il est difficile de le préciser. Quoi qu’il en soit, à la date du 24 juin correspond la naissance, considérée comme sacrée par les chrétiens, de Jean le Baptiste. Grand prêcheur de son temps, Jean pressentit la naissance de Jésus et, le moment venu, procéda au bain rituel dans l’eau du Jourdain, afin de le préparer à sa mission (baptême relaté dans les trois évangiles). Les concordances symboliques corroborent la lecture biblique puisque le solstice d’été augure le signe zodiacal du cancer, caractérisé par l’élément eau, et le solstice d’hiver, six mois après, annonce Noël et la venue du Christ, dans le signe de feu du sagittaire.
Un rituel par le feu
Les fêtes de la Saint-Jean s’inscrivent dans le prolongement de rites celtes, slaves et germaniques, qui visaient déjà à préserver les semences issues des moissons, et par extension symbolique, à favoriser toute forme de fertilité et d’abondance. Leur pratique, contrariée par l’église, a été de quelques jours décalée de la date du solstice (19 ou 21 juin).
Fête de la St Jean par Jules Breton (1875)
Au centre de ces rituels : le feu, symboliquement relié à l’astre solaire. Purificateur, il a le pouvoir d’amener protection à la vie des hommes et à ses biens, aux maisons, aux animaux, tout en éloignant les influences néfastes. Musique et danse accompagnent les nombreux vœux formulés autour du brasier et invitent les jeunes gens à la prouesse. Ainsi, sauter le plus haut possible au-dessus des flammes renforce les chances d’une bonne récolte ou d’un mariage heureux.
Suivant les régions et les époques les pratiques varient, incluant le plus souvent des processions au flambeau, pèlerinages vers les sources, jeux pour les jeunes gens, tels des rites de passage… Le feu embrase des formes variées : bonhomme de paille, roue, tonneau ou brandon (tronc de conifère fendu et érigé), comme dans les Pyrénées, où cette tradition toujours vivante est aujourd’hui protégée d’un statut de “patrimoine culturel immatériel de l'humanité”.
Des plantes aux multiples vertus
Porteuses de nombreux symboles, investies du feu de la terre et de l’énergie solaire condensés, les herbes prennent toute leur place dans ces rituels.
Leurs pouvoirs magiques et guérisseurs sont encore plus grands lorsque la floraison coïncide avec la période solsticiale et qu’elles bénéficient de la présence de rosée déposée à leur surface. Ainsi il est dit, le jour de la Saint-Jean à l’aurore, “d’avoir les pieds nus et avancer dans la rosée, en marchant à reculons pour que la main ne cueille pas plus que la poignée nécessaire”.
Certes, une fois récoltées, ces herbes solaires peuvent être conservées pour des usages médicinaux futurs. Elles sont avant tout destinées à favoriser la chance, susciter l’amour, éloigner les dangers et les mauvais présages. Ainsi les jeunes filles arborent des couronnes tressées de fleurs ; des bouquets bénits sont suspendus au-dessus des portes, donnés en offrande aux sources miraculeuses ou jetés dans le brasier avec force incantations. Ces plantes sacrées peuvent également remplir de petits sachets de lin, portés comme talismans, placés sous l’oreiller ou entrer dans la composition de philtres d’amour.
“Les 7 herbes de la Saint-Jean”
La première des fameuses herbes de la Saint-Jean est le millepertuis, cité à travers toute l’Europe ; la deuxième est l’armoise puis suivent la sauge, l’achillée millefeuille, la verveine officinale, la joubarbe des toits et le lierre terrestre.
De nombreuses autres plantes portent toutefois le nom populaire “d’herbe de la Saint-Jean”, comme l’armoise, la camomille, la menthe, la petite centaurée, la mélisse, le romarin, la bétoine, le plantain, la rue, l’absinthe, la fougère polypode du chêne, etc. il y en aurait une vingtaine, voire une centaine selon certains auteurs…
Doute quant à leur nombre, ce qui est compréhensible, au vu de la longue période d’histoire traversée et de la variété des territoires concernés. Doute également au sujet de leur identité, l’usage de noms vernaculaires, antérieur à la généralisation de la nomenclature en latin au 18e, ayant donné lieu à des confusions multiples.
Le millepertuis, plante du soleil
Choisissons ici de décrire une herbe emblématique de la Saint-Jean, au caractère solaire rayonnant, tant sur le plan de sa forme que de sa composition. Le millepertuis présente en effet des inflorescences d’un jaune or, dont les fleurs ont des pétales qui semblent tourner comme les rayons d’une roue, et des poches glandulaires contenant une essence rouge feu.
Hypericum perforatum, Hypéricacés
Le nom de “chasse-diable” fait référence à des usages magiques ancestraux, perpétués pendant l’Antiquité et tout le Moyen âge. Son pouvoir “d’éloigner les esprits malins” trouve en quelque sorte son prolongement aujourd’hui dans le traitement de la dépression, puisque le Moyen âge considérait ce type d’affection comme relevant de phénomène de possession. Par une action stimulante sur certains neuromédiateurs cérébraux, le millepertuis “ramène du soleil” dans nos vies, lorsque insomnie, angoisse et dépression se sont installées. Notamment nous savons que le manque de luminosité affaiblit les productions de mélatonine et de sérotonine, et engendre ainsi une baisse de moral ; il se trouve que la prise de cette plante permet d’améliorer ce que les médecins nomment “déprime hivernale” ou “dépression saisonnière”.
Le millepertuis porte également les noms communs “d’herbe aux piqûres”, “herbe aux brûlures”, “herbe du charpentier” etc. Son usage traditionnel le plus ancien découle en effet de ses propriétés cicatrisantes, particulièrement mises en avant au 13e siècle, par les médecins de l’école de médecine de Montpellier.
Par voie orale, sous forme de poudre, extrait sec ou hydroalcoolique, ou bien en applications locales de son huile rouge solarisée, la sommité fleurie de millepertuis constitue un remède précieux de la phytothérapie, comme de l’homéopathie. Attention cependant aux réactions de photosensibilisation cutanée pouvant survenir après une exposition solaire, et aux nombreuses interactions médicamenteuses susceptibles de restreindre son usage ; à ce sujet, prendre l’avis d’un spécialiste.
Huile rouge de millepertuis
En complément, vous pouvez lire l’article paru dans la revue La Garance Voyageuse, n°78 Eté 2007 intitulée “Le pouvoir protecteur des plantes de la Saint-Jean”, par Hubert Schneckenburger.
Annie Fournier, Dr en pharmacie, formatrice et rédactrice dans le domaine des plantes médicinales et de la santé naturelle, adhérente de l'association depuis 2000.
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Les oiseaux migrateurs - les champions de l'orientation
Les oiseaux migrateurs - les champions de l'orientation
Migration des oiseaux
Jusqu'au XIXe siècle, l'homme s'interrogeait sur l'apparition de certaines espèces d'oiseaux au printemps et sur leur disparition en automne. De multiples idées fantaisistes tentaient d'expliquer cette réalité.Par exemple, on croyait que certains oiseaux migraient vers la Lune ou encore que d'autres changeaient d'espèces pour passer l'hiver. Au XVIIIe siècle, Cuvier et Linné pensaient que les hirondelles hivernaient sous la glace ou s'enterraient dans la vase. Ce sont les naturalistes de ce même siècle qui émirent l'idée de déplacement entre les lieux de reproduction et ceux d'hivernage. On a vite compris alors que ces migrations étaient liées aux ressources alimentaires pour de nombreuses espèces. C'est donc une question de survie qui concerne surtout certains insectivores mais aussi d'autres oiseaux ayant un régime alimentaire spécialisé tels le circaète Jean-le-Blanc mangeur de serpents, le guêpier consommateur d'hyménoptères…
C'est ainsi que des quantités phénoménales d'espèces font le voyage des lointaines contrées africaines à l'Europe et inversement, en traversant mers et déserts. Elles subissent à ces occasions de lourdes pertes, en particulier chez les jeunes de l'année.
Outre les phénomènes physiologiques internes, c'est surtout le photopériodisme qui détermine le départ des oiseaux. Celui-ci est anticipé avant même l'épuisement de leur source d'alimentation. Il existe deux types de migrateurs.
Migrateurs au long cours
Ceux-là arrivent chez nous de mars à juin et repartent entre juillet et octobre, selon les espèces comme le Rossignol philomèle, la Bondrée apivore ou le Martinet noir. Lors de ces vols, qui le plus souvent s'effectuent de nuit, ils peuvent parcourir des centaines de kilomètres, dont une étape exceptionnelle de près de deux milles kilomètres, la traversée du Sahara. Ils se nourrissent généralement en cours de route en se posant durant la journée.
Migrateurs partiels
Il s'agit des espèces qui se reproduisent dans le nord et l'est de l'Europe et qui rejoignent par paliers pour certains le sud de l'Europe et pour d'autres les pays côtiers du sud de la Méditerranée, entre Maroc et Libye. Notons par exemple la Bernache cravant, la Sarcelle d'hiver, la Foulque macroule... Toutefois, on constate de plus en plus de modifications des flux migratoires en rapport avec le réchauffement climatique.
Comment se dirigent-ils ?
On sait qu'ils suivent des trajets précis et qu'ils sont sensibles aux rayons ultraviolets, aux modifications de la pression atmosphérique, aux infrasons et au plan de polarisation de la lumière. Ils disposent de ce qu'il est possible d'appeler une "horloge interne". Ils se dirigent à l'aide de trois types de "compas" : le soleil pour les migrateurs diurnes, les étoiles et la lune pour les migrateurs nocturnes, mais aussi le champ magnétique terrestre pour certains, tels les pigeons qui, selon de récentes découvertes, possèdent dans la peau recouvrant la partie supérieure du bec, 90% de maghémite (Fe2O3) et 10 % de magnétite (Fe3O4), plus précisément dans les dendrites des neurones, ce qui leur permet de connaître leur position géographique (d’après Gerta Fleissner, Branko Stahl, Peter Thalau, Gerald Falkenberg et Günther Fleissner : Un nouveau concept de magnéto-réception à base de Fe).
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Lombrichemin
Lombrichemin
L’animal qui nous intéresse ici recommence à laisser ses traces quand les beaux jours arrivent et qu’il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Sans lui, nous ne serions pas là, et pourtant, tout ce qu’il nous offre, il le fait sans le moindre bruit.
Pour le trouver, ouvrez bien les yeux en traversant vos jardins et en vous baladant sur les chemins ou dans les parcs, et surtout, astuce essentielle : regardez vers le bas, regardez le sol, regardez la terre ! Ils réalisent de petites sculptures de terre en forme de tourbillons. Ce sont des ‘turricules’ (du latin « turris » qui signifie tour). Produits de la digestion des argiles du sol et des humus de surface, ces tours excrémentielles donnent une terre très riche : le complexe argilo-humique, indispensable à la bonne santé des plantes.
La disparition des vers de terre s’accélère de façon inquiétante dans les sols agricoles : dans les années 1950, il y en avait, en moyenne, 2 tonnes par hectare contre seulement 200 kg de nos jours !!! Cette disparition génère la fragilisation et l’appauvrissement des sols et, à terme, leur érosion par le vent et la pluie. Le recours trop systématique et massif aux pesticides et au labour profond semble être la cause principale de la forte diminution des populations de vers de terre.
Darwin a été le premier à constater l’importance capitale des vers de terre et à regretter le manque de reconnaissance de leur rôle.
Ann Edens, j'étais journaliste aux USA et je suis en France depuis 20 ans. J'ai fait connaissance avec les écolos à travers ma formation EEDD. Je suis passionnée des lombrics et de l'avenir de notre chère terre.
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Lu et vu pour vous : Encyclopédie des plantes alimentaires
Lu et vu pour vous : Encyclopédie des plantes alimentaires
Michel Chauvet, que nous connaissons bien aux écolos, puisqu'il a participé à la rédaction de l'ouvrage sur les salades sauvages, vient de publier un ouvrage unique en son genre par ses dimensions, dans tous les sens du terme : 20 ans de travail et près de 3 kg, bon poids (2).
Dès l'ouverture du livre, vous partirez en voyage. À chaque tour de page vous arpenterez les marchés du Monde mais aussi les jardins et les recoins de nature propices à la cueillette. Les belles illustrations vous rendront la beauté des fruits, les couleurs des légumes et même leurs textures ; ne manqueront que les parfums et les odeurs, mais reste à les imaginer...
Vous découvrirez sans doute, comme moi, des plantes que l'homme utilise, certaines depuis des millénaires et dont vous n'aviez jamais entendu parler. Et grâce aux textes clairs et précis vous comprendrez l'incroyable capacité des hommes à « inventer » des formes et des goûts pour se nourrir, mais aussi pour se faire plaisir. La richesse et la diversité de ce patrimoine de l'humanité que sont les plantes alimentaires est bien le fruit du travail et de l'intelligence des humains couplés à l’extraordinaire capacité du vivant à voyager, s'adapter et se diversifier…
Michel Chauvet, PLANTES ALIMENTAIRES, 700 espèces du Monde entier, Editions BELIN, 2018
(1) Vous avez la possibilité d'y goûter à l'exposition Cookbook, actuellement à la Panacée de Montpellier... c'est étonnant !
(2) Ce qui, somme toute, ramène le prix du livre au kilo à celui des cèpes sur nos marchés...
Jean Burger, J’ai fait partie de l’équipe des écolos des premières années, en tant qu’étudiant bénévole puis comme salarié. Depuis le virus de faire connaître et partager la nature avec les autres ne m’a plus quitté. Quand les sorties sur le terrain m’en laissent le temps, je suis aussi coprésident de cette belle association.
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Lu et vu pour vous : Le bug humain
Lu et vu pour vous : Le bug humain
Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine Cerveau et psycho, s’est demandé pourquoi les humains continuent à agir comme par le passé alors qu’ils savent parfaitement dans quelle crise écologique ils ont mis la terre. En se penchant sur la question, il en a déterminé le point origine : la partie la plus archaïque de notre cerveau, le striatum. Quand un animal part en chasse par exemple, ses mouvements sont contrôlés par le striatum.
S’il réussit, le striatum libère une molécule : la dopamine qui procure du plaisir. La fois suivante, ces circuits neuronaux qui ont mené au succès seront renforcés. Ce système de l’action/récompense est très efficace.
Le striatum (petite zone du cerveau enfouie à la base du cortex) dirige chaque organisme vertébré depuis plusieurs centaines de millions d’années. Chez l’homme, le striatum continue à tenir les commandes et poursuit les 5 objectifs fondamentaux qui guident les espèces vivantes qui nous ont précédés : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’efforts et glaner un maximum d’infos sur son environnement. Mais le cortex de l’être humain s’est extrêmement développé depuis un million d’années et ce cortex peut procurer au striatum presque tout ce qu’il désire. Le striatum ne demande que cela. Il prend tout ce qu’il peut avoir. Le circuit de la récompense est donc le vrai maître du monde.
Ainsi face aux enjeux climatiques, à la chute drastique de la biodiversité et aux ravages de la pollution entre autres, nous sommes comme une personne accro à la nourriture, devant une tablette de chocolat : nous sommes happés par le présent et incapables de penser à notre avenir.
Les êtres humains ont essayé depuis les temps les plus reculés de contrer les impulsions profondes de notre système de récompense : Socrate, Platon, Lucrèce et tous les courants religieux ont tenté de bloquer l’activité du striatum par la morale et la volonté, dressées contre la tentation. Mais toutes ces méthodes se sont révélées épuisantes ou impuissantes.
C’est là que les neurosciences se révèlent utiles. Elles nous proposent 2 options pour ne plus être le jeu du striatum.
La première est de prendre le striatum à son propre jeu et de détourner son énergie comme on détourne un cours d’eau pour alimenter une turbine. On peut ainsi l’alimenter par le plaisir d’apprendre, de découvrir, de faire du sport et aussi par des valeurs humaines comme l’altruisme et l’amour etc.
La deuxième est de faire appel à la conscience. La force du striatum vient de ce que ses commandements sont inconscients. Dès qu’ils sont mis en lumière, ils s’évanouissent. Par la conscience, nous privilégions le long terme sur le court terme, la qualité sur la quantité etc.
« Pour nous affranchir du déterminisme de notre striatum, l’enjeu de la conscience est fondamental. Il faut amener notre degré de conscience à un niveau comparable à notre intelligence, nous immuniser par le pouvoir de notre cortex contre le « tout, tout de suite ». C’est un enjeu capital pour l’avenir de notre espèce. »
Rozenn Torquebiau, D'abord institutrice puis à présent auteure pour la jeunesse, ma vie a été inspirée par les enfants, les plantes, les peuples premiers... le monde dans son ensemble.
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Lu et vu pour vous : Les plantes envahissent ARTE !
Lu et vu pour vous : Les plantes envahissent ARTE !
Ainsi, la chaîne ARTE diffuse en ligne jusqu’en mars 2022 les 5 premiers portraits de plantes :
- Millepertuis perforé
- Ciste cotonneux
- Plantain lancéolé
- Mauve sylvestre
- Reine des Prés
L’équipe travaille actuellement sur 5 autres portraits de plantes qui seront diffusés aussi sur cette chaîne.
Si vous êtes bien attentifs, vous reconnaîtrez les paysages de Restinclières, car les Écologistes ont aussi participé à la réalisation technique.
Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !
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Lu et vu pour vous : Les plus beaux treks de Méditerranée
Lu et vu pour vous : Les plus beaux treks de Méditerranée
Sous un air de «beau livre», «Les plus beaux treks de Méditerranée » de Gian Luca Boetti vous propose de façon pratique 21 treks de quelques jours, répartis en 4 à 9 étapes. 1ère destination mondiale du tourisme, la rive nord de la Méditerranée offre encore des paysages originels.
Ces miracles de préservation sont souvent dus au relief accidenté, accompagné d’une politique d’aires protégées comme celle du Conservatoire du Littoral, de Réserve marine ou de Parc naturel.
Chaque trek est illustré de belles photos et d’un descriptif documenté sur les spécificités et les figures locales. Il se termine par des pages pratiques : comment s’y rendre, se loger et se sustenter d’une cuisine méditerranéenne plus originale que votre pizzeria préférée.
De l’Espagne à la Grèce, en passant par la France et l’Italie, l’auteur a sélectionné des sentiers bien balisés, à quelques exceptions réservées aux plus sportifs, et offrant des possibilités d’hébergement. Les classiques sont au rendez vous : les Calanques, de Collioure à Cadaquès pour ne citer que les plus proches. D’autres sont plus confidentiels notamment les petites îles de la côte toscane Capraia ou Gilio. Les plus endurants, à l’organisme de chameau, se régaleront du mythique golfe d’Orosei (Sardaigne), dont l’aménagement sommaire d’un sentier fut déjà une aventure. En contrebas, ses grottes marines ont accueilli les dernières populations de phoque moine de Méditerranée. Les amateurs de villages perchés ou médiévaux aux couleurs fauvistes ou pastels choisiront la Riviera niçoise, les ports de fond de crique du Cinque Terre ou la côte d'Amalfi. Si vous recherchez plus de naturalité, partez vers les ambiances insulaires. En hiver, vous naviguerez entre la blancheur des sommets de Crète ou de Sicile et le bleu marin, qui se décline en criques turquoises ou vertes, en eaux transparentes, de cristal ou de cobalt.
Les points communs : la beauté de paysages, sans route ni construction, l’intégrité d’écosytèmes partagés avec des communautés humaines. Être en suspension sur des belvédères ou des falaises qui surplombent criques, baies ou gorges. Bref, du relief accidenté qui s’accentue lorsque le sentier fait des incursions alpines. Et une végétation oubliée dans nos villes et leurs périphéries. Toute la panoplie de chênes sempervirents - chêne vert, chêne-liège, chêne kermès - et de résineux. Côté gustatif, chataigner, olivier, amandier, agrumes, pistachier-térébinthe se marient avec un littoral habituellement cerné de routes, de parkings ou de zones commerciales.
Ne manquez pas les senteurs des fleurs de citronniers si vous vous rendez sur l’Etna en avril. Pour les couleurs, vous êtes servis : floraison des cistes et des myrtes, jasmin, cyclamens, genêts jaunes et fuchsia des griffes de sorcières. Ce n’est pas un hasard si les parfumeurs se sont installés à quelques encablures des fragrances de romarins, cistes, viornes, lavandes et autres. Bref tous les sens seront en alerte après une période d’hibernation.
Chaque trek a aussi sa spécificité. Parfois géologique, ici des falaises blanches vertigineuses de calcaires, là des roches volcaniques ou des coulées de lave, des plis de schistes. Ou climatique comme l’aridité des calanques marseillaises ou l’atmosphère subtropicale de la valle delle Ferriere au sud de Naples.
Toutes ses randonnées sont bien sûr à éviter l’été en raison de la chaleur et de l’affluence.
A bientôt peut-être sur les sentiers de muletiers, des contrebandiers, douaniers et esthètes de la méditerranée...
Les plus beaux treks de Méditerranée, Gian Luca Boetti, Editions Glénat 2012
Hélène Dubaele, je côtoie les EE depuis de nombreuses années dans un cadre professionnel. En 2018 j'ai passé le cap en rejoignant le CA. J'espère que mon agenda me permettra de contribuer à ses nombreuses activités et devenir un membre actif !
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Lu et vu pour vous : L’étonnante intelligence des Oiseaux
Lu et vu pour vous : L’étonnante intelligence des Oiseaux
Ainsi ce que l’on pensait être un apanage, voire une spécificité, de la seule espèce humaine, comme par exemple :
- Faire preuve d’imagination, pour créer des outils adaptés à une tâche spécifique,
- Développer des démarches prospectives, pour penser à divers futurs et planifier des tâches à réaliser dans l’immédiat afin de disposer le moment venu d’un jeu d’alternatives possibles et ainsi faire preuve de flexibilité,
- Recourir à des raisonnements causaux pour comprendre par expérience que certaines actions ont des conséquences spécifiques mais aussi, et plus complexe encore, avoir la capacité d’adapter ce savoir à des contextes nouveaux pour limiter les phases d’apprentissage par essai-erreur) s’avère aussi partagé par d’autres espèces comme (et nous le pressentions depuis le milieu du XXème siècle) nos plus proches cousins, les grands singes, puis plus récemment, les dauphins, les orques et les éléphants.
Par contre et beaucoup plus nouveau, ce sont ces mêmes outils cognitifs qui sont maintenant retrouvés, et parfois avec encore plus de complexité et de finesse, chez les oiseaux et en particulier ceux de la famille des corbeaux ou des geais mais aussi de celle des perroquets. Le nouvel ouvrage de Nathan Emery, Maître de conférences en biologie cognitive à l’université Queen Mary de Londres (édité en version française par les éditions Quæ) « L’étonnante intelligence des Oiseaux » nous fait découvrir d’une manière simple et dans une présentation très esthétique comment les chercheurs ont pu, par des expérimentations souvent astucieuses et toujours très rigoureuses, mettre en évidence toutes ces formes d’intelligence au sein du vaste monde des oiseaux. À cet égard N. Emery constate que ces oiseaux capables d’analyser et d’agir sur leur environnement et d’interpréter les réactions de leurs partenaires et congénères partagent avec les autres espèces considérées maintenant comme intelligentes le fait de vivre en société et d’avoir un rapport élevé entre le poids de leur cerveau et celui de leur corps.
À lire et découvrir sans modération pour définitivement rendre obsolètes les expressions du type « tête de linotte », « être bête comme une oie », « avoir un crâne de piaf », « être le dindon de la farce »...
Daniel Guiral, retraité, danseur, bonsaï-ka, aquariophile et inconditionnel des "Brins de Botanistes". Membre du CA des Écologistes de l'Euzière depuis 2018 et représentant l'Association au sein de la Commission Locale de l'Eau. Membre du Réseau Eau Languedoc Roussillon de France Nature Environnement. Président de l'Association Départementale des Anciens Maires et Adjoints de l'Hérault (ADAMA 34).
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Mémoires du camp Vacances Nature aux pattes 2020
Mémoires du camp Vacances Nature aux pattes 2020
Le jour de notre arrivée à mon frère et moi j'étais tout excitée à l'idée de faire mon deuxième séjour dans ce magnifique endroit, et j'étais aussi un peu timide… Mais tout s'est bien passé au final. Une fois que les parents étaient partis nous avons mangé puis fait de petits jeux pour nous apprendre à nous connaître les uns et les autres. Ensuite une fois tous les jeux terminés nous avons choisi nos compagnons de tente et nous les avons installées. En fin de journée, nous avons mangé et nous sommes allés nous coucher.
La deuxième journée nous avons fait une grande balade pour nous apprendre plein de choses sur la nature et le terrain de Hervé. A la fin de la grande balade nous avons eu un temps libre, nous avons mangé. Pendant la veillée, une sorcière, Surette, nous a rendu visite pour nous demander de l'aider car ses pouvoirs de sorcière ne lui obéissaient plus. Alors nous sommes allés nous coucher en lui promettant de l'aider.
A partir de ces deux premiers jours nous avons fait plein d'autres choses comme: la nuit à la belle étoile, la soirée pizza, une animatrice du camp nous a raconté l'histoire sur la bête du Gévaudan, la visite de la ferme etc.
L'avant-dernier jour nous avons fait le dernier grand rangement, les préparations des restitutions de projet et pendant la veillée nous avons aidé Surette à manipuler ses pouvoirs.
Et à la fin du camp nous avons fait nos restitutions de projet aux parents; tout s'est très bien passé et nous sommes ensuite repartis chacun dans un monde différent.
Mayuri
Mes petites découvertes, sources de fertiles lectures
Mes petites découvertes, sources de fertiles lectures
Un beau jour ou peut-être une nuit, je ne sais plus ?
Mais si !!! C’était le matin quand Annie est partie dans le jardin cueillir des tomates. Elle était là, trônant au centre de sa toile de près d’un mètre carré, très grande, le dos uniformément blanchâtre, le ventre ornementé de très complexes et fins dessins quasi géométriques marron sur fond beige avec de très longues pattes regroupées par deux en croix de Saint André présentant une alternance de segments noirs et beiges mais surtout un abdomen (dénommé opisthosome chez les araignées) vraiment remarquable présentant 3 importantes et symétriques boursouflures latérales.
Notre invitée vue de dos et par en dessous
Au centre de la toile, des fils en zigzag la renforcent qui portent le nom de stabilimentum. Pas simple à placer lors d’un dîner en tête-à-tête mais au moins, le nom évoque la fonction.
Inconnue de nous, nous l’avons vite prise en photos et envoyée à Jean Burger pour avoir le contact de notre Spiderman euzérien : Louis Mertens. Retour quasi immédiat de Jean et confirmation de Louis « Une magnifique Argiope lobée. Ça fait plaisir de voir qu'on en trouve encore, leur présence est assez irrégulière ces derniers temps ».
Avec cette information essentielle je cherche et consulte des articles très généraux. Pas de doute possible entre mes piquets à tomates, c’est bien Argiope lobata qui a choisi notre jardin pour déployer sa toile. Une espèce que l’on rencontre dans le Sud de l’Europe, en Asie et en Afrique, proche parente d’une autre Argiope, elle aussi très belle mais plus petite : l’Argiope frelon où l’Argiope rayée (Argiope bruennichi).
L’Argiope frelon au centre de sa toile
L'Argiope frelon est assez commune à Restinclières dans les secteurs de hautes herbes sèches et dans nos rosiers où elle a choisi cette année de construire sa toile.
Le lendemain elle était toujours là mais cette fois, avec dans une petite toile attenante, une chétive petite araignée que j’avais vu la veille se promener à distance du piège déployé par notre belle invitée.
Notre couple dont le mâle a très probablement été sacrifié pour assurer la pérennité de ses gènes
Formidable, c’est donc bien le couple, même si en l’occurrence ce mâle est en fait fort minable.
Retour aux ouvrages. Si la femelle est polyandre (elle a la possibilité de s’accoupler avec plusieurs mâles) elle est aussi cannibale ; ce qui est le moyen le plus sûr de s’assurer de la fidélité de son partenaire qui lui, en échange, donnera son corps à sa partenaire pour contribuer, en l’alimentant, à la maturation de ses ovules. Ainsi après leur accouplement, il assurera avec plus de chance de succès, la pérennité de ses gènes via la vitalité de leurs descendants communs.
Re re-lendemain ; elle était encore là, mais plus lui. C’était écrit, en fait la Nature nous jouait un remake du drame version spidérienne de Papaoutai.
Étonnant tout de même une telle stratégie car comment la sélection naturelle a-t-elle pu aboutir à un tel dimorphisme entre femelle et mâle ? Une disproportion en outre, qui ne lui octroie, à priori, qu’une seule tentative pour qu’à défaut de lui perdurer au moins, et c’est l’essentiel, ses gènes lui survivent.
Dans ce domaine, comme dans tant d’autres, le premier à avoir été intrigué est le grand Charles, non pas celui avec un képi et de l’appel, mais le nôtre, Darwin, celui qui a vogué sur le HMS Beagle, qui était un fameux trois-mâts fin comme un oiseau. Hisse et ho, Santiano.
À son retour à Londres, au sein de la société zoologique, il pensa, pensa (Non Thibaut - c’est mon petit-fils de 5 ans qui a un adorable petit chuintement - pas le serviteur de celui qui avait une araignée au plafond et qui guerroyait contre des moulins à vent, lui, c’était Sancho Pança) et repensa à tout ce qu’il avait vu au cours de son tour du monde et qui est à l’origine de notre science et de beaucoup de vocations.
Pourquoi une telle différence de taille ? Même s’il est logique que les femelles puissent être plus grosses que les mâles car produisant les ovules où se trouvent tout le bagage cellulaire nécessaire à la vie du futur œuf, puis de toutes les cellules de l’adulte alors que les spermatozoïdes ne véhiculent quasi-exclusivement que le patrimoine génétique du mâle. Néanmoins si les spermatozoïdes ne peuvent pas avoir la taille des ovules, cela n’implique pas nécessairement que le mâle doive être si malingre. Il suffit de voir Arnold Schwarzenegger, Rocco Siffredi ou plus encore la Montagne de Game Of Thrones pour s’en persuader.
Dans la lignée de la théorie de l’évolution, dont notre Charles a été l’un des principaux concepteurs, les biologistes réalisèrent ultérieurement que la polyandrie (plusieurs mâles possibles pour une même femelle) et le fait que certaines femelles avaient la possibilité de stocker les divers spermes de leurs différents mâles pouvaient amener à une nouvelle forme de compétition mâle-mâle post-copulatoire dénommée la compétition spermatique.
Dans ces recherches, notre (car nous avons beaucoup pactisé) A. lobata a apporté des confirmations mais aussi des éléments nouveaux dont certains ne sont toujours pas totalement expliqués.
Regardons plus en détail tout cela maintenant.
Chez de nombreuses espèces d'araignées, en particulier celles construisant des toiles, les femelles ont pris le parti de consommer leur mâle et cela malgré ou grâce à leur petitesse. Dans cette affaire tout est donc une question de timing. S’il est dévoré avant d’avoir pu copuler et transférer son sperme, ce n’est évidemment pas bénéfique pour lui, alors que la femelle y gagnera un repas livré à son domicile et sans frais de port.
Ainsi l’investissement du mâle pour se reproduire est ici total et définitif. Cependant, il va tout mettre en œuvre afin que son sperme ne se retrouve pas en compétition avec celui des autres mâles qui se seront accouplés après lui avec la Belle et qui finiront, comme lui, à son menu.
Comme chez A. lobata on n’en est pas à un sacrifice près, la stratégie adoptée par le mâle est de laisser l’un de ses pédipalpes (les pédipalpes correspondent à la deuxième paire d'appendices buccaux classiquement dédiée à la préhension et la gustation des proies mais qui, chez les mâles d’araignée, sont terminés par un dernier article hypertrophié copulateur) à l'intérieur du canal d'insémination de la femelle, l’obstruant ainsi définitivement et cela en claironnant : Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout ! Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou. Un joujou extra qui fait crac boum hue.
Comme les femelles ont 2 ouvertures copulatoires indépendantes reliées à une spermathèque via un canal d’insémination, elles auront, dans le cas de mâles précautionneux, la possibilité de ne s’accoupler que 2 fois. Par contre cela sera sans limite avec des mâles non concernés par les enjeux de la compétition spermatique. Suite à l’ablation de l’un de leurs pédipalpes les mâles seront : - soit stériles et le cannibalisme sera sans conséquence si ce n’est de réduire brutalement leur espérance de vie – soit, s’ils ont donc réussi à ne pas être croqués, eux aussi auront la possibilité de répéter une seconde et ultime fois l’épreuve particulièrement périlleuse de se reproduire.
Cependant il a été observé que l’Argiope lobée ne consomme pas systématiquement son mâle. En effet plus d’un mâle sur 2 survit à sa première copulation et cela à la différence de l’Argiope frelon où seulement 1 mâle sur 5 est épargné. Ainsi en fin de repas des banquets familiaux chez les A. lobées, il est de tradition que les quelques mâles encore en vie reprennent en chœur et avec ferveur : Mourir d'aimer. Payer l'amour au prix de sa vie. Ton cœur se prend, le mien se donne. Partir en redressant la tête. Sortir vainqueur d'une défaite. Mourir d’aimer.
Comme les chercheurs sont souvent des gens astucieux, ce cannibalisme sélectif d’A. lobée a été mis à profit pour comparer les succès reproducteurs du premier mâle d’A. lobée par rapport à son éventuel second et ce qu’il en résultait au plan de leur intégrité physique.
Il a été ainsi montré que, si les taux de cannibalisme sont équivalents pour les premiers ou les seconds mâles, ceux qui ont été cannibalisés lors de leur première copulation avaient sacrifié leur pédipalpe avec une probabilité bien plus élevée (74%) que les mâles qui avaient été épargnés (15%) et cela indépendamment de l’expérience de la femelle qu’elle soit vierge ou qu’elle se soit déjà une fois accouplée.
En outre, les mâles cannibalisés, dont la grande majorité s’étaient donc automutilés, avaient copulé plus longtemps que ceux qui avaient été épargnés. Ainsi, les dommages que les mâles s’imposent dans le cadre de leur compétition spermatique pourraient être influencés par la durée de la copulation, qui, elle relève d’un choix de la femelle avec donc deux options à sa discrétion style Fort Boyard :
ou
● tu fais vite, sans trop t’investir, la fuite t’est accordée et tu auras la possibilité de multiplier tes partenaires pour très éventuellement être père.
Ainsi, alors que l’on avait longtemps pensé que les femelles étaient passives aux stratégies des mâles d’optimisation de leur sperme par l’adoption de comportement post-copulatoire, ces observations chez A. lobée confirmaient le principe très général d’action-réaction qui contrôle les relations entre les espèces au sein d’une même communauté et, de ce fait, qui est aussi et avec la sélection sexuelle, l’un des moteurs majeurs de l’évolution des espèces et de leurs adaptabilités.
Les comportements des femelles d’A. lobée en réaction à celles des mâles les conduisent aussi à pouvoir favoriser le sperme d’un mâle au détriment de celui d’un éventuel autre mâle, partenaire pour elle et concurrent pour lui. Ces stratégies ont été dénommées choix cryptique des femelles et, là encore, les études sur A. lobée ont été d’un apport théorique majeur.
Chez beaucoup d’arthropodes, dont les araignées, l’inceste est toujours possible. Aussi, afin d’éviter les risques et les effets délétères de la consanguinité il a été montré que les femelles d’A. lobée interrompent d’autant plus rapidement la copulation que leur séducteur leur est apparenté. De plus, outre ce choix d’un mâle reproducteur préférentiel via la durée du temps d’accouplement qui lui est accordé, elle a développé des stratégies post-copulatoires plus sophistiquées encore et effectivement invisibles de l’extérieur d’où leur qualificatif de cryptique.
Comme chaque spermathèque stocke le sperme d’un mâle différent elle peut choisir ultérieurement d’ouvrir l’une ou l’autre de ses spermathèques et de transférer ainsi le sperme du mâle choisi jusqu’à ses oviductes en écartant systématiquement celui d’un frère, par exemple, car pas de risque d’inceste paternel puisque lui est probablement mort suite à ses actes d’amour avec sa propre mère.
Les femelles d’A. lobée ont même la possibilité de digérer le sperme d’un mâle non désiré alors qu’il est stocké au sein de l’une de ses spermathèques. Ainsi pour cet apparenté, après s’être automutilé et avoir été cannibalisé par sa partenaire son sperme sera lui aussi consommé et cela afin d’éviter la consanguinité et ses effets délétères.
Je suis malade, complètement malade. Je verse mon sang dans ton corps. Cet amour me tue, si ça continue je crèverai seul avec moi.
Je suis malade, c'est ça, je suis malade. Tu m'as privé de tous mes chants, tu m'as vidé de tous mes mots.
Et vous me demandez alors il est où le bonheur ?
Mais il est dans tout chat ; Thibaut !! sois un peu plus attentif s’il te plait car tout cela est aussi très sérieux.
Bibliographie pour les plus curieux et accessible via Scholar Google
Chuine A. (2010). Les comportements pré- et post-copulatoires d’évitement de la consanguinité . Mémoire Master Biologie des Organismes et des Populations - Écologie Comportementale et Conservation, Université de Bourgogne, 27 pp
Nessler S. H., Uhl G. Schneider J.M. (2009). Sexual cannibalism facilitates genital damage in Argiope lobata (Araneae:Araneidae). Behav Ecol Sociobiol 63:355–362
Tregenza, T. & Wedell, N. (2002). Polyandrous females avoid costs of inbreeding. Nature, 415, 71-73.
Welke K., Schneider J. M. (2009). Inbreeding avoidance through cryptic female choice in the cannibalistic orb-web spider Argiope lobata. Behavioral Ecology, 20, 1056-1062.
Daniel Guiral, retraité, danseur,
bonsaï-ka, aquariophile et inconditionnel des "Brins de Botanistes".
Membre du CA des Écologistes de l'Euzière depuis 2018 et représentant
l'Association au sein de la Commission Locale de l'Eau. Membre du Réseau
Eau Languedoc Roussillon de France Nature Environnement. Président de
l'Association Départementale des Anciens Maires et Adjoints de l'Hérault
(ADAMA 34).
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Mieux connaître et faire connaître les prairies alluviales du bassin de l’étang de l'Or
Mieux connaître et faire connaître les prairies alluviales du bassin de l’étang de l'Or
L'objectif de cette première étude (2018-2019) était de connaître ces prairies alluviales en réalisant un état des lieux (biodiversité, usages, pression d'artificialisation et rôle dans l’expansion des crues) et, pour mieux les protéger, de trouver les leviers pouvant être mobilisés pour les conserver ou pour restaurer des continuités.
Des espaces méconnus aux multiples enjeux
Les prairies riveraines sont des formations végétales qui bordent les cours d’eau. Elles se développent sur des sols issus des alluvions déposées lors des crues.
Elles participent fortement à la gestion de l’eau, parce qu'elles constituent des zones tampons pour limiter le transfert des intrants agricoles vers les cours d’eau et des zones d’expansion et d’écrêtement des crues.
Les prairies naturelles alluviales abritent une riche biodiversité,
Elles sont par définition un espace de production d'herbe, pâturée ou fauchée, rendant leur gestion et leur préservation complexes. D’autre part, en contexte péri-urbain, elles constituent des secteurs sollicités par des aménagements urbains et industriels.
Ce sont les raisons pour lesquelles de nombreuses prairies sont en mauvais état de conservation ou menacées.
Malgré leur fragilité, leurs enjeux de biodiversité forts et leurs fonctions multiples, les prairies alluviales, en zone méditerranéenne, ont jusqu’alors fait l’objet de peu d’études ou d’actions spécifiques de conservation, en particulier en dehors des zones Natura 2000.
Le bassin de l’Or et le territoire d’étude
Le bassin versant de l’Etang de l’Or se situe dans la partie sud-est du département de l’Hérault. Couvrant une superficie d’environ 410 km², il présente une topographie peu prononcée.
Les marais et zones humides périphériques de l’étang de l’Or sont gérés dans le cadre d’un site Natura 2000 depuis 2007. En dehors du pourtour de l’étang, les espaces riverains ou alluviaux non dédiés à l’agriculture ou à l’urbanisation sont très réduits, le plus souvent limités à une petite ripisylve en bordure de cours d'eau. Ce sont ces espaces naturels, hors site Natura 2000, méconnus et menacés, que cette étude s’est efforcée de mieux connaître.
La caractérisation écologique des prairies étudiées
45 relevés floristiques complets ont permis de préciser certaines de ces formations végétales , notamment celles à plus fort enjeu de biodiversité, dites patrimoniales. Même si certaines de ces végétations (ou habitats naturels) sont bien appréhendées et décrites de longue date, de plus nombreuses restent peu ou mal décrites en contexte méditerranéen français. Pourtant, de nombreuses végétations étudiées présentent un grand intérêt en raison de leur originalité biogéographique et écologique et/ou de la rareté des espèces qu’elles abritent.
Le relevé et l’interprétation de 27 carottes de sol ont révélé une majorité de sols argileux peu évolués, développés sur des alluvions récentes.
Les contextes hydro-géomorphologiques dans lesquels on rencontre les dernières prairies naturelles riveraines sont très divers et difficiles à appréhender. La durée de saturation en eau des sols et l'intensité de l'activité agricole ou pastorale sont les 2 facteurs majeurs de structuration de ces habitats.
L’inventaire des milieux prairiaux riverains
La cartographie des habitats naturels riverains des cours d'eau a été réalisée sur plus de 2 000 hectares, Sur cet ensemble, les prairies naturelles représentent seulement 8% (157 ha) et les prairies humides moins de 2 % (35 ha).
Au total, 16 habitats prairiaux ont été considérés, plus un représentatif d’une friche.
Les habitats les plus patrimoniaux sont les gazons amphibies, très rares et ponctuels, et les prairies de fauche.
Les prospections de terrain et les données bibliographiques collectées permettent d’identifier 33 espèces végétales patrimoniales, 7 espèces remarquables d'insectes et 38 espèces de vertébrés patrimoniaux. Ces milieux jouent également un rôle important dans le maintien d’espaces vitaux et de corridors favorables à plusieurs espèces plus ou moins spécialisées, telle la Diane (un papillon), le Campagnol amphibie ou le Crapaud calamite. Sur ce volet, les lacunes de connaissance restent néanmoins nombreuses à combler : quelles sont les communautés d’Orthoptères associés ? Les chauve-souris patrimoniales viennent-elles y chasser ? La présence de prairies favorise-t-elle la présence de libellules remarquables dans les cours d’eau ?
L’état de conservation des prairies naturelles apparaît globalement défavorable (pour 68% des parcelles évaluées, représentant 95 ha), en raison du développement des arbres ou d’un pâturage excessif.
La majorité des prairies naturelles prospectées sont pâturées (majoritairement par des chevaux). Les pratiques de fauche restent limitées (13%). La majorité des prairies naturelles patrimoniales (enjeu fort à très fort) sont non déclarées à la PAC. La plupart sont de propriété privée, mais quelques-uns des sites patrimoniaux sont en partie sur une propriété publique (commune, établissements publics, syndicats mixtes…).
En considérant l’ensemble des composantes écologiques, huit sites montrent un intérêt patrimonial élevé, et, parmi eux, quatre sites présentent même des enjeux de conservation très forts :
le Bois de la Mourre, à Mauguio, et son cortège floristique,
- le vallon du Bérange, continuité de prairies bocagères sur près de 2 km, entre Sussargues et Saint Geniès des Mourgues,
- les sources de la Viredonne, à Restinclières, un petit site original abritant une station majeure d’une plante très patrimoniale, mais menacée par un contexte périurbain (route, cultures, périphérie de village),
- le Christoulet, petite zone humide pâturée présentant une flore spécialisée exceptionnellement riche.
L’identification de la trame prairiale turquoise
La trame turquoise est définie comme l’espace nécessaire à la bonne expression de la biodiversité aquatique et humide. Elle peut être considérée comme la zone d’interaction entre la trame verte des écosystèmes terrestres, et la trame bleue des écosystèmes aquatiques.
Les 21 espèces identifiées pour établir ces trames peuvent être regroupées en 6 modèles biologiques. La trame turquoise associée à trois de ces modèles a pu être modélisée.
Des compléments d’inventaire sont nécessaires pour mieux comprendre la trame à préserver. Néanmoins, les premières conclusions suivantes peuvent être retenues :
- les communautés liées aux prairies humides sont à rechercher en priorité en périphérie de l’étang de l’Or (ex : certains orthoptères) ;
- des prospections chauves-souris, notamment le long du cours supérieur du Bérange, seraient judicieuses, pour rechercher des espèces à fort enjeu de conservation,
- certains cours d’eau (Bérange, Dardaillon) montrent des continuités intéressantes, séparées par des lacunes qui seront d’autant plus difficiles à combler que des usages agricoles y sont bien établis,
- plusieurs sites dégradés montrent néanmoins un contexte favorable à des opérations de restauration.
Les dynamiques en cours : opportunités et menaces
La consultation des documents de planification disponibles révèlent très peu de menaces vis-à-vis des prairies naturelles identifiées.
L’étude hydraulique réalisée par Egis Eau entre 2015 et 2017, préalable à la définition du Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI), liste plusieurs modalités d’intervention au niveau des espaces riverains étudiés. Une vigilance est alors nécessaire pour limiter d’éventuelles dégradations des milieux naturels. Plus intéressantes, certaines interventions peuvent avoir un effet convergent sur la restauration de la trame turquoise. De telles convergences ont été soulignées, notamment au niveau du Bérange.
Les leviers de protection et d’amélioration
Différentes mesures sont proposées pour répondre aux deux principaux objectifs qui ressortent de ce diagnostic :
1 - préserver les prairies patrimoniales,
2 - renforcer la trame turquoise.
Deux dispositifs nouveaux pourraient notamment être mobilisés :
- les Obligations Réelles Environnementales (ORE)
- les Paiements pour Services Environnementaux (PSE).
L’application de ces mesures reste à adapter à chaque site.
Pour la restauration de sites dégradés, retenons notamment le retrait de digues. De telles approches permettent en général d’obtenir des effets convergents sur la lutte contre les inondations et l’érosion des lits mineurs, l’amélioration de la géomorphologie du cours d’eau et la restauration des milieux naturels.
Affaire à suivre :
Cette étude démarrée en 2018 s’est terminée fin 2019. Une nouvelle étude prend la suite sur 2020-2022. Elle vise à :
répondre aux questions en suspens sur le rôle des prairies dans le réseau écologique,
enquêter et dialoguer avec les éleveurs,
protéger les sites les plus patrimoniaux,
envisager la restauration ou la renaturation de sites.
Mon coin de paradis : Bassins de la Buèges
Mon coin de paradis : Bassins de la Buèges
Mon petit coin de paradis, pour un 21 juin, permettra de survivre à la canicule estivale qui s’annonce. Comme tout Éden qui se respecte, il y a de l’eau. En été, elle se cantonne dans des vasques et des trous d’eau, la Buèges s’étant évaporée d’une partie de son lit. Cet affluent de l’Hérault est renommé pour ses eaux aigue-marine qui coulent sur une dizaine de kilomètres au fond de la vallée, entourée de falaises. Ici, le serpent serait plutôt une couleuvre de Montpellier, la pomme proviendrait des vergers des villages et Adam et Ève seraient majoritairement des randonneurs.
Point de créationnisme mais une longue évolution dont les observations attestent plus de 38 espèces animales et 128 espèces végétales, favorisées par la mosaïque des milieux. En bas, ripisylve, prairies sèches, landes et fructicées se partagent l’étroite vallée aux papillons.
Plus haut, l’œil se heurte aux falaises ou éboulis. Voici pour le tableau général. Pour accéder à la fraîcheur, il faut entrer dans l’épaisse ripisylve qui abrite vasques et cascades. Au milieu d’un chaos végétal et aquatique, il ne vous restera plus qu’à fouler la mousse ou les cailloux, à enjamber racines et troncs d’arbres gluants et glissants. Plongeoirs ou jacuzzis naturels contentent les petits et grands explorateurs, c’est selon son humeur. Plus en amont, en direction de Saint-Jean-de-Buèges, des trous moins profonds servent de nurserie à têtards.
Accès
À Saint-André-de-Buèges continuez sur la D1E qui descend vers la Buèges. Juste après le lieu dit Vareilles se garer avant le pont. Le traverser et remonter la rivière par la rive gauche en direction de Saint-Jean-de-Buèges. Compter 20 à 25 min de marche pour accéder aux fameux bassins. Ils se situent après une bifurcation à droite et une chaine avec un pneu.
Photos : Sophie Dubois
Hélène Dubaele, je côtoie les EE depuis de nombreuses années dans un cadre professionnel. En 2018 j'ai passé le cap en rejoignant le CA.
J'espère que mon agenda me permettra de contribuer à ses nombreuses activités et devenir un membre actif !
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Mon coin de paradis : la pointe de l'Espiguette
Mon coin de paradis : la pointe de l'Espiguette
Son nom est évocateur : l'Espiguette, le petit épi. En réalité, une
langue de sable qui s'avance dans la mer et qui progresse vers le golfe
du Grau-du-Roi d'environ un mètre par an.
L'étendue est vaste.
Depuis la Méditerranée en allant vers l’intérieur des terres, on trouve
d'abord les laisses de mer, toujours objets de curiosité. Puis du sable,
du sable, du sable... À la faveur des grands vents se forment des dunes
éoliennes, les barkhanes. Des dunes comme celles qu'on peut trouver
dans les déserts. Aucune végétation ne les fixe. Elles sont donc
mobiles. Leur forme est celle d’un croissant dont les cornes sont
orientées dans le sens où souffle le vent.
Après quelques centaines de mètres apparaissent les plantes pionnières, premières fixatrices du sédiment : Cakile maritime (Cakile maritima), Panais porte-épines (Echinophora spinosa), Euphorbe des dunes (Euphorbia paralias)... Le vent, encore lui, entraîne la formation de petits tas de sable en « aval », à l'abri des touffes herbacées. D'où le nom de dunes-girouettes donné à ces micro-reliefs.
Jeune pied de Cakile maritime en haut de plage
Rapidement, les dunes accueillent une flore plus installée et prennent alors de la hauteur. Jusqu'à 11 mètres d'altitude à proximité du phare. Ce n'est pas le Pilat mais tout de même... Dans ce contexte de dunes et de creux, d'exposition à la mer ou à l'abri de celle-ci, un regard attentif permettra de distinguer des groupements végétaux sensiblement différents. Ici l'Oyat (Ammophila arenaria) et son cortège, ailleurs la Patience de Tanger (Rumex roseus), la Canne de Ravenne (Tripidium ravennae), qui n'est pas loin de sa limite occidentale, le Jonc aigu (Juncus acutus), le genévrier de Phénicie dans sa forme littorale (Juniperus phoenicea subsp. turbinata)... Les pins maritimes (Pinus pinaster) et leurs cousins « parasols » (Pinus pinea), plantés ou issus de la dissémination naturelle des graines à partir des semenciers, forment l'essentiel de la végétation arborée.
Canne de Ravenne en creux de dune - Canne de Ravenne : inflorescence
Les animaux sont plus “discrets” mais… Voici l'échappée furtive d'un Psammodrome des sables (Psammodromus edwarsianus), l'étonnante coquille de la Caragouille des dunes (Xerosecta explanata),
qui repose au sol par sa face plane lui permettant d'être moins balayée
par le vent. Ici l’entonnoir creusé par la larve d’un fourmilion, là
les traces de la Pimélie (Pimelia muricata) ou l’insecte lui-même.
Pimélie - Caragouille des dunes
Bien d'autres choses encore...
Alors,
le paradis, je ne sais pas mais pour peu que le Mistral ait dégagé
l'atmosphère, le bleu du ciel rejoignant celui, parfois vert, de la mer
vous donnera peut-être en bonus l'opportunité de voir au loin, bien
après le Mont St-Clair, le massif des Corbières et celui du Canigou.
Voilà de quoi joindre, en une après-midi, au bénéfice d'un grand bol
d'air iodé celui d'une double approche paysagère et naturaliste. Et le
plaisir d'une baignade ?
Photos : Jean-Pierre Vigouroux
Jean-Pierre Vigouroux,
Longtemps salarié de l'association, je mène aujourd'hui mon esquif en
tant qu'auto-entrepreneur dans les domaines de la botanique, de la
formation et d'activités diverses ayant trait à la médiation
scientifique.
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Mon coin de paradis : Tout près de chez moi
Mon coin de paradis : Tout près de chez moi
J’y vais à pied.
J’y suis.
Des arbres gigantesques.
Sentier et fleuve aux eaux claires se côtoient.
Vous avez deviné !
Les bords du lez à Lavalette et la réserve naturelle au pied du zoo.
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».
Il y a bien longtemps, l’Homme y a planté ifs, houx, cyprès chauves, magnolias, platanes, chênes pubescents et autres.
La nature a pris le relais, ajoutant foisonnement, exubérance et gigantisme de la ripisylve au bel ordonnancement de l’Homme.
Luxe de la nature sauvage en ville, volupté des senteurs, des chants des oiseaux, de la douceur de l’ombre, du mystère des futaies hautes comme des cathédrales et du sourire béat des promeneurs.
Rozenn Torquebiau, d'abord institutrice puis à présent auteure pour la jeunesse, ma vie a été inspirée par les enfants, les plantes, les peuples premiers... le monde dans son ensemble.
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Mon étoile du confinement
Mon étoile du confinement
Mon étoile du confinement
Bien connue des cueilleurs de salades sauvages, ici appelée Barbabouc ou Barbe-de-bouc, là Salsifis, elle est devenue pour moi l'étoile du confinement. C'est elle que je guettais lors de ma promenade quotidienne d'une heure autorisée en cet étrange printemps 2020. Comment imaginer que ces tendres feuilles en rosette ou ce légume oublié puissent se métamorphoser en cette éclatante fleur étoilée ?
C’est bien celle du Tragopogon porrifolius, ou Salsifis, ou Barbe-de-bouc.
Dans la matinée, lorsque monte le soleil et que ses rayons réchauffent l’air, ses longues bractées se déplient, s’ouvrent, s’étirent et libèrent l’inflorescence.
Apparaît alors une étoile d’or, d’améthyste et d’émeraude. Fugace, éphémère, si belle !
Tout autour, s’empressent abeilles, papillons…, en quête de nectar et de pollen. Il y a tant de fleurs à butiner avant que ne se referment, l’après-midi venue, bractées et capitule, un capitule de “ Composées “, comme celui des chicorées, des pissenlits, aux nombreuses fleurs ligulées.
Cette si belle plante une fois refermée, se fait alors toute discrète, mêlée aux graminées, aux herbes folles, si discrète qu’elle échappe souvent aux yeux du promeneur.
Après les fleurs, viendront les fruits, des fruits extraordinaires qui ne passeront pas inaperçus.
Sur la haute tige du Tragopogon, semble alors flotter une sphère dorée, arachnéenne, aux grandes aigrettes de soies plumeuses, comme des ombrelles soulevées par le vent, le vent qui les emportera, et ainsi s’envoleront et s’éparpilleront les graines.
D’où lui viennent ces noms, Tragopogon porrifolius, Barbe-de-bouc, Salsifis ?
“Tragopogon” est emprunté au grec, de “ tragos “ bouc, et “ pôgon” barbe, sans doute une allusion à ses fruits à aigrette.
C’est notre Barbe-de-bouc, ou Barbabouc du Languedoc.
“ porrifolius “ correspond à l’aspect de ses feuilles qui rappellent celles du poireau sauvage.
Salsifis est le nom français usuel. Ce nom serait dérivé de l’italien “ salsefrica “.
Le Salsifis est originaire du bassin méditerranéen. Ses feuilles et sa racine, étaient consommées et utilisées en médecine dans l’antiquité, chez les Grecs et les Romains.
La plante Barbe-de-bouc est mentionnée comme légume par Théophraste, Dioscoride et Pline.
L’agronome Olivier de Serres ( 1539-1619 ) note sa présence chez nous dans le midi autour des années 1600. Ce “ cersifi “, venu d’Italie y était déjà cultivé comme légume- racine. Olivier de Serres recommanda sa culture dans son “ Théâtre de l’agriculture et mesnage des champs “.
Qu’en est-il aujourd’hui de sa culture ?
Plutôt oublié, le salsifis est parfois ressuscité par les amoureux de légumes anciens qui le cultivent dans leur potager. Et certains sites de cuisine proposent des recettes.
Sur des étals de maraîchers, entre panais, crosnes ou rutabaga, il se peut qu’on aperçoive, près de bottes de racines noirâtres, l’étiquette “ Salsifis “.
Des salsifis noirs ? Ou plutôt une cousine, la Scorsonère ?
Scorsonère : de son vrai nom Scorzonera hispanica.
Comme le Tragopogon porrifolius, elle appartient à la famille des composées mais a des fleurs jaunes.
Scorzonera viendrait du catalan escurço, petite vipère. La racine était utilisée autrefois contre le venin de serpent. Scorzonera pourrait aussi venir de l’italien, et signifier écorce ou peau noire.
Sa racine cylindrique, noire à l’extérieur mais à la chair blanche, est préférée à celle du salsifis pour sa texture moins fibreuse, plus charnue. C’est aussi un légume plus facile à cultiver que le salsifis. Dans les boîtes de conserve, sous l’appellation Salsifis, ce sont presque toujours des scorsonères. ( il faut reconnaître aussi que ce n’est pas très porteur comme nom, scorsonère, difficile à écrire, à prononcer, avec un relent de chaudron de sorcière et de venin de serpent, tandis que salsifis c’est sympa, ça rappelle les repas de Mamie, un petit retour au temps de l’enfance ! )
Mais notre Barbabouc, c’est bien le Salsifis, Tragopogon porrifolius, dont les jeunes feuilles, au goût doux et agréable, sont parmi les salades sauvages recherchées. La racine aussi est appréciée avec son petit goût d’amande.
Les amateurs de salades sauvages ramassent également sa cousine la Galinette, appelée aussi Barbabouc.
Une autre espèce de salsifis ? Pas du tout !
Galinette est une scorsonère, “à feuilles en lanières “, “ Scorzonera laciniata“ .
Les jeunes et tendres pousses, récoltées au début du printemps, sont parmi les salades sauvages très appréciées, avec celles du Barbabouc - salsifis. Leur consommation en salade remonte à plusieurs siècles.
La racine est aussi ramassée et consommée comme légume.
(Si dans les archives il y avait une photo des deux Barbabouc, ce serait bien de les ajouter )
~ Rendez-vous peut-être à la sortie Salades Sauvages du Printemps 2021 ! ~
Quelques précisions botaniques sur le Tragopogon porrifolius
C’est une plante bisannuelle, élancée, simple ou ramifiée.
La première année elle développe une rosette de feuilles et fleurit au printemps la seconde année.
Elle appartient à la famille des Asteraceæ ( Composées ), et fait partie des liguliflores, groupe de la Chicorée, du Pissenlit.
L’inflorescence est un large capitule solitaire formé de nombreuses fleurs ligulées à cinq dents, toutes identiques, de couleur rose-violet à pourpre.
La fleur est zygomorphe, hermaphrodite, avec cinq étamines insérées sur le tube de la corolle et soudées par les anthères, ovaire infère, style et stigmate bifide.
Huit ( à douze ) longues bractées pointues, disposées sur un rang, entourent le capitule.
Capitule et bractées se ferment l’après-midi et par temps couvert.
Les feuilles, fines, longues, parfois ondulées, et repliées, rappellent celles du poireau sauvage ( porrifolius ).
Les fruits, des akènes à bec, sont réunis en une grande sphère d’aigrettes plumeuses.
Les graines sont dispersées par le vent ( anémochorie ).
La pollinisation se fait grâce aux insectes ( entomogamie ).
Références
Les salades sauvages, Ecologistes de l’Euzière
Stratégies végétales, Ecologistes de l’Euzière
Flore de la France méditerranéenne continentale
Dictionnaire Visuel des plantes de la garrigue et du midi, Maurice Reille
Petite Flore de France, Belin.
Line Hermet
Photos de Béatrice Hermet.
Mot croisés : notre étrange situation
Mot croisés : notre étrange situation
Mots croisés
Horizontalement
Plus que jamais indispensable entre nous.
Manière de transmission.
Victoire de l'Empire. Comme un p'tit coquelicot.
Amoureux de Dalida. Agit comme le confinement sur nos nerfs.
Dans une nuit noire. Métier introuvable. Premier grand « confineur ».
Transforment littéralement.
Désapprobation lisboète. Quart de pestiféré.
A subi un ancien confinement grec. Enfermé en soi.
Vieux machin. Origine de la pandémie.
Verticalement
A. De l'ambulancier au chef de clinique.
B. Agent de transmission ?
C. Sa fête n'aura pas lieu. Type de personnage de dessin animé.
D. Vendéenne proche des Sables.
E. Protection minimale. Plan de secours.
F. Comme notre liberté en ce moment.
G. Gorges. Ne manquez pas.
H. C'est dans ces moments là que nous le sommes le plus.
I. Théâtre bruxellois en panne, évidemment. Respectable ou liberticide ?
J. Fait partie d'un service.
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Mots croisés du 15 janvier 20 – LD - solution
THÈME : la couleur et la lumière
S
Horizontal
Jouaient sur les couleurs et les ambiances.
Peints de toutes les couleurs par Monet. Couleur complémentaire du bleu.
D'accord avec Poutine. Portrait souvent coloré. Genre d'euphorbe aux couleurs vives.
Noire qui trotte. Comme la lumière du soir.
Colle. Venu au monde . Ferme l'atelier.Ville de Basse-Saxe.
C'est Broadway dans le lavabo ! Attribuée.
L'araignée s'y pend. Blanche et ne mange pas de pain.
Modèle de Citroën. Au noir pour les marins. Pas loin de nous. Lèvres roses.
Font rougir si elles sont mauvaises. Posées sur le rouge ou le noir ?
Verts et droits. Erbium. Doit bien reproduire les couleurs. Représente ses couleurs.
Au bord de la Grande Bleue. Mordre la poussière grise. Couleur de fantasmes.
Obtenu. Fasse ressortir les couleurs. Stimule un sens.
Vertical
A. Couleur tirée de la guède. Pas totalement noire.
B. Le grand d'Alain Fournier. Apporte chaleur et lumière.
C. Parc National. Barbouillas. Est rouge tôt le matin.
D. Préfixe rougissant. De Zuydcoote à Saint Laurent de Cerdans. Extrémité d'un épi.
E. Doré qui ondule. Captura la lumière.
F. Côtes anglaises. Limite européenne.
G. Rentra à la base. Bleus pour Christophe. Mesure chinoise.
H. Aux couleurs de l'arc-en-ciel. Gueules, sable, sinople sont leurs couleurs.
I. Met une étoile en lumière. Rougissent après un soufflet.
J. Rose à Lautrec. Noire et blanche.
K. Vole quand tout est noir. Ravive les couleurs ?
L. Comme une lumière diaphane. En rose pour les optimistes.
M. Saint brésilien. Représenté en faucon. Commence à être odieux.
N. En fait voir subitement de toutes les couleurs. Limpide, espérons. Rougie le matin.
O. Amour propre susceptible de gonfler (les autres). Dans le Colorado.
P. Réfléchie. Le tangon en est un.
Mots croisés - EChOS#2
Mots croisés - EChOS#2
Luc David, Géologue de formation, il a donc bien les pieds dans le sol et la tête dans les étoiles. Du sol au terroir et à la qualité du vignoble il n'y a qu'un pas qu'il ne faut pas hésiter à franchir avec lui.
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Mots croisés - EChOS#3
Mots croisés - EChOS#3
Solution au prochain numéro...
Solution du numéro précédent :
Luc David, Géologue de formation, il a donc bien les pieds dans le sol et la
tête dans les étoiles. Du sol au terroir et à la qualité du vignoble il n'y a qu'un
pas qu'il ne faut pas hésiter à franchir avec lui.
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Mots croisés - EChOS#4
Mots croisés - EChOS#4
Solution au prochain numéro...
Solution du numéro précédent :
Luc David, Géologue de formation, il a donc bien les pieds dans le sol et la tête dans les étoiles. Du sol au terroir et à la qualité du vignoble il n'y a qu'un pas qu'il ne faut pas hésiter à franchir avec lui.
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Mots croisés - EChOS#5
Mots croisés - EChOS#5
Avec le printemps qui s'installe, la nature méditerranéenne renoue avec la lumière et les couleurs...
Horizontal
Jouaient sur les couleurs et les ambiances.
Peints de toutes les couleurs par Monet. Couleur complémentaire du bleu.
D'accord avec Poutine. Portrait souvent coloré. Genre d'euphorbe aux couleurs vives.
Noire qui trotte. Comme la lumière du soir.
Colle. Venu au monde . Ferme l'atelier.Ville de Basse-Saxe.
C'est Broadway dans le lavabo ! Attribuée.
L'araignée s'y pend. Port antique.
Modèle de Citroën. Au noir pour les marins. Pas loin dse nous. Lèvres roses.
Font rougir si elles sont mauvaises. Posées sur le rouge ou le noir ?
Verts et droits. Erbium. Doit bien reproduire les couleurs. Représente ses couleurs.
Au bord de la Grande Bleue. Mordre la poussière grise. Couleur de fantasmes.
Obtenu. Fasse ressortir les couleurs. Stimule un sens.
Vertical
A. Couleur tirée de la guède. Pas totalement noire.
B. Le grand d'Alain Fournier. Apporte chaleur et lumière.
C. Parc National. Barbouillas. Est rouge tôt le matin.
D. Préfixe rougissant. De Zuydcoote à Saint Laurent de Cerdans. Extrémité d'un épi.
E. Doré qui ondule. Captura la lumière.
F. Côtes anglaises. Limite européenne.
G. Rentra à la base. Bleus pour Christophe. Mesure chinoise.
H. Aux couleurs de l'arc-en-ciel. Gueules, sable, sinople sont leurs couleurs.
I. Met une étoile en lumière. Rougissent après un soufflet.
J. Rose à Lautrec. Noire et blanche.
K. Vole quand tout est noir. Ravive les couleurs ?
L. Comme une lumière diaphane. En rose pour les optimistes.
M. Saint brésilien. Représenté en faucon. Commence à être odieux.
N. En fait voir subitement de toutes les couleurs. Limpide, espérons. Rougie le matin.
O. Amour propre susceptible de gonfler (les autres). Dans le Colorado.
P. Réfléchie. Le tangon en est un.
Solution au prochain numéro...
Solutions du numéro précédent :
L'hiver :
D'ici et d'ailleurs :
Luc David, Géologue de formation, il a donc bien les pieds dans le sol et la tête dans les étoiles. Du sol au terroir et à la qualité du vignoble il n'y a qu'un pas qu'il ne faut pas hésiter à franchir avec lui.
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Nature l'eus-tu tu ?
Nature l'eus-tu tu ?
Nature l'eus-tu tu ? - EChOS#1
Nature l'eus-tu tu ? - EChOS#1
Jacques Exertier, membre du CA depuis 2017. Cousin éloigné du sténobothre bourdonneur et du barbitiste du côté de mon père, de l'anarrhine et du cochlostome du côté de ma mère.
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Nature l'eus-tu tu ? - EChOS#2
Nature l'eus-tu tu ? - EChOS#2
Jacques Exertier, membre du CA depuis 2017. Cousin éloigné du
sténobothre bourdonneur et du barbitiste du côté de mon père, de
l'anarrhine et du cochlostome du côté de ma mère.
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Nature l'eus-tu tu ? - EChOS#3
Nature l'eus-tu tu ? - EChOS#3
Jacques Exertier, membre du CA depuis 2017. Cousin éloigné du sténobothre bourdonneur et du barbitiste du côté de mon père, de l'anarrhine et du cochlostome du côté de ma mère.
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Nature, l'eus tu tu
Nature, l'eus tu tu
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Nature, l'eus-tu tu ? - EChOS#5
Nature, l'eus-tu tu ? - EChOS#5
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Observations par caméras animalières
Observations par caméras animalières
Il n’y a pas que les naturalistes professionnels de l’association qui observent la nature avec l’aide de pièges photos permettant de découvrir la présence et l’activité de la faune nocturne, tout en étant tranquillement au chaud chez soi. Gilles, un de nos fidèles adhérents a, lui aussi, fait des découvertes étonnantes tout près de chez lui. Depuis plusieurs années déjà (2012 environ), je m'amuse (comme un gosse quoique retraité !) à placer en garrigues ou autour de chez moi des caméras animalières, c'est-à-dire avec LED infrarouges et à déclenchement de mouvement. Ça prend donc des vidéos en noir et blanc de nuit, et en couleur de jour. J'en ai une avec GSM qui m'alerte sur portable et par mail quand elle se déclenche en envoyant une photo horodatée. Pour le plaisir je vais donc vous en donner ici quelques extraits. Certes, il faut un peu repérer le terrain, voir où il y a des passages d'animaux (déjections, herbes couchées, piétinements, traces au sol, etc.), mais bon, ce n'est pas obligatoirement nécessaire. Le pire n'étant jamais sûr, poser une caméra autour d'un arbre au détour de nulle part, juste au hasard d'un coup de bol potentiel, c'est bien aussi. Qu'y a-t-il en garrigues au cœur de la nuit, en toutes saisons ? En un mot comme en mille, une grande activité nocturne ! La faune sauvage y est sémillante et remuante; pêle-mêle sangliers, blaireaux, fouines et martres, lapins des garrigues et autres renards et renardeaux, sans oublier les oiseaux, voire des AVNI (Animaux Véritablement Non identifiés). À noter qu'au même endroit au cours d'une même nuit, plusieurs espèces peuvent se succéder… Dans la logique de la chaîne alimentaire. Certaines suivant manifestement les traces et les odeurs des autres. Exemple classique : passage de lapins suivi d'un passage de renards ! Voici donc sans prétention aucune, quelques-unes de mes observations. Je précise que dans la réalité, il s'agit de petites vidéos d'une durée de 10 à 15 secondes dont j'ai extrait une photo, la moins moche possible de préférence car en fait il s'agit plutôt d'une capture d'écran que d'une photo à proprement parler, d’où la mauvaise qualité des images dont je vous prie de bien vouloir m'excuser.
Les sangliers
Ce sont de loin les plus courants à passer devant la caméra. Petit florilège. J'ai une vidéo de bagarre entre 2 sangliers, ce qui est assez rare. Une seule en 6 ans. Je n'ai pas pu mettre de photo car le rendu est trop flou à cause des mouvements extrêmement rapides des 2 adversaires. Il y a lieu de préciser ici que certains sangliers voient les leds infrarouges s'allumer quand ils passent devant la caméra et s'enfuient immédiatement. J'ai une nouvelle cam dite "à leds noirs", là c'est tout bon car ils ne voient rien et continuent alors leurs activités en toute décontraction. Un sanglier parcourt en moyenne 50 km par jour pour se nourrir ! Ils se déplacent très souvent en hordes avec femmes et enfants. Les marcassins se tenant plutôt au milieu du troupeau d'adultes, en mode protection. Bien que la photo suivante soit de mauvaise qualité, je la diffuse quand même pour son intérêt. J'avais repéré une clairière en garrigues où il me semblait, grâce aux déjections et au sol foulé, qu'il y avait un passage potentiel. J'ai posé une cam sur cette petite clairière. Sont arrivés sur les 5 heures du matin une famille avec pas moins de 6 marcassins, le père et la mère. Les petits s'amusent entre eux comme des fous, se donnent des coups de tête, se poursuivent, s'invectivent, se rejoignent, etc. Puis en un instant tous les marcassins se réunissent et courent (comme un seul homme !) vers la laie. Celle-ci s'allonge et "tout le monde à la tétée !" pendant que le mâle continue tranquillement à fouiller le sol de son groin puissant pour en extraire des glands et autres vers de terre.
La fouine (Ou fouine-martre ?).
Elle suit très souvent la trace des lapins de garenne, et celle d'autres petits mammifères (souris, campagnols). Très agile, elle va partout; sur les toits, dans le lit des ruisseaux, dans les broussailles et les couverts. Y'a pas photo, la fouine, elle fouine ! En voici 2 qui passent, l'une dans une zone sèche, l'autre dans un espace boisé (caméra posée sous les arbres au ras du sol).
Une triste anecdote. Nous avions une portée de 5 chatons nouveau-nés semi-sauvages que la mère chatte avait installés dans un carton avec couverture dans le vide sanitaire de la maison. Étant absents, nous avions comme à l'accoutumée mis des croquettes et de l'eau dans le garage qui comporte une chatière. J'avais posé une cam sur les distributeurs. De nuit la mère chatte vint s'y nourrir. Puis quelque peu de temps après, vint une fouine qui manifestement ne s'intéressait pas du tout aux croquettes, mais suivait au nez la trace lactale de la mère chatte. En effet, le lendemain toute la portée de chatons avait disparu du carton. Les lois de la nature sont cruelles pour nous autres hominidés.
Le blaireau
Voici un autre omnivore souvent carnivore ! Il fouille pour trouver des lombrics, des fruits secs, etc. J'avais posé une cam pas loin d'un terrier pour augmenter statistiquement mes chances d'en avoir un. En voici 2 en pleine recherche de nourriture.
S'il trouve un cadavre, il se fait volontiers nécrophage. En effet, autre triste anecdote. Nous avions un vieux chat (Garfield) qui, au crépuscule de sa vie, est parti s'isoler pour mourir seul en garrigues. Déjà la veille il avait déserté la maison en toute discrétion. J'avais réussi à le retrouver et à le ramener. Cette nuit-là, il passa devant la cam vers les 22 / 23 heures. Au même endroit moins d’une heure plus tard, en suivant exactement sa trace, passa un blaireau. Je n'ai jamais pu retrouver Garfield.
Les renards et renardeaux
Nous sommes encore au cœur de l'hiver. Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Voici un renardeau qui vient de nuit se nourrir des graines de tournesol et autres céréales tombées de la mangeoire des oiseaux de l'hiver.
Mon voisin avait 5 poules. Je l'avais averti car j'avais vu sur une cam des arrivées massives de renards dans ma cour, de nuit bien entendu. J'ai eu sur cette cam ces renards toutes les nuits jusqu'à ce que la dernière poule eût disparu, et depuis je ne les ai plus jamais revus dans ladite cour !
Comme déjà dit, ils suivent les traces olfactives de leurs proies. En voici 2 qui passent (dont 1 de jour) (très) peu de temps après un passage de lapins de garenne.
Les oiseaux
Ici en hiver au poste de nourrissage. Les gros-becs et pinsons du nord qui descendent en suivant les isothermes. Puis qui remontent vers le nord quand la température fait de même.
Toute la variété des oiseaux du ciel et des jardins. Mésanges, verdiers, tourterelles, etc.
Le lapin de garenne
Des garrigues ! Il a un pelage particulier le garenne des garrigues. Moucheté et tacheté, assez différent des garennes des plaines du nord de la France. En voici 2 dont l'un a essuyé manifestement quelques attaques puisque ses 2 oreilles sont déchiquetées.
Ici se termine ce petit opuscule sur la pose de caméras animalières dans nos belles garrigues ! Je pourrai encore vous présenter des faisans et poules faisanes, des cailles ou des lézards ocellés, mais il faudrait d'abord que je retrouve ces satanées vidéos dans le fouillis de mes fichiers !!
Gilles Lorillon
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Occitanie, miroir du monde, de Jean-Marc Sor, Editions Plumes de Carotte 2019
Occitanie, miroir du monde, de Jean-Marc Sor, Editions Plumes de Carotte 2019
Pourquoi partir au bout du monde lorsque la proximité nous offre un panel des plus beaux sites mondiaux ? « L’Occitanie, aussi étonnant que cela puisse paraître, contient la planète entière dans toute sa splendeur et sa variété » nous interpelle l’auteur.
Le principe est simple, tout comme les humains qui ont - paraît-il - des sosies à travers le monde, l’auteur a recherché les miroirs de nos sites occitans. Il compare deux photos représentant un lieu régional et une contrée lointaine. Une carte introductive en révèle son extrême diversité, déployée dans chaque département. Si les écosystèmes de montagne sont prédominants, l’altitude tout comme la latitude est un facteur de changement, près de 150 sites sont comparés : désert, toundra, forêt tropicale, grotte, cascades, canyon, volcan, plage ou lac mythique, rien n’est oublié.
Comment est-ce possible ? Du 42e au 45e parallèle, du sud de Perpignan au nord de Cahors, l’Occitanie chevauche le biome méditerranéen et les forêts tempérées caducifoliées. Ajoutez-y une façade maritime, des massifs à plus de 3000 m et une géologie extrêmement variée, c’est le jackpot.
Des exemples sont bluffants de ressemblances comme les tours jumelles de Peyrusse-le-Roc en forêt d’Audière (Aveyron) et le château de Gymes des Carpathes (Slovaquie). Pour contempler des prairies de linaigrette, plante arctique, vous avez le choix entre dans la vallée de Gaube (Hautes Pyrénées) ou le Groenland. Le mimétisme est parfois si parfait qu’il faut lire la légende des photos pour identifier le modèle ou sa copie. Ainsi, le lac de Bethmale (Ariège) à 1000 mètres d’altitude rivalise sans problème avec ses cousins canadiens. Parfois, la ressemblance n’affiche qu’un air de famille, comme le tépuis Kukenan (Vénézuela) et le pic de Montségur (Ariège). Il y a l’effet « bonsaï » lorsque la copie occitane miniaturise le modèle : le lac du Canet (Pyrénées Orientales) avec son arrière-plan enneigé du Canigou fait l’écho du lac Titicaca (massif des Andes) ou les concrétions de la grotte de Lombrives (Ariège) qui sont le miroir souterrain de la Monument Valley (USA).
L’ambiance tropicale de la Gourgue d’Asque (Ariège) ou du ruisseau du Rô (Tarn) nous emmène dans l’exubérance végétale des forêts du mont Apo aux Philippines ou de la Sierra Nevada colombienne.
Enfin, côté littoral, le sud des plages volcaniques du Cap d’Agde (Hérault) nous invite à visiter sa fausse-jumelle de Capri (Italie) ou la baia del Sancho (Brésil).
Les photographies créent l’illusion et occultent volontairement une donnée non négligeable : le tourisme de masse qui affecte le littoral de la Méditerranée ou certaines vallées et sommets Pyrénéens. C’est la limite de l’exercice, qu’y a-t-il hors-champ ? Un parking, une paillote ou des grappes de randonneurs ? Est-ce que l’on éprouvera les mêmes choses en ayant parcouru des milliers de kilomètres en avion, en bus et à pied pour grimper un sommet mythique et goûter à l’étrangeté linguistique d’une gargote, puis à son retour, compléter sa collection de pièces étrangères ?
Voici un beau livre qui tombe à pic puisque nos déplacements lointains sont fortement remis en question. La fermeture des aéroports mais aussi la prise de conscience des effets délétères du tourisme de masse sur les écosystèmes vont nous amener (peut-être) à revoir nos voyages et déplacements. Enfin, s’il faut révéler (ou pas) les beautés du monde pour mieux le protéger, je recommande vivement à nos élus locaux qui martèlent le mot « territoire » à tout bout de champ, à œuvrer pour ne pas défigurer ces lieux uniques et singuliers et ce, malgré leurs sosies.
Occitanie, miroir du monde, de Jean-Marc Sor, Editions Plumes de Carotte 2019
Occitanie, miroir du monde, de Jean-Marc Sor, Editions Plumes de Carotte 2019
Pourquoi partir au bout du monde lorsque la proximité nous offre un panel des plus beaux sites mondiaux ? « L’Occitanie, aussi étonnant que cela puisse paraître, contient la planète entière dans toute sa splendeur et sa variété » nous interpelle l’auteur.
Le principe est simple, tout comme les humains qui ont - paraît-il - des sosies à travers le monde, l’auteur a recherché les miroirs de nos sites occitans. Il compare deux photos représentant un lieu régional et une contrée lointaine. Une carte introductive en révèle son extrême diversité, déployée dans chaque département. Si les écosystèmes de montagne sont prédominants, l’altitude tout comme la latitude est un facteur de changement, près de 150 sites sont comparés : désert, toundra, forêt tropicale, grotte, cascades, canyon, volcan, plage ou lac mythique, rien n’est oublié.
Comment est-ce possible ? Du 42e au 45e parallèle, du sud de Perpignan au nord de Cahors, l’Occitanie chevauche le biome méditerranéen et les forêts tempérées caducifoliées. Ajoutez-y une façade maritime, des massifs à plus de 3000 m et une géologie extrêmement variée, c’est le jackpot.
Des exemples sont bluffants de ressemblances comme les tours jumelles de Peyrusse-le-Roc en forêt d’Audière (Aveyron) et le château de Gymes des Carpathes (Slovaquie). Pour contempler des prairies de linaigrette, plante arctique, vous avez le choix entre dans la vallée de Gaube (Hautes Pyrénées) ou le Groenland. Le mimétisme est parfois si parfait qu’il faut lire la légende des photos pour identifier le modèle ou sa copie. Ainsi, le lac de Bethmale (Ariège) à 1000 mètres d’altitude rivalise sans problème avec ses cousins canadiens. Parfois, la ressemblance n’affiche qu’un air de famille, comme le tépuis Kukenan (Vénézuela) et le pic de Montségur (Ariège). Il y a l’effet « bonsaï » lorsque la copie occitane miniaturise le modèle : le lac du Canet (Pyrénées Orientales) avec son arrière-plan enneigé du Canigou fait l’écho du lac Titicaca (massif des Andes) ou les concrétions de la grotte de Lombrives (Ariège) qui sont le miroir souterrain de la Monument Valley (USA).
L’ambiance tropicale de la Gourgue d’Asque (Ariège) ou du ruisseau du Rô (Tarn) nous emmène dans l’exubérance végétale des forêts du mont Apo aux Philippines ou de la Sierra Nevada colombienne.
Enfin, côté littoral, le sud des plages volcaniques du Cap d’Agde (Hérault) nous invite à visiter sa fausse-jumelle de Capri (Italie) ou la baia del Sancho (Brésil).
Les photographies créent l’illusion et occultent volontairement une donnée non négligeable : le tourisme de masse qui affecte le littoral de la Méditerranée ou certaines vallées et sommets Pyrénéens. C’est la limite de l’exercice, qu’y a-t-il hors-champ ? Un parking, une paillote ou des grappes de randonneurs ? Est-ce que l’on éprouvera les mêmes choses en ayant parcouru des milliers de kilomètres en avion, en bus et à pied pour grimper un sommet mythique et goûter à l’étrangeté linguistique d’une gargote, puis à son retour, compléter sa collection de pièces étrangères ?
Voici un beau livre qui tombe à pic puisque nos déplacements lointains sont fortement remis en question. La fermeture des aéroports mais aussi la prise de conscience des effets délétères du tourisme de masse sur les écosystèmes vont nous amener (peut-être) à revoir nos voyages et déplacements. Enfin, s’il faut révéler (ou pas) les beautés du monde pour mieux le protéger, je recommande vivement à nos élus locaux qui martèlent le mot « territoire » à tout bout de champ, à œuvrer pour ne pas défigurer ces lieux uniques et singuliers et ce, malgré leurs sosies.
Ombre blanche dans l'azur
Ombre blanche dans l'azur
Ombre blanche dans l’azur
Douceur d’un matin de mai
Un parfum de miel flotte dans la tiédeur de la brise
Le jardin bruisse de vie
Sous un ciel si bleu que le regard s’y perd
Soudain
Apparaît
Ombre blanche dans l’azur
Ailes déployées
Un aigle
Il tournoie tournoie
Glisse
S’approche
Frôle les arbres
Envols effarouchés
Le jardin dans l’effroi
Se terre
Un battement d’ailes
Il s’envole vers le ciel
En suspens
Se fige
Fond tout droit
Et disparaît
Soudain
L’aigle s’élève
Un serpent
Dans ses serres
Au pré une jument hennit
Lui répondent trilles et gazouillis
La vie reprend son souffle.
Line Hermet
Omelette au Cèpe façon Wotan - Step by Step
Omelette au Cèpe façon Wotan - Step by Step
Première étape
Vous sollicitez Loulou et Jean-Marie pour l’organisation d’une sortie mycologique en Lozère.
Seconde étape
Une
fois sur place tout le monde se disperse et normalement dans les
minutes qui suivent vous devez entendre un cri de Jean-Marie dont la
traduction serait quelque chose du genre : Ayé j’en ai un ! En outre si
cet « Ayé j’en ai un !» se mue en un gros mot, c’est que la trouvaille
fongique doit être conséquente. Cette année comme le gros mot a été
bissé immédiatement tout le groupe a convergé autour de son chef. Les
habitués ont plus particulièrement compris l’importance de ce message et
sont passés par leur coffre récupérer les haches.
Prestement le
champignon, en fait un truc énorme, a été abattu et sanglé sur le
plateau d’un pick-up ainsi que les haches pouvant s’avérer être des
outils particulièrement dangereux. Pour les années à venir il faudra,
car on ne sait jamais maintenant, aussi penser à prendre un lien (corde,
sandow ou autre) pour éviter, si le coffre ne peut plus être fermé, de
devoir rouler le coffre ouvert ; c’est en effet très mauvais pour les
passagers d’inhaler le temps du trajet de retour des Hydrocarbures
Aromatiques Polycycliques (HAP) et de plus pyrogéniques.
Le
travail étant fait il ne restait plus, pour finir la matinée, qu’à
écouter le chant des oiseaux, regarder tomber avec grâce les premières
feuilles automnales aux couleurs incandescentes, mâchonner le bout d’une
tige de canche flexueuse (Avenella flexuosa, naguère appelée
Deschampsia flexuosa) …. Soit, pour faire court, buller !!
Troisième étape
Retour
au camp de base et, comme Jean-Marie est un être sensible, il lui a été
proposé d’exposer les différences existant entre son champignon et tous
ceux récupérés par le reste du groupe que l’on récolte « pour la
Science ». Des champignons, qui outre le fait d’être d’une taille
normale, présentent très souvent à la base une volve avec un anneau
laissant de fines fibrilles ou des flocons sur leur chapeau vert
olivâtre un peu visqueux quand il est humide. Ces champignons « pour la
Science » bien plus petits que ceux de Jean-Marie sont aussi
redoutablement toxiques et même à très petite dose. Bien évidemment tout
le groupe avec compassion et empathie a alors réconforté Jean-Marie en
lui indiquant que lui aussi un jour pourrait trouver des champignons «
pour la Science » et que l’essentiel est avant tout d’être ensemble.
Quatrième étape aux cuisines
Les
moins passionnés de sciences, après avoir balayé les cônes d’épicéa
tombés sur le chapeau et les plaques de mousses colonisant le pied, ont
commencé un premier découpage du champignon à la tronçonneuse tant le
pied que le chapeau car avec les champignons de Jean Marie, point de
vers et autres miasmes, tout est bon et il faut bien l’admettre,
désespérément bon.
Les blocs sont ensuite repris par d’autres qui à
la machette, au sabre, au tranchoir ou au simple coupe-chou les
fractionnent en morceaux plus adaptés à la consommation humaine. Les
plus artistes et esthètes (et pas que de veau) peuvent s’adonner à la
sculpture et faire de ces blocs des tours Eiffel, des plateaux de Gizeh
avec pyramides et Sphinx dont, ironie du sort, le nez a été
particulièrement touché par une aspergillose : une mycose nasosinusienne
manifestement très courante au haut empire égyptien. Mais je m’égare, reprenons.
Les
morceaux et autres sculptures sont alors mis à suer dans un grand plat à
paella afin que champignon et cuisiniers rendent conjointement toute
leur eau. En outre pour bien faire suer, chauffez avec modération, il
est en effet inutile, voire dangereux, de vouloir aller trop vite au
risque d’écraser le champignon.
Cinquième étape : préparation du liant
Deux
possibilités soit : vous connaissez un élevage d’autruches (Struthio
camelus) et vous avez des liens familiaux avec Usain Bolt et vous pouvez
alors envisager de dérober un œuf récemment pondu à son autruchonne de
mère soit, et peut-être plus simplement, vous allez acheter trois
douzaines d’œufs de poules (Gallus gallus domesticus) à votre
agriculteur bio
préféré. Dans ce cas, pensez si ce producteur est
aussi coturniculteur à acheter un ou deux œufs de caille et cela afin de
préparer le clitocybe améthyste (Laccaria amethystea) et le pied de
mouton (qui compte tenu de sa taille était en l’occurrence plutôt un
pied d’agneau) qui éventuellement auraient été récoltés par erreur par
les mycologistes “pour la Science”. L’objectif étant en effet dans
l’omelette aux champignons façon Wotan de faire des champignons liés par
les œufs et non l’inverse.
Quand vous vous êtes procurés votre œuf
d’autruche ou de poules et de cailles frais après en avoir cassé les
coquilles vous récupérez le jaune et le blanc car, comme pour les
moules, les huîtres, les châtaignes ou les homards, la seule partie
réellement consommable d’un œuf se limite à l’intérieur et donc à la
différence du cochon, par exemple, où tout est bon.
Après avoir salé et poivré vous mélangez progressivement le blanc et le jaune.
À ce stade nous vous offrons un double bonus, fruit d’une longue expérience :
- Ne perdez pas de temps à rechercher le blanc avant de mélanger, vous
ne le trouverez pas, et c’est normal ! En effet et très probablement par
convention, dans un œuf, le blanc est tout ce qui n’est pas jaune.
-
La notion de fraîcheur pour les œufs n’a rien à voir avec la
température, au point que des œufs très, très, frais peuvent même être
chauds. En effet, la fraîcheur pour un œuf se définit en fonction du
moment où il a passé le sphincter de sa mère pondeuse, un muscle
circulaire fermant le canal où débouchent en vrac le côlon (coprodeum),
les deux uretères et l’oviducte (urodeum). Ce mode de ponte
correspondant à une expulsion des œufs via un sphincter fermant en aval
un vrai cloaque est probablement à l’origine de la forme actuellement
ovoïde des coquilles d’œufs. En effet, il est logique de penser que les
toutes premières espèces d’oiseaux qui avaient opté pour des œufs
ovoïdes ont eu un plaisir à pondre, et donc une fécondité supérieure à
toutes les autres espèces qui avaient, elles, testé des œufs à coquille
de moule, d'huître voire de Saint-Jacques. Indépendamment de ces
importantes considérations adaptatives et évolutives, le message qu’il
est ici indispensable à retenir : si les œufs ne sont pas frais - et
cela donc en référence à leurs dates de ponte et non à leurs
températures - il est trop tard pour en faire une bonne omelette, mais
aussi, bien, bien, trop tôt pour un coq au vin par exemple.
Sixième et ultime étape
Toujours
à feu modéré, vous versez, sur les champignons qui en ont eu assez de
se faire suer, les œufs battus (âme sensible s’abstenir). La chaleur va
alors conduire à une dénaturation et coagulation des protéines avec la
formation de ponts disulfures et une cassure des liaisons hydrogènes
permettant un réarrangement de la structure tertiaire des protéines. Le
tour est alors joué qui peut se ponctuer d’un tonitruant : Ayé c’est
prêt !
Il ne vous reste alors plus qu’à convier le chef mycologue et
ses assistants culinaires, le groupe des écolos en goguette, les
voisins, les autorités municipales, le club des anciens boulistes de
Lozère… à venir déguster cette étonnante omelette façon Wotan qui,
malgré son nom, n’a pas d’autre prix que celui de l’amitié.
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Paysages confinés
Paysages confinés
Jean paul Salasse
Et la “table” des causses entaillée par les eaux (de la Vis ?) et les canolles fraîches qui sculptent les échines où nous irions chercher la Campanule à belles fleurs.
Hélène
En Occitanie, la silhouette du far-west est au nord. Sur les flancs des causses, zigzague une route, peut-être celle parcourue à tombeau ouvert dans la dépanneuse du garagiste de... Ganges.
Luc David
Apercevez-vous le facteur tatiesque qui dévale le sentier pierreux du penchant avant de l’avaler au retour sous le cagnard?
Denis Nespoulous
Comme une vallée d’échos entre trois vers de taire, le silence d’avant
Pour oublier d’être seul, et être co’errant, comme fleurons capitulent !
Trois vers mis haut ! défi élément terre du jour d’après !
Jean Burger
Et si on s’envolait ?
Jean paul Salasse
Au pied du Vissou, la capitelle, œuvre “préhistorique” du 19e siècle des “jardiniers” de la garrigue, nous rappelle combien les hommes ont investi ces paysages pour en faire les merveilles que nous admirons aujourd’hui.
Luc David
La vieille bergère que j’y ai rencontrée avait peur, gamine, qu’elle ne lui tombe sur la tête. Qui a eu l’idée saugrenue qu’elle pouvait l’avoir construite?
Mirim Plat
Effectivement, la Nature aime ses semblables (bois, Pierre, terre) qui peuvent s'habiter ensemble pour l'éternité. J'espère qu'un corps étranger (fabrication humaine) ne se pose pas ici . On ne se serait pas comporté dur avec la Nature? On est en ce moment en face de ce désastre par Covid à son tour…..
Denis Nespoulous
Comme une cabane au bout du monde où s’est réfugiée l’ombre du poète
Pour fuir comme on retrouve, le courage d’espérer, vent debout !
Trois vers mis haut ! dessus des doutes qui séparent hier et demain.
Jean Burger
La capitelle est toujours là, mais où sont passé le figuier pour l’ombre, le petit jardin, la chèvre peut-être, la bouteille au frais et les rires d’enfants ?
Jean paul Salasse
Pendant la dernière guerre, des prisonniers allemands ont été occupés à casser les pierres des plateaux calcaires et à les entasser sur des kilomètres de murettes.
D’où le petit exercice de mathématiques pour des CM2 confinés : sachant qu’il y a, sur le causse de Sauveplane, 32 kilomètres de murettes, larges de 1,20 m et hautes de 1,4 m et qu’il y a, en moyenne, 10 000 pierres dans un mètre cube de murette, combien les prisonniers ont-ils entassé de pierres?
Hélène
Là où j’aurai voulu démarrer la journée du 11 mai 2020
Au lieu de repartir vers un rythme effréné,
Vipères aux genêts derrière les mollets,
Plutôt que trackée par la modernité,
Les murets canalisent les pas
Mais n’empêchent le regard et l’esprit
De s’évader vers de nouvelles aventures
Loin des écrans et des murs !
Luc David
Je me suis toujours demandé: les murets ne sont-ils pas là avant tout pour que les bêtes ne rentrent pas dans les cultures?
Denis Nespoulous
Comme un chemin de pas qui s’inventent dans les joints de l’opus confinome
Pour rêver comme on agit, quand on sème comme on rugit, coquelic’haut !
Trois vers mis haut ! delà des routes qui ne sont pas des chemins.
Jean Burger
Avez vous déjà éprouvé le plaisir parfait du bâtisseur de murettes : la lauze qu’on choisit, qu’on pose et qui épouse les autres et ne bouge plus ?
Petite histoire d'agents infectieux qui ont changé la vie des humains
Petite histoire d'agents infectieux qui ont changé la vie des humains
Et si l’histoire recommençait ?
Quand on parle « Homme et Nature », on pense aux menaces qui pèsent sur la biodiversité, aux services écosystémiques, à la protection des plantes et animaux... mais qui aurait pensé qu'un invisible contraindrait en quelques semaines plus de trois milliards de personnes à rester confinées ? Et oui car c'est une toute petite entité 100 nanomètres qui est en train de décider des cours de la bourse, du prix du baril du pétrole, de bloquer les déplacements et les échanges internationaux etc. Une situation inédite, direz-vous ? Pas tant que ça parce que ce n'est pas la première fois que des pathogènes modifient le cours de l'histoire. Si la conquête de l'Amérique par les européens a été rapide, ce n'est pas parce que les conquistadors étaient de valeureux guerriers, mais plutôt parce qu'ils ont apporté avec eux toutes les maladies auxquelles les populations européennes étaient confrontées depuis quelques millénaires et qui ont décimé les indiens pour qui elles étaient nouvelles.
L’émigration irlandaise
Et si, au 19ème siècle, les irlandais ont émigré en masse, c'est aussi à cause d'un agent infectieux. C'est en effet un champignon microscopique, le mildiou qui a causé une famine sans précédent en décimant les cultures de pommes de terre. En quelques années, sur les 8,5 millions d'habitants que comptait l'Irlande, un million de personnes sont mortes et un million et demi ont émigré, principalement vers l'Amérique du Nord. Bien évidemment, le mildiou, avec ses petites spores, n'est pas le seul responsable de cette catastrophe humaine, que certains qualifient de génocide, et pour laquelle, un siècle et demi plus tard, le Premier Ministre Tony Blair a présenté des excuses publiques. Des conditions météorologiques estivales déplorables (pluie et vent), pendant quatre années consécutives, ont en effet permis la prolifération et la dispersion du champignon. Sa tâche a été considérablement facilitée par le fait que l'essentiel des plants de pomme de terre appartenait à une seule variété, l'Irish Lumper, adaptée à des terrains pauvres et humides et réputée pour ses excellents rendements, mais particulièrement sensible au mildiou ! Mais ce n'est pas tout. Cette pénurie alimentaire est arrivée sur fond d'énormes inégalités sociales, avec de riches propriétaires terriens qui avaient accès à une alimentation diversifiée et ont continué à exporter de la nourriture hors d'Irlande, tandis que les paysans pauvres étaient entièrement dépendants de la pomme de terre, facile à cultiver et peu exigeante en place. Les conditions météorologiques clémentes qui ont régné au début du 19ème siècle ont permis de satisfaire aux besoins de la population, dont l'effectif a d'ailleurs presque doublé en quarante ans. Quand la famine apparaît, elle affaiblit rapidement les organismes, qui sont alors décimés par des maladies telles que la tuberculose, le typhus, le choléra ou la diphtérie (pour ne citer qu'elles), qui sont aussi favorisées par la promiscuité et le manque d'hygiène ou d'accès à l'eau potable. Et comme la seule issue possible est de fuir vers des contrées plus prometteuses, ces maladies se répandent alors sur les bateaux chargés d'émigrants et déclenchent des épidémies aux Etats Unis et au Québec. Les systèmes de soins et d'aide sont rapidement débordés et la cause de la pénurie en pomme de terre n'est pas immédiatement identifiée, de sorte que les mesures tardent à être mises en place.
Les acteurs changent, mais les mécanismes biologiques se ressemblent
Un bio-agresseur + des conditions environnementales, une démographie galopante, des populations à risque, un manque de connaissances et une réaction tardive... ça ne vous rappelle rien ? Si dans l'exemple ci-dessus le fauteur de troubles s'attaque à une plante alimentaire, dans la plupart des catastrophes sanitaires, le responsable est un agent pathogène (= qui cause la maladie) infectant les humains. Virus, bactérie, eucaryote uni- ou pluricellulaire... peu importe son pedigree, c’est un parasite (= organisme qui en exploite un autre, l'hôte, et lui cause des dommages). Mais si le coupable sait très bien exploiter et se transmettre d'un hôte à l'autre, il ne suffit pas, à lui seul, à déclencher une épidémie de grande ampleur. C'est en effet la conjonction de facteurs : biologiques (la compatibilité entre le parasite et ses hôtes), environnementaux (les conditions dans lesquelles le binôme hôte parasite vit et évolue), évolutifs (la diversité des parasites et des hôtes et leur capacité à répondre aux pressions de sélection) et socio-économiques qui permet l'émergence de nouvelles maladies, leur maintien et leur expansion.
Et on peut remonter le fil historique des grandes épidémies
L'humanité n'en est pas à sa première expérience en la matière : l'histoire des populations humaines est en effet jalonnée de grandes transitions épidémiologiques, qui correspondent toutes à des bouleversements profonds dans le fonctionnement des sociétés et dans leurs interactions avec l'environnement. La première a eu lieu au Néolithique, il y a quelques milliers d'années. Passant d'un mode de vie nomade-cueilleur-chasseur à un mode sédentaire-cultivateur-éleveur, les humains voient leur densité augmenter, sont plus facilement en contact avec les déchets et déjections, en promiscuité avec les animaux nouvellement domestiqués et avec la faune commensale qui vient se repaître des restes et des stocks de nourriture. C'est alors qu'émergent, dans des populations affaiblies par la malnutrition, des maladies telle que la variole, la diphtérie, la rougeole etc. Il s'agit de zoonoses, comme dans l'immense majorité des émergences, c'est à dire de maladies d’animaux, dont l'agent infectieux se transfère à l'humain et acquiert la capacité à circuler dans les populations humaines. La deuxième transition, dite intracontinentale début environ mille ans avant notre ère et se prolonge pendant tout le Moyen âge. Elle coïncide avec le développement du commerce et des guerres en Eurasie et plus particulièrement autour du bassin méditerranéen. Ainsi, des pathogènes, précédemment acquis se répandent dans les populations ; parallèlement, des vecteurs (qui transmettent) ou des réservoirs (chez qui la maladie circule en dehors des populations humaines) sont introduits, permettant aussi la propagation des maladies. Un des meilleurs exemples est sans doute celui de la peste, transportée par bateaux en même temps que les rats porteurs du bacille et les puces vectrices. L'épidémie dite « peste de Justinien », qui a duré entre 540 et 760, a probablement décimé 25% de la population méditerranéenne. La troisième transition est inter-continentale. Elle débute en l'an 1492, avec l'arrivée des européens en Amérique du Sud, qui y importent tout un cortège de maladies (diphtérie, variole, rougeole etc) acquises au Néolithique. Les populations européennes ont coévolué avec ces pathogènes durant quelques millénaires, tandis que les populations amérindiennes présentaient un système immunitaire totalement naïf vis à vis de ces pathologies. Ces maladies importées ont décimé 90% des amérindiens. La quatrième transition est celle de l'ère industrielle, à partir du milieu du 19°siècle. Elle correspond au développement des villes, avec de fortes densités de populations, dans un contexte d'insalubrité. On voit donc ressurgir des maladies infectieuses telles que le choléra ou la tuberculose. L'amélioration des conditions d'hygiène et le développement des moyens prophylactiques permettent, au 20ème siècle, un recul de ces maladies transmissibles, tandis que les pathologies chroniques amorcent leur essor. On pense donc que le pire en matière d'agents infectieux est derrière nous, mais hélas ! La pandémie de Sida qui a débuté au 20°siècle a fait comprendre que la partie est loin d'être gagnée. SARS, grippe aviaire, Ebola et maintenant Covid-19, nous voici en pleine cinquième transition épidémiologique, largement favorisée par l'expansion démographique, la mondialisation des échanges, l'agriculture intensive, l'élevage industriel et les bouleversements majeurs que nous faisons subir aux écosystèmes ! La pandémie actuelle n'est probablement pas la dernière. Il serait peut être donc grand temps d'apprendre les leçons épidémiologiques du passé pour mieux prévoir et anticiper notre futur sanitaire. Mettre en oeuvre tous les systèmes de protection et de soins une fois l'épidémie en place et essayer d'en prévoir l'issue, c'est évidemment indispensable, mais largement insuffisant si on ne veut pas se laisser surprendre et dépasser par les pathogènes. Le meilleur système de soin est celui qui évite de tomber malade ! Pour anticiper, il faut comprendre ; comprendre où sont les agents infectieux en puissance, où et comment ils circulent, quels sont les facteurs environnementaux (naturels ou anthropiques) susceptibles de favoriser leur transfert aux hôtes humains, quelle est leur probabilité de transmission, quel est leur risque de devenir plus virulents ... autant de questions qui relèvent de l'écologie ! Et oui, l'écologie ce n'est pas que l'étude des plantes et des animaux ; la compréhension de la répartition, la diversité et l'évolution des agents infectieux est aussi au centre des questions en écologie.
Jusqu’au SARS-Cov2...
Alors justement, que sait-on du fameux SARS-Cov2, agent de la désormais célèbre maladie Covid-19, qui justifie les mesures actuelles ? Comment se fait-il qu'un minuscule virus nous contraigne à rester chez nous et à respecter scrupuleusement les gestes barrières ? Le R0, ou taux de reproduction de base d'une infection est le nombre d'individus sains qu'un individu atteint peut contaminer. Dans le cas de la Covid-19, il est estimé entre deux et trois. Chaque personne porteuse du virus, qu'elle exprime des symptômes ou non, contamine donc en moyenne deux à trois nouvelles personnes, qui à nouveau en contaminent deux ou trois, et ainsi de suite. On comprend donc pourquoi le nombre de cas augmente de façon exponentielle et pourquoi les hôpitaux sont débordés ! Après l'infection, vient la guérison ; les personnes qui ont été infectées, avec ou sans symptômes, et s'en sont sorties, gardent une mémoire immunitaire et ne peuvent plus (au moins pour le moment) être contaminées. Lorsque le nombre de ces « guéris » (qui, pour les asymptomatiques, pourraient être identifiés si on disposait de tests sérologiques en quantité suffisante), est suffisamment important, il n'y a plus assez d'hôtes susceptibles pour entretenir l'épidémie : le R0 passe en dessous de 1 et l'épidémie s'éteint. L'enjeu est donc de ralentir la propagation de la maladie pour franchir le pic épidémique puis voir redescendre le R0 tout en arrivant à gérer les cas graves. Les particules virales quittent leur hôte par les sécrétions, et aussi par les selles. La « porte d'entrée » du virus dans l'organisme, ce sont les muqueuses de la bouche et du nez ; la contamination se fait donc directement en ingérant ou en reniflant des gouttelettes émises en toussant ou en éternuant, mais aussi en portant à son visage des mains ou des objets contaminés, ou en embrassant une personne porteuse. Donc pas de bisous, on se salue de loin, on éternue ou on tousse dans son bras et surtout, très régulièrement, on se lave les mains et on nettoie les toilettes et toutes les surfaces ou objets qui sont touchés par les uns et les autres (poignées de portes, interrupteurs, plans de travail etc). L'enveloppe du virus étant lipidique, le savon est parfait pour éliminer le coronavirus ! Et comme nous sommes le véhicule de nos virus, on évite de se déplacer pour ne pas les colporter autour de nous. Donc, on reste tranquillement chez soi, on en profite pour relire les livres des Écolos ou les Échos qu'on n'avait pas eu le temps d'approfondir, pour classer toutes les photos naturalistes qu'on a accumulées depuis des années, pour tester les bricolages proposés par Kellie sur le site euziere.org : (http://www.euziere.org/?TutoNature) , pour mettre la tête à la fenêtre et écouter chanter les oiseaux qu'on entend beaucoup mieux sans les bruits de la circulation... et aussi, on se repose, on téléphone à ses proches pour prendre de leurs nouvelles et leur dire qu'on les aime... Bref, on fait ce qui nous plaît, mais on ne bouge pas de chez soi !
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Plantes de Noël et de Nouvel an, ornementales et médicinales
Plantes de Noël et de Nouvel an, ornementales et médicinales
Autour des festivités de fin d’année quelques plantes mythiques s’invitent dans nos intérieurs. En effet que serait un décor de Noël sans les branchages aux feuilles piquantes et aux baies rouges du houx ? Quant au bouquet de gui du nouvel an, sa présence symbolique est gage de prospérité et de longue vie au sein du foyer. Plus exotique, le poinsettia vient également orner la maison de ses belles bractées rouges. Enfin, ces dernières années, les fleurs insolites de l’hellébore ont peu à peu colonisé nos balcons d’hiver.
Le Houx - Ilex aquifolium, Aquifoliacées
Le houx, largement utilisé lors de ces moments de fête et de célébration, est un véritable symbole de protection. Autrefois dans les campagnes, quelques branches étaient accrochées la veille de Noël dans les étables et bergeries, pour protéger les animaux. Également, les guérisseurs l’utilisaient dans des rituels pour transférer la maladie (dermatoses sèches des animaux). Pour les chrétiens, il est spécifiquement associé à la Nativité. Le roi Hérode cherchant à tuer tous les nouveaux-nés juifs pour éliminer celui qui était annoncé comme le roi des juifs, Marie, Joseph et leur enfant s'enfuirent vers l'Égypte. Selon la tradition, à l'approche d'une troupe de soldats, ils se cachèrent dans un buisson de houx qui, dans un élan miraculeux, étendit ses branches pour dissimuler la Sainte Famille derrière son épais feuillage épineux. Marie bénit le buisson et souhaita qu'il restât toujours vert en souvenir de sa protection et comme symbole d'immortalité. Cultivé depuis fort longtemps dans les jardins, il s’agit d’une espèce de sous-bois, commune en Europe jusqu’à 1500 m, et présente sur tout le territoire français. Des peuplements remarquables existent sur plusieurs sites méridionaux, par exemple dans le massif du Caroux (Hérault) ou au sein du massif de la Sainte Baume (Var). Poussant avec une lenteur extrême, l’arbre, à forme pyramidale, peut atteindre 25 m de haut et vivre 300 ans. En cette période de fêtes, il conviendra de veiller à ce que les décorations de tables ne soient pas picorées par les enfants en fin de repas… En effet la consommation des fruits de houx peut donner lieu à une intoxication légère, avec apparition de vomissements, diarrhées, somnolence et parfois convulsions (alcaloïdes dont l’ilicine). Dans le midi de la France, le houx commun est parfois concurrencé sur les tables de Noël par le fragon petit-houx, Ruscus aculeatus, une plante aux baies rouges certes, et bien piquante également, cependant de la famille des Asparagacées. Par ailleurs, houx et petit-houx sont deux plantes médicinales ; le premier est utilisé en gemmothérapie comme remède de la sclérose et des terrains épileptiques, le second est, par sa racine, dépuratif général et tonique veineux.
Le Gui - Viscum album, Santalacées
À Noël une boule de gui est souvent accrochée au plafond de l’entrée des maisons afin d’en recevoir sa force symbolique. Puis c’est en s’embrassant à minuit sous ce même gui, qu’il est d’usage de formuler de bons vœux pour la nouvelle année.
Il s’agit d’une plante tout à fait spéciale sans écorce ni racine, parasitant les branches de divers arbres à feuilles caduques et présentant des baies blanc nacré translucides. Plus précisément il est hémiparasite, dans la mesure où ses feuilles contenant de la chlorophylle lui permettent de fabriquer ses propres nutriments pendant l’été. Il prélève la sève brute de l’arbre sur lequel il se trouve, à l’aide de suçoirs pénétrant l’écorce et se ramifiant dans le bois. Par ailleurs sa croissance se fait curieusement sans notion de verticalité ou d’horizontalité, sous une forme géométrique sphérique concentrique, comme s’il n'était pas sensible à la pesanteur. Le peuple celtique considérait cette plante comme sacrée en raison des vertus médicinales, ou même miraculeuses, qui lui étaient attribuées. Selon l’historien romain Pline l’Ancien, les druides, au temps des Gaulois, se rendaient en forêt le sixième jour du solstice d’hiver afin de le récolter. Ils utilisaient pour cela une faucille en or puis enveloppaient la plante dans un linge blanc, signe de pureté. C'était le gui très rare du chêne qui était recherché ; gui, plante lunaire et chêne, arbre solaire, symbolisant force et puissance. Parmi ses nombreuses attributions, il pouvait chasser les mauvais esprits, purifier les âmes, guérir les corps, neutraliser les poisons, assurer la fécondité des troupeaux. Au-delà des usages magiques, le gui est reconnu pour ses vertus médicinales, plus précisément celles de ses feuilles, utilisées sous forme de tisanes ou d’extraits, dans les cas d’hypertension artérielle et d’anxiété. Les macérats glycérinés de ses jeunes pousses sont indiqués dans les troubles du système cardiovasculaire principalement, en cas d’athérosclérose, de dyslipidémie ou d’asthme cardiaque. Enfin, en médecine anthroposophique, des remèdes à base de gui fermenté (feuilles, fruits) sont élaborés pour soigner des cancers ou tumeurs bénignes kystiques. L’activité antitumorale est essentiellement le fait de lectines, des glycoprotéines cytotoxiques, par ailleurs immunostimulantes. La toxicité de la plante est liée surtout aux fruits dont l’ingestion provoque une soif intense, une irritation digestive, des vomissements, des diarrhées sanglantes, des douleurs abdominales (saponines, viscotoxines comme la viscine)…
Le Poinsettia - Euphorbia pulcherrima, Euphorbiacées
Il s’agit de la plante en pot la plus populaire du monde, encore appelée étoile de Noël, petit flamboyant, six-mois-vert, six-mois-rouge. À l'origine cette euphorbe est un arbrisseau pouvant s’élever jusqu’à deux mètres, provenant des hauts plateaux tropicaux humides d’Amérique Centrale et du Mexique, et fleurissant en hiver. Selon une ancienne légende aztèque, la plante est née d’une histoire d’amour tragique au cours de laquelle le cœur brisé d’une déesse aztèque laissa tomber au sol des gouttes de sang, donnant ainsi naissance à l’étoile de Noël. Pour les mexicains d’aujourd’hui ses fleurs sont associées à la nuit sainte : « flores de la Noche Buena ». Au Mexique, du 14e au 16e siècle, elle fut cultivée pour préparer un pigment rouge destiné à la coloration de textiles et de produits cosmétiques. Son latex entrait dans la composition de remèdes pour diminuer la fièvre. La plante doit son nom à Joël Poinsett, ambassadeur des États-Unis d'Amérique au Mexique, médecin et botaniste passionné, qui succomba au charme de cette plante sauvage vers 1882 et la ramena dans sa ville de Philadelphie. En commémoration de la mort de Joël Poinsett, le 12 décembre 1851, le congrès des États-Unis décida d'instaurer la journée nationale du Poinsettia le 12 décembre. La coutume américaine consistant à s’offrir la plante à ce moment de l’année s’est ensuite propagée dans toute l’Europe. Attention à la toxicité du poinsettia ; si les fleurs et les bractées sont peu toxiques, le latex par contre cause une irritation de la peau et des muqueuses, digestives et oculaires. Son ingestion provoque des vertiges, douleurs, tremblements, convulsions et autres troubles circulatoires. L’intoxication massive est rare mais peut être fatale (alcaloïdes, euphorbiostéroïdes…).
L’Hellébore noir - Helleborus niger, Renonculacées
Cette plante sauvage est aujourd’hui cultivée à des fins ornementales, et particulièrement pour être vendue autour de Noël. D’un blanc immaculé, ombrée de rose à l’extérieur et jaune étincelant en son centre, elle fleurit en général en février-mars à l’extérieur, en décembre à l’intérieur. Une autre espèce, Helleborus orientalis subsp. abchasicus, lui sera parfois préférée en raison de sa période de floraison à la mi-décembre et de sa couleur allant du blanc au pourpre foncé.
Depuis le Moyen Âge, elle symbolise la pureté et rappelle la légende à l'origine de son nom de rose de Noël. La nuit de la naissance de Jésus, une bergère gardant ses moutons, vit la caravane des bergers et des Rois Mages à travers son champ enneigé qui allaient offrir leurs présents au nouveau-né. N'ayant rien à offrir, elle se mit à pleurer. Un ange, voyant ses larmes sur la neige, les effleura et fit éclore son cadeau, une fleur blanche. Ses autres noms font référence aux usages médicinaux de sa racine (herbe aux fous, herbe de feu, pied de griffon, pied de lion, patte d'ours, rose de serpent, pain de couleuvre…). Depuis l’Antiquité, elle servait en effet à soigner la folie ainsi que de nombreuses maladies incurables ; hélas la plupart des patients mouraient de ce remède si violemment purgatif. Pourquoi cette indication ? J.P. de Tournefort, botaniste du 17e siècle, rapporte que la racine était récoltée dans la ville ancienne d’Anticyre en Grèce, et que le paysage y était si beau que le voyage à lui seul pouvait influencer les mélancoliques. Cette plante ne peut être utilisée aujourd’hui en phytothérapie, en raison de sa forte toxicité qui justifie même de prendre des gants pour la cueillir. Sa composition chimique comporte des saponosides de structure stéroïdienne, une lactone et un hétéroside (bufotalidine retrouvé dans le venin de crapaud). Les signes principaux d’intoxication sont des picotements de la bouche et de la gorge, des vomissements, des diarrhées et une mydriase. Il existe cependant un remède homéopathique dont les indications sont effectivement en rapport avec des troubles psychiques comme la dépression taciturne (avec lenteur des réponses, stupeur, obnubilation), la dépression déclenchée par un arrêt des règles, et des troubles rénaux comme la néphrite aiguë.
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Portrait : Élise Mouysset
Portrait : Élise Mouysset
Bonjour Élise Mouysset, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis arrivée en juin 2015, après le départ de Jean-Paul ; j’ai 40 ans et suis originaire de l’Aveyron, plus précisément du Ségala.
Quel a été ton parcours, ta formation ?
Ingénieure agronome, j’ai commencé par le domaine agricole avec pas mal d’expériences dans différents domaines, puis j’ai été directrice de Tela Botanica. J’ai fait, par la suite, une incursion dans le secteur social au sein de la Maison de l’Emploi, et enfin je suis arrivée aux Écologistes, dont j’étais membre du Conseil d’Administration au cours de ma fonction à TB ; j’ai toujours été intéressée par le lien entre social et nature avec le désir de transmettre, ainsi que de disposer de la liberté de créer et de porter des projets.
En quoi consiste ta fonction de Directrice au sein de l’Association des EE ?
C’est faire en sorte que tout fonctionne bien dans tous les domaines d’activité, c’est assurer l’équilibre financier, c’est veiller à ce que l’équipe se sente bien. Faire aussi du lien entre le CA et l’équipe. Réfléchir à une stratégie cohérente entre les valeurs de l’association, les activités qu’on veut développer et les réalités économiques. Ma position me donne une vision globale.
Comment gères-tu l’équipe de salariés ?
L’équipe est très impliquée dans les choix collectifs, les salariés gèrent leur temps et leurs projets. Bien sûr, il faut prendre les décisions mais il y a une vraie autonomie des salariés sur leurs secteurs d’activité. J’essaie de donner quelques axes qu’il faut développer. Notre fonctionnement repose sur une approche collective et collaborative aux projets.
De façon concrète peux-tu nous indiquer les principales activités que tu mènes au cours d’une semaine type ?
Ce n’est pas linéaire, il y a beaucoup de problèmes quotidiens à régler. Le temps s’organise autour de la gestion financière qui m’oblige à faire le lien entre la comptabilité et la conduite des projets, la rencontre avec les partenaires extérieurs, l’organisation d’animations. J’interviens au niveau des éditions en partenariat avec John. Je mène aussi des projets comme l’organisation de sentiers botaniques ou du patrimoine. Il y a aussi des temps forts comme l’AG, la coordination des bilans, les demandes de subventions, les entretiens individuels en fin d’année, menés à deux mais séparément avec chaque responsable de secteur : c’est une démarche originale et complémentaire, technique et générale. C’est important que chacun ait conscience du rôle qu’il a à jouer dans l’association.
De quelle autonomie jouis-tu dans l’organisation de ton travail ? Quelles sont tes relations avec les membres du CA ?
J’ai la confiance du CA et du bureau pour engager des projets. Il y a 80 projets en étude de taille variable. Et en animation c’est de même ordre. Certains projets viennent d’appels d’offre sur lesquels, collectivement on décide de répondre. Pour les animations, nous sommes sollicités par des structures comme des écoles. Viennent en plus, des projets que nous initions et que nous avons envie de développer.
Rencontres-tu des difficultés ? Lesquelles ? De quel ordre ?
Lier nos incohérences ! Réaliser tous les projets qui nous plaisent en accord avec nos valeurs, et affronter nos contraintes économiques fortes ; comment associer cette qualité de travail avec le niveau disponible des finances afin d’obtenir un peu plus que l’équilibre, de dégager une marge minimum pour assurer une trésorerie. Et plus si possible, avoir une réserve pour financer des projets. Nous recherchons toutes les solutions de financement : contrats d’apport associatif avec les adhérents, subventions de la Région et du Département (nous ne sommes qu’à 18%), prêts bancaires, fondations…
Comment parviens-tu à concilier activité professionnelle et vie privée ?
Mes enfants sont grands, Juliette a 14 ans et Romane 11 ans, elles sont très autonomes. Par ailleurs, mon conjoint assure bien l’interface logistique ! Pour toi, quelles sont les 3 principales qualités pour exercer cette fonction ? L’adaptabilité, l’écoute et la créativité.
Qu’est-ce qui t’a le plus marquée depuis ton arrivée aux EE ?
C’est l’attachement de l’équipe à l’association, ce qui peut conduire à quelques tensions mais elles restent liées à la qualité affective de la relation...
Line Hermet, les plantes, les fleurs, m'ont toujours émerveillée. Aujourd'hui, fidèle membre des Brins de Bota, je peux m'adonner à ce qui est devenu une passion et avec eux continuer à m'émerveiller devant les plantes et leurs secrets. Au passage, un grand merci aux Ecolos pour leur contribution à la connaissance et la défense de la nature.
Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !
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Portrait : Luc David
Portrait : Luc David
Bonjour Luc, peux-tu te présenter en quelques mots, ton origine géographique, ta date d’entrée aux Ecologistes de l’Euzière ?
Je suis Ligérien, né au bord de la Loire il y a 62 ans. Mon terrain de jeux, c’étaient les bords de Loire, cette Loire si dangereuse et mes parents m’ont appris à nager très tôt. Mes plaisirs d’enfance, c’était la pêche, faire du canoë, (j’ai su utiliser un canoë dès 6 ans), ramasser les petits cailloux roulés par la Loire, c’était le plaisir d’être dehors, dans la nature, avec les copains.
Quel est ton parcours et ta formation ?
Ma passion pour les petits cailloux m’a orienté vers un doctorat de géologie à la faculté de Montpellier (avec une thèse sur la microtectonique, la formation des continents et les déformations géologiques). C’était l’époque des missions spatiales sur la Lune, et je me suis dit qu’il fallait qu’un géologue aille ramasser des cailloux sur la Lune, et cela pourrait être moi ! En fait j’ai fait un passage assez long par l’industrie pétrolière très intéressée par mon sujet de thèse. Par la suite, en 1991, j’ai rencontré Benoît Garonne : ce fut un changement professionnel radical qui a conduit à mon intégration aux Écolos.
As-tu étudié un domaine particulier en géologie ?
Oui, l’hydrogéologie. Or notre région est un vrai domaine d’exploration en raison de ses très nombreuses cavités souterraines. La spéléologie s’est imposée, et m’a permis de les visiter.
Des missions techniques au service de la transmission des savoirs
Quel est ton rôle au sein de l’association ? Comment organises-tu tes activités, avec quelle autonomie ?
La géologie, comme la pédologie, la topographie, la climatologie ou encore l’hydrogéologie, sont souvent sous-évaluées au niveau du terrain par mes confrères et amis écologues. J’ai essayé d’apporter des éclairages sur les milieux naturels pour les études d’impact.
L’interprétation du patrimoine au sens large (c’est-à-dire naturel et bâti) un concept d’origine américaine, nous amène à nous interroger sur l’âme des lieux. Il faut faire connaître aux visiteurs les histoires des lieux. Nous avons, depuis quelques temps, mis en place une démarche et des outils (comme par exemple les topoguides). Récemment, une visite virtuelle (sons et images) disponible sur smartphone avec l’application « Izi travel » est possible pour visiter sans accompagnement le massif de la Gardiole, avec des bergers, des pompiers, des forestiers qui racontent, expliquent, ou encore la Colline de la Mourre, avec une bergère qui évoque sa vie, les lieux, les capitelles…
Par ailleurs, depuis plusieurs années, je participe à la mise en place d’un programme très étoffé de formation.
Dans l’équipe, en termes d’organisation, une grande autonomie est laissée à chacun ; chaque salarié a son poste et mène son projet sans entraves. Les projets portés sont très liés aux personnes, avec un très grand investissement et la responsabilité qui l’accompagne.
Philippe Martin nous dit que notre région est un concentré de toute la géologie française, qu’en penses-tu ?
Nous avons la chance d’avoir dans notre région des paysages très diversifiés, dus à une histoire géologique extrêmement variée, nous avons des affleurements exceptionnels avec des zones qui restent peu « enforestées » qui permettent de voir les roches. Si on trace un cercle de quinze kilomètres entre Bédarieux et Clermont, on a toutes les roches de France (sauf une d’origine marine que l’on trouve en Corse ou dans les Alpes) !
Quels liens fais-tu entre géologie et nature/environnement, entre géologie et communautés humaines (à l’exemple des vignerons que tu as côtoyés) ?
J’ai des souvenirs de vendanges à l’ancienne de mon enfance et quand je suis arrivé aux écolos je suis tombé amoureux des vignerons : le lien entre terroir et vignes, le savoir-faire des vignerons, nous ont intéressés très vite. Ils aiment leurs paysages et pour un géologue c’est inestimable. Ils ont, dans leur façon d’aborder leur travail, la vinification, un côté irrationnel, avec comme une pointe de magie… Et dans ces beaux paysages du Pic St-Loup, on ne peut faire que du bon vin !
L’heure d’un bilan ou la nouvelle vie
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué pendant les années passées au sein de l’association ?
La qualité des projets et la rencontre avec des mondes (sport, industrie, agriculture) bien différents du mien. Il est toujours plus difficile et important de convaincre les personnes éloignées de nos conceptions que celles qui partagent nos vues.
Lors de mon grand séjour de 29 ans aux Écolos, et au-delà du monde viticole qui m’a marqué, j’ai eu l’occasion de suivre un projet avec un monastère de moniales. C’est la première fois où je me suis demandé, devant le portail du monastère, mais qu’est-ce que je fais là ?
Un joli visage souriant et un bain de 3 jours en immersion m’ont subjugué et m’ont entraîné dans ce projet avec une complicité étonnante des moniales.
Je garde aussi à l’esprit, ces groupes de stagiaires si dynamiques destinés à être des animateurs et animatrices Nature, avec qui on travaille sur le terrain (mais il me semble qu’ils ont besoin d’encadrants de leur âge et proche de leur mode de vie).
Au moment de ton départ, quel message souhaiterais-tu transmettre ?
Rester au plus près du terrain, et être ouvert à des publics très divers, apprendre aux jeunes l’autonomie et la responsabilité, les apprentissages techniques seront toujours accessibles.
Envisages-tu de partager par la suite tes connaissances et ta passion auprès des adhérents des Écologistes de l’Euzière ?
Je souhaite faire un break et prendre du recul. Me consacrer davantage à ma passion des livres, m’occuper de rugby, poursuivre ma participation à des associations de solidarité, ou encore, marcher et me maintenir en forme avec mon épouse. Voilà un vrai programme de futur retraité ! Bien sûr, je resterai en contact avec l’Association. Et si l’occasion se présente je participerai volontiers aux éditions de livres sur la géologie.
Line Hermet, Les plantes, les fleurs, m'ont toujours émerveillée. Aujourd'hui, fidèle membre des Brins de Bota, je peux m'adonner à ce qui est devenu une passion et avec eux continuer à m'émerveiller devant les plantes et leurs secrets. Au passage, un grand merci aux Écolos pour leur contribution à la connaissance et la défense de la nature.
Hugues Ferrand, passionné depuis toujours de nature, j'ai commencé par une première sortie avec les écolos dans les années 1980 ! Les samedis bota comme les mardis soir, s'insèrent désormais dans un agenda bien chargé avec Tela Botanica et surtout l'association que je préside, La Garance Voyageuse !
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Portrait Gentiane Nedelec
Portrait Gentiane Nedelec
Peux-tu nous préciser en quelques lignes, ton origine géographique et ton parcours ?
Je suis née à Brest et j’ai grandi dans les côtes d’Armor. J’ai eu une enfance heureuse en pleine nature, entre marais, forêts et landes. A 13 ans je suis partie avec mes parents en Guyane dont j’ai adoré l’environnement et ce fut une adolescence heureuse aussi.
De retour en France, j’ai commencé mes études au lycée de Tarascon, puis à Anduze, et continué à l’université de Montpellier en Langues étrangères (anglais, espagnol, russe, roumain). Depuis l’enfance, je rêvais d’être traductrice pour travailler dans l’armée dans les avions “Awaks” en service de renseignements !
Mais, frappée par les flèches de Cupidon, je suis restée dans le Gard à la recherche de travail. Finalement une reconversion dans la comptabilité m’a permis d’entrer dans un cabinet d’expertise-comptable où j’ai travaillé pendant 8 ans et appris véritablement mon métier.
Ton arrivée aux EE date déjà de 2015, pourquoi ce choix des EE ?
Après cette expérience comptable, et une pause obligée pour raison de santé, j’ai de nouveau voulu changer de milieu et j’ai recherché du travail. Quand j’ai lu l’offre d’emploi des
EE, j’ai su tout de suite que c’était ce que je voulais, une structure et un environnement de travail plus en cohérence avec mes souhaits. J’ai découvert toute la richesse d’activités des EE. Recrutée à temps partiel sur un poste d’accueil et de comptabilité, je suis ensuite passée à temps plein au départ de Karine Lebœufn.
Aux EE quel est ton rôle au sein du Pôle Logistique ?
J’assure plusieurs missions dont le suivi de la comptabilité assez complexe de l’association (car plusieurs types d’activités et de régimes fiscaux), l’accueil téléphonique avec la messagerie générale à dispatcher aux divers services, les inscriptions aux camps d’été et à certaines animations, ainsi que tout le suivi des publications (commandes, facturation, paiement, envoi des ouvrages…). Enfin j’ai aussi une fonction de responsable logistique et je suis souvent la personne ressource pour de multiples petites demandes urgentes, ce qui permet à l’association de bien fonctionner !
La location du minibus est aussi dans mon escarcelle.
Une organisation rigoureuse au service des EE
Disposes-tu d’une autonomie dans ton travail, comment s’effectue la répartition des missions entre les membres du pôle, comment peux-tu qualifier les relations avec tes collègues au sein de l’équipe ?
Je dispose d’une grande autonomie, d’une grande liberté en ce qui concerne la gestion du temps et des tâches. Ceci implique une bonne organisation (j’ai 2 ordinateurs, 3 boîtes mail) et une réactivité immédiate à toutes les demandes. Je suis en contact permanent avec tous mes collègues et entre nous les relations sont excellentes.
Quel retour des 5 années passées au sein des EE : as-tu rencontré des difficultés, es-tu satisfaite ?
Déjà 5 ans ! Les départs de Luc et de John m’ont particulièrement marquée car j’ai beaucoup appris auprès d’eux.
Pendant ces 5 années j’ai développé mes connaissances sur le fonctionnement de l’association et ses différentes missions et j’ai gagné en autonomie. Il y a eu aussi quelques glissements en matière de volume de tâches par rapport à mon poste d’origine, à la suite des départs de collègues. La période de janvier à mars est la plus soutenue en raison des opérations de bilan comptable et du travail avec les experts-comptables. Mais, malgré le stress de certaines opérations ou de périodes chargées, cela reste gérable grâce à l’exceptionnelle ambiance qui règne ici et à mes conditions de travail qui me conviennent pleinement.
Mon expérience aux Écolos est totalement positive !
Quid du confinement ?
En télétravail à la maison, j’ai pu faire l’essentiel, mais de nombreuses activités administratives ont dû être stoppées comme tout ce qui concerne les publications. Le point positif de ce confinement a été une certaine tranquillité et la possibilité de pouvoir m’ouvrir sur d’autres activités culturelles ou sportives. Par contre le déconfinement a été plus difficile…
Comment te projettes-tu dans un proche avenir ?
Rester au sein des EE, tant que je supporte la canicule !!!
Et continuer à pratiquer le tir sportif à 10m.
Je vais aussi suivre une formation : je souhaitais faire une formation sur le plan juridique, spécifique aux associations, mais n’ayant pas trouvé…retour à la nature, je vais me former aux reptiles qui me fascinent depuis l’enfance !
Line Hermet
Hugues Ferrand,
Promenade jardinière - Jardin des Plantes de Montpellier
Promenade jardinière - Jardin des Plantes de Montpellier
Où sommes-nous ? Vous pourriez poser la question à ce chat (Felis silvestris catus), en fait une chatte de mes amies qui se pourlèche sur le muret, ou à ce gendarme (Pyrrhocoris apterus), punaise rouge au masque tribal, ou même si vous avez du courage à ce héron cendré (Ardea cinerea) qui vous toise tout en haut du grand cèdre (Cedrus Atlantica), ils vous répondraient tous la même chose : « vous êtes dans l’univers, et vous êtes chez moi ». Oui, l’univers, un lieu fait de beaucoup d’espace et de beaucoup de temps. Oui, c’est bien cela, vous répondrais-je moi aussi, car je ne suis pas plus bête qu’un gendarme, même si je vole plus bas qu’un héron. Je ne suis qu’un petit homme (Homo sapiens), même si je ne sais pas grand-chose, mais je sais au moins cela. Ah oui, j’oubliais, je suis aussi un petit jardinier, alors vous êtes aussi un petit peu chez moi. Ce jardin bien sûr ne m’appartient pas, mais nous nous connaissons, lui et moi, et il m’appartient de vous le donner, à voir, et peut-être un peu à aimer. Vous venez ?
Oui, ici vous trouverez beaucoup d’espace, même si mon jardin n’est pas bien grand, mais si vous leviez les yeux, vous comprendriez. Et si, vraiment, vous les ouvriez… Mon jardin est fait aussi de beaucoup de temps, et de cela je suis sûr vous en conviendrez. Regardez par exemple ce vieil arbre, un filaire (Phillyrea latifolia), avec son tronc crevassé qui accueillait naguère les mots doux des amoureux, aujourd'hui les vœux des enfants, petits et grands. Si vous lui demandez « quel âge as-tu ? », il vous répondra « j’ai plus de 400 ans », car pour lui les poussières ne comptent pas. Alors nous nous sentirons tout petits, même si lui-même n’est pas bien grand, bien moins que les cyprès de l’allée en face de nous, des petits jeunes de 60 ans.
À cet emplacement était l’ancien jardin médical, créé par Pierre Richer de Belleval, du temps d’un certain roi Henri IV. Oui, car ce lieu séculaire vit le jour pour offrir aux futurs docteurs de la plus vieille encore faculté de médecine de Montpellier un lieu d’étude, où pour eux étaient présentées et estampillées les plantes qui en fait sont les vrais médecins, et qu’ils devaient apprendre à connaître, pour devenir de bons petits savants. Depuis quatre siècles, la science a beaucoup évolué, mais les plantes sont toujours les mêmes, et comme le vieux filaire, ou ce vieil arbre de Judée (Cercis siliquastrum), vraiment les mêmes. Quant à moi, qui viens de naître, je travaille, depuis quelques instants, sur la « Montagne » de monsieur Richer, qui avait beaucoup d’humour ! Car la montagne (monticulus) en question ne fait que quelques mètres, de large et encore moins de haut, mais quel monument, historique, et scientifique… Car son créateur, qui créa, puis recréa après le siège qui le mit à sac, en quelques années ce jardin extraordinaire était lui-même un savant peu ordinaire. En précurseur de l’écologie, il présenta sur les deux flancs de sa montagne les plantes de soleil et les plantes d’ombre. Nous aussi, aujourd'hui, après avoir tout coupé en morceaux, nous pensons un peu, de nouveau, que l’environnement est une affaire de milieux. Vous trouverez ici une représentation des plantes méditerranéennes, à qui la chaleur ne fait pas froid aux yeux. N’hésitez pas à venir nous voir, monsieur Filaire, dame Minette et moi, ne manquerons pas de vous les présenter.
Au XVIIe siècle, le jardin médical fut déplacé dans l’école de botanique, où les petites plantes serrées en rang d’oignons (toutes, même les oignons) épousent docilement, avec beaucoup d’indulgence, les valses-hésitations du savoir des hommes. Nommer, c’est posséder, croient-ils naïvement, alors partout fleurissent les noms avides de saisir le vivant. Bienvenue dans le « jardin d’épithètes », cher à Paul Valéry, qui reste d’une beauté sans nom, les poètes, qui ne s’y trompent pas, y auront toujours le dernier mot. Revenons dans les carrés du savoir presque trop bien tracé. La vieille Orangerie, en fait beaucoup plus récente, elle ne date « que » de la Révolution, vient d’être restaurée. Notre jardin a connu beaucoup de vicissitudes, les fameux outrages du temps, et l’incurie des hommes, sans parler de leurs canons, mais ne vous en offusquez pas, vous qui passez, le vieux jardin rigole dans sa barbe verte, maintes fois agenouillé, il a chaque fois relevé sa superbe, dès que les petits hommes le lui ont gentiment, et superbement demandé. Écoutez… Le temps ici est ce fleuve calme, que ne perturbent guère, nos clapotis.
J’espère que je ne vous embête pas, avec mes considérations temporelles, car tout ceci nous ne le voyons pas, seulement au travers de ce musée imaginaire, que nous appelons la mémoire des hommes. Car vous êtes venus visiter l’univers, et l’espace vous attend. Continuons notre promenade. Avec le sud du jardin, ponctué d’essences exotiques, se poursuit notre balade historique, dans ce que nous appelons le « premier jardin ». Près de l’ancienne noria, où des générations d’ânes à quatre pattes (Equus asinus) puisèrent l’or vrai qui préside au destin de toute vie, des arcades rappellent les premiers bâtiments où Richer enseignait la « science aimable », en expliquant les « simples », cela ne devait pas être bien compliqué. Devant vous, aux abords de l’école de botanique, ne manquons pas de saluer le vénérable arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), peut-être le plus vieil arbre de la terre car sa lignée vit naître les dinosaures, mais ne le traitez pas de vieux fossile, car avec raison il se vexerait, lui qui sut évoluer sans périr à travers la nuit des temps.
Au
XIXe siècle, par l’achat de deux nouvelles parcelles, le Jardin vit sa
superficie doubler. Bienvenue dans le « second jardin », même s’il n’y
en a toujours qu’un seul ! À la place de l’école forestière mise en
place par De Candolle se dressent aujourd'hui de grands arbres, car la
nature croît, et impose ses vues vers le ciel à nos plates-bandes
savantes, mais terre-à-terre. Ici, seule la lumière commande. Au fil des
allées, vous croiserez de grands seigneurs, aux allures un peu
étranges, comme ce chêne déguisé en châtaignier (Quercus castaneifolia), des cyprès si rares, d’autres arbres beaucoup moins, comme ce majestueux micocoulier (Celtis australis),
mais toujours remarquables, si vous les regardez bien, comme ils vous
regardent, lentement, comme on s’élève. Nous voici sur la parcelle
acquise par Charles Martins, dont la serre éponyme au fond du jardin
abrite des plantes ô combien succulentes ! Après la bambouseraie et sa
forêt de mikados géants, se dévoile le jardin anglais, espace ouvert au
plaisir de flâner, avec son grand bassin où les lotus du Nil (Nelumbo nucifera)
côtoient les nénuphars et le bonheur, parfois un peu sonore, du petit
peuple des eaux ! Après les banquettes aromatiques, les rocailles, et
mille recoins cachés pour être trouvés où fleurs, et couleurs,
rivalisent de leurs avalanches, se dressent l’Institut de botanique et
le vieil Herbier, comme pour rappeler que la science est aussi une
affaire sérieuse. Encore une halte, près de l’oranger des Osages (Maclura pomifera), en fait une sorte de mûrier. Attention à la chute de ses fruits, si lourds que nous pourrions tomber dans les pommes (Malus pumila)
! Voilà, notre promenade touche à sa fin, moi le devoir m’appelle, je
dois me faire la belle, quitte à me prendre un râteau. Je vous laisse
ici, au milieu de l’uni-vert. Bien sûr, n’hésitez pas à continuer sans
moi, car vous êtes chez vous !
Photos : Denis Nespoulous
Denis Nespoulous,
s’il fallait me définir, quelle drôle d’idée ! (certains me disent
poète, d’autres chat sauvage), je vous dirais que je suis aujourd'hui
jardinier, au Jardin des Plantes de Montpellier. Venez me rejoindre, et
je vous montrerai, tous ses secrets. À bientôt dans l’uni’vert !
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Qu'est-ce qui fait sourire les animaux ?
Qu'est-ce qui fait sourire les animaux ?
Carl Safina - Edition La Librairie Vuibert – 556 pages – 2015 titre original (bien meilleur) Beyond Words: What Animals Think and Feel - (traduit en 2018)
Si Darwin pouvait lire ce livre, il boirait sûrement du petit lait.
Qu'est-ce qui nous fait croire que les animaux n'éprouvent pas d'émotions ni de sentiments ? La crainte d'une interprétation anthropomorphique de l'observation de leur comportement ? Carl Safina pose la question : et si c'était simplement nous qui sommes comme eux ?
Une éléphante recouvre de branchages le corps d'une vieille femme blessée dans la savane. Les éléphants ne font ça avec aucune autre espèce que la leur. Comment imaginer que ce soit pour autre chose que pour lui éviter d'être attaquée par les hyènes ? Et parce qu'ils entretiennent avec l'espèce humaine une relation particulière ? Un éléphant revient chaque année au camp de son ancien soigneur à la date anniversaire de la mort de celui-ci. Porte-t-il son « deuil » ? Peut-on se permettre de supprimer les guillemets ?
Une enquête approfondie auprès d'éthologues qui ont passé leur vie à observer les loups, les orques et les éléphants sur le terrain, a permis à Carl Safina de dresser une impressionnante liste de comportements qui posent forcément, mais forcément la question de leur joie, de leur amour, de leur chagrin, de leur jalousie.
C'est passionnant, c'est bluffant, c'est troublant, je dirais même c'est bouleversant.
Luc David
Quelques vers... pour saluer le printemps
Quelques vers... pour saluer le printemps
Eveil
Un battement d’ailes
Un parfum de miel
Le vieil amandier berce ses pétales
Quelques fleurs de neige
Flottent dans le vent
Un éclat de jaune une note bleue
Au profond de l’herbe
Un frémissement
Les sauvageonnes
S’éveillent
Un battement d’ailes
Froisse le silence
En ce clair matin
Le printemps
S’avance.
Line Hermet, les plantes, les fleurs, m'ont toujours émerveillée. Aujourd'hui, fidèle membre des Brins de Bota, je peux m'adonner à ce qui est devenu une passion et avec eux continuer à m'émerveiller devant les plantes et leurs secrets. Au passage, un grand merci aux Ecolos pour leur contribution à la c
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Retour expérience Animateur camp des écolos
Retour expérience Animateur camp des écolos
C’est vraiment une expérience à part, une mini société qui dure douze jours. C’est comme ça que je l’ai vécu. J’ai vécu là-bas les meilleurs moments de ma vie, riche en apprentissage naturaliste et en expérience de vie commune avec adultes et enfants.
Le séjour se sépare en deux parties : la préparation du séjour avec l’équipe d’animation et le séjour en lui-même dès l’arrivée des enfants. La préparation est cruciale. C’est le moment où on apprend à connaître les membres de l’équipe et qu’on décide comment le séjour va se dérouler. Autour de différentes thématiques, on débat et discute des choix que l’on va faire.
Pendant la prépa, il y a un petit peu de stress qui arrive parce qu’on rentre dans le concret sans que ça le soit et j’appréhendais l’arrivée des enfants.
Les enfants arrivent et ça y est, il faut se lancer dans le bain en veillant toujours à la sécurité physique et affective des enfants.
Ce n’est pas quelque chose d’aisé quand on débute dans le milieu comme moi. Mais à coup de mimétisme et de bon sens, on s’en sort très bien.
De mon point de vue d’animateur, les activités que nous avons proposées pendant le séjour ont très bien fonctionné. Je me suis même surpris à un moment donné penser « j’aimerais bien être à leur place (les enfants), ça doit être vachement cool ».
Le rythme de vie est assez facile, je trouve (sauf le matin brrr). Le fait d’avoir des moments précis qui se répètent chaque jour, comme le conseil ou l’heure des repas, permet d’attraper un rythme et de pouvoir gérer son énergie plus facilement.
En parlant du conseil, j’ai été grandement surpris par le nombre d’outils mis en place pour réguler la vie quotidienne. Le conseil, c’est trop bien parce que tout le monde y participe pour pouvoir améliorer son quotidien. Les médiations, auxquelles je n’ai pas participé, sont plus pour régler un conflit entre deux jeunes en exprimant ce que l’on a ressenti et ce que l’on ressent, les bases de la communication non violente (du moins, c’est comme ça que je l’ai compris).
Je n’arrive plus à concentrer mes pensées car j’ai été tellement ému et retourné par cette expérience.
Mais les moments les plus mémorables que je garde en tête, ça restera le sourire sur le visage des enfants.
Alexandre Gagnet
Présentation : j’ai 22 ans et après quelques essais d’études (médecine et langues), je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque chose. Je suis tout à fait amateur en animation c’est pour ça que j’ai décidé de faire un service civique. Je crois que ce manque était la nature et la relation qu’on peut créer avec elle. Les Écologistes de l'Euzière m’ont permis de découvrir la possibilité de créer un lien fort avec la nature et de plus, le lien social avec les équipes d’animation et les enfants qui sont aussi très importants pour moi. Je me sens maintenant plus épanoui que les mois précédents.
Si vous consommez des plantes sauvages alors prenez de la graine
Si vous consommez des plantes sauvages alors prenez de la graine
En ce début du XXIe siècle, on ne peut plus consommer des « plantes alimentaires sauvages », comme au siècle précédent. Car toute cueillette est une prédation qui a un impact négatif sur la préservation de la biodiversité végétale. Cet impact est limité, car le nombre de ramasseurs l’est. Mais ces dernières années il n’a cessé d’augmenter. De plus, certaines espèces ont des répartitions très inégales et l’on ignore quels seront les effets du réchauffement climatique sur leurs populations. La prudence s’impose.
Une cueillette responsable est possible, en appliquant par exemple, les préconisations énoncées dans le chapitre : La nature est notre bien commun, gérons-la avec soin, du livre Les Salades sauvages des Écologistes de l’Euzière.
Mais il est possible d’aller plus loin et d’avoir un impact positif sur les populations cueillies en pratiquant une anthropochorie volontaire (anthropos : homme, chorein : déplacer). Des graines de plantes sauvages, nous en disséminons déjà, mais à notre insu et pour des quantités infimes. Il s’agirait simplement de le faire intentionnellement sur des volumes plus importants et pour des plantes choisies.
Anthropochorie volontaire :
Il suffit, à partir du mois de juin jusqu’au mois d’octobre, lors de ses balades, d’emporter des sacs en papier pour recueillir des graines.
Et si certaines tombent au sol, aucune importance, vous aurez contribué à sa dissémination sur le lieu-même où elle poussait.
Puis, dans un endroit choisi, les semer.
Pour cela ; désherber au mieux ; griffer superficiellement le sol (un ou deux millimètres) dans tous les sens ; déposer les graines dans les mini sillons obtenus ; frotter la surface du sol avec la main pour les enfouir à proximité immédiate de la surface afin de reproduire les conditions de dissémination spontanée. Et lors de votre prochaine cueillette vous saurez où chercher.
S’intéresser aux plantes consommées en dehors du moment de leur récolte, en particulier quand elles sont en fleurs puis en fruits, permet de découvrir de nouveaux lieux de cueillette et d’éprouver un intérêt nouveau pour elles et leurs conditions de vie.
Prenez, par exemple, la laitue St-Joseph. Elle ressemble à une « romaine » mais en plus petit, avec des feuilles en moins et une dentelure, située sur le dos de la nervure centrale, en plus. Vous pourrez observer que la tige qui a poussé à la fin de la saison où on la cueille, s’orne de feuilles plus coriaces et dentées. Et lorsque le soleil devient plus chaud, ses feuilles pivotent pour devenir verticales et, si aucun obstacle ne leur fait de l’ombre, dans une direction préférentielle nord-sud. Puis de minuscules fleurs jaunes apparaissent, se fanent et donnent naissance à des aigrettes blanches que vous récolterez en début de matinée, avant qu’elles ne s’envolent au moindre souffle d’air. À la base de ces aigrettes se trouve l’akène que vous pourrez récolter pour le semer.
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Société botanique d'Occitanie
Société botanique d'Occitanie
Une nouvelle arrivée dans le monde naturaliste : la Société botanique d'Occitanie. Les associations naturalistes sont des lieux qui font beaucoup pour la connaissance et la préservation de divers groupes systématiques (oiseaux, insectes, chauves-souris, etc.) à des échelons territoriaux variés. Des amateurs, parfois de très haut niveau, y côtoient des professionnels qui continuent d'assouvir leur passion dans un cadre bénévole. La toute nouvelle Société botanique d'Occitanie (SBO) vient rejoindre ces associations et nous nous en réjouissons. À la suite d'une première Assemblée générale tenue en décembre 2019, la SBO porte déjà de beaux projets comme l’organisation d'un colloque annuel (le premier pourrait avoir lieu en septembre 2020), la publication d'une revue, etc. Nous lui souhaitons la bienvenue, longue vie et pleine réussite !
Pour en savoir plus et la rejoindre
sa page Facebook, où figure un bulletin d'adhésion, est d'ores et déjà accessible à tous : https://www.facebook.com/socbotocc/ Un site internet sera prochainement mis en ligne.
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Songe d'Hiver
Songe d'Hiver
Sur les arbres dépouillés
Le froid a tissé
Des dentelles de givre
Les feuilles craquent sous les pas
Une mésange voltige
Une fauvette s’aventure
Sur un toit
Ondule
Une boucle de fumée
Il flotte dans l’air
Un parfum d’enfance
Matin blanc
Poudré de lumière
Guirlandes
Boules de neige
Sapins bleus
Quelques flocons dansent
Une fleur
Une fleur couleur hiver
Frissonne
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Témoignage de parents sur les camps d'été
Témoignage de parents sur les camps d'été
« Chers Écologistes de l'Euzière, chers animateurs et animatrices, cher Hervé,
Je connaissais déjà les écologistes de l'Euzière à travers la personnalité de Benoît Garrone dont j’ai suivi un stage de botanique au tout début de ce siècle. Je ne me doutais pas alors que j'aurai, plus tard, à entretenir une si fervente passion pour les “écolos” et les “colos” de mes deux filles. Cette passion c'est d'abord la leur et c'est parce que bientôt, elles ne pourront plus y aller que je me décide à écrire.
Nous en avons parlé souvent avec Mathias Laroche, comme avec d'autres, et je me promettais, à chaque fin de séjour, après les avoir récupérées heureuses et détendues de vous livrer mes impressions sur le camp de Fiougage. Je n'avais pas pu le faire, rattrapé par le quotidien au retour à la maison. Maintenant, je voudrais vous faire savoir à quel point Benoît Garrone ne s'est pas trompé dans son manifeste écolo et à quel point les acteurs de ces camps, qu'ils soient animateur, cuisinier, hôte ou dans l'ombre des autres, ont su entourer nos enfants pour leur bien-être et pour leur développement personnel.
Lisandre a commencé l'été 2014 son entrée en Margeride. Je vous avoue que nous n'étions pas fiers de la laisser seule avec son groupe, elle qui n'avait jamais vraiment quitté la maison. Elle était impressionnée et nous aussi. Nous venions des confins de la Maurienne où Lisandre vivait depuis son arrivée à l'âge d'un an. Ce premier séjour avait été particulièrement pluvieux et froid, rien de bien méchant pour une petite savoyarde habituée aux altitudes des Alpes du nord et qui avait marqué les animateurs car elle ne voulait jamais se couvrir. Nous les parents, nous suivions le séjour au travers du site Internet et nous guettions la moindre photo pour essayer de deviner ses émotions. Lorsque nous l'avions récupérée, elle voulait rester à Fiougage et là nous avons compris à quel point ce séjour lui avait été bénéfique. Inutile de vous dire que nous n'avions pas à la convaincre lorsque l'hiver suivant, les inscriptions au camp de Fiougage étaient à nouveau ouvertes.
Ninon a commencé son séjour “Bidouille” en 2017. Elle nous avait accompagnés lorsque nous venions chercher Lisandre et l'expérience l'avait tentée. Pourtant, pour cette première participation, les larmes étaient au rendez-vous au moment de se quitter et nous avons encore l'image de Xavier, venant la rassurer. Pour elle aussi, courant pieds nus lorsque nous sommes venus la chercher à la fin du séjour, le départ fut difficile. Il fallait laisser Léonie. On se promettait de se revoir l'année prochaine et ce sera chose faite.
Pour Ninon comme pour Lisandre, Fiougage c'est d'abord les amis. Ces contacts qui se perpétuent toute l'année grâce aux réseaux sociaux permettent de magnifiques retrouvailles à chaque nouveau camp. Pour nos filles qui sont loin de la région de Montpellier et n'ont donc pas forcément de contacts réguliers avec leurs amis de la “colo”, c'est à Fiougage que chaque fois on se tombe dans les bras. Les animateurs et animatrices sont aussi ces grands frères ou grandes soeurs qui veillent, organisent le jeu, écoutent, soignent, nourrissent et font rire. Ils sont retrouvés avec plaisir à chaque nouveau camp. Je ne les citerai pas par peur d'en oublier mais j'espère qu'ils verront dans cette lettre toute la gratitude envers leur investissement, leur patience et leurs inquiétudes. Nous nous devons aussi, de remercier Hervé. C'est bien sûr parce qu'il permet la tenue de ce camp sur ses terres, mais c'est aussi pour ce contact simple et attentif envers nos enfants.
Pour les parents que nous sommes, la sécurité de nos enfants passe avant tout, mais la sécurité à elle seule ne fait pas le bonheur ni même le développement. À Fiougage, nos filles ont trouvé, en plus de la sécurité, cette liberté créatrice, ce respect des rythmes de chacun. Ce “bain de nature” ouvert à la nuit comme au jour, dont parle Benoît Garrone est un aspect essentiel du bonheur que nos enfants ramènent à la maison. C'est évidemment pour nous, le moyen d'en faire des citoyens éclairés. Éclairés sur leurs capacités, sur les autres et sur des façons de vivre en harmonie loin du tumulte du Monde.
Les Écologistes de l'Euzière ont su mettre en place une pédagogie de la liberté, tournée vers la nature et emplie du respect des différences de chacun. Ce partenariat avec Hervé au profit des enfants est une pièce maîtresse de la qualité de ces séjours et nous ne pouvons que souhaiter qu'il perdure et que d'autres se l'approprient car il nous semble être un modèle d'éducation à l'environnement.
Nos remerciements chaleureux vont bien sûr d'abord aux acteurs de terrain de ces camps mais aussi aux “petites mains” qui font que ces séjours sont toujours très attendus. J'espère, dans un temps où l'on s'est éloigné de la nature à un point inconnu de l'humanité, que les Écologistes de l'Euzière sauront maintenir ce partenariat au profit d'autres enfants et donc d'autres acteurs de demain. »
Pierre et Delphine Lacosse, parents d' enfants ayant participé aux camps d' été.
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Thibaut Suisse, botaniste et responsable de la formation du pôle médiation en écologie scientifique
Thibaut Suisse, botaniste et responsable de la formation du pôle médiation en écologie scientifique
Un parcours de formation riche, en prise avec le terrain
Peux-tu nous préciser en quelques lignes, ton origine géographique et ton parcours ?
Mes parents sont du nord, Baie de Somme, et de Bretagne. Mais j’ai grandi près de Nîmes à Clarensac, en pleine garrigue ! Mes « nourrices », nombreuses, m’ont formé à la connaissance de la garrigue avec les poireaux, les asperges sauvages… J’ai passé beaucoup de temps dans mon enfance, sur le terrain, à observer, à contempler la vie de la nature, plantes, insectes, têtards. Vers 8 ans le premier ouvrage des salades sauvages des EE est paru et mes parents l’ont acheté. Nous avons commencé à ramasser des salades sauvages : Saint-Joseph, que nous appelions salade à l’ail, pimprenelle, roquette jaune, chicorée à la bûche, doucette, barbabouc, herbe rousse, pissenlit bien sûr ! Par la suite au collège, j’aimais consulter, à la bibliothèque, les ouvrages sur les plantes et comparer avec mes découvertes, notamment les orchidées.
Après le collège et un an en lycée technique, j’ai opté pour un lycée agricole, en Lozère, en section D’ qui comprenait de l’écologie qui m’a passionné immédiatement. Sur les conseils des professeurs, j’ai choisi de suivre un BTS Gestion et Protection de la Nature à Aubenas. Pendant 2 ans l’apprentissage de l’écologie s’est fait sur le terrain, accompagné par d’excellents professeurs sur l’écologie scientifique. Ce furent deux très bonnes années. Cela m’a poussé à continuer mes études à la faculté de Montpellier, pour approfondir mes connaissances, plutôt que de devenir conseiller agricole.
Mes études ont porté sur la Biologie des populations et des organismes. Ce que j’ai surtout acquis, c’est une formation à la lecture scientifique, une compréhension, une ouverture intellectuelle.
Après la maîtrise et fort de ces connaissances, je suis parti en Angleterre avec English Nature (aujourd’hui Natural England), gestionnaire de parcs nationaux. J’ai pu observer comment les espaces protégés peuvent servir à la communauté locale environnante. Belle expérience !
Mon premier emploi comme animateur a été le Renard, Rassemblement pour l’Étude de la Nature et l’Aménagement de Roissy et de son District. Cette association avait été fondée pour protéger les espaces agricoles et naturels de l’urbanisation, avec la croissance de Paris, et était très engagée dans tous les domaines naturalistes et en particulier le droit de l’environnement. Mes activités étaient l’animation de sorties, de clubs nature, animation scolaire, contre-expertises et suivis scientifiques de réserves naturelles. J’ai pu bénéficier pendant cette période d’une formation naturaliste très large, ainsi que sur le volet de la réglementation, textes de loi etc.
En 2008, j’ai rejoint les écolos !
La botanique avant tout !
Très tôt, tu as été, semble-t-il, intéressé par la botanique ?
Les plantes me « parlent » plus que le reste, même si j’ai voulu faire d’autres activités comme l’archéologie et la spéléologie, ou la géologie. Le recrutement aux écolos a été sur un profil de botaniste.
Pourquoi ce choix des EE ?
Depuis un an je voulais revenir dans le sud et j’ai candidaté sur Tela Botanica : Daniel Mathieu, Danielle Cornillon, Joël Mathez composaient le jury, mais je n’ai pas été retenu. Or j’étais en contact avec Benoît Garonne, je fréquentais les EE les mardis soir et aidais comme bénévole au secteur études ; JP Vigouroux, salarié aux RH m’a contacté puis m’a proposé de venir au sein des EE.
Aux EE en quoi consistent tes activités depuis 12 ans ?
D’abord botaniste aux études, ensuite en 2009 je suis également devenu formateur, fonction que j’avais occupée dans ma précédente activité.
Par ailleurs, j’ai été élu, à mon insu, délégué du personnel pendant 4 ans. Le devenir de l’association, avec la perspective du départ de Jean Paul, avait créé de l’inquiétude dans l’équipe; cela m'a demandé pas mal d'énergie et d'apprentissage de la diplomatie. C'est par la suite que j’ai intégré l’équipe de direction sur la question des RH.
Désormais je suis botaniste, animateur, formateur et en équipe de direction. Je fais aussi un peu d’interprétation du patrimoine.
Et les MOOC de Tela Botanica ?
Les EE et TB sont très proches et, régulièrement, des salariés des EE sont soit au Conseil d’Administration soit au Conseil Scientifique et Technique de TB. À ce titre je siège au CA et comme je fais de la formation, j’ai été sollicité pour la création du MOOC botanique, qui à l’époque était très nouveau. De plus toutes les vidéos ont été tournées à Restinclières, avec l’installation technique nécessaire, et en compagnie de botanistes de très haut niveau.
Ce fut une belle aventure. La bonne répartition des séquences entre les botanistes, m’a permis de m’occuper de celle intitulée « Observer et comprendre ce qu’on observe » avec une participation active de recherche des plantes, actrices principales de la séquence !
Vive les Écologistes de l’Euzière !
Quel est ton retour sur les EE ? As-tu constaté une évolution ?
Le fonctionnement des EE est remarquable car salariés et adhérents bénévoles sont associés. Par contre, la dynamique des mardis soir est différente : avant, les participants de ces soirées animaient les conférences, aujourd’hui, des intervenants viennent de l’extérieur et s’adressent à un public plus large dans un autre esprit.
Le public a changé et tout le monde parle d’écologie. Mais on est passé à l’environnement, au développement durable dans les discours, ce qui est différent de l’écologie scientifique défendue et pratiquée par les EE. Pour comprendre l’homme il faut comprendre la nature, il faut que l’homme vive bien avec elle et qu’il s’en émerveille. La connaissance permet de prendre conscience et de passer aux actes. L’écologie scientifique reste une marque reconnue des EE.
Comment te projettes-tu dans un proche avenir ?
Je ne me sens pas du tout lassé par tous les projets auxquels je participe et je souhaite encore continuer à m’investir au sein des EE. Mon poste est d’une grande richesse, parfois fatigant ! Beaucoup d’autres choses me passionnent (comme la cuisine des plantes que je garde comme loisir !) et je reste ouvert pour d’autres défis dans l’avenir.
Propos recueillis par Line Hermet et Hugues Ferrand
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Tous pour un et un pour tous
Tous pour un et un pour tous
Tous pour un et un pour tous
Comme l’observe dans l’un de ses récents articles de vulgarisation Marc-André Selosse - Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle et auteur de « Jamais seul : Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations » « le concept d’organisme montre aujourd’hui ses limites : il faut désormais prendre en compte le fait qu’un animal ou une plante ne peut vivre sans les multiples microorganismes qui l’habitent ».
À ce concept d’organisme et d’individu il est maintenant nécessaire de substituer celui d’holobionte qui désigne l’unité biologique composée de l’hôte (plante ou animal) et de tous les microorganismes qu’il héberge. C’est ce consortium qui agit au sein des écosystèmes en compétition et en collaboration avec tous les autres individus constitutifs de sa population locale soit donc une sous-population elle-même intégrée au sein de communautés multispécifiques très dynamiques car en perpétuelle évolution, adaptation et coévolution.
Des cellules patchworks et chimériques
Une fraction de ces microorganismes partenaires (bactéries, levures et champignons) est si bien intégrée qu’elle est héritée de génération en génération sans jamais quitter son holobionte car présente au sein même de chacune de leurs cellules ; on parle alors d’endosymbiose. C’est le cas pour toutes les espèces vivantes et pour toutes celles qui ont existé sur Terre. Leur machinerie productrice de l’énergie nécessaire au fonctionnement des cellules repose sur les mitochondries. Ces organites intracellulaires ont comme origine des bactéries qui ont été absorbées (phagocytées) par les cellules des tout premiers êtres vivants. Ces pionniers de la vie, des protozoaires, sont constitués d’une cellule unique. Les plus connus sont les paramécies et autres ciliés qui pullulent dans les macérats de végétaux en décomposition, mais aussi au sein des stations d’épuration, où, en consommant les bactéries, ils maintiennent ces populations en phase de croissance exponentielle. Lors du passage d’organismes unicellulaires à des organismes pluricellulaires, rendant possible une spécialisation des fonctions assumées par les cellules constitutives d’un même organe, ce mode de production d’énergie via les mitochondries a été conservé. Le même mécanisme d’endosymbiose s’est reproduit pour les végétaux (algues et plantes) qui grâce aux plastes, des organites cellulaires qui contiennent des pigments chlorophylliens, ont la capacité de capter l’énergie lumineuse pour la réalisation de la photosynthèse. Ces plastes sont d’anciennes cyanobactéries qui contenaient à l’origine des pigments verts, bleus et rouges.
Les mitochondries comme les chloroplastes possèdent leur propre génome conservé de leur statut ancestral de cellules libres. Ainsi toutes les cellules animales ont deux génomes, celui présent dans le noyau qui se modifie à chaque génération et celui au sein des mitochondries presque toujours uniquement transmis par les gamètes femelles (à l’exception de certains bivalves : des moules marines et d’eau douce). De ce fait, l’ADN mitochondrial est un outil très important pour retracer les migrations depuis l’Afrique et l’histoire de notre espèce ou, en police scientifique, pour retrouver des filiations, car tous les membres d'une fratrie vont posséder le même ADN mitochondrial transmis par leur mère, qui elle-même l'a hérité de sa mère.
Les cellules végétales comportent donc trois ADN : nucléaire, mitochondrial et chloroplastique. Si l’ADN mitochondrial des cellules végétales est beaucoup plus long que chez les animaux (la plupart de l'ADN en excès est non codant), celui des chloroplastes est si réduit qu’il a besoin de coopérer avec l’ADN nucléaire pour être fonctionnel. En se complétant ils synthétisent l'enzyme-clé de la photosynthèse (Rubisco) responsable de la fixation du dioxyde de carbone et de sa transformation en carbone organique qui sera stocké au sein de la biomasse végétale où il constituera la base des chaînes alimentaires.
Des individus aux capacités dopées par leurs partenaires invisibles
Pour considérables que soient ces endosymbiotes intracellulaires, ils ne correspondent en fait qu’à une infime fraction des microorganismes que tous les êtres vivants hébergent. Grâce aux développements et à la généralisation du recours à de nouveaux outils méthodologiques et technologiques, l’étude individuelle et collective (à l’échelle de leur hôte) de tous ces partenaires est maintenant possible. Inaccessibles par les techniques de la microbiologie classique, car pour la très grande majorité d’eux incultivables en laboratoire, leur quantification et leur étude n’ont pu être réalisées qu’à partir du moment où il a été possible de multiplier, isoler et décrypter leur génome à l’infini. Cette révolution technique date de la fin des années 1980. En moins de 20 ans elle a conduit à repenser tout ce que l’on pensait connaître de la vie. C’est cette même technologie (Polymérase Chain Réaction, PCR) - adaptée à la mise en évidence de la présence de virus - qui, dans le cadre de la détection de la présence de Sars-Cov-2, fait actuellement notre triste actualité.
La révélation de la présence de ces innombrables et très divers partenaires a ainsi radicalement modifié notre vision et notre compréhension du monde vivant, qui repose donc plus sur des logiques de coopération que sur des processus de compétition. Ces nouveaux outils de recherche mis en œuvre en écologie ont permis de mettre en évidence que tous les points d’échange et de contact de l’hôte avec son environnement sont des sites privilégiés de colonisation par les microorganismes.
Chez les végétaux, les feuilles, siège de la photosynthèse, constituent un micro-écosystème (phyllosphère) où diverses communautés microbiennes interagissent dans des conditions de vie très contraignantes mais sans réel bénéfice pour la plante. À l’opposé, au niveau racinaire, sont présentes de très riches et très abondantes communautés microbiennes (bactéries, champignons, Archées et protistes) alimentées en énergie par les exsudats racinaires : les rhizodépôts qui représentent entre 10% à 40% des composés carbonés produits par l’activité photosynthétique de la plante hôte. Exploitant cette source d’énergie, ces communautés apportent l’eau et les éléments nutritifs nécessaires à la vie de la plante dans le cadre d’associations symbiotiques mutualistes. En outre, elles cohabitent avec d’autres bactéries qui, dans le cadre de symbioses associatives ou coopératives (définies comme des interactions facultatives à bénéfices réciproques entre les 2 partenaires), ont des effets positifs pour la plante. Ces aides peuvent être à la fois directes, en produisant des molécules stimulatrices de la croissance racinaire (phytohormones) ou en activant les réponses de défense de la plante (Résistance Systémique Induite), et indirectes, en exerçant un contrôle des organismes phyto-parasites (production d’antibiotiques, compétition alimentaire …). Moins bien connus que les symbiotes mutualistes ces microorganismes symbiotes facultatifs (les PGPR pour Plant Growth-Promoting Rhizobacteria) sont maintenant très activement étudiés car les effets des PGPR offrent des possibilités très intéressantes en agronomie (accroissement des rendements, réduction de l’utilisation des intrants azotés et des produits phytosanitaires, lutte biologique et santé des plantes). Les racines et l’ensemble des communautés microbiennes qu’elles hébergent plus ou moins durablement et spécifiquement, constituent un autre micro-écosystème (la rhizosphère). Longtemps ignorées puis dégradées par une agriculture industrielle irrespectueuse, la rhizophère et les communautés microbiennes associées sont considérées maintenant comme essentielles au développement des végétaux en faisant du sol une oasis de vies.
À l’instar des végétaux toutes les espèces animales, et donc l’homme, sont le fruit de la cohabitation avec divers microbiotes intestinaux, cutanés, buccaux, vaginaux et pulmonaires. Tous ces microbiotes sont différents et ils sont propres aux diverses espèces et, au sein de ces diverses espèces, à chaque individu où ils évoluent en fonction des périodes et de ses modes de vie. Pour un homme on estime que le nombre de bactéries de ces divers microbiotes est compris entre 1013 et 1014 soit de 1 à 10 fois le nombre total de nos cellules. Hors de notre contrôle, toutes ces espèces et populations coexistent, s’excluent, se neutralisent, s’entraident et se succèdent.
Dans ce domaine nouveau de recherches, aux implications sanitaires, écologiques, et agronomiques majeures, l’actualité scientifique est exceptionnellement abondante, diverse et, à bien des égards, étonnante et passionnante.
Comment voler peut affecter les relations de coopération
Assez rapidement il a été constaté au sein des vertébrés homéothermes (à température constante) que les espèces appartenant à un même ordre avait des microbiotes, en particulier intestinaux, assez similaires. Un constat logique car ces espèces ont des origines communes et des modes et des stratégies d’alimentation similaires. Pour confirmer cette hypothèse les génomes des espèces constitutives des microbiomes intestinaux de 315 mammifères et 491 oiseaux du monde entier ont été qualitativement comparés. Les résultats de cette méta-analyse ont confirmé l’existence pour la grande majorité des mammifères de ce lien entre proximité génétique des hôtes et spécificité de leur microbiote. Les hôtes et les bactéries constitutives de leur microflore intestinale apparaissent ainsi être le produit d’une longue coévolution. Par contre, cela n’est pas observé pour les oiseaux dont les microbiotes varient peu selon les espèces, malgré des modes de vie et d’alimentation tout aussi différents que pour l’ensemble des mammifères. Fait intéressant, l’exception observée pour les mammifères concerne les chauves-souris (Chiroptères), dont les microbiotes sont très similaires entre eux malgré, là aussi, une très grande diversité de régimes alimentaires (insectivores, frugivores, nectarivores, carnivores, piscivores et même hématophages).
Qu’ont donc en commun les chauves-souris et les oiseaux et qui expliquerait la perte de la spécificité de leurs microbiotes intestinaux ?
Mais c’est bien sûr, des ailes et d’avoir ainsi la capacité de voler !
Oui !
Mais alors quels liens entre voler et s’associer collectivement avec des populations microbiennes non spécifiques, censées vous aider ?
La première explication envisagée était liée, pour les animaux volants, à une plus grande mobilité et donc capacité à recruter ses partenaires au sein de multiples et très diverses communautés microbiennes. Ces diversifications des possibles auraient eu comme effet de faire disparaître les différences des microbiomes propres aux diverses espèces volantes. Cependant, on n’observe pas de différence significative entre oiseaux sédentaires et oiseaux migrateurs, qui rencontrent vraisemblablement une bien plus grande variété d'environnements et donc de partenaires potentiels.
L’explication maintenant avancée, en lien avec leur capacité commune de voler, serait de nature anatomique et adaptative. En effet, les oiseaux et les chauves-souris présentent des intestins d’une longueur réduite et des temps de rétention du contenu intestinal plus courts que ceux des mammifères non-volants. Ces caractéristiques anatomiques ont comme effet adaptatif de diminuer la masse corporelle et rendre ainsi le vol plus efficace et/ou énergétiquement moins coûteux. En outre, on observe que ce système digestif réduit résulte principalement d’une quasi- disparition de la partie terminale du tube digestif (côlon) où, chez les mammifères non volants, s’opère la biotransformation par des bactéries anaérobies et fermentatives des aliments non assimilés plus en amont. Ainsi, et à la différence des mammifères terrestres, les microbiotes des oiseaux et des chauves-souris sont caractérisés par, qualitativement et quantitativement, plus de bactéries anaérobies facultatives et moins de bactéries anaérobies strictes ; ces dernières contribuant grandement chez les mammifères à enrichir la diversité et spécificité de leur microflore intestinale. De ce fait, si de nombreuses espèces microbiennes sont spécifiques à une famille de mammifères, les mammifères volants et les oiseaux rompent ce schéma avec de nombreux microbes partagés entre différentes espèces, et peu de corrélations soit avec le régime alimentaire, soit avec l’histoire évolutive de leur hôte.
Cette hypothèse d’une perte de spécificité, conséquence de l’adaptation au vol, est en outre confirmée par la mise en évidence pour les oiseaux non volants (autruches, émeus, casoars, kiwis et nandous) de microbiotes les plus diversifiés au sein des oiseaux ; et, ainsi, assez proches des mammifères hébergeant les microbiotes les moins spécifiques des mammifères terrestres (comme les musaraignes et taupes insectivores, les marsupiaux carnivores ou les pangolins mangeurs de fourmis) et cela en raison probablement de leur histoire évolutive et de leur régime alimentaire particuliers.
Enfin, un système digestif réduit laisse aussi plus de place pour le développement de puissants muscles alaires.
Les fortes exigences métaboliques qu’impose le vol actif conduisent ainsi à des degrés de convergence étendus, inattendus et surprenants.
À l’orée de découvertes révolutionnaires
Parmi tous les microbiotes ceux de l’homme ont logiquement fait l’objet d’une attention particulière. Les premières recherches ont porté principalement sur la comparaison des microorganismes trouvés chez les individus en bonne santé avec ceux présents chez des individus souffrant d'une pathologie. Il a été ainsi démontré que la composition du microbiote intestinal des personnes obèses, diabétiques de type 2, autistes, ou souffrant de maladies auto-immunes (lupus érythémateux), d’allergies (asthme), neurodégénératives (Parkinson et Alzheimer), mais aussi affectées par les formes les plus graves de la Covid 19 différait très significativement de celle de personnes sans pathologie. Par contre, il demeure encore des interrogations pour déterminer si ces microbiotes atypiques et de composition déséquilibrée sont la cause ou une des conséquences de la maladie, mais, dans les deux cas, ces découvertes sont porteuses d’immenses espoirs.
Plus récemment encore, les chercheurs se sont intéressés à des questions plus générales et fondamentales visant à déterminer les causes des similitudes et des différences observées au sein des divers microbiotes propres à chaque individu en bonne santé à diverses périodes de sa vie et en fonction de son mode de vie et de ses relations avec ses semblables (vivant seul, en couple, en famille, avec ou sans animaux de compagnie).
Et pour les plus curieux des curieux
Song S.J., Sanders J.G., Delsuc F., Metcalf J.L., Amato K.R., Taylor M.W., Mazel F., Lutz H.L., Winker K., Graves G.R., Humphrey G., Gilbert J.A., Hackett S.J., White K.P., Skeen H. R., Kurtis S.M., Withrow J., Braile T., Miller M., McCracken K., Maley L., Blanto J.M., McKenzie V. J., Knight R., 2020. Comparative analyses of vertebrate gut microbiomes reveal convergence between birds and bats, mBio. Ecological and Evolutionary Science 11(1). DOI: 10.1128/mBio.02901-19
Selosse M. A.-2016. Au-delà de l’organisme, l’holobionte. Pour la Science (469).
Selosse M. A., 2017. Jamais seul : Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations. Actes Sud. 352 p.
Tribune Le Monde - « Défendre l’écologie scientifique est politique »
Tribune Le Monde - « Défendre l’écologie scientifique est politique »
Tribune parue dans le quotidien Le Monde, le 18 décembre 2019
La crise environnementale actuelle alimente de nombreuses réflexions militantes, politiques, et/ou scientifiques, dites « écologiques ». Face à cet engouement, des scientifiques rappellent à raison que « l’écologie est avant tout une science, pas un mouvement politique ». Mais pour autant, n’y a-t-il rien de politique dans la défense de l’écologie scientifique ?
Au contraire. Nous pensons que promouvoir une écologie scientifique relève aussi d’intentions politiques. Il ne s’agit pas, alors, de mener un combat politicien, soucieux de victoires partisanes. Il s’agit de rejoindre l’espace public pour peser dans l’élaboration d’un projet de société commun.
L’actualité nous rappelle régulièrement que nous sommes entrés dans une remarquable crise écologique. Un déluge de mauvaises nouvelles est déversé par des médias apparemment désordonnés, et parfois mal informés. Ce flux est largement commenté par une diversité de discours. Il ouvre des débats publics qui doivent amener à des prises de décisions politiques, souvent dans un climat d’urgence. Nous pensons que l’écologie scientifique et plus concrètement les scientifiques qui l’incarnent doivent sortir plus souvent de leur laboratoire, et rejoindre l’agora, pour participer à ces débats. Pour l’enrichir de leur capacité particulière à caractériser la situation, sans craindre d’apparaître ainsi politisés.
Car ce serait, indubitablement, politique. Car défendre publiquement les connaissances scientifiques impliquerait de rappeler la position spécifique de l’activité scientifique dans la cité. La science a vocation à produire un discours désintéressé, sans ambitions personnelles, électoralistes ou financières, donc sans conflit d’intérêts. Seules doivent compter la qualité des données, méthodiquement recueillies, et leur interprétation, rigoureusement discutée et collectivement validée.
Ce serait évidemment politique. Car cela impliquerait de convaincre les concitoyens de la nécessité d’un effort de financement public, à hauteur des enjeux, de la recherche scientifique. Il faudrait alors dénoncer, non plus seulement que les moyens alloués sont aujourd’hui insuffisants, mais aussi que nous subissons une évolution délétère du pilotage de la recherche par les États, notamment européens. Ceux-ci, en effet, privilégient dorénavant un financement de la recherche sur contrat, éventuellement privé, impliquant une mise en compétition des chercheurs. Or ces choix fragilisent l’indépendance des scientifiques, en encourageant l’attrait pour des succès rapides ou des financements faciles, au détriment de la réflexion et la prise de recul.
Mettre au défi les discours sceptiques
Ce serait résolument politique, dans la mesure où cela mettrait au défi les discours sceptiques, qui remettent en cause l’interprétation des données disponibles, quitte à jeter le doute sur les travaux scientifiques, comme les discours collapsologiques, qui spéculent sur l’effondrement prochain de notre monde, au risque d’alimenter les peurs et de déchaîner les passions. Il ne s’agirait pas de nier absolument ces discours. Il s’agirait de s’y confronter, de relever le défi intellectuel qu’ils proposent.
Ce serait profondément politique, puisque cela démontrerait que l’activité scientifique n’aboutit pas qu’à des dissertations élitistes, proférées depuis un indifférent perchoir, mais relève aussi, assumons-le, d’une démarche philanthropique. Parce que nous considérons qu’étudier et comprendre scientifiquement la nature, pour mieux la préserver, devrait être profitable à tous.
Cela étant, il n’y a dans l’appel à une défense publique des connaissances scientifiques aucun scientisme. Ce serait anachronique après les déconvenues du siècle dernier, marquées par une confusion entre progrès scientifique et progrès social. Et ce serait méconnaître la science. Les connaissances scientifiques sont, à tout moment, transitoires. Le discours scientifique pourrait évoluer demain, sans incohérence, si les données sont plus complètes, et la compréhension de la crise actuelle meilleure. Et c’est aussi sa qualité. Car cela confirme qu’il ne porte ainsi aucun attachement fondamental à sa position autre que la conviction que c’est la mieux soutenue par l’état actuel des connaissances.
L’absence de réaction des dirigeants
Il ne s’agit donc en aucun cas de demander, pour les scientifiques, le pouvoir de décision sur les mesures à prendre. Les connaissances scientifiques ne suffisent pas à orienter les choix politiques. Ceux-ci doivent s’effectuer après un travail de synthèse des différentes formes de savoirs.
Il s’agit de répondre à l’absence actuelle de réaction significative des dirigeants politiques face au changement global que démontre la science. Signifie-t-elle, comme on le comprend parfois, la subordination du discours scientifique à d’autres discours, moins universels, notamment de puissants représentants d’intérêts économiques particuliers, lobbyistes, dans le jeu d’influence qui précède la décision politique ? Dans ce cas, alors, producteurs et vulgarisateurs des connaissances scientifiques en écologie
Florence Ienna, chargée de médiation scientifique ;
Ludovic Lesven, enseignant-chercheur en chimie de l’environnement aquatique ;
Maxime Pauwels, enseignant-chercheur en écologie et évolution ;
Nicolas Visez, enseignant-chercheur en physico-chimie de l’atmosphère.
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Un boisement insolite
Un boisement insolite
Au départ du parking et en passant la barrière verte, on découvre en contrebas dans le val du Lamalou le balisage de plots verts du chemin départemental. En partant à droite sur cette piste et en ignorant les chemins latéraux, une côte progressive permet d'accéder à un plat au niveau d'une piste. C'est à gauche qu'il faut aller en délaissant les plots verts. Peu après, une courbe à droite se présente près d'un terrain avec portail. Il est intéressant de faire un court aller-retour en prenant à gauche une sente dans la végétation aboutissant à un petit éperon rocheux. C'est alors une vue superbe sur le val du Lamalou, Notre-Dame-de-Londres, le plateau de l'Hortus et divers autres lointains.
Une rencontre inattendue
En redescendant au portail et en prenant le sentier de gauche, une bifurcation se présente peu après un petit clapas. En montant par le sentier de gauche, la zone boisée s'épaissit et, parmi les chênes verts, quelques troncs d'arbres surprennent du fait d'une écorce différente. En observant mieux et en la touchant, on reconnaît vite le chêne-liège (Quercus suber). Sur la zone plane qui suit, on peut pénétrer à droite dans le boisement pour y découvrir, légèrement en contrebas, un grand nombre d'arbres de cette espèce. Parmi eux, il en est de vieux spécimens majestueux. Nous sommes ici dans une suberaie.
Pourquoi cet arbre en ces lieux ?
J'ai donc cherché à comprendre. Il semblerait que l'origine de ce boisement soit naturelle. Aucun document ou souvenir ne venant attester le contraire.
La présence du chêne-liège, qui réclame un sol acide et un climat plutôt doux, est curieuse dans ce val de Londres où le froid peut être rigoureux. Quelles sont donc les raisons de cette présence ? Il se trouve que la colline abritant ces arbres est constituée à cet endroit d'un socle rocheux doté de silice, propice donc à cette espèce calcifuge. De plus, cette petite suberaie est exposée au sud et légèrement en hauteur par rapport à la cuvette, ce qui la préserve des masses d'air froid se plaquant au sol. D'où cette exception.
Exploitation à long terme
Dans les régions où le chêne-liège est exploité (Var et Pyrénées-Orientales), on attend que le tronc ait un diamètre de dix à quinze centimètres avant de procéder au retrait de la première couche d'écorce qui n'a que peu de valeur. Il s'agit du liège dit "mâle". Cette opération se nomme le démasclage. Il faut attendre au moins huit ans ensuite pour prélever une nouvelle assise de liège dit "femelle" qui est utilisable. Ces opérations se multiplient jusqu'à épuisement des arbres. Dans cette suberaie, on se rend vite compte que le liège n'y a jamais été exploité. Il est impératif ici de respecter cet environnement qui est classé ZNIEFF (zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique). Par ailleurs, il est aussi obligatoire de rester non loin du chemin étant donné qu'une partie de cette zone se situe sur un domaine privé. C'est pourquoi, après cette étonnante découverte, le retour ne peut se faire que par le même cheminement.
Comment y aller ?
De Montpellier, par la D 986 direction Ganges, contourner St-Martin-de-Londres par la rocade. À partir du deuxième rond-point, comptez 2,2 km pour vous garer sur le parking du Ravin des Arcs de droite, juste avant le pont de Masclac sur le Lamalou.
Daniel Arazo, La connaissance et le respect du milieu naturel ont toujours été un moteur essentiel pour moi. J’essaie de les transmettre dans les activités associatives que je mène et dans les “balades” que je propose chaque semaine dans la “Gazette de Montpellier”.
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Un index pour les Lettres...
Un index pour les Lettres...
J’aime beaucoup le lierre, c’est une plante exceptionnelle, je peux en parler pendant des heures, que ce soit sur le terrain, comme pour la sortie « Montpellier Main Verte » que j’ai animée cet automne, ou pour un Mardi soir comme celui que j’ai proposé fin janvier. L’ouvrage de référence sur cette liane très attachante est bien sûr « La Hulotte », le journal le plus lu dans les terriers, et ses deux numéros 106 et 107, parus en 2017 et 2018, qui m’ont été très utiles pour préparer ces deux interventions.
La Hulotte, dans sa grande générosité, propose, à qui veut, de télécharger sur son site une bibliographie complète des ouvrages qui ont servi à son génial auteur et dessinateur, Pierre Déom, pour préparer ses numéros. Pierre Déom est un auteur sérieux (et on peut être sérieux en ayant beaucoup d’humour !) et les ouvrages et les auteurs qu’il consulte sont des références sur leur sujet. Donc je consulte cette biblio et mon œil s’arrête sur la ligne suivante :
GARRONE (B.) – La plante du mois : le Lierre, un arbre à l’envers. (Écologistes de l’Euzière)
Une petite recherche sur notre site (je vous rappelle que toutes les « Lettres », depuis le numéro 63, et maintenant les « échos » sont en ligne sur notre site) et je (re)découvre que dans le numéro 71 de mars 2008, à la page 10, la plante du mois est le lierre. L’excellent article article est signé par Benoît Garrone (le fondateur de notre association, pour ceux qui ne le connaissent pas). Au delà de la fierté (pour les écolos et pour Benoît) d’être cités dans la Hulotte, cette découverte m’interpelle d’abord sur ma pauvre mémoire mais aussi sur le besoin urgent de ne pas oublier ce patrimoine de notre association.
Aussi, je lance un appel : qui aurait un peu de temps à consacrer à l’établissement d’un index des articles publiés dans la Lettre depuis que les numéros sont en ligne et accessibles ?
Allez faire un tour sur la page du site où les numéros sont disponibles (depuis le numéro 63 de mai 2005) il y a des trésors aussi bien dans la qualité des articles que dans la fraîcheur des témoignages des activités par les permanents et les bénévoles de l’association.
Par la suite, il faudra aller plus loin, quelques-uns d’entre nous ont des collections presque complètes des « Lettres » depuis les débuts. Cela permettrait de retrouver les jalons de l’histoire de notre association mais aussi de percevoir l’écho de ce grand mouvement d’idées et d’actions autour de l’écologie et de la prise en compte de l’environnement dans les mentalités et les politiques publiques. Un chantier que nous souhaitons lancer dès maintenant dans la perspective des 50 ans de l’association en 2024…
Un sentier en bordure d'Hérault
Un sentier en bordure d'Hérault
Dans un premier temps, c'est le passage d'une ancienne gravière avec possibilité de s'approcher de l'eau et d'une zone de dépôt de galets aux couleurs les plus variées. Ils nous expliquent la nature géologique des terrains traversés par le fleuve depuis le pied de l'Aigoual.
Comme il s'agit d'une zone d'expansion des crues, le chemin en retrait est ici bordé d'un manteau de matériaux de fine granulométrie.
Au début du sentier, la ripisylve est assez claire, constituée de feuillus et d'arbustes à feuilles persistantes. Un peu plus loin, à partir d'une petite croisée avec des accès à la berge, on évolue dans une frondaison bien plus épaisse.
L'importance de l'avifaune
Dès la fin mars, on peut apercevoir quelques vols migratoires de milans noirs. Puis, au fur et à mesure de l'avancée du printemps, on y entend le chant de nombreux oiseaux que l'on peut aussi parfois observer si l'on sait être discret. Parmi ceux-ci, entre autres, on trouve le pipit farlouse, la bergeronnette des ruisseaux, l'hypolaïs polyglotte, la bouscarle de Cetti, le troglodyte mignon, le pipit rousseline, le rossignol philomèle... On peut aussi y observer le martinet noir ainsi que le martinet à ventre blanc du fait de la présence de falaises proches. On est surpris parfois aussi par le passage d'un héron cendré ou d'un martin-pêcheur.
Une végétation exubérante
En continuant vers l'aval sur cet axe devenant étroit et touffu, on rencontre les arbres
traditionnellement en bordure de cours d'eau. Citons le hêtre, le frêne, l'orme, plusieurs espèces d'érables... On est également surpris par l'importance que prennent les espèces végétales classées invasives : l'érable négundo, la renouée du Japon, le topinambour, le phytolaque (raisin d'Amérique)... Et dans les zones d'eaux calmes, on observe la jussie, le paspale dilaté et le paspale distique (chiendent d'eau).
Une biodiversité remarquable
Vers la fin du sentier, on longe des terrains inondables sur lesquels se déposent des troncs d'arbres véhiculés par l'eau. Ce lieu quelque peu fantastique connaît une forte présence animale. Outre les oiseaux, on peut y observer reptiles, insectes, myriapodes, arachnides qui font la joie des naturalistes, mais aussi des traces de mammifères (sangliers, renards...) qui viennent se désaltérer sur la rive. Au bout du chemin, le fleuve s'élargit non loin du confluent avec le Lamalou. Ici, c'est le retour qui permet une vision différente de cet environnement. La visite du site de l'église romane est particulièrement intéressante. Le pont médiéval d'Issensac, construit sur le point le plus étroit du val d'Hérault, vaut le coup d'œil. Comment y aller ? De Montpellier, par la D 986 direction Ganges. Peu avant le col de la Cardonille, prendre à gauche la D 1 jusqu'à Issensac. Se garer sur le terre-plein en contrebas de l'église.
Daniel Arazo, la connaissance et le respect du milieu naturel ont toujours été un moteur essentiel pour moi. J’essaie de les transmettre dans les activités associatives que je mène et dans les “balades” que je propose chaque semaine dans la “Gazette de Montpellier”.
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Une histoire de bec qui en dit long
Une histoire de bec qui en dit long
Remarquables par la diversité de leur plumage ou leur chant, couvant et élevant leurs poussins souvent en couple avec des soins parentaux attentionnés et touchants, libres comme le vent et pouvant réaliser des migrations sur des milliers de km (plus de 70 000 km au cours du voyage de migration annuelle du pôle sud au pôle nord pour la sterne arctique dont le poids moyen est de 100 g), les oiseaux ont de tout temps et dans toutes les cultures et civilisations toujours retenu l’attention de l’Homme. L’observation régulière par des scientifiques mais surtout des naturalistes curieux et passionnés d’espèces considérées comme très communes a apporté ces derniers mois des informations nouvelles qui confirment tout l’intérêt de ces travaux simples lorsqu’ils s’inscrivent dans la durée. En outre, quand ces mêmes observations sont réalisées simultanément dans des zones géographiques et des pays différents, ce qui est souvent possible pour les oiseaux compte tenu de l’intérêt qu’ils suscitent, cela permet d’enrichir encore un peu plus les connaissances.
Actuellement les oiseaux comprenant plus de 10 000 espèces sont parmi les vertébrés terrestres les plus diversifiés. Des recherches récentes ont montré qu’une part importante de cette diversité résultait des multiples variations que présentent les formes et tailles de leur bec. Le bec des oiseaux constitue l’outil principal leur permettant de capturer leurs proies et plus globalement de s’alimenter. Cette diversité de forme leur donne ainsi accès à une grande diversité de ressources. En complément leurs ailes, queue et pattes permettent leur locomotion et ainsi de se déplacer dans leur environnement pour y rechercher leurs ressources. Il suffit ainsi d’observer la forme et la taille du bec d’un oiseau pour connaître son régime alimentaire et donc sa place et sa fonction au sein de l’écosystème (granivores, insectivores, filtreurs, nectarivores, prédateurs d’animaux aquatiques dans l’eau ou la vase, rapaces, charognards...).
Réciproquement, on sait depuis les géniales intuitions de Darwin et de son voyage aux Galapagos que cette diversité des becs est le fruit des processus d’adaptation des oiseaux pour éviter la compétition et exploiter l’ensemble des ressources trophiques disponibles dans un environnement donné. Cette théorie de l’évolution et de la sélection naturelle, révolutionnaire en son temps, a mis longtemps à s’imposer. Cependant, car en Sciences les savoirs et les connaissances ne sont jamais définitifs, grâce aux acquis récents de la biologie moléculaire, on sait aujourd’hui que cette sélection, qui s’opère sur tous les individus appartenant à une même espèce, s’exerce en fait sur un super-organisme (un holobionte) : un consortium constitué de cet individu associé à tous ses innombrables partenaires microbiens qu’il héberge et qui, en particulier, le nourrit en digérant ses aliments et le protège contre tous ses agresseurs.
D’un point de vue évolutif, l’apparition du bec des oiseaux est concomitante de la transformation de leurs membres supérieurs en ailes pour leur permettre le vol. Ce synchronisme a conduit certains chercheurs à considérer que le bec des oiseaux est un outil substitutif pour compenser la perte de leurs mains et leur permettre ainsi de saisir et « manipuler » leur nourriture. Le bec des oiseaux, hérité de l’une des trois grandes lignées divergentes de dinosaures : les théropodes, correspondant à des carnivores bipèdes, est constituée de deux parties dépourvues de dents :
- dorsalement, la maxille (ou mandibule supérieure) peu mobile par rapport au crâne
- ventralement la mandibule, (ou mandibule inférieure) articulée avec le crâne. Elles sont recouvertes d’un tégument corné constitué principalement de dérivés de la kératine (la protéine des plumes, des griffes et des écailles des oiseaux et de nos phanères, cheveux et poils). Pour les cruciverbistes et les scrabbleurs de haut vol, cette peau régulièrement renouvelée est dénommée rhamphothèque regroupant pour la maxille portant les narines, la rhinothèque et pour la mandibule, la gnathothèque. La mandibule supérieure se compose de bandes osseuses étroites qui se rejoignent vers la pointe ou rostre avec un palais en dessous. La mandibule inférieure, quant à elle, comprend cinq os étroitement soudés, longs et fins se rejoignant en pointe et formant ainsi un V.
Des études à long terme menées sur les populations de mésanges charbonnières (Parus major) en Angleterre (949 individus) et aux Pays-Bas (2066 individus) ont permis de mettre en évidence que la longueur du bec des mésanges anglaises était significativement plus grande qu’aux Pays-Bas. Cette différence était si importante que certains auteurs avaient proposé d’élever les populations anglaises au statut de sous-espèce (Parus major newtoni). L’étude génétique de ces populations anglaises et hollandaises a permis de confirmer que ces différences de morphologie (le phénotype) n’étaient pas qu’adaptatives mais correspondaient aussi maintenant à des génotypes différents. De plus, ces gènes qui avaient spécifiquement évolué chez les mésanges britanniques étaient très similaires aux gènes qui caractérisent les différentes espèces de pinsons étudiées par Darwin aux Galapagos, mais aussi chez l’homme, et qui sont connus pour jouer un rôle déterminant dans la forme de nos visages.
Enfin, en s'appuyant sur des données génétiques et historiques (acquises par l’observation d’oiseaux vivants au cours de 26 ans et complétées par des spécimens conservés dans les musées), les chercheurs ont également constaté que la différence dans la longueur du bec en Angleterre s'est produite progressivement dans un laps de temps très court à l’échelle de la vie des espèces (un accroissement régulier de 0,004 ± 0.001 mm par an pour une taille moyenne de 13,3 ± 0.05 mm). Ainsi, cet allongement du bec et la différence de longueur entre le bec des mésanges britanniques et celui des Pays-Bas ont évolué avec comme moteur la sélection naturelle. Cette rapide dérive - en anglais « character displacement » pour décrire une séparation morphologique pour des espèces occupant la même niche écologique au sein d’un même habitat - est rendue possible et est validée par le constat d’une fécondité supérieure des mésanges présentant les plus longs becs en Angleterre. Bien évidemment se pose maintenant la question de l’origine et de la nature du processus adaptatif qui a poussé, via la sélection naturelle, les mésanges anglaises à adopter des becs de plus en plus longs. Une dynamique si profonde qu’elle est aussi observable au niveau des caractéristiques les plus fondamentales de leur être, leur patrimoine génétique.
Actuellement l’explication la plus probable, compte tenu de l’observation que les oiseaux porteurs des variantes génétiques responsables de becs plus longs viennent plus fréquemment se nourrir dans les mangeoires, serait la véritable passion, relativement récente des anglais pour nourrir les oiseaux sauvages ; une pratique bien moins commune aux Pays-Bas. Il est en effet logique que les oiseaux qui se sont adaptés à un meilleur accès à la nourriture offerte par l’homme (mangeoire, boules de graisse …) soient en meilleure santé et de ce fait mieux à même de se reproduire et plus féconds et ainsi de surpasser les autres qui ne bénéficient pas de cette adaptation.
Cet exemple des mésanges charbonnières montre que si la sélection naturelle ne produit pas des possibilités nouvelles elle les fait subsister.
Autre constat, et comme cela a été souvent repris dans les titres des articles de vulgarisation grand public de ces travaux de recherches « Nourrir les oiseaux aurait un impact sur leur évolution » et ce geste à priori anodin et plein d’empathie, ne serait pas sans conséquence.
Et pour conclure, car il bon de s’étonner et de rire de tout, OISEAU est le seul mot français comportant 5 voyelles pour une seule consomme et de plus des voyelles toutes différentes sur les 6 possibles. Au pluriel il prend un x ; une invitation à explorer cette inconnue.
En espagnol avec PÁJARO la parité est atteinte
Et probablement pour nous prendre à contre-pied, BIRD pour les anglais s’écrit avec une seule voyelle pour 3 consonnes. Au pluriel il prend un s ; « un S pris » porteur d’ « S poire » comme prône l’intrépide et rebelle Prince Williams alors qu’en France de cet « S poire » William nous en faisons une très bonne eau de vie (ce qui est un pléonasme).
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Vers la source du Brestalou
Vers la source du Brestalou
Animant des balades et randonnées depuis longtemps dans notre région, j'ai pu découvrir de nombreux charmants secteurs dont beaucoup pourraient représenter un petit coin de paradis. Parmi ceux-ci, parlons aujourd'hui du site de la source du Brestalou. On peut s'y rendre par la petite route qui, de Lauret, rejoint Claret. Nous sommes au pied des falaises du plateau de l'Hortus. À partir de la mairie de Lauret, cette route étroite va d'abord monter avant de redescendre jusqu'au pont sur la rivière le Brestalou. Juste après, un terre-plein à gauche permet de se garer. Puis, à pied, en repassant le pont, on se dirige à droite jusqu'au départ du chemin pénétrant dans la combe. Progressivement, on passe d'une zone de plaine à un secteur boisé.
Ruines d'un premier moulin
Un sentier se présente alors sur la droite. En le prenant, une construction apparaît. Il s'agit des vestiges d'un ancien moulin. On les atteint par un passage délicat et une plate-forme dominant les courbes du Brestalou. Vigilance ! Il s'agissait d'un moulin à tourille. Une roue à godets en contrebas recevait l'eau d'une conduite, ce qui engendrait une rotation de l'axe, entraînant au niveau supérieur la meule tournante. Retour ensuite sur le chemin menant au moulin de Lafous, légèrement en amont.
Magie du moulin de Lafous
En longeant le val, on y découvre sous les arbres d'étonnantes petites cascades dues à la présence de vasques qui sont le produit des dépôts de tuf calcaire. On atteint rapidement le site de ce grand moulin. Ce lieu est d'une beauté exceptionnelle du fait de reflets verdoyants dans l'eau. Lorsque le niveau de l'eau est bas, on peut passer sur la rive gauche et voir l'intérieur de la minoterie. Plusieurs meules y sont encore visibles. Puis, en ressortant, on peut monter à droite jusqu'à l'exsurgence située dans la roche au pied des falaises. On y croise la maison que les meuniers occupaient jadis. On ne peut alors que penser aux difficultés du quotidien des femmes et des hommes qui y œuvraient.
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